Bernard Grasset (éditeur)

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Bernard Félix Joseph Grasset, né le à Chambéry et mort le à Paris, est un éditeur français.

Biographie

Fils d’Eugène Grasset, avocat originaire de Montpellier à Chambéry, et de Marie Ubertin, fille d’un receveur de l’enregistrement, ce n’est qu’à la mort de son père en 1896 que Bernard Grasset est emmené à Montpellier par son oncle Joseph Grasset, professeur à la faculté de médecine. Là, il entreprend des études en sciences économiques couronnées par un doctorat, puis monte à Paris, où il fréquente le Café Vachette. Il y rencontre Jean Moréas, Émile Faguet et Jean Giraudoux.[réf. souhaitée]

En 1907, Bernard Grasset fonde les « Éditions Nouvelles » au 49, rue Gay-Lussac (où il s’est installé en arrivant à Paris). Le premier livre qu’il publie est le roman d’Henry Rigal, Mounette. Il doit son premier gros succès au livre de pastiches signé Paul Reboux et Charles Muller : À la manière de…édité dans la collection « Cahiers Rouges ». Surviennent ensuite deux Goncourt consécutifs, en 1911 et en 1912, Monsieur des Lourdines d’Alphonse de Châteaubriant et Filles de la pluie d’André Savignon. Il s’installe alors au 61, rue des Saints-Pères où les éditions Grasset sont toujours.

En 1913, Bernard Grasset publie à compte d’auteur le premier volume d' À la recherche du temps perdu de Marcel Proust, Du côté de chez Swann, sans l'avoir lu. L’année 1920 ouvre pour lui une période faste puisqu'il lance les « Quatre M » : André Maurois, François Mauriac, Henry de Montherlant et Paul Morand. En 1921, il confie à Daniel Halevy ce qui deviendra la collection « Les Cahiers verts », dont le premier titre – et premier succès – sera Maria Chapdelaine de Louis Hémon.

De nombreux auteurs rejoignent les Éditions Grasset : Raymond Radiguet avec Le Diable au corps, Blaise Cendrars avec L'Or. La merveilleuse histoire du général Johann August Suter, Jean Guéhenno avec Caliban Parle, Jean Giono et sa Colline, Philippe Soupault avec Les Frères Durandeau, Joseph Delteil avec Sur le fleuve Amour, Ramuz et La Grande Peur dans la montagne, ou encore André Malraux et La Tentation de l’Occident, Joseph Peyré qui assure neuf titres à l'éditeur, dont Sang et lumières qui obtient le Prix Goncourt en 1935.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme la plupart des éditeurs français de l'époque, il a plus ou moins « collaboré » avec l’occupant allemand, sous peine d'interdiction de tel ou tel titre ou de privation de papier.

Ami et éditeur de l'écrivain allemand Friedrich Sieburg, il publie son ouvrage Dieu est-il français ? en 1930 et il invite l'écrivain à Paris en 1941.

En 1923, il engage par relations le fils d'un banquier, âgé de vingt ans, pour apprendre le métier, sans le salarier, au départ. Ce jeune homme, Henry Muller racontera ses souvenirs sur Grasset dans Trois pas en arrière, prix Marcelin Cazes 1952. Son patronyme donnera lieu à la rumeur de « l’associé allemand » bien que la famille Muller fût française. Il fréquente des officiers de l’armée allemande, déjeune avec eux à la brasserie Lipp.

Il reçoit ses amis à Garches et est surnommé le César de Garchtesgaden, par allusion à Berchtesgaden, résidence d'Hitler.

Il publia certains auteurs qui devinrent par la suite collaborationnistes comme Fernand de Brinon (France-Allemagne (1918-1934) en 1934), Jacques Doriot (Refaire la France en 1938 et Je suis un homme du Maréchal en 1941), Abel Bonnard (Le Bouquet du monde en 1938 et L’Amour et l’Amitié en 1939), puis Jacques Chardonne, Georges Blond (L’Angleterre en guerre : récit d’un marin en guerre en 1941 et L’épopée silencieuse : service à la mer, 1939-1940 en 1942). En ce qui concerne Pierre Drieu La Rochelle, cet auteur essentiellement publié par Gallimard et directeur de la NRF, ne publia qu'un seul ouvrage chez Grasset, Mesure de la France, en 1922.

Les Principes d’action d'Adolf Hitler furent publiés en 1936, avec une préface soulignant que « cette publication n'entraîne aucune adhésion de la part de l'éditeur aux principes qui y sont exprimés, ne répondant qu'à une nécessité de documentation », cette même année il avait obtenu l'accord de Maurice Thorez et Léon Trotsky pour le même type de document. Il publia dans cette même période Ernst Glaser et Ernst Erich Noth, écrivains allemands anti-fascistes, qui avaient choisi de fuir leur pays pour se réfugier en France.

Il refusa en 1942 la demande des Allemands de rééditer Mein Kampf, qui avait été publié par l’éditeur Sorlot. Il publie également le gaulliste François Mauriac.

En 1944, il est accusé de « collaboration », sur dénonciation anonyme. Il est condamné par la Chambre civique le 20 mai 1948 à la dégradation nationale à vie et à la confiscation de ses biens. Lors de son procès, le quota de publications imposées par l’occupant fut établi à 1 %[1].

En 1949, sur décision du président de la République Vincent Auriol, Bernard Grasset retrouve ses droits et reprend sa maison d'édition. Il découvre, notamment, Hervé Bazin et Jacques Laurent.

En 1954, il cède le capital de sa maison d'édition à Hachette.

La place de Bernard Grasset dans l'édition française

Dans le domaine de l’édition, Bernard Grasset fut un novateur.

  • Après la Première Guerre mondiale, Bernard Grasset joua un rôle important dans la diffusion des auteurs contemporains.
  • Il augmenta le tirage des livres (10 000 exemplaires au lieu de 2 000).
  • Il inventa la publicité littéraire, les services de presse.
  • Il modernisa la typographie du livre[2]

Références

  1. Jean Bothorel, Vie et Passion d’un éditeur.
  2. Bernard Grasset, précurseur Maximilien Vox, Communication et langages, Année 1971, Volume 12, Numéro 12, pp. 81-90

Liens externes