Biofumigation

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Le concept de biofumigation désigne des méthodes de désinfection alternative à la fumigation chimique, avec production in situ d'un fumigant par des plantes (on parle parfois aussi de « biodésinfection » du sol)[1]. C'est une des alternatives à l'utilisation du Bromure de méthyle, toxique, gaz à effet de serre et destructeur de la couche d'ozone[2])[3]

Principes

Une méthode notamment promue en Suisse[1] est basée sur l’utilisation de plantes naturellement riches en glucosinolates[4], (des crucifères surtout) qui lors de leur décomposition libèrent des composés volatiles (isothio - et thiocyanates) toxiques pour divers organismes du sol[1],[5]
Des expériences ont montré que la biofumigation pouvait réduire (au champ et en pot) de 19 à 74 % les « microsclérotes » (forme de survie de la verticilliose, "maladie du sol" commune en agriculture, due à Verticillium dahliae et V. albo-atrum qui induit le flétrissement de la tomate, du poivron, de la pomme de terre, des fraisiers, et de différentes plantes médicinales, ou d'arbres fruitiers tels que l'abricotier, etc.[6].

Utilisation

La biofumigation est utilisée en agriculture biologique pour contrôler certains pathogènes du sol, ou des ravageurs ou semences d'adventices dites « mauvaises herbes » dans le sol cultivé ou d'un élevage.

Dans le cadre d'une agriculture biologique ou faisant moins appel aux pesticides chimiques, elle fait l'objet d'études, de développement et perfectionnements[7]

L'efficacité de cette méthode est notamment démontrée pour les cultures de :

Conditions de réussite

Selon les essais en champs et pot, de bonnes performances en biofumigation nécessitent : – des variétés de plantes naturellement riches en glucosinolates, qui doivent être utilisées en pleine floraison ; – un broyat le plus fin possible de ces plantes avant incorporation au sol (dans la mesure du possible, les cellules des plantes doivent être écrasées pour libérer leur contenu[14] ; – une incorporation profonde, « immédiatement après le broyage » ; en deux passages avec une fraise à 20 cm de profondeur ; – un sol maintenu très humide après l'incorporation (peut impliquer une irrigation), il est recommandé d'incorporer le broyat avant une pluie (la macération contrôlée[14] de la plante permet d'optimiser sa production de biocides non-synthétiques) ; – un délai d'une semaine avant semis ou plantation ; – une période chaude (inefficace tard dans l'automne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Agroperspectives, [La biofumigation : une piste prometteuse pour gérer les maladies du sol ! http://cdn.cname-server.com/public/www.agroperspectives.fr/Chercheurs_Dossiers/La_biofumigation__une_piste_prometteuse_pour_gerer_les_maladies_du_sol_by_Agroperspectives.pdf]
  • (fr) F. MONTFORT, S. POGGI, S. MORLIERE, F. COLLIN, E. LEMARCHAND, et D.J. BAILEY, 2011. Approche expérimentale des mécanismes d’action de la biofumigation sur la microflore tellurique. INRA, UMR1099 BiO3P, Le Rheu
  • (fr)MOTISI N., 2009. Réguler les maladies d’origine tellurique par une culture intermédiaire de Brassicacées : mécanismes d’actions et conditions d’expression dans une rotation betterave-blé. INRA-ITB.
  • (fr) Dutheil A., 2005. Composts et engrais verts: des alternatives pour le contrôle des maladies telluriques du fraisier. Cas des parasites fongiques Verticillium et Phytophthora. Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur des Techniques Agricoles, ENITA Clermont-Ferrand
  • (en) Lazzeri L., Leoni O. & Manici L. M., 2004. Biocidal plant dried pellets for biofumigation. Industrial Crops Prod. 20, 59-65.
  • (en) Lazzeri L., Leoni O., Bernardi R., Malaguti L. & Cinti S., 2004b. Plants, techniques and products for optimising biofumigation in full field. Agroindustria 3, 281-288.

Références

  1. a b et c V. MICHEL, H. AHMED et A. DUTHEIL, Agrosccope, La biofumigation, une méthode de lutte contre les maladies du sol, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Conthey, Suisse
  2. Ristaino J. B. & Thomas W. 1997. Agriculture, methyl bromide and the ozone hole. Can we fill the gaps? Plant Dis. 81, 964-977.
  3. Gullino L. M., Camponogara A., Gasparrini G., Rizzo V., Clini C. & Garibaldi A., 2003. Replacing methyl bromide for soil disinfestations: The Italian experience and implications for other countries. Plant Dis. 87, 1012-1021.
  4. Morra M. J., 2004. Controlling soil-borne plant pests using glucosinolate-containing tissues. Agroindustria 3, 251-256.
  5. Rollin P. & Palmieri S., 2004. Sulfur-containingmetabolites in Brassicales. Agroindustria 3,241-244
  6. Pegg G. F. & Brady B. L., 2002. Verticillium wilts. CABI Publishing, Wallingford (UK), 552 p
  7. Kirkegaard J. & Matthiessen J., 2004. Developing and refining the biofumigation concept. Agroindustria 3, 233-239.
  8. Villeneuve F., Raynal-Lacroix C., Lempire C. & Maignien G., 2004. Possibility of using biofumigation in vegetable crops for controlling soilborne pathogens. Agroindustria 3, 395-398.
  9. Gouws R. & Wehner F. C., 2004. Biofumigation as alternative control measure for common scab on seed potatoes in South Africa. Agroindustria 3, 309-312.
  10. McGuire A. M., 2004. Mustard green manures replace fumigant and improve infiltration in potato cropping system. Agroindustria 3, 331-333.
  11. van Os G. J., Bijman V., van Bruggen S. S., de Boer F. A., Breeuwsma S., van der Bent J., de Boer M. & Lazzeri L. 2004. Biofumigation against soil borne diseases in flower bulb culture. Agroindustria 3, 295-301.
  12. Cheah L. H., Gowers S. & Marsh A. T., 2006. Clubroot control using Brassica break crops. Acta Horticulturae 706, 329-332.
  13. Amenduni M., D’Amico M., Coltella C. & Citrulli M., 2004. Effect of Brassiceae greenmanures and soil-solarization on corky root of tomato. Agroindustria 3, 303-307, 2004
  14. a et b Matthiessen J., Warton B. & Shackleton M. A., 2004. The importance of plant maceration and water addition in achieving high Brassicaderived isothiocyanante levels in soil. Agroindustria 3, 277-280