Astate

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Astate
PoloniumAstateRadon
I
  Structure cristalline cubique
 
85
At
 
               
               
                                   
                                   
                                                               
                                                               
   
                                           
At
Ts
Tableau completTableau étendu
Position dans le tableau périodique
Symbole At
Nom Astate
Numéro atomique 85
Groupe 17
Période 6e période
Bloc Bloc p
Famille d'éléments Halogène/métalloïde
Configuration électronique [Xe] 4f14 5d10 6s2 6p5
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 32, 18, 7
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique [210 u]
Rayon de covalence 150 pm[1]
Rayon de van der Waals 202 pm
État d’oxydation ±1,3,5,7
Électronégativité (Pauling) 2,2
Oxyde inconnu
Énergies d’ionisation
1re : ~920 kJ·mol-1
Isotopes les plus stables
Iso AN Période MD Ed PD
MeV
209At{syn.}5,41 hβ+
α
3,486
5,758
209Po
205Bi
210At{syn.}8,1 hβ+
α
3,981
5,632
210Po
206Bi
211At{syn.}7,214 hε
α
0,786
5,983
211Po
207Bi
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide
Système cristallin Cubique à faces centrées[4] (prédiction)
Couleur métallique (?)
Point de fusion 302 °C[2]
Point d’ébullition 312 °C à 337 °C[3] (calculé)
Conductivité thermique 1,7 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 142364-73-6[5]
Précautions
Élément radioactif
Radioélément à activité notable

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L’astate est un élément chimique radioactif de la famille des halogènes, de symbole At et de numéro atomique 85 connu pendant un temps sous les noms d'ékaiode ou alabame[6].

Il est le plus lourd des halogènes connus à ce jour. C'est un élément instable et radioactif qui est produit spontanément par désintégration de l'uranium, du thorium ou du francium. Certains isotopes de l'astate sont utilisés en tant qu'émetteur de particule α pour des applications scientifiques, et des applications médicales ont été testées, en ce qui concerne l'astate 211 notamment dans la lutte contre le cancer[7]. C'est le plus rare des éléments naturels sur Terre, avec une estimation de moins de 30 grammes dans la croûte terrestre[8].

Caractéristiques notables

L'astate est un élément radioactif. La spectrométrie de masse a confirmé qu'il se comporte chimiquement comme les autres halogènes, particulièrement l'iode (il peut probablement s'accumuler dans la thyroïde comme ce dernier) bien que l'astate soit supposé être plus métallique. Des chercheurs du laboratoire national de Brookhaven ont pratiqué des expériences qui ont permis d'identifier et de quantifier les réactions élémentaires qui impliquent l'astate[9]. Cependant, ces recherches sont limitées par l'extrême rareté de cet élément qui est une conséquence de sa très courte demi-vie. En effet, l'isotope le plus stable de l'astate possède une demi-vie de 8,1 heures ; sa désintégration conduit à des isotopes du plomb. Partant du constat que la couleur des halogènes devient de plus en plus sombre quand leur masse moléculaire augmente, on peut s'attendre à ce que l'astate soit un solide noir qui se sublime en une vapeur violette ou noire (plus foncée que celle de l'iode). On suppose que l'astate peut former des liaisons ioniques avec les métaux comme le sodium, à l'instar des autres halogènes. Cet élément peut également réagir avec l'hydrogène pour former, quand il est dissous dans l'eau, le composé de formule HAt qui est un acide extrêmement fort. Malgré tout, l'astate reste le moins réactif des halogènes, encore moins réactif que l'iode[10].

Histoire

L'astate (du grec astatos signifiant « instable ») ou plus précisément son isotope 211At fut synthétisé pour la première fois en 1940 par Dale R. Corson, K. R. MacKenzie et Emilio Segrè de l'université de Californie à Berkeley en bombardant du bismuth 209 avec des particules alpha[6] selon la réaction :

209Bi + 4He → 211At + 2 neutrons

Production

L'astate peut être produit en bombardant du bismuth par des particules alpha pour obtenir les isotopes 209At et 211At qui ont une demi-vie relativement longue. Ils peuvent ensuite être séparés de la cible par chauffage dans l'air.

Il est également produit lors de réactions de spallation de l'Uranium par des protons de haute énergie. Ainsi, le CERN indique dans un communiqué de presse le 14 mai 2013[11], avoir profité du faisceau issu du Booster du Synchrotron à protons du CERN : « Les collisions produisent une gerbe d’éléments chimiques, qui se diffusent dans une cavité métallique à 2 000°C. Si l’on envoie des faisceaux laser de longueurs d’onde déterminées dans cette cavité, on obtient une ionisation sélective de certains des atomes. Un champ électrique extrait les ions chargés positivement, qui sont envoyés dans des aimants réglés de façon à permettre uniquement la transmission d’une masse choisie. Le résultat est un faisceau d’ions ne contenant qu’un seul isotope, qui est envoyé sur un détecteur. » De cette étude est obtenue une valeur du potentiel d'ionisation à 9,31751 électronvolts.

Isotopes

L'astate possède 32 isotopes connus, tous radioactifs ayant un nombre de masse s'étendant de 191 à 223. L'isotope possédant la plus longue demi-vie est 210At, avec une demi-vie de seulement 8,1 h tandis que l'isotope 213At possède une demi-vie de 125 nanosecondes[12].

Notes et références

  1. (en) Beatriz Cordero, Verónica Gómez, Ana E. Platero-Prats, Marc Revés, Jorge Echeverría, Eduard Cremades, Flavia Barragán et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j).
  2. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0).
  3. (en) K. Otozai et N. Takashi, « Estimation of the Chemical Form and the Boiling point of Elementary Astatine by Radiogaschromatography », Radiochimica Acta, vol. 31, nos 3-4,‎ , p. 201-204 (DOI 10.1524/ract.1982.31.34.201, lire en ligne)
  4. (en) Andreas Hermann, Roald Hoffmann et Neil W. Ashcroft, « Condensed Astatine: Monatomic and Metallic », Physical Review Letters, vol. 111, no 11,‎ , article no 116404 (PMID 24074111, DOI 10.1103/PhysRevLett.111.116404, Bibcode 2013PhRvL.111k6404H, lire en ligne)
  5. (en) Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009.
  6. a et b « Astate », Encyclopedia Universalis (consulté le )
  7. J.-B. G., « Nantes : le cyclotron le plus puissant au monde » (consulté le )
  8. (en) Frank Close, Particle Physics: A Very Short Introduction, Oxford University Press, New York, 2004. Page 2.
  9. (en) C. R. Hammond, The Elements, in Handbook of Chemistry and Physics 81st edition, Boca Raton, CRC Press, , 85e éd. (ISBN 978-0-8493-0485-9)
  10. (en) E. Anders, « Technetium and Astatine Chemistry », Annual Review of Nuclear Science, vol. 9,‎ , p. 203–220 (DOI 10.1146/annurev.ns.09.120159.001223)
  11. Bureau de presse du CERN, « Des physiciens mesurent au CERN une propriété fondamentale de l'élément le plus rare sur la Terre », (consulté le )
  12. (en) Georges Audi, « The NUBASE Evaluation of Nuclear and Decay Properties », Nuclear Physics A, Atomic Mass Data Center, vol. 729,‎ , p. 3–128 (DOI 10.1016/j.nuclphysa.2003.11.001)

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