Barbara (poème)

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Barbara
La rue de Siam à Brest, avant sa destruction pendant la Seconde Guerre mondiale
Informations générales
Titre
Barbara
Auteur
Pays d'origine
Publication
Date de publication

Barbara est un célèbre poème de 58 vers écrit par Jacques Prévert et publié dans le recueil Paroles en 1946.

Il nous fait part de l'attachement qu'avait son auteur pour la ville de Brest ainsi que de sa tristesse à la suite de sa destruction par les bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale[1],[2].

Résumé[modifier | modifier le code]

Le poète s'adresse à une femme inconnue, vue dans la rue et dont il ne connaît que le prénom, Barbara, parce que son amoureux l'avait interpellée devant lui. Le poème est une interrogation sur le sort des individus en temps de guerre, victimes possibles des bombardements.

À la publication de ce poème, Prévert a reçu de nombreuses lettres de femmes prétendant être la « Barbara ». Il ne répond à aucune. Il finira par le dédier à la chanteuse du même nom, qu'il avait pourtant refusé de laisser chanter dans le cabaret de son frère.

Celle-ci avait quinze ans lors de l'écriture du poème et le poète annonce que son plus grand regret est de ne pas l'avoir connue à ce moment-là.

Selon l'écrivain reporter Roger Faligot c'est la résistante Annie Noël épouse du résistant Pierre Hervé qui aurait inspiré Jacques Prévert[3].

Présentation[modifier | modifier le code]

Le poème se compose de 58 vers.

Le poème est en vers libres avec des rimes croisées, embrassées et suivies. Aucune strophe n'est réellement définie.

Thèmes[modifier | modifier le code]

Le thème de l'amitié et de la fraternité universelle et spontanée, y compris avec des inconnus. L'étymologie du prénom Barbara, « étrangère », soutient ce propos[4].

Le thème de l'amour à travers l'image du couple formé par Barbara et celui qui la prend dans ses bras[5], image de bonheur, mais aussi couple menacé par la guerre.

Le thème de la dénonciation de la guerre et de son cortège de pertes humaines et de morts parmi les civils. Ce poème reflète l'antimilitarisme de Jacques Prévert[6].

Procédés stylistiques[modifier | modifier le code]

Le poème s'ouvre sur une injonction au souvenir à l'impératif et sur le prénom-titre au vocatif[7]. Ce vers reviendra régulièrement comme un refrain. Les énumérations servent à décrire le personnage, mais aussi la pluie, prise pour métaphore des bombardements. L'outil exclamatif « Quelle » suivi du mot familier « connerie » rompt l'évocation lyrique pour condamner la guerre avec une expression populaire largement partagée. Une comparaison entre les nuages et des chiens agonisants, avec une paronomase entre « Brest » et « reste » à la forme négative, closent le poème sur une note pessimiste (« rien »).

Adaptations[modifier | modifier le code]

Poème parlé[modifier | modifier le code]

Yves Montand a interprété ce poème dans une adaptation « poème parlé » en 1948. Il figure sous cette forme dans l'enregistrement public « L'Etoile 53 » et en 1955[8]. D'autres interprétations furent effectuées par des artistes comme Mouloudji[9], Cora Vaucaire, Les Frères Jacques, Serge Reggiani[10] ou Rade Šerbedžija.

Chanson[modifier | modifier le code]

Barbara a été mis en musique par Joseph Kosma en 1947[11].

La chanson a été interprétée par Yves Montand[12], Mouloudji[13] et les Frères Jacques[14] ainsi que par le groupe Troïka.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Jacques Prévert à propos de Brest » [vidéo], sur INA,
  2. « Jacques Prévert face à « Brest dont il ne reste rien » », sur enenvor.fr (consulté le )
  3. François-Guillaume Lorrain, « Brest : tonnerre de livre ! », sur Le Point, (consulté le )
  4. Mary E. Belanger, Études de la poésie de Jacques Prévert, ProQuest, 2008, p. 52.
  5. Le poème est aussi un rappel possible de l'amour de Jacques Prévert pour sa femme Janine, d'après Michel Rachline, Jacques Prévert, Éditions Olbia, 1999, p. 58.
  6. Franck Colotte, « Une contre-poésie entre transfiguration de l'ordinaire et révolution poétique », in Regards sur la poésie du XXe siècle, Volume 1, Laurent Fels (direction), Presses universitaires de Namur, 2009, p. 460.
  7. "Rappelle-toi Barbara"
  8. Yves Montand, Barbara, Odéon 7MO1038, 1955.
  9. Mouloudji, Amours... roses, grises, noires, Chant du Monde LDS4191, 1961.
  10. Sur la mélodie à la flûte composée par Joseph Kosma pour le poème.
  11. D'autres chansons, de Jacques Prévert et Joseph Kosma. 2e volume, Paris : Enoch et Cie, 1947.
  12. Voir Yves Montand chante Jacques Prévert.
  13. Mouloudji, Si tu t'imagines / Barbara, avec Philippe-Gérard et son Ensemble, 1951.
  14. Les Frères Jacques Qu'avez-vous à déclarer ? avec Pierre Philippe, Polydor 560 451, 19 mars 1956