Blanchiment dentaire

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Blanchiment dentaire par laser

Le blanchiment dentaire ou plutôt[1] éclaircissement dentaire[2] permet d'éclaircir la teinte des dents. Cette technique consiste à utiliser un agent de blanchiment qui traverse l'émail, partie extérieure de la couronne et pénètre au niveau de la dentine. Cet agent est un ion oxygène qui peut être obtenu à partir de différents produits. Cet ion oxygène agit alors sur les liaisons des chromophores[3] et, en oxydant la matière organique, permet d'éclaircir la dent.

L'éclaircissement dentaire est un traitement initié et suivi par des chirurgiens-dentistes, ou plus récemment, avec la vente de produits en vente libre, pratiqué à domicile. Ce traitement, qui vise à corriger des colorations est utilisé pour des raisons esthétiques. Il peut s'agir de rectifier une coloration due au vieillissement, au contact répété des dents avec des produits externes induisant un changement de couleur (tabac, café, thé, et plus généralement aliments et boissons colorés), mais aussi à des causes telles que médicaments, radiothérapies, chimiothérapies, suites d'une intervention sur le canal dentaire ou simplement un choc. En aucun cas il n'est possible d'obtenir une coloration plus claire que la coloration naturelle initiale de la dent, dont la gamme varie du presque blanc à des teintes de brun-rougeâtre, jaune-rougeâtre, gris ou gris-rougeâtre selon les individus[4].

L'éclaircissement dentaire n'est pas une invention moderne (l'ouvrage de médecine chinoise Huangdi Nei Jing préconise l'utilisation de poudre à base de musc et de gingembre pour blanchir les dents, les Romains employaient quant à eux l'urine espagnole, la plus estimée[5], ou du lait de chèvre[6]) mais sa vulgarisation revient aux Drs William Walter Klusmeier et Van Haywood notamment, qui ont développé le traitement en ambulatoire[7]. Le docteur Dan Fischer a permis son industrialisation et son essor.

Les effets à long terme d'une utilisation répétée de blanchiment des dents ne sont pas connus[4].

Techniques[modifier | modifier le code]

Blanchiment par voie externe à la maison[modifier | modifier le code]

La législation européenne d'aout 2012 autorise l'utilisation de peroxyde d'hydrogène jusqu'à 6 % en ambulatoire. Il ne peut être utilisé que par un chirurgien-dentiste agréé. Le professionnel de santé peut tout de même laisser son patient l'utiliser seul, avec des explications sur le mode d'emploi au préalable. Lorsque la concentration dépasse les 6 %, le produit doit être alors utilisé exclusivement au cabinet et sous une indication très précise, l'éclaircissement par voie interne sur dent non vitale[8].

Gouttières ambulatoires sur mesure[modifier | modifier le code]

Le dentiste prend une empreinte des dents et confectionne des gouttières anatomiques sur mesure qui seront appliquées pour une durée variable selon la concentration du produit utilisé mais souvent en nocturne. Ces gouttières anatomiques sont munies de réservoirs sur la partie vestibulaire des dents et permettent donc d'encapsuler le produit de blanchiment sur la face des dents et protègent les tissus mous d'un éventuel contact avec le produit.

Gouttière ambulatoire prêt à porter[modifier | modifier le code]

Nuancier de couleur des dents

Aujourd'hui le plus courant en cabinet dentaire pour des traitements à but de bien-être. Ces gouttières permettent de gagner du temps pour le praticien et donc d'avoir un cout de traitement réduit pour le patient. Pas d'empreinte, pas de réalisation de gouttière anatomique. Les gouttières qui contiennent un gel de peroxyde d'hydrogène à 6 % sont prêtes à l'emploi. Après contrôle buccodentaire par le dentiste, celui-ci valide le traitement par port de gouttières préchargées et préformées de façon industrielle. Elle se porte de 60 à 90 minutes par jour, pour un temps de traitement de minimum 10 jours.

Blanchiment par voie externe au cabinet dentaire[modifier | modifier le code]

  • Séances au cabinet dentaire effectuées par un chirurgien-dentiste généralement à l'aide de peroxyde d'hydrogène. Les produits peuvent être activés par des accessoires externes comme la lumière ou un diffuseur thermique, mais la majorité des traitements se font sans ces accessoires externes. La séance dure d'une demi-heure à une heure ; prévoir deux séances espacées de deux semaines pour un bon résultat ou en complément de gouttières ambulatoires prêt à porter.

Blanchiment dans les bars à sourire[modifier | modifier le code]

Ce concept, importé des États-Unis, consiste en des séances de blanchiment en centre esthétique.

Le client commence par une petite toilette avec une compresse imbibée d’un « activateur de blanchiment » puis il reçoit sur ses dents une gouttière en silicone remplie d'un gel à base de perborate de sodium combinée à une lampe électroluminescente froide qui active le processus en agrandissant les pores de l'émail dentaire[9]. Ce traitement est disponible dans des instituts de beauté, des spas. L'éclaircissement est limité à quelques jours. Attention le perborate de sodium dégage du peroxyde d'hydrogène et ces centres ne peuvent utiliser des produits dégageant plus de 0,1 % de peroxyde d'hydrogène, la même concentration que les produits trouvés en pharmacie. Ces centres font l'objet d'une controverse sur leur dangerosité[10].

Produits en vente libre[modifier | modifier le code]

  • Produits vendus en pharmacie ou grandes surfaces
    Ce sont des produits à faibles concentrations. La législation autorise en Europe seulement des produits dégageant moins de 0,1 % de peroxyde d'hydrogène.

Blanchiment interne dit technique walking bleach[modifier | modifier le code]

Le blanchiment interne consiste à éclaircir une dent dévitalisée de l'intérieur.
Souvent, les dents dévitalisées prennent une coloration plus sombre, pouvant être inesthétique s'il s'agit d'une incisive centrale supérieure. Dans ce cas on peut, après s'être assuré que l'obturation canalaire était bien étanche, déposer un produit (perborate de sodium ou un peroxyde d'hydrogène adéquat à l'intérieur de la dent), et le laisser agir durant une semaine.

Produits[modifier | modifier le code]

Plusieurs techniques existent pour avoir des dents plus claires. La plupart sont fondées sur l'apport d'un ion oxygène qui décolore des pigments des dents, en particulier les pigments jaunâtres. Les produits utilisés sont principalement le peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), le peroxyde de carbamide et le peroxyde d’urée[4].

Pendant le blanchiment, l'ingrédient actif contenu dans le gel se décompose, l'oxygène pénètre dans l'émail et blanchit les parties brunes (taches). Seuls l'émail des dents et la dentine deviennent plus clairs. Les plombages, les couronnes et les dentiers ne sont pas affectés[4]. Un nouveau produit, encore peu connu, le P.A.P (acide phtalimidoperoxycaproïque) a fait son apparition sur les marchés européens en 2019. Il ne se transforme pas en peroxyde d'hydrogène comme le peroxyde de carbamide, et représente donc une alternative sans limite de concentration dans l'union européenne. Toutefois, la plupart des produits contenant du P.A.P sont concentrés à hauteur de 12%, dosage auquel l'effet blanchissant est optimal sans venir causer d'effets secondaires permanents[11].

Contre indications[modifier | modifier le code]

Contre-indications locales[modifier | modifier le code]

Les dents à éclaircir doivent absolument être saines, indemnes de caries. En effet des dents déjà soignées seraient infiltrées par les produits à l'interface obturation/dent, ce qui risque de donner des douleurs et dans les cas extrêmes entraîner la nécrose de la dent.

Contre-indications générales absolues[modifier | modifier le code]

  • Femmes enceintes ou qui allaitent
  • Enfants de moins de 18 ans

Indications[modifier | modifier le code]

  • Dents saines, indemnes de caries.
  • Patient ayant une bonne hygiène bucco-dentaire.
  • Colorations d'origine externe
  • Coloration d'origine traumatique
  • Coloration d'origine médicamenteuse[4]

Risques[modifier | modifier le code]

Tous les traitements de blanchiment peuvent avoir des effets indésirables sur les tissus buccaux (dent, mais aussi gencive et muqueuse de la joue ou de la langue), souvent mineurs ou passagers si le dentiste a auparavant vérifié que le traitement convenait et que les dents le supporteraient.

Des risques à moyen et long termes existent aussi pour les tissus mous et dentaires[réf. nécessaire]. Les plombages au mercure relarguent plus de mercure (toxique) lors de certains de ces traitements (aux gels de peroxyde de carbamide notamment)[12] et certaines résines se colorent en orange sous l'effet de l'agent blanchissant[13]. Certains de ces traitements ne doivent être pratiqués que sur dent dévitalisée et d'autres ne peuvent être fait que sur des dents en parfaite santé (sous peine de fortes douleur voire de nécrose de la dent)[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un blanchiment mais d'un éclaircissement de la dentine par un agent de blanchiment qui joue sur la saturation.
  2. ISO 1942:2009(fr) Médecine bucco-dentaire — Vocabulaire
  3. Un chromophore est un groupement d'atomes comportant une ou plusieurs doubles liaisons, et formant avec le reste de la molécule une séquence de doubles liaisons conjuguées, c'est-à-dire une alternance de doubles et de simples liaisons. L'existence d'une séquence suffisamment longue de doubles liaisons conjuguées dans une molécule organique, ou l'association avec un ou plusieurs auxochromes, crée un nuage électronique délocalisé pouvant entrer en résonance avec le rayonnement incident et ainsi l'absorber. Les chromophores sont donc responsables de l'aspect coloré des colorants organiques comme tente de l'expliquer la théorie de Witt. En effet, certains rayonnements sont absorbés tandis que d'autres sont reflétés, diffusés ou transmis.
  4. a b c d et e « Le blanchiment des dents », sur guidedessoins.com
  5. Éric Dussourt et Micheline DussourtRuel-Kellermann, « L’urine est ses diverses utilisations, en particulier dentaires », Actes de la Société française d’histoire de l’art dentaire, no 17,‎ , p. 49-54 (lire en ligne)
  6. Xavier Riaud, Plaidoyer pour un enseignement historique de l'art dentaire, Éditions L'Harmattan, , p. 57
  7. (en) Linda Greenwall, Bleaching Techniques in Restorative Dentistry : An Illustrated Guide, Martin Dunitz, , p. 25
  8. Arrêté du 24 août 2012 modifiant l'arrêté du 6 février 2011 fixant la liste des substances qui ne peuvent être utilisées dans les produits cosmétiques en dehors des restrictions et conditions fixées par cette liste (JORF no 0217 du 18 septembre 2012 page 14792 texte no 4)
  9. Isabelle Blin, « Bar à sourire : un blanchiment des dents sans danger ? », sur topsante.com,
  10. Marie Bartnik, « L'activité des «bars à sourire» plus encadrée », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  11. « Etude clinique sur le P.A.P », sur Lumia. (consulté le )
  12. Hummert TW, Osborne JW, Norling BK, Cardenas HL. (1993) Mercury in solution following exposure of various amalgams to carbamide peroxides. Am J Dent; 6:305-9.
  13. Robinson FG, Haywood VB, Myers M (1997). Effect of 10 percent carbamide peroxide on color of provisional restoration materials. J Am Dent Assoc; 128:727-31.
  14. Tam L (1999) La sûreté des techniques de blanchiment à domicile. J Can Dent Assoc, 65, 453-5.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]