Audouin Dollfus

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Audouin Charles Dollfus (né le à Paris et mort le [1]) est un physicien, un astronome et un aéronaute français, spécialiste du système solaire et découvreur, en 1966, de Janus, une petite lune de Saturne.

Pionnier de l'exploration spatiale, il effectua de nombreux vols en ballon équipé de télescope, le plus spectaculaire étant celui qui, en avril 1959, lui permit de s'élever à 14 000 mètres d'altitude à bord d'une capsule étanche accrochée à une « grappe » d'une centaine de ballons et d'effectuer des observations qui lui permirent de déduire la présence d'eau sur Mars.

Biographie

Fils de Charles Dollfus[2] (1893–1981), aéronaute et conservateur du Musée de l’aéronautique de Meudon (Hauts-de-Seine) [3], Audouin Dollfus évolue dès son plus jeune âge dans un milieu qui conditionnera tout le reste de sa vie. Il étudie à la faculté des sciences de l'université de Paris où il obtient en 1955 son doctorat en sciences physiques.

À partir de 1946, il travaille comme astronome à la section astrophysique de l'observatoire de Meudon où il succède à Bernard Lyot, son Maître. Il y dirige notamment le Laboratoire de Physique du Système solaire. Une grande partie de ses travaux a été effectuée grâce à de nombreuses observations depuis l'observatoire du Pic du Midi.

Sa méthode préférée de recherche est l'utilisation de la polarisation de la lumière. Son pragmatisme lui permet d'obtenir des résultats remarquables, grâce à des recherches patientes et persistantes ; il développe notamment de nouvelles techniques d'observation. Ses recherches sont réparties dans plus de 300 publications scientifiques, portant essentiellement sur l'astrophysique du système solaire.

Avant que les sondes Viking n'atterrissent sur Mars, la composition du sol martien était le sujet de nombreux débats. En déterminant la lumière polarisée de plusieurs centaines de minéraux terrestres, Dollfus essaie de faire correspondre leur lumière à celle des étendues désertiques martiennes. Il trouve que seule la limonite (Fe2O3) pulvérisée correspond. Il conclut que le sol martien peut être composé d'oxyde de fer. Cependant, un astronome renommé, Gerard Kuiper, n'est pas d'accord avec la conclusion du jeune Dollfus ; dans ses travaux, l'oxyde de fer donne des résultats médiocres et il détermine que le meilleur accord avec les données est obtenu avec des roches ignées brunâtres à grains fins. La suite donnera raison à Dollfus.

En utilisant la polarisation de la lumière, il est possible de détecter une atmosphère autour d'une planète ou d'un satellite naturel. En 1950, on pense que la planète Mercure, à cause de sa petite taille, a probablement perdu son atmosphère, par l'échappement dans l'espace des molécules la composant. Dollfus annonce qu'il a détecté une très faible atmosphère à partir des mesures de polarisation menées à l'observatoire du Pic du Midi dans les Pyrénées françaises. Cette annonce est en contradiction avec les prévisions théoriques se basant sur la théorie cinétique des gaz. Dollfus estime que la pression atmosphérique au niveau du sol est d'environ 1 mm de mercure. La nature du gaz composant cette atmosphère est inconnue mais cela doit être un gaz dense, lourd. Il est toutefois certain que l'atmosphère de Mercure ne représente pas plus de 1/300ème de celle de la Terre. Actuellement, on sait que l'atmosphère de Mercure est très ténue : seulement 10-15 bar, la masse totale de l'atmosphère n'excédant pas 1 000 kg.

Mercure possède des zones sombres qui contrastent avec un fond blanchâtre ; elles furent observées en premier par Giovanni Schiaparelli en 1889. En utilisant le réfracteur de l'observatoire du Pic du Midi, Dollfus est capable en 1959 de résoudre clairement des zones distantes de 300 km entre elles.

Dollfus étudie aussi la possibilité de la présence d'une atmosphère autour de la Lune. Le taux de dissipation thermique dans l'espace de tous les gaz de la Lune sauf les plus lourds (qui sont très peu abondants) est tellement élevé qu'une réelle atmosphère ne peut être envisageable. La présence d'une atmosphère devrait être détectable par la polarisation de la lumière qu'elle diffuserait mais les travaux de Bernard Lyot et plus tard de Dollfus ne montrent pas de polarisation.

En 1966, Dollfus découvre Janus, la lune de Saturne la plus interne. Il fait cette découverte à un moment où les anneaux, très proches de Janus, ne sont visibles à partir de la Terre que par la tranche et donc pratiquement invisibles. À cette occasion, il observe probablement aussi Épiméthée, mais c'est à Richard L. Walker que revient le crédit de cette découverte.

L'astéroïde (2451) Dollfus est nommé en son honneur.

Dollfus a notamment présidé la Société astronomique de France et l'observatoire de Triel-sur-Seine entre 1995 et 2005. Il a été le Président d'honneur de l'ACDS (Association pour la création et la diffusion scientifique), créée par André Cailleux.

Nacelle de ballon utilisée en 1959 par Audouin Dollfuss pour effectuer des observations astronomiques à 14 000 mètres d'altitude.

Il est détenteur de plusieurs records mondiaux en ballon, dont le premier vol stratosphérique en France. Il est le premier à effectuer des observations astronomiques en ballon stratosphérique, notamment pour étudier Mars de façon détaillée.

Il épouse Catherine Browne, ensemble, ils ont quatre enfants, Fanny, Corinne, Jean et Ariane Dollfus. Il est décédé le à Versailles.

Décorations et médailles

  • Officier des Palmes académiques

Publications

  • L'Atlantique en ballon et l'avenir des "plus légers que l'air", Édition Léoréca, « Les Collections de l'Iconophile », 1978.
  • Pilâtre de Rozier : premier navigateur aérien, première victime de l'air, Éditions Afas, 1993 (ISBN 2-908014-01-7).
  • 50 ans d'astronomie : comprendre l'univers !, Éditions EDP Sciences, 1998 (ISBN 2-86883-321-7).
  • La Grande Lunette de Meudon, CNRS Éditions, 2006 (ISBN 2-271-06384-1).
  • Les Autres Mondes, visions d'astronome, Éditions Belin, 2008 (ISBN 978-2-7011-4109-1).

Notes et références

Liens externes