Bernardino Tomitano

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Bernardino Tomitano
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Bernardino Tomitano, né à Padoue en et mort dans cette même ville en , est un philosophe, poète et médecin italien, membre de l'académie littéraire de Padoue, l'Accademia degli Infiammati, auteur de commentaires des œuvres d'Aristote et d'écrits de logique, dont certains sont encore inédits.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il naît à Padoue, dans une famille originaire de Feltre. Il suit des études de philosophie et de médecine à l'université de Padoue, et les termine avec succès en 1538. En 1539, il est nommé par le Sénat vénitien pour assurer la lecture de l'Organon d'Aristote à la faculté de logique de l'Université de sa ville natale, poste qu'il occupe jusqu'en 1563. Il aura notamment pour élèves Ulisse Aldrovandi en 1539, Giacomo Zabarella qui lui succédera en 1564 à la chaire de logique[1], Francesco Patrizi de 1547 à 1554[2] et Francesco Panigarola[3]. Son premier ouvrage publié, en 1544, Introductio ad Sophisticos Elenchos Aristotelis, est une introduction aux Réfutations sophistiques d'Aristote, le dernier des traités logiques réunis sous le nom d'Organon. Il commentera également dans ses cours les Seconds Analytiques ou Analytiques postérieurs (ces textes sont restés manuscrits)[4].

Il se lie, entre autres, avec Sperone Speroni, Pietro Bembo, Jacopo Sadoleto, Paolo Jove, Bernardo Navagero, Girolamo Fracastoro. Il devient membre de l'Académie des Enflammés, fondée par Leone Orsini, active à Padoue de 1540 à 1550, qui mène une réflexion approfondie sur les rapports entre le latin, la langue italienne et les langues vernaculaires de l'Italie, notamment la langue vénitienne ; les travaux de l'académie sont la base des Ragionamenti della lingua toscana de Tomitano publiés en 1545 à Venise ; il les republiera à Padoue en 1569 et en 1570 sous le titre Quattro libri della lingua thoscana (Quatre livres de la langue toscane)[5]. Dans ce dialogue qui recueille les conversations tenues dans la maison de Sperone Speroni après son élection en novembre 1541 à la tête de l'Accademia degli Infiammati, Tomitano affirme la dignité de la "langue vulgaire" et sa capacité à traiter n'importe quel sujet, même à caractère scientifique ou philosophique[6].

Ses sonnets en italien sont publiés à Venise chez Gabriele Giolito dans deux recueils collectifs de poèmes, les Rime diverse di molti eccellentissimi autori (1545, réédité en 1546)[7] et Delle rime di diversi nobili uomini. Libro secondo en 1548 où figurent 26 sonnets de Tomitano[8]. Des poètes français s'inspireront de sonnets de Tomitano comme Philippe Desportes[9] ou Olivier de Magny dans son poème Comme au printemps la pastourelle gaye qui s'inspire du sonnet Si come all'hor, che lieta primavera[10].

Il est l'auteur de deux mémoires de mathématiques : le Moïse de la Géométrie en 1550, où il démontre le théorème : "deux lignes s'approchent indéfiniment sans jamais se rejoindre", perçue par le prophète hébreu à la Grâce divine, et une Introductio Cosmographiae, leçons de géométrie qui servent de fondement à la cosmographie ptoléméenne.

En 1554, il est accusé d'hérésie par le Saint-Office de Vénétie, pour un ouvrage publié en 1547 à Venise chez Giovanni Griffio : Espositione letterale del testo di Matteo Evangelista di M. Bernardin Tomitano ; cette « exposition littérale du texte de saint Matthieu » est en fait la traduction en italien de l'ouvrage d'Érasme Paraphrasis in Evangelium Matthaei sur l'Évangile selon Matthieu. L'ouvrage est interdit dans les Index de 1549 et de 1554. Tomitano publie deux textes[11] où il affirme qu'il avait fait cette traduction pour « un noble seigneur avec qui il était très familier » mais qu'il n'approuvait pas les conceptions d'Érasme ; l'ouvrage aurait été publié à son insu ; par ailleurs, il avait obtenu l'autorisation de publication d'un inquisiteur franciscain Mario Veneto[12]. L'Inquisition ne le poursuit pas davantage ; l'ouvrage sera interdit dans l' Index de 1559 sous le nom de Tomitano et dans celui de 1564 sous le nom d'Érasme[13]. À partir de ce moment, les écrits de Bernardino Tomitano deviennent quelque peu conformistes.

En 1563, il n'obtient pas la chaire de philosophie, à laquelle il aspirait. Il donne sa démission de l'université, quitte Padoue et s'installe avec sa famille à Venise, où il exerce avec succès la profession de médecin. Il se lie à Astorre Baglioni, dont il devient le médecin et qu'il accompagne à Chypre ; Baglioni sera tué avec Marcantonio Bragadin lors du Siège de Famagouste à Chypre en 1571. Lors de cette dernière période de sa vie, Tomitano écrit de 1572 à 1576 une biographie de Baglioni en italien en huit livres qui ne sera pas publiée : quatre manuscrits en sont conservés[14] et il a fait l'objet de publications partielles au XIXe siècle[15]. Les deux autres ouvrages de Tomitano sont en latin : un livre de médecine sur la syphilis De morbo gallico (le mal français), et un poème Thétis en 1574, composé à l'occasion du passage à Venise du roi de France Henri III , élu roi de Pologne l'année précédente, mais qui en était parti en catimini en passant par l'Autriche et l'Italie.

Tomitano meurt en 1576 à Padoue lors d'une épidémie de peste.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • (la) Introductio ad Sophisticos Elenchos Aristotelis, Venise, 1544
  • (it) Ragionamenti della lingua Toscana, Venise, Giovanni de Farri & frères, 1545. Republié sous le même titre en 1546 ; rééditions sous le titre Quattro libri della lingua thoscana, Padoue, 1569 et 1570.
  • (it) Esposizione letterale del testo di Mattheo Evangelista : Esposizione letterale del testo di Mattheo Evangelista, Venise, Giovanni Griffio, , 256 p. (lire en ligne)
  • (it) Sopra le Pistole di S. Paolo, Venise, c. 1550[16].
  • Moisè. Geometria, Mantoue, 1550.
  • (la) Introductio Cosmographiae, Venise, 1551.
  • (it) Prediche del reverendissimo monsignor Cornelio Musso, vescovo di Bitonto, Venise, Gabriele Giolito et frères, 1554.
  • (it) Oratione recitata per nome de lo Studio de le Arti padovano ne la creatione del Serenissimo Principe di Vinetia M. Marcantonio Trivisano, Venise, 1554.
  • (la) Clonicus, sive de Reginaldi Poli laudibus, Venise, 1556.
  • (it) Consiglio sopra la peste di Vinetia, Padoue, Gratioso Perchacino, 1556.
  • (la) Corydon, sive de Venetorum laudibus, et Carmen ad Laurentium Priolum Venetorum principem, Venise, 1556.
  • (la) Animadversiones aliquot in primum librum Posteriorum Resolutoriorum, Venise, 1562.
  • (la) De morbo gallico, 2 vol., Venise, 1567.
  • (it) Vita e fatti di Astorre Baglioni. Écrit entre 1572 et 1576 et resté à l'état manuscrit ; encore largement inédit.
  • (la) Thetis : In adventu regis Henrici III Galliae christianissimi, et IIII Poloniae serenissimi, ad felicissimam Venetiarum urbem, Venise, Francesco Ziletti, (lire en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Heikki Mikkeli, « Giacomo Zabarella », sur Stanford Encyclopedia of Philosophy, (consulté le )
  2. (it) Maria Muccillo, « Dall’ordine dei libri all’ ordine della realtà: ordine e metodo nella filosofia di Francesco Patrizi », dans Francesco Patrizi Philosopher of the Renaissance, (lire en ligne), p. 9-61
  3. Utzima Benzi, « De la transgression à la règle. Itinéraire et conversion de Francesco Panigarola (1548-1594) », Italies, no 11,‎ , p. 437-459 (lire en ligne, consulté le )
  4. Davi 1995
  5. Michel Hochmann 2007, p. 157-159
  6. (it) Antonio Daniele, « Sperone Speroni, Bernardino Tomitano e l'Accademia degli Infiammati », Filologia veneta, no 2,‎ , p. 1-53.
  7. 564 poèmes de 85 auteurs italiens différents « Rime diverse di molti eccellentissimi autori (1546) », sur Fondation Barbier-Mueller pour l'étude de la poésie italienne de la Renaissance (consulté le ).
  8. « Delle rime di diversi nobili uomini. Libro secondo (1548) », sur Fondation Barbier-Mueller pour l'étude de la poésie italienne de la Renaissance (consulté le ).
  9. Jean-Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique : Quatrième partie tome II. Contemporains et successeurs de Ronsard, de Desportes à La Boétie, Droz, (lire en ligne), p. 60.
  10. Mark S. Whitney, Olivier de Magny, Les cent deux sonnets des Amours de 1553, édition critique, Droz, (lire en ligne), p. 33-34.
  11. Oratione prima alli Signori de la S. Inquisitione di Venetia, Padoue 1556, et Oratione seconda alli Signori medesimi, Venise, 1557.
  12. Silvana Seidel Manchi (trad. de l'italien), Erasme hérétique : Réforme et Inquisition dans l'Italie du XVIe siècle, Paris, Gallimard et Le Seuil, coll. « Hautes études », , 444 p. (ISBN 2-02-019965-3), p. 85-86, p. 302, p. 335-336.
  13. Jesús Martínez de Bujanda, Index de Venise, 1549, Venise et Milan, 1554, Sherbrooke (Canada), Droz, , 527 p. (ISBN 2-7622-0036-9, lire en ligne), p. 47-48, p. 83
  14. Girardi 1995, p. 8
  15. Il libro VIII. della vita e dei fasti di Astorre Baglioni, publié par Antonio Ruzzini à Venise en 1845 ; L'assedio e presa di Nicosia adì 9 settembre 1570, Padoue, Tipographia Liviana, 1846 ; Descrizione dell'isola di Cipro tratta da un di lui codice manoscritto, risguardante la vita e le imprese di Astorre Baglioni, Venise, 1861.
  16. Cet ouvrage n'est mentionné que par Anton Francesco Doni dans sa Prima Libraria, un répertoire de livres italiens imprimés jusqu'en 1550 ; par conséquent, il doit avoir été écrit avant 1550.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Bernardino Tomitano » (voir la liste des auteurs).
  • (it) Girolamo Tiraboschi, Storia della letteratura italiana, t. VII, Florence, Molini e Landi, , p. 438
  • (it) Aulo Greco, « Bernardino Tomitano », sur Enciclopedia Dantesca, (consulté le ).
  • (it) Marco Pecoraro, « Tomitano, Bernardino », dans Dizionario critico della letteratura italiana, t. III, Turin, UTET, , p. 507-512
  • (it) Maria Rosa Davi, Bernardino Tomitano filosofo, medico e letterato (1517-1576) : profilo biografico e critico, Padoue, Edizioni Lint, , 187 p. (ISBN 88-86179-35-9)
  • (it) Maria Teresa Girardi, Il sapere e le lettere in Bernardino Tomitano, Milan, Vita e pensiero, coll. « Bibliotheca erudita », , 260 p. (ISBN 88-343-0492-6, lire en ligne)
  • Michel Hochmann, « A propos des débuts de l’opposition entre Venise et Rome : le rôle de l’Accademia degli Infiammati et de Bernardino Tomitano », dans L’histoire de l’art et le comparatisme. Les horizons du détour, Paris, , p. 157-159

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]