Benoît-Léon de Fornel de La Laurencie

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Benoît-Léon Fornel de La Laurencie
Benoît-Léon de Fornel de La Laurencie.
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VichyVoir et modifier les données sur Wikidata
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Benoît-Léon de Fornel de La Laurencie, né à Broût-Vernet (Allier) le [2] et mort à Vichy le , est un général de corps d'armée de l’armée française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Benoît-Léon de Fornel de La Laurencie est le fils de Philippe Marie Léopold Sosthène de Fornel de la Laurencie (il appartenait à une famille de petite noblesse de l'Angoumois), polytechnicien, colonel d'artillerie qui s'était illustré en 1870-1871 au siège de Belfort[3], et de Marie Marguerite Chassaing, d'une famille d'origine auvergnate qui possédait le château du Verger à Broût-Vernet, château qu'elle apporta à la famille de Fornel de La Laurencie.

Élève de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion « In Salah », La Laurencie est sous-lieutenant de cavalerie dès 1901. Capitaine de dragons au début de la Grande guerre, il demande à servir dans l'infanterie où il exerce le commandement d'un bataillon. Il est ensuite chef d'état-major d'une division d'infanterie. Envoyé en Pologne en 1919, il exerce les fonctions de chef d'état-major d'une division polonaise. Breveté d'état-major après la guerre, il professe pendant quatre ans le cours de cavalerie de l'école de guerre, avant de commander un régiment de dragons[2].

Commandant de l’École d'application de la Cavalerie et du Train entre 1931 et 1935[4], La Laurencie est nommé à la tête de la première division de cavalerie (1935-1939) puis officier commandant de la troisième région militaire juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale[4].

À la déclaration de la guerre, La Laurencie dirige le troisième corps d’armée[4]. Le , il installe son poste de commandement à Bouchain dans la « zone des armées ». Il est chargé de la défense du secteur fortifié de l'Escaut, soit 35 kilomètres de frontière entre Maulde et Wargnies-le-Grand, découpant une zone axée sur le cours de l'Escaut entre le Secteur défensif de Lille (armée anglaise) et le secteur fortifié de Maubeuge[5].

En 1940, La Laurencie participe aux opérations de Dunkerque à la tête du 3e corps d'armée. Après l’armistice du 22 juin 1940, il est commandant de la 16e région militaire. Il est membre du tribunal militaire qui condamne Charles de Gaulle[6]. Il est ensuite nommé par Pétain délégué général du gouvernement français auprès des autorités d'occupation à Paris le en remplacement de Léon Noël. À ce titre, il ordonne à la police parisienne de mettre en place le très perfectionné fichier des Juifs, qui a notamment permis les rafles de décembre 1941 et de 1942[7]. Le , c'est lui qui est chargé d'arrêter Marcel Déat, ce qui lui vaudra d'être expulsé par les Allemands vers la zone libre et remplacé dans ses fonctions par Fernand de Brinon le .

Mis en retraite du service actif[4], il est en contact avec l’OSS de Berne. Ayant rencontré, en janvier 1941, Claude Bourdet et Henri Frenay, il fait remettre des fonds américains au Mouvement de libération nationale (plus tard renommé Combat). Le , il est nommé par le gouvernement membre de la commission du Conseil national chargée de l'étude de la réorganisation administrative de la France. Le , il affiche ses sentiments favorables à la victoire du « bloc anglo-américain »[8]. Il rencontre les trois chefs de mouvements résistants, Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Henri Frenay et François de Menthon, le 15 décembre 1941 pour discuter des conditions d'un travail commun. La rencontre se conclut sur un désaccord de fond concernant l'allégeance au général de Gaulle, que les résistants considèrent comme non négociable[9]. La rupture est brutale et Frenay publie dans le journal de son mouvement, Combat, l'alerte suivante : « Nous mettons en garde [nos militants] qu'il n'existe aucun accord entre le Comité Directeur du Mouvement de Libération Française et le général de La Laurencie. Le Comité directeur sait que bien au contraire il existe entre les buts que l’un et l’autre se proposent des oppositions fondamentales qui ne laissent la place à aucune entente et à aucun compromis ».

Le général est interné par le régime de Vichy de 1942 à 1944 dans un hôtel de Vals-les-Bains (Ardèche). Il est ensuite transféré au camp d'Évaux-les-Bains (Creuse)[10] où il rencontre Roger Stéphane et le docteur Henri Martin. Le 8 juin 1944, avec quatre autres internés, ils braquent le bureau du directeur, tandis que plusieurs FTP font irruption dans le camp. Avec leurs gardiens, les 37 internés sont conduits à Chambon-sur-Voueize, siège du maquis. Tout le monde est relâché[11],[12].

Le général de Fornel de La Laurencie est inhumé dans la tombe de sa famille maternelle au cimetière de Broût-Vernet.

Publications[modifier | modifier le code]

  • L'École de Saumur, Angers, Éditions de l'Ouest, 1935, 170 p. (en ligne).
  • Les Opérations du IIIe corps d'armée en 1939-1940, Paris, Charles-Lavauzelle, 1948, 187 p., cartes.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. a et b S.H.D. Dossier d'officier 13 Yd 1300
  3. Philippe Carré, Le capitaine Sosthène de Fornel de La Laurencie, commandant de l’artillerie du château de Belfort, préface du colonel Axel Egnell, Broût-Vernet, Azy la Garance, 2003.
  4. a b c et d « Biographie de Léon-Benoit de Fornel de La Laurencie », sur generals.dk (consulté le )
  5. Gén. de la Laurencie, Les opérations du 3e C.A. en 1939-40, Lavauzelle, 1948. Extrait de : Combats sur l'Escaut - Bouchain, Rœulx, Mastaing, mai 1940, E. Obled, Imprimerie de la Vieille Alsace, 1955.
  6. Jean Lacouture, De Gaulle : Le Rebelle, 1890-1944, t. I, Le Seuil, coll. « Points », , 869 p. (ISBN 978-2-02-012121-7)
  7. Marrus & Paxton, Vichy et les Juifs.
  8. Lettre à François Darlan, vice-président du conseil [PDF]
  9. Peschanski et Douzou 1995, p. 18-19.
  10. Goudot et Hervy 2006
  11. Denis Peschanski, La France des camps, Paris, Gallimard, 2002.
  12. Calmon 2007

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Johanna Barasz, « Un vichyste en Résistance, le général de La Laurencie », Vingtième siècle : Revue d'histoire, Presses de Sciences Po, Paris, France, no 94,‎ (ISSN 0294-1759, résumé)
  • Colette Calmon, L'Évasion oubliée : Évaux-les-Bains, 8 juin 1944, Cahors, Publi-fusion éd., , 95 p. (ISBN 978-2-907265-65-2)
  • Pierre Goudot et Marc Hervy, Le Camp d'internement administratif d'Évaux-les-Bains : Creuse, 26 novembre 1942-8 juin 1944, Évaux-les-Bains/Saint-Marcel-en-Marcillat, M. Hervy / P. Goudot, , 143 p. (ISBN 978-2-9527120-0-2)

Liens externes[modifier | modifier le code]