Bourdon (insecte)

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Le mot bourdon désigne les insectes sociaux ou solitaires au vol bruyant et qui sont plus trapus et plus velus que les abeilles sauvages ou domestiques.

Les colonies de bourdons sont créées annuellement tandis que les sociétés d'abeilles domestiques sont permanentes. Alors que la reine de bourdons fonde sa colonie en édifiant le nid et l'approvisionne au début, la reine d'abeilles domestiques est exclusivement occupée par la ponte. Plus velu et capable de produire sa chaleur corporelle, le bourdon vole à partir de 5 degrés Celsius alors que l'abeille sort à partir de 15 degrés. Des particularités morphologiques et biologiques bien tranchées différencient donc bien bourdons et abeilles.

Certains scientifiques nomment « bourdon » uniquement des insectes jouant un rôle majeur pour la pollinisation de nombreuses plantes à fleurs de la strate herbacée. Ces bourdons appartenant à deux tribus d'une sous-famille (Bombinae) de la famille des Apidae. Cette famille des Apidae regroupe essentiellement des abeilles à vie sociale élaborée réunies[1] en 3 sous-familles :

- un unique genre : Apis, dont l'Abeille domestique (Apis mellifera L.)
  • les Meliponinae (distribution pantropicale), qui comptent 3 genres :
- Melipona llliger
- Meliponula
- Trigona Jurine
  • les Bombinae qui sont constituées de deux tribus :
- les Bombini (bourdons européens, dont Bombus),
- les Euglossini (vivant du Mexique à l'Amérique du Sud avec plusieurs genres : Euglossa Latreille, Eulaema Lepeletier, Eufriesea Cockerell, Exaerete Hoffmannsegg, Aglae Lepeletier & Serville) ; toutes sont non sociales et 2 genres sont parasites inquilins (Aglae et Exaerete Kimsey, 1987).
Vidéo d'un bourdon
Trompe à nectar
Défécation d'un bourdon
Dard (d'un bourdon femelle)

Définition floue

Les abeilles et bourdons font partie de l'ordre des hyménoptères. Le terme « bourdon » désigne en premier lieu les espèces du genre Bombus mais il est assez couramment appliqué aux plus gros membres de la famille des Apidae.

Cependant comme tout nom vernaculaire, la différenciation n'est pas toujours précise, et les termes d'abeille et de bourdon peuvent être attribués à la même espèce suivant les lieux, les époques et les traditions ; c'est ainsi que l'abeille charpentière (genre Xylocopa) est également parfois appelée « bourdon noir ».

Comportement

Ce sont des insectes sociaux. La reine, passant l'hiver seule, recherche au printemps une cavité naturelle ou un terrier de petit rongeur pour y bâtir un nid à l'aide de mousse, de poils, de feuilles, d'herbe et y pond ses premiers œufs dans des cellules de cire. Là, les larves se transforment en nymphes puis en ouvrières stériles qui continueront le développement de la colonie en butinant pour la nourrir de nectar et de pollen. À la fin de l'été une couvée donnera naissance à de nouvelles reines qui devront passer l'hiver et recommenceront le cycle.

Généralement, les bourdons ne sont pas des insectes agressifs. Ils ne piquent que par autodéfense quand ils se sentent menacés ou quand on dérange leur « nid ».

Les bourdons sont de grands pollinisateurs encore actifs dans des conditions climatiques peu favorables et sont essentiels pour la biodiversité. Ils sont même utilisés dans les serres de fraisiers, tomates, aubergines, etc. dans le cadre de l'agriculture raisonnée. Des élevages sont organisés à grande échelle en France et dans d'autres pays et font l'objet d'un commerce national et international.

Espèces de bourdons

Bourdon fébrile (Bombus impatiens Cresson)

Parmi les différents bourdons familiers des pays d'Europe, on distingue :

Pour une liste plus complète, voir

.


Certains mâles d'abeilles sociales (dont les abeilles domestiques) sont appelés faux-bourdons.

Pathologies

Les bourdons, notamment en fin de vie, sont fréquemment parasités par des acariens (parasites externes et/ou internes), dont des acariens spécialisés de la famille des Podapolipidae[2].

État des populations, menaces

Comme beaucoup d'insectes et en particulier de pollinisateurs (papillons et abeilles notamment), le bourdon semble affecté par une rapide dégradation de l'environnement depuis quelques décennies.

Certaines espèces régressent beaucoup moins que les abeilles, d'autres ont localement disparu.

Malgré son rôle important de pollinisateur des cultures de fraises, framboises, myrtilles et tomates où il peut remplacer l’abeille[3], le bourdon n’a pas fait l'objet de nombreuses études, mais, au Royaume-Uni, une équipe[4] a montré à partir de données des années 1980, que sur 19 espèces de bourdons autrefois communes, seules six demeurent fréquentes. D'autres ont localement disparu et sont ailleurs en forte régression. À titre d'exemple, Bombus sylvarum aurait perdu 90 % de ses effectifs au XXe siècle, ne survivant plus que dans les zones où des prairies extensives ont été sauvegardées.

Des biologistes de l’université de Stirling (Écosse) ont expérimentalement exposé des colonies en développement à des doses d’imidaclopride (néonicotinoïde matière active du Gaucho, Coboy 350, Confidor, Provado, etc.) à dose comparable à celles que les bourdons trouvent aujourd’hui dans le nectar en milieu naturel. En six semaines, les nids des bourdons exposés étaient 8 % à 12 % plus légers que les témoins, laissant supposer que la colonie se nourrissait moins[3]. Pire, chaque nid avait en moyenne produit 85 % de reines en moins, ce qui conduit a priori à une diminution de 85 % des nids pour l’année suivante, alertent les chercheurs [3].

En 2008, des chercheurs néerlandais ont eu l'idée d'utiliser des bourdons conservés dans les collections anciennes de musées et d'y rechercher les pollens résiduels, puis de les comparer à ceux transporter aujourd'hui par les bourdons[5]

Initiatives pour la sauvegarde des bourdons

  • Un observatoire des bourdons[6], porté par le Muséum National d'Histoire Naturelle, l'association Asterella et Tela Insecta, a vu le jour en 2008. Il propose au grand public d'aider les scientifiques à suivre la biodiversité en comptant les bourdons dans son jardin. Fin 2010, plus de 750 personnes participent activement à ce réseau.
  • Des nids à bourdons (à enterrer dans le sol) sont vendus dans le commerce par des sociétés spécialisées, notamment en Allemagne.
  • De nombreuses ONG contribuent à sensibiliser le public à l'importance de ne pas utiliser de pesticides dans le jardin, se nourrir d'aliments cultivés issus de l'agriculture biologique et conserver des bandes fleuries pour les pollinisateurs, dont le bourdon.
  • Des initiatives internationales scientifiques émergent aussi, encouragées par le déclin brutal et très important des populations d'abeilles et de nombreux papillons dans les zones d'agriculture intensive, puis sur de vastes territoires. Certaines portent sur une échelle mondiale, comme le projet élaboré dans le cadre de la convention pour la biodiversité (ex. : le programme Pollinators[7]) ou sur des échelles supranationales telles qu'européennes (European Pollinator Initiative[8])

Art

Le bourdon a inspiré à Nikolaï Rimski-Korsakov le Vol du bourdon.

Notes et références

  1. Michener (1974)
  2. Page sur les Podapolipidae (en)
  3. a b et c Penelope R. Whitehorn, Stephanie O’Connor, Felix L. Wackers & Dave Goulson « Neonicotinoid Pesticide Reduces Bumble Bee Colony Growth and Queen Production » ; Science 1215025 Published online 29 March 2012 (article complet, en PDF)
  4. Carvell et al. 2006
  5. David Kleijn and Ivo Raemakers (2008) A retrospective analysis of pollen host plant use by stable and declining bumble bee species. Ecology 89:1811–1823. (résumé)
  6. Observatoire des bourdons
  7. Programme Pollinators
  8. European Pollinator Initiative soutenue par l'ONU via la FAO

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie