Bijou fantaisie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Bijou de fantaisie)
Ras-de-cou et boucles d'oreille en perles (Swarovski, rocailles), artisanat.

Le bijou est un « objet de parure précieux par la matière ou par le travail » [1],[2], et se classifie aujourd'hui selon deux domaines :

  • Le bijou composé de matériaux précieux avec ou sans gemmes (argent, or, perles, pierres fines, pierres précieuses ou divers minéraux...) ;
  • Le bijou composé de matériaux semi-précieux et/ou avec toutes sortes de matériaux (aluminium, argile, bois, cuivre, inox, laiton, pâte, résine...)

Le bijou fantaisie [3],[4] est généralement un objet artisanal unique ou réalisé en série limitée, et fabriqué principalement à la main, par une personne créative (bijoutier, bijoutière). Créative car cette personne fait appel à son imagination (fantaisie)[5] pour la conception du bijou mais aussi pour la technicité employée au cours de la fabrication, qui relève de méthodes rigoureuses mais aussi créatives voire intuitives et même expérimentales, selon le rendu souhaité.

L'exploitation de nouvelles matières de la part d'artistes, de bijoutiers et même de designers aboutira, à la suite de recherches approfondies, à de nouvelles techniques de mise en œuvre. Le travail des formes, d'associations de matières, de couleurs, des textures amène une nouvelle dimension au bijou. Ce dernier peut devenir une œuvre d'art à part entière.

Pour les petites entreprises d'activité artisanale voire artistique, la fabrication du bijou fantaisie se doit d'être majoritairement effectuée manuellement [6], d'où l'expression si souvent rencontrée "Fait-Main" voire "Fait avec amour" pour valoriser le travail de fabrication minutieux, technique...

Nota bene : le bijou de masse - précieux, semi-précieux ou non précieux - n'est pas un domaine à part entière mais une méthode de fabrication. Il est fabriqué de façon industrielle et à grande échelle. C'est un bijou produit en quantité massive visant une rentabilité maximale : un coût des matériaux bas, un temps de fabrication très court et très souvent une main d’œuvre bon marché. L'industrialisation va donc permettre la production intensive de bijoux bon marché, vendus dans de nombreux magasins de bijoux. Ceux-ci suscitent régulièrement l'intérêt de fraudeurs qui profitent d’événements et festivités sur des stands d'exposition et étales de marché notamment, pour tromper le consommateur qui pourra se retrouver confronter à des bijoux de contrefaçon [7],[8],[9],[10].

Dans le temps, il était courant d'entendre dire que les bijoux fantaisie étaient des babioles voire des frivolités : « Tout ce qui n'est pas précieux est fantaisie » sans valeur si non précieux ou semi-précieux. L'expression est désuète désormais, et tend à passer de mode car toute création vient de l'imaginaire du créateur/de la créatrice.

Qui plus est, ce qui est fantaisie peut être précieux au sens littéral et/ou précieux au sens socio-affectif[11].

Les bijoux fantaisie sont des accessoires de mode de styles variés. Ils sont adjoints au corps, à la tenue, au vêtement, afin d’en souligner certains traits ou de le modifier. Comme les vêtements, les accessoires de mode ont, simultanément, une fonction utilitaire et une fonction sociale. Ils permettent de se reconnaître au sein d'un groupe, de montrer son originalité (se démarquer) ou de tenir compte d'un contexte particulier : festival, soirée, réunion familiale, travail de bureau, travail en milieu industriel, école, examen/concours, utilisation d'engin motorisé, pour ne citer que ces exemples.

Histoire[modifier | modifier le code]

Avant le début du XXe siècle[modifier | modifier le code]

Le bijou existe depuis presque autant de temps que le vêtement. D’abord en tant qu’ornement afin d’agrémenter la tenue. De nature religieuse ou esthétique, ces objets se sont sophistiqués avec les techniques successives de fixation pour enfin sacraliser le mot bijou.

Des coquillages percés retrouvés en Israël, au Maroc et Afrique du Sud, nous montrent que le bijou date de plus de 100 000 ans. Rustiques au départ, les parures étaient en os ou en dents d’animaux, puis en pierre et en ambre.

Les Celtes seront le premier peuple à être réputé pour la qualité de ses parures et de ses bijoux.

Après la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale, avec l’ère du pétrole, du fordisme et l’apparition de la production en série, que les bijoux et parures deviennent moins « symboliques » et leur usage moins « codifié ». En effet, maintenant accessibles à tous, les bijoux étaient à l’époque, un moyen de distinguer les rangs de classes sociales. Ainsi, on pouvait reconnaître de quelle classe provenait telle personne et l’ornement était considéré comme luxueux.

Par ailleurs, la Première Guerre mondiale est un tournant capital dans l'histoire du bijou car l'or est récupéré par les gouvernements pour participer à l'effort de guerre. Les artisans sont mobilisés ou reconvertis dans l'industrie des armes. Les bijoux subissent le même sort et sont élaborés avec des métaux simples (fer, cuivre, aluminium…). Les bijoux d’antan, créés à base de métaux précieux prennent une signification encore plus grande du fait des séparations définitives ou non, dues à l'époque.

Contexte favorable, résultat du choc des deux guerres[modifier | modifier le code]

La Seconde Guerre mondiale paralyse de nouveau l'industrie du bijou. Les bijoux simples réapparaissent ; des bijoux patriotiques, aux emblèmes des régiments ou des unités des soldats, sont même fabriqués. Les mœurs changent avec la violence de la guerre et le rôle social des femmes prend une place déterminante (elles sont dans les usines et les hommes à la guerre). De nouveaux matériaux apparaissent et des anciens matériaux sont réutilisés.

Le choc de cette guerre et le nouveau rôle social des femmes dans ce contexte influent sur la mode en général, la conception et la fabrication des bijoux, qui deviennent plus stylisés sous l'impulsion de la mode Art déco notamment. L'essor des nouveaux matériaux (bakélite, maillechort) et le retour de plus anciens (marcassite, étain) redonnent un nouvel élan où les « faux bijoux » (car ils n’utilisaient pas de matériaux précieux, mais ressemblaient à des bijoux de luxe) ne sont plus des tentatives d'imitation mais bien des bijoux à part entière : ils ont peu à peu leur propre identité et s’inscrivent dans une nouvelle mode particulière (exemple : la mode Art), avec leurs couleurs et formes propres. L’introduction du terme « bijou fantaisie » apparaît enfin.

Les Trente Glorieuses[modifier | modifier le code]

Après la guerre, le niveau de vie s'améliore doucement avec le plein emploi et l'augmentation des salaires, et les bijoux reprennent leur place dans la vie quotidienne.

À partir des années 1950, on peut distinguer clairement trois grands secteurs :

  • la joaillerie, qui fabrique des pièces uniques ou en série limitée dans des matériaux prestigieux ;
  • la bijouterie[12] fantaisie, qui produit des pièces en série, profitant des nouveaux matériaux comme le plastique, le polyester, les résines synthétiques ;
  • la bijouterie artisanale parfois appelée bijouterie d'apparat, qui fabrique des pièces uniques ou en série limitée.

De nos jours[modifier | modifier le code]

Force est de constater que dans l'usage courant, le terme de bijou fantaisie [5] ne désigne plus un bijou sectorisé mais tout simplement un bijou issu de l'imagination de la créatrice ou du créateur, et ce indépendamment des matériaux utilisés dans la fabrication. Sa valeur peut être estimée selon les personnes, les cultures, le contexte pour exemples et ce, en fonction des matériaux, du travail réalisé, des différentes techniques utilisées, des intentions et de la minutie apportées notamment. L'estimation d'un bijou est tout à fait relative à chacun, selon les valeurs propres de la personne ou d'un groupe de personnes.

Les matériaux utilisés dans les bijoux fantaisie[modifier | modifier le code]

Coquillage : Nacre

Différents types de matériaux permettent la fabrication de bijoux fantaisie :

Depuis le décret de , les appellations « pierre précieuse », « pierre fine » et « pierre ornementale » sont interdites en France. Ces trois anciennes catégories sont regroupées sous l'appellation unique de « gemmes ».

Quelques exemples de pierres gemmes[modifier | modifier le code]

pierre d'agate
  • Le diamant, transparent (bleu pâle, blanc très transparent et brillant…)
  • L'émeraude, transparente (vert foncé)
  • Le rubis, transparent (rouge à écarlate)
  • Le saphir, transparent (bleu clair à moyen)
  • Le grenat, translucide (rouge, marron, vert ou violet)
  • La topaze, transparente (bleu clair à foncé)
  • L'agate, translucide (rayée marron, bleu, blanc, rouge)
  • L'ambre, transparent (diverses nuances de jaune ou d'or)
  • Le corail rouge, opaque (rouge écarlate)
  • Le jade, translucide (vert pâle, foncé, vert et blanc)
  • Le jais, opaque (noir)
  • La jaspe, opaque (bleu, avec reflet noir à marron)
  • L'onyx, transparent (noir pur, blanc pur, ou bandes)
  • La perle, translucide (blanc, jaune, rose, noire)
  • La turquoise, opaque (bleu-vert pâle)

Catégories de bijoux fantaisie[modifier | modifier le code]

  • Bijoux de tête, bijoux de cheveux, bijoux de front
    • épingle, barrette, serre-tête, poignet ou perle de natte,
    • couronne, diadème,
    • boucles d'oreilles
    • clou d'oreille
    • poignet d'oreille
    • manchon d'oreille
  • Bijoux de cou
    • collier ras de cou dit aussi "ras de cou" ou "ras du cou"
    • collier multi-rangs
    • collier à pendentif
    • collier sautoir (long)
    • boule de grossesse ou bola
  • Bijoux de bras
    • bracelet
    • manchette ou manchon
    • tour de bras ou brassard
  • Bijoux de main
    • bague ajustable
    • bague chaîne
    • bague semainier
    • alliance
    • bague à plateau ou bague plateau
    • chevalière
    • solitaire
  • Bijoux de corps
    • chaîne de poitrine
    • bustier
    • chaîne de taille
    • chaîne de ventre
  • Bijoux de pieds
    • bracelet de cheville
    • chaîne de cheville ou chevillère
    • chaîne de pied
    • bague de pied ou bague d'orteil
    • sandale pied nu ou sandale aux pieds nus

Sans oublier les bijoux issus du piercing, ce qui augmente nettement la variété de bijoux envisageables pour agrémenter tant la tenue que le corps, selon la période, le temps, l'époque, les événements...

Créateurs et producteurs de bijoux fantaisie (liste non exhaustive, à compléter)[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

International[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. CNRS (Le Centre national de la recherche scientifique), « Bijou », sur CNRTL (Le Centre national de ressources textuelles et lexicales) (consulté le )
  2. « Bijou, bijoux », sur Larousse
  3. Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), « 32.13Z-Fabrication d'articles de bijouterie fantaisie et articles similaires », sur insee.fr (consulté le ) : « 32.13Z : Fabrication d'articles de bijouterie fantaisie et articles similaires. Cette sous-classe comprend :
    • la fabrication de bijoux de fantaisie :
      • bagues, bracelets, colliers et articles de bijouterie fantaisie similaires en plaqués ou en doublés de métaux précieux sur métaux communs,
      • articles de bijouterie contenant des pierres artificielles, telles que pierres précieuses artificielles, diamants de synthèse et autres ;
    • la fabrication de bracelets de montres en métal (à l'exception des métaux précieux).
    Cette sous-classe ne comprend pas :
    • la fabrication d'articles de bijouterie en métaux précieux, en plaqués ou en doublés de métaux précieux (cf. 32.12Z) ;
    • la fabrication d'articles de bijouterie contenant des pierres précieuses authentiques (cf. 32.12Z) ;
    • la fabrication de bracelets de montres en métaux précieux (cf. 32.12Z) »
  4. Mission Etalab, Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État (DINSIC)., « Liste des Codes Nomenclature D’Activité Française (NAF) », sur entreprise.data.gouv.fr (consulté le )
  5. a et b CNRS (Centre national de la recherche scientifique), « Fantaisie », sur CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) (consulté le ) : « « Faculté imaginative, pouvoir d'invention d'un artiste, d'un écrivain, etc. Fantaisie pure, fantaisie d'artiste, du peintre, du poète, art et fantaisie. Synon. créativité. » « Qualité d'une personne qui se singularise par son esprit imaginatif et un comportement imprévu et amusant. » »
  6. Ministère de l'Action et des Comptes Publics, « Exonération en faveur des artisans et façonniers », sur Bulletin Officiel des Finances Publiques - Impôts, https://bofip.impots.gouv.fr/ (consulté le ) : « ... en faveur des artisans et façonniers 10 En vertu du 1° de l'article 1452 du CGI, les ouvriers travaillant soit à façon pour les particuliers, soit pour leur compte avec des matières leur appartenant, qu'ils aient ou non une enseigne ou une boutique, sont exonérés de CFE lorsqu'ils travaillent seuls ou avec le seul concours d'une main d'œuvre familiale ou d'apprentis sous contrat. Ces dispositions sont applicables, sous les mêmes conditions, aux sociétés à responsabilité limitée dont l'associé unique est une personne physique, soumise à l'impôt sur le revenu, conformément au 4° de l'article 8 du CGI. A. Définition 20 Conformément à la doctrine administrative et à la jurisprudence du Conseil d'État, les ouvriers s'entendent des travailleurs indépendants remplissant les trois conditions suivantes. 1. Exercer une activité où le travail manuel est prépondérant 30 Compte tenu de l'évolution de la technique, il convient d'apprécier d'une manière libérale cette condition et de considérer qu'elle n'exclut pas l'utilisation d'un certain outillage mécanique. L'exonération peut donc être accordée aux artisans qui s'aident de quelques machines pour la préparation de la matière première ou le finissage du produit de leur travail... »
  7. INSEE, « Définition - Contrefaçon », La contrefaçon se définit comme la reproduction, l'imitation ou l'utilisation totale ou partielle d'une marque, d'un dessin, d'un brevet, d'un logiciel ou d'un droit d'auteur, sans l'autorisation de son titulaire, en affirmant ou laissant présumer que la copie est authentique.
  8. DGCCRF, « Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes », Au sein du ministère chargé de l’Économie, la DGCCRF veille au bon fonctionnement des marchés, au bénéfice des consommateurs et des entreprises.
  9. DGCCRF, « Infos Arnaques - Consommateur »
  10. DGCCRF, « Infos Arnaques - professionnel »
  11. « CNRS », sur CNRTL (consulté le )
  12. CNRS, « Bijouterie », sur CNRTL (consulté le ).
  13. « FIBRE : Définition de FIBRE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  14. « TERRE : Définition de TERRE », sur www.cnrtl.fr (consulté le )

Références bibliographiques[modifier | modifier le code]

  • Stephen O'Keefe, Les techniques de la bijouterie, Le Geste Et L'outil, édition Eyrolles, 2005
  • Madeleine Coles, Bijouterie, Deux livres en un, édition Eyrolles 2000
  • Jacqueline Viruega, La bijouterie parisienne 1860-1914, Histoire de Paris, édition L'harmattan, 2004
  • Ann Mitchell, Karen Mitchell, Bijoux de fantaisie 101, édition Ada Eds
  • Judith Miller, Les bijoux : Bijoux fantaisie de collection, Gründ, 2007
  • Eliz’art, Bijoux ethniques, En pâte polymère et matériaux naturels, édition Guide Broché
  • Barbara Cartlidge, Les bijoux au XXe siècle, Paris, édition Payot, , 239 p. (ISBN 2-228-00110-4)
  • Claude Mazloum, Designer Jewellery. The word's top artists, Rome, Gremese International, (ISBN 88-7301-021-0).

Articles connexes[modifier | modifier le code]