Batailles de Dijon (1870-1871)

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Batailles de Dijon (1870-1871)

Informations générales
Date 29 octobre 1870-23 janvier 1871
Lieu Dijon, France
Issue victoire française
Belligérants
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse Drapeau de la France France
Commandants
August von Werder Giuseppe Garibaldi

Guerre franco-prussienne

Batailles

Coordonnées 47° 19′ 18″ nord, 5° 02′ 29″ est
Géolocalisation sur la carte : Côte-d'Or
(Voir situation sur carte : Côte-d'Or)
Batailles de Dijon (1870-1871)
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne
(Voir situation sur carte : Bourgogne)
Batailles de Dijon (1870-1871)
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(Voir situation sur carte : France)
Batailles de Dijon (1870-1871)

Trois batailles de Dijon ont lieu en 1870 et 1871, dans le cadre de la guerre franco-prussienne de 1870, sur l'actuel territoire de la commune française de Dijon.

Le début catastrophique pour la France de la guerre de 1870

Garibaldi contre les Prussiens

La guerre de 1870, débutée le 19 juillet 1870, commence par une suite rapide de défaites françaises : l’évacuation du nord de l’Alsace (défaites de Wissembourg et Frœschwiller), la capitulation de Bazaine à Metz (bataille de Gravelotte), la défaite et la capture de l’empereur Napoléon III à la bataille de Sedan, sa capitulation du 2 septembre. Les armées germaniques envahissent tout l’Est de la France et s’ouvrent la route de Paris. La République est proclamée le 4 septembre et le gouvernement provisoire décide, sous l’impulsion de Léon Gambetta, chargé de la défense nationale, la poursuite de la guerre.

Première bataille de Dijon

Dès le début du siège de Paris (19 septembre 1870-20 janvier 1871), la stratégie française se concentre sur des actions de harcèlement des troupes prussiennes établies dans l'est du pays, pour réduire la pression sur la capitale (28 septembre : capitulation de Strasbourg, 27 octobre : capitulation et fin du siège de Metz).

Les troupes encore disponibles dans l’est, appuyées de comités de défense locale levés après les défaites de l'été, furent invitées à entamer une « guerre de partisans ». Ainsi naquirent les corps des « francs tireurs », corps de volontaires d'entité variable, qui auraient constitué, avec les garibaldiens italiens, le cœur de l'armée de Garibaldi, en peu de mois. Leur coordination avec le restant des troupes régulières ne fut pas du tout aisée et, dès le 11 septembre, le gouvernement chercha à les intégrer dans les rangs des réguliers, avec quelques déboires[réf. nécessaire].

La bataille du 30 octobre est l’expression même des difficultés à appliquer une stratégie et de la profonde désorganisation des forces armées françaises. Après la capitulation de Sedan et pendant qu'ils assiégeaient Paris, les Prussiens consolidèrent les conquêtes à l’Est. Le 17 octobre, les troupes du général Von Werder occupèrent Luxeuil et Vesoul, le 26 Gray, le 27, elles avancèrent sur Dijon. Les troupes du général français Fauconnet se virent forcées à renoncer à défendre la ville et à se replier sur Beaune. Le 29, le préfet et le maire de la ville, sous la pression de la population, réclamèrent le retour des troupes. Les volontaires locaux engagèrent le combat contre deux brigades badoises, avant-garde de l'armée prussienne. Les combats continuèrent toute la journée suivante sur les hauteurs de Montmusard et dans les faubourgs est de Dijon, en particulier rue Jeannin. Par manque d'appui de la part des troupes de Beaune, la ville fut occupée.

Seconde bataille de Dijon

Entre temps, Giuseppe Garibaldi arriva à Marseille le 7 octobre, pour porter son aide à la République qui s’était substitué à Napoléon III et dont les armées avaient battu Garibaldi à Rome en 1849 et à la bataille de Mentana en 1867. À la mi-octobre, le général est chargé par le gouvernement provisoire d’organiser une armée dans l'est de la France (il est à Dole le 13 octobre). Il s’agit d'une mission semblable à celle menée entre les lacs lombards en 1848 et 1859, et aux opérations dans le Trentin en 1866 : agir dans une zone d'opérations secondaire mais avec un rôle stratégique non négligeable.

L'armée était composée de coloniaux, de gardes nationaux originaires des Alpes-Maritimes et de Savoie, de corps-francs (Est et Sud-est de la France), de volontaires étrangers (polonais, hongrois, espagnols, américains et, surtout, italiens) : initialement moins de 4 000 hommes. Garibaldi était assisté de ses fils Menotti et Ricciotti, de son gendre Canzio et de Joseph Bordone, un Avignonnais d'origine italienne qui avait suivi Garibaldi dans l'Expédition des Mille et qui fut pour l'occasion promu général et chef d’état-major.

À partir du mois suivant, Garibaldi installa son propre quartier général à Autun, et entama les attaques sur l'armée prussienne, perturbant les lignes logistiques de Strasbourg à Paris, avec quelque succès à partir du choc victorieux de Châtillon-sur-Seine (14 novembre), lorsque Ricciotti Garibaldi fit 200 prisonniers avec les convois d'armes et munitions. Le 26 novembre échoua une tentative d'investir Dijon, occupé par les Prussiens[1].

Le 18 décembre a lieu la bataille dans la plaine, aux pieds de la ville de Nuits-Saint-Georges, lorsque les Allemands accrochèrent les volontaires qui leur barraient la route vers le sud. Après une journée de combat, les corps-francs battirent en retraite : environ 1 200 prisonniers français, 97 officiers allemands abattus, un prince de Bade blessé, les pertes globales s'élevant à quelques centaines d’hommes. Les Prussiens achevaient les fuyards sur les routes du bourg, sauf les survivants mis à l’abri par la population, qui les revêtait de vêtements civils. Les vainqueurs pillèrent l'hôpital, les boutiques, les auberges, incendièrent, passèrent au crible la ville maison par maison.

L’état-major de Garibaldi

Troisième bataille de Dijon

Le Garibaldi s'installa à Dijon, évacué par les Prussiens le 17 décembre, informés de l'arrivée vers le nord de troupes régulières françaises menées par le général Bourbaki[2] (déjà commandant de la garde impériale de Napoléon III aux malchanceuses batailles de l'armée du Rhin).

Bourbaki tentait une ambitieuse opération pour libérer Paris en prenant à revers les troupes ennemies, à travers un vaste mouvement stratégique de Bourges à l’Alsace en passant par Belfort. Cette tentative désespérée suivait les deux précédentes menées par l’armée de la Loire et l’armée du Nord. Garibaldi mena alors de Dijon une série d'initiatives d'accompagnement de l'offensive principale.

Armée de Bourbaki déposant les armes en Suisse

Entre temps la situation se précipitait. L'armée de Paris échouait dans ses efforts, pendant que la retraite de Bourbaki vers Besançon était interrompue par les Allemands du général Manteuffel et poussée vers la frontière suisse à Verrières-de-Joux le 31 janvier. Les 84 000 hommes encore en armes sur les 150 000 partis, furent désarmés et internés dans la Confédération.

À la suite de la retraite de l'armée principale de Bourbaki, Garibaldi réduisit son action à la défense de Dijon et des « portes de Bourgogne », empêchant l'ennemi d'avancer vers le sud. Les 21, 22 et 23 janvier 1871, Dijon fut attaquée par 4 000 Prussiens : Garibaldi sortit victorieux et obtint la satisfaction de la capture, le 23 janvier, d'un drapeau du 61e régiment poméranien[2].

Épilogue

Le gouvernement provisoire entama les pourparlers pour l'armistice, signé le 29 janvier. L'armistice exclut le département de Dijon (Côte-d'Or), les Prussiens voulant ainsi humilier Garibaldi et les corps de volontaires.

Dijon resta occupée par l’armée allemande, devenue impériale à partir du 18 janvier 1871, pendant environ huit mois. En 1899, la ville reçut la Légion d'honneur pour sa résistance le 30 octobre 1870.

Le 8 mars 1871, devant une Assemblée Nationale particulièrement houleuse car hostile à Garibaldi, Victor Hugo célébra ainsi l'aventure dijonnaise de Garibaldi[3] :

« De toutes ces puissances européennes, aucune ne s’est levée pour défendre cette France qui, tant de fois, avait pris en main la cause de l'Europe... pas un roi, pas un État, personne ! Un seul homme excepté. Où les puissances, comme on dit, n'intervenaient pas, eh bien un homme est intervenu, et cet homme est une puissance. Cet homme, Messieurs, qu'avait-il ? Son épée. [...] Je ne veux blesser personne dans cette Assemblée, mais je dirai qu'il est le seul, des généraux qui ont lutté pour la France, le seul qui n'ait pas été vaincu. [...] Je vais vous satisfaire, Messieurs, et aller plus loin que vous. Il y a trois semaines vous avez refusé d'entendre Garibaldi. Aujourd'hui vous refusez de m'entendre. Cela me suffit. Je donne ma démission. »

Littérature

  • Alain Fauconnier, La Bataille de Nuits 2012

Notes et références

  1. Scirocco 2011, p. 350
  2. a et b Scirocco 2011, p. 354
  3. Discours de Victor Hugo devant l'Assemblée Nationale


Bibliographie

  • (it) Giampaolo Colella, La campagna dei Vosgi di Garibaldi e l'opinione pubblica francese, t. 21, Publicación anual de la Asciación Cultural Garibaldina de Montevideo, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) Alfonso Scirocco, Garibaldi, battaglie, amori, ideali di un cittadino del mondo, Bari, Laterza, , 431 p. (ISBN 978-88-420-8408-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Colonel Rousset, Histoire générale de la Guerre franco-allemande, tome 2, édition Jules Tallandier, Paris, 1911.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes