François Le Métel de Boisrobert

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Bois-Robert)
François Le Métel de Boisrobert
Bas-relief représentant Boisrobert sur la façade de l’hôtel Malherbe à Caen.
Fonctions
Fauteuil 6 de l'Académie française
-
Abbé
Abbaye Notre-Dame de Châtillon
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 69 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Fratrie
Autres informations
Membre de

François Le Métel de Boisrobert, né en [1] à Caen et mort le à Paris, est un poète et dramaturge français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’un Procureur de la Cour des aides de Rouen[2], Boisrobert a fait des études de droit pour devenir avocat et s’inscrivit quelque temps au barreau de Rouen. Il vint à Paris, peu avant 1620, et fit d’abord partie du principal groupe de poètes libertins autour de Saint-Amant et de Théophile de Viau. Après le procès de ce dernier, Boisrobert rejoignit la mouvance de Malherbe, ce qui lui permit de prendre pied à la Cour puisque, dès l’année suivante, il participait au ballet des Bacchanales, représenté au Palais du Louvre en février 1623. Il abjura le protestantisme en 1623, fut ordonné et devint abbé de Châtillon-sur-Seine.

En 1625, il participa à une ambassade à Londres et, en 1630, il se rendit à Rome où il gagna la faveur du pape Urbain VIII qui lui donna le prieuré de Nozay, d'une modeste valeur annuelle de 170 livres[3]. Ce protestant converti à la religiosité plus que douteuse devint alors chanoine de Rouen[n 1]. À partir de 1623, il entra dans les bonnes grâces du cardinal de Richelieu grâce à son esprit, à l’agrément de sa conversation et à son talent satirique. Il devint son favori éveillant nombre de jalousies[4]. Mais outre cela, et surtout, « Le Bois » était l’un des rares personnages qui arrivait à faire rire le Cardinal et ainsi le distraire de ses lourdes affaires d’État. Suivant son humeur, le Cardinal l’appelait : « Le Bois », lorsqu’il était content et cherchait à plaisanter ; « Robert » plus familièrement, lorsqu’il voulait lui soutirer quelque potin ; « Bois-Robert », lorsqu’il s’agissait d’une affaire officielle[5].

Dès 1627, l’étendue de son savoir, la pénétration de sa psychologie et son incomparable entregent, en ont une espèce de Secrétaire d’État aux Affaires Culturelles[6], sans en porter le titre, de Richelieu et, avec Claude de L'Estoile, Pierre Corneille, Guillaume Colletet et Jean Rotrou, l’un des cinq auteurs qui mettaient en œuvre les idées du cardinal en matière dramatique. Il faisait partie des réunions littéraires qui se tenaient chez Valentin Conrart et en vanta l’intérêt à Richelieu, qui le chargea de proposer aux membres de cette assemblée de la constituer en société publique : ce fut le début de l’Académie française, dont il fut l’un des premiers membres, et l’un des plus actifs, n’hésitant toutefois pas à se moquer de sa lenteur dans l’élaboration du dictionnaire :

Depuis six mois dessus F on travaille ;
Et le destin m’aurait fort obligé,
S’il m’avait dit : Tu vivras jusqu’au G[7].

Il ne réussit jamais à faire une œuvre digne de la postérité. Cependant, enrichi par les bénéfices que lui procurait la haute protection du cardinal, il se montra généreux envers les hommes de lettres. Son style de vie a donné des armes toutes prêtes à ses ennemis. Il tomba plus d’une fois en disgrâce, mais, le plus souvent, jamais pour longtemps, bien que dans ses dernières années, il ait été obligé de donner plus d’attention à ses fonctions de prêtre. Gui Patin dit de Boisrobert : « C’est un prêtre qui vit en goinfre, fort déréglé et fort dissolu[8] ». Il était joueur, aimait la bonne chère, et ne cherchait pas à dissimuler son homosexualité et ses aventures avec les domestiques[n 2].

Il avait une passion pour la comédie. Il fréquentait assidûment l’Hôtel de Bourgogne et se montrait si grand admirateur du comédien Mondory qu’on le surnomma l’« abbé Mondori ». Il finit par régenter cet Hôtel, pour Richelieu, mais ses fonctions causèrent un grand scandale lorsqu’à une représentation très privée, il fit rentrer la petite Saint-Amour, « la plus grande gourgandine de Paris », alors que Gaston d'Orléans, frère du Roi, prince du sang, eut les plus grandes peines à y assister… Louis XIII s’en émut et tança Richelieu qui le prit très mal… Il connut là sa plus grande disgrâce. C’était également un familier de Ninon de Lenclos.

Sa conduite trop publiquement licencieuse[9] lui valut, en janvier 1641, d’être disgracié par Richelieu qui lui défendit de paraître devant lui. Mais le cardinal ne tarda pas à regretter son familier, qui avait su devenir indispensable. Un jour qu’il était tombé malade, son médecin lui dit : « Monseigneur, toutes nos drogues sont inutiles, si vous n’y mêlez un peu de Boisrobert ». Il lui fit une ordonnance qui portait seulement les mots Recipe Boisrobert, et le cardinal suivit ce conseil et rappela l’abbé.

Après la mort de Richelieu, Boisrobert s’attacha, mais avec un moindre succès, au cardinal Mazarin qu’il servit fidèlement sous la Fronde, sans en être d'ailleurs très récompensé ; il fut même à nouveau exilé pour blasphème en 1655. Il entra en rivalité avec Paul Scarron. Ce fut l’une de ses dernières querelles.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Boisrobert a composé 18 pièces de théâtre, dont 9 tragi-comédies. L’une de ses comédies, La Belle plaideuse (1655) est remarquable et passe pour avoir inspiré l’Avare de Molière. Il est également l’auteur de nombreuses poésies. Il a édité les Œuvres de Théophile (1627) et le Parnasse royal, ou Poésies diverses à la louange de Louis XIII et du cardinal de Richelieu (1635, 2 vol.). D’après Bernard de La Monnoye, il serait l’auteur des Contes licencieux qui ont paru sous le nom de son frère, Antoine Le Métel d'Ouville.

Théâtre[modifier | modifier le code]

  • Pyrandre et Lisimène ou l’Heureuse tromperie : tragi-comédie, Paris, Toussainct Quinet, , xviii-103, in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Rivaux Amis : tragi-comédie, Paris, Augustin Courbé, , viii-125, in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Deux Alcandres : tragi-comédie, Paris, , viii-102, in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • Palène : tragi-comédie, Paris, Antoine de Sommaville, , viii-95, in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • Le Couronnement de Darie : tragi-comédie, Paris, Quinet, , 104 p., in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • La vraye Didon ou La Didon chaste : tragédie, Paris, Toussainct Quinet, , viii-79, in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • La Jalouse d’elle-même : comédie, Paris, 136 p., in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Trois Orontes : comédie, Paris, Augustin Courbé, , viii-119, in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • La Folle gageure ou les divertissements de la comtesse de Pembroc (d’après Félix Lope de Vega), Paris, Augustin Courbé, , xii-88, in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • Cassandre, comtesse de Barcelone : tragi-comédie, Paris, Augustin Courbé, , 124 p., in-4° (lire en ligne sur Gallica).
  • L’Inconnue, 1655.
  • L’Amant ridicule, 1655.
  • Les Généreux Ennemis, Paris, vi-92, in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • La Belle Plaideuse : comédie, Paris, , 112 p., in-12 (lire en ligne sur Gallica).
  • La Belle Invisible ou les Constances éprouvées, 1656.
  • Les Apparences trompeuses : comédie, Paris, Guillaume de Luyne, , viii, 110, 12° (lire en ligne sur Gallica).
  • Les Coups d’Amour et de Fortune ou L’heureux infortuné : tragi-comédie, Paris, Guillaume de Luyne, , 86 p. (lire en ligne sur Gallica).
  • Théodore, reyne de Hongrie, Paris, Pierre L’Amy, , x-82, 12° (lire en ligne sur Gallica).

Poésie et œuvres diverses[modifier | modifier le code]

  • Poésies publiées dans le Recueil des plus beaux vers de Malherbe, Racan, etc., 1626.
  • Lettres publiées dans le Recueil de Faret, 1627.
  • Paraphrases sur les sept psaumes de la Pénitence, en vers, 1627.
  • Histoire indienne d’Anxandre et d’Orasie, 1629.
  • Nouvelles héroïques et amoureuses, 1657.
  • Epîtres en vers et autres œuvres poétiques, 1659.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Tallemant des Réaux rapporte que « L’abbé de la Victoire dit que la prestrise en la personne de Boisrobert est comme la farine aux bouffons ; que cela sert à le faire trouver plus plaisant. » dans Louis Jean Nicolas de Monmerqué (dir.), Les Historiettes de Tallemant des Réaux, t. 2, Paris, Techener, (lire en ligne), p. 406.
  2. Ainsi, Tallemant des Réaux rapporte dans ses Historiettes que Boisrobert vieillissant se flatte de s’être « fait mettre deux fois dans le cul par un beau laquais ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. Selon Maurice Cauchie, Textes Français Modernes, Boisrobert, Epitres, II, page 302, il est né entre le 1er juillet 1589 et le 31 décembre 1589, et non en 1592, comme souvent dit.
  2. Tallemant des Réaux le fait naitre vers 1592. Voir Historiettes, t. I, Paris, éd. de 1960, p. 1054, note d’Antoine Adam.
  3. Revue de Paris. t. 9, 1839, p. 50.
  4. Voir Historiettes, t. II, éd. de 1834.
  5. Tallemant, op. cit., p. 391 & 397.
  6. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen : pendant les années 1960, 1961 et 1962, Paris, A. Picard, (lire en ligne sur Gallica), p. 192.
  7. Académie des sciences, arts et belles lettres de Caen, Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Caen, Caen, A. Hardel, , 557 p. (lire en ligne), p. 97.
  8. Guy Patin, Lettres, t. 2, Paris, J.-B. Baillière, , 604 p. (lire en ligne), p. 179.
  9. Il était surnommé le « bourgmestre de Sodome ».

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]