Bataille de La Chambaudière

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Bataille de La Chambaudière

Informations générales
Date
Lieu Legé et Saint-Étienne-du-Bois
Issue Victoire républicaine
Belligérants
Drapeau de la France République française Drapeau de l'Armée catholique et royale de Vendée Vendéens
Commandants
Jean-Baptiste Huché François Athanase Charette de La Contrie
Forces en présence
3 000 à 4 000 hommes[1] 1 500 hommes[1]
Pertes
2 morts[2]
15 blessés[2]
60 à 80 morts[2]
(selon les républicains)

Guerre de Vendée

Batailles

Coordonnées 46° 51′ 52,3″ nord, 1° 35′ 49,6″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
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Bataille de La Chambaudière
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La bataille de La Chambaudière a lieu le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains qui s'emparent de la ville de Legé, puis repoussent une contre-attaque des Vendéens.

Prélude[modifier | modifier le code]

En juillet 1794, le général républicain Jean-Baptiste Huché organise une expédition avec quatre colonnes pour prendre la ville de Legé[2],[3]. Le 16 juillet, trois colonnes se mettent en mouvement pour attaquer la ville : à l'ouest la colonne de l'adjudant-général Aubertin, sortie de Machecoul, et la colonne de l'adjudant-général Chadau, sortie de Challans, font leur jonction au camp de Fréligné, tandis que la colonne de l'adjudant-général Levasseur arrive par le nord, depuis le camp de La Rouillère[2],[4]. Huché vient lui-même se mettre à la tête de la quatrième colonne, alors sous les ordres du général Ferrand, et sort de Montaigu le 17 juillet pour se déployer à Rocheservière[2],[4]. Le même jour, les colonnes d'Aubertin, Chadau et Levasseur arrivent à Legé[2].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

Selon le rapport du général Huché, l'armée vendéenne est forte de 3 000 hommes[4]. Cependant d'après Lucas de La Championnière et Le Bouvier-Desmortiers, Charette n'a avec lui qu'environ 1 500 combattants lors de cet affrontement[1]. Pour l'historien Lionel Dumarcet, ce nombre paraît cependant peu élevé d'autant que la participation de Bertrand Poirier de Beauvais à cette affaire laisse supposer la présence d'un contingent d'Angevins[1]. Lucas de La Championnière estime également à 4 000 les forces des républicains[5]. Huché n'indique pas les effectifs de ses troupes dans son rapport. Selon une lettre du général Crouzat au général Vimeux, datée du 19 juillet, la colonne commandée par l'adjudant-général Levasseur est forte de 400 hommes[6]. Pour Lionel Dumarcet, les républicains sont probablement entre 3 000 et 4 000[1].

Déroulement[modifier | modifier le code]

À Legé, les colonnes républicaines se heurtent à une résistance de la part des Vendéens, mais elles emportent la ville à cinq heures du soir[2]. L'armée de Charette arrive une heure plus tard par la route de Palluau et trouve l'avant-garde républicaine déjà installée sur les hauteurs de la Chambaudière, au sud de Legé[2].

Menée par Delaunay et Guérin, l'avant-garde vendéenne se jette aussitôt sur les positions républicaines[2]. Cependant l'engagement de quelques cavaliers suffit à faire reculer les Vendéens[7],[5] et leur attaque est repoussée[2].

Charette arrive alors avec le reste de ses troupes pour tenter un deuxième assaut[2],[7],[5]. Cependant sa cavalerie, située à l'arrière-garde de son armée[7], doit se mouvoir sur des chemins étroits, et ne peut se déployer pleinement[2].

Le gros des troupes républicaines sort également de Legé pour se déployer en ordre de bataille[2]. À la vue de leur nombre, les Vendéens perdent courage et se replient sans grand dommage sur le bocage, où les républicains n'osent pas les poursuivre[2]. Les combats s'achèvent à la tombée de la nuit et Charette se replie sur La Roche-sur-Yon[2].

Depuis Montaigu, Huché se lance à la poursuite des Vendéens, mais ses troupes commettent surtout des massacres et des incendies jusqu'à Palluau[2],[8]. Selon le témoignage de Pierre Blanconnier, guide de la colonne, plus de 500 personnes sont tuées « dans les champs et leurs maisons »[2]. Le village de La Bésilière, ancien quartier-général de Charette, est incendié et 50 à 60 hommes et femmes qui y sont trouvés sont tués[9],[4].

Pertes[modifier | modifier le code]

Selon le rapport de Huché[A 1], les pertes républicaines sont de deux officiers tués et de 15 blessés, tandis que les « brigands » ont laissé entre 60 et 80 hommes sur le champ de bataille[2],[4],[10].

Dans ses mémoires, le chef vendéen Lucas de La Championnière affirme pour sa part que les forces royalistes ne déplorent la perte que de « quelques braves »[A 2]. Bertrand Poirier de Beauvais écrit également que « cette bataille perdue nous coûta peu de monde »[A 3].

Le chef vendéen Delaunay est blessé d'une balle à la poitrine[2] alors que, totalement ivre selon Lucas de La Championnière[1], il narguait les troupes républicaines[2] « comme un hussard »[5]. Il est cependant rétabli au bout d'un mois[2]. Davy-Desnaurois, le major en second de l'armée, est grièvement blessé et ne prend plus par la suite une part active aux combats[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Je m'empresse de te rendre le compte suivant de l'expédition que je viens de faire contre les brigands.

    Le 16, quatre colonnes ont été mises en mouvement, la première commandée par le général Ferrand, sous mes ordres, est sortie de Montaigu le 17, et a pris poste à Roche-Servière.

    La seconde, de la garnison de Machecoul, commandée par l'adjudant-général Aubertin, s'est rendue le 16 à Fréligné.

    La troisième, venant de Challans, commandée par l'adjudant-général Chadau, s'est réunie à celle de Machecoul à Fréligné.

    La quatrième, aux ordres de l'adjudant-général Levasseur, partie du camp de la Roullière, a fait sa jonction à Legé, le 17 a cinq heures du soir, avec les deux colonnes de Machecoul et de Challans.

    Le poste de Legé, occupé par les brigands, a été emporté par les colonnes d'Aubertin et de Chadau, et l'armée de Charette, évaluée à trois mille hommes, infanterie et cavalerie, a été attaquée à six heures du soir, à un quart de lieue de Legé, sur la gauche de la route de Palluau ;le combat a duré jusqu'à la nuit, et les brigands ont été mis en déroute, avec perte de soixante à quatre-vingts hommes restés sur le champ de bataille. Nous avons perdu de notre côté deux officiers, et nous avons eu quinze blessés[4]. »

    — Rapport du général Jean-Baptiste Huché, le 22 juillet 1794 à Nantes, au représentant en mission .

  2. « Les républicains sortis des Sables s'étaient avancés jusqu'à Legé. M. Charette mal informé de leur nombre marcha contre eux avec quelques divisions : leurs avant-postes étaient placés sur une hauteur, appelée la Chambodière ; ils furent enfoncés comme de coutume par l'impétuosité de l'avant-garde, mais quelques cavaliers ayant paru, tous les courages furent glacés et malgré l'avantage du terrain nous lâchâmes pied. Le Général à la tête de l'armée qui n'avait pas encore donné parvint à arrêter la déroute et l'on fit un second essai pour retourner à l'ennemi. Heureusement pour nous, les républicains sortirent de Legé et firent voir leur nombre, car si, par une fuite simulée, ils nous eussent laissé entrer dans le bourg, il leur était aisé de nous y cerner ; ils étaient quatre mille et à peine avions-nous quinze cents combattants. Notre témérité nous coûta peu cher, la nuit vint à notre secours et nous en fûmes quittes pour la perte de quelques braves. Launay était ivre au point de chanceler de son cheval ; il s'avança comme un hussard pour narguer l'ennemi : une balle lui traversa la poitrine, sa blessure semblait mortelle : cependant il fut guéri en très peu de temps[5]. »

    — Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.

  3. « Les troupes républicaines nous laissèrent donc assez tranquilles après le départ de Turreau, surtout dans l'armée d'Anjou et celle du Centre.

    Charette, à raison de ce qu'il avoisinait différentes routes de communications d'un poste à l'autre de l'ennemi, eut par lui-même ou ses divisionnaires nombre de petits combats dont la plupart furent à son avantage.

    Il y eut une affaire à Légé, que Charette perdit par la faute de deux divisionnaires. On avait escarmouché toute la journée du 17 juillet, et le soir, à six heures, l'armée, étant à peu de distance des républicains, marcha sur eux. Delaunay et Guérin, emportés par un courage bouillant, quittent l'avant-garde qu'ils conduisent, et piquent en avant sur deux vedettes placées près d'un moulin à vent, sur une hauteur.

    Les vedettes se replient et sont soutenues.

    L'avant-garde royaliste suit l'exemple qui lui est donné par les deux chefs de division, et court au combat.

    J'étais dans cette avant-garde aux côtés de du Chesnier ; je le quitte et vais à Charette, qui était au corps de bataille, lui annoncer que son avant-garde engage le combat : sa cavalerie étant immédiatement derrière dans un chemin creux et étroit, et le centre ne pouvant arriver que par ce chemin obstrué, je craignais un retard préjudiciable et venais l'avertir pour qu'il avisât.

    Charette double le pas avec les plus lestes de son centre, qui prennent par les côtés de la route ; quand nous sommes près du premier moulin à vent, nous trouvons l'avant-garde aux prises, se battant avec intrépidité ; elle avait même à quelque avantage, mais commençait à ne plus avancer.

    Les gens venus avec Charette donnèrent une nouvelle activité au combat.

    Pour mieux juger de l'ensemble de l'affaire, je m'avançai sur la route au-delà du moulin ; elle allait en descendant, ce qui me permettait de voir tous les mouvements de l'ennemi. Je n'y étais pas depuis longtemps, lorsque j'aperçus sur ma droite un certain nombre de cavaliers républicains venant au galop gagner la grande route pour nous charger.

    A peine ces cavaliers abordèrent-ils la route que nos soldats, qui étaient éparpillés et peu nombreux, se mirent à lâcher pied ; ceux qui étaient derrière, au lieu de les arrêter, en fond autant. Il me fallut alors les suivre.

    Nous nous réunîmes au corps de bataille pour retourner à l'ennemi et es fîmes reculer ; mais sa cavalerie faisant la même manœuvre, réussit comme la précédente fois.

    J'avais dit à Charette, après la première charge, qu'il devrait envoyer des tirailleurs pour nous soutenir en dehors de la route, et faire à bonne portée un feu ajusté sur la cavalerie républicaine, quand elle reviendrait sur nous.

    Si Charette eût pris ce parti, je crois que la victoire eût été pour nous ; la cavalerie n'étant pas très nombreuse.

    Cette bataille perdue nous coûta peu de monde, parce qu'en quittant la grande route nous trouvâmes le bocage, où l'ennemi n'osa pas nous poursuivre. Delaunay fut puni de sa témérité en recevant une balle à travers le corps ; malgré cela, un mois après il était à cheval. Guérin ne fut pas blessé.

    C'est une justice à rendre à l'armée de Charette : elle se battait très bien, l'exemple lui en étant donné par ses officiers, et tous ensemble avaient confiance en leur chef et lui étaient parfaitement soumis[7]. »

    — Mémoires de Bertrand Poirier de Beauvais.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Dumarcet 1998, p. 358.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Dumarcet 1998, p. 354-355.
  3. Gabory 2009, p. 397
  4. a b c d e et f Savary, t. IV, 1825, p. 39-41.
  5. a b c d et e Lucas de La Championnière 1994, p. 96-97.
  6. Savary, t. IV, 1825, p. 35.
  7. a b c et d Poirier de Beauvais 1893, p. 308-310.
  8. Chassin, t. IV, 1895, p. 533.
  9. Loidreau 2010, p. 448.
  10. Chassin, t. IV, 1895, p. 531.
  11. Dumarcet 1998, p. 346.

Bibliographie[modifier | modifier le code]