Arnold de Lantins

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Arnold de Lantins (actif dans les années 1420 – et avant le ) était un compositeur de l'École bourguignonne et de l'École franco-flamande de la fin de l'époque médiévale et du début de la Renaissance et l'un des rares musiciens qui en montre les deux aspects. C'était un contemporain de Dufay, Gilles Binchois et Johannes Ciconia. Son nom latin est Arnoldus de Lantinis.

Biographie

On sait très peu de choses sur sa vie, à l'exception des années 1420-1430. On présume sa naissance en Flandre ou à proximité, notamment l'ancienne Principauté de Liège. Il a peut-être été un élève de Ciconia. En 1423, il était probablement au service de la famille Malatesta de Pesaro : Dufay le mentionnant dans le rondeau Hé, compaignons, écrit entre 1420 et 1424. Lantins était à Venise en 1428 et à Rome en 1431 où, avec Dufay, il était chantre au sein du chœur de la chapelle papale. Il ne passa que six mois à Rome et ensuite, disparaît de l'histoire. Rome entrait dans une période de troubles liées au mouvement conciliaire, après la mort du pape Martin V, en février 1431. De nombreux musiciens ont quitté la Chapelle à ce moment-là ; Lantins fut peut-être l'un d'eux.

Nulle certitude sur la parenté d'un homonyme absolu, Hugo de Lantins, compositeur actif à la même époque. Leurs œuvres apparaissant souvent ensembles dans des collections, ce qui assure qu'ils ont été actifs dans les mêmes régions géographiques. Néanmoins, au vu de la différence de style, on considère qu'ils s'agit de deux personnes distinctes, peut-être des frères ou des cousins.

Œuvres

Les compositions de Lantin ont été tenues en haute estime et elles apparaissent dans les manuscrits, aux côtés de Dufay, Gilles Binchois et Johannes Ciconia. En particulier le motet Tota pulchra es dont on trouve de nombreuses sources, pour l'essentiel des manuscrits du nord de l'Italie. Avant l'avènement de l'imprimerie, une large diffusion des copies est considérée comme une preuve de la popularité d'un compositeur.

Arnold a composé une messe, retrouvé à Bologne dans le codex Q15. Tous les mouvements se trouvent dans le manuscrit Oxford 213, bien que les deux derniers mouvements soient séparés des autres : les trois premiers se trouvant dans un autre manuscrit, Bologne 2216.

Dans le manuscrit de Bologne Q15 se trouvent aussi plusieurs parties d'une messe composite, Verbum incarnatum, complétant les parties écrites par Johannes Ciconia. Il existe plusieurs autres exemples de compositeurs achevant des messes partielles composées par d'autres. Citons Zacara da Teramo, toujours dans Bologne Q15. Musicalement, les mouvements de la messe (à trois voix) d'Arnold, sont assez simples. Il utilise la technique du motif revenant dans tous les mouvements ce qui en fait l'une des premières messes cycliques en évitant l'écriture imitative. Le motif, est emprunté à son motet O pulcherrina mulierum et un stricte usage du cantus firmus au ténor. La messe est une messe mariale[1].

En revanche, certaines pièces sacrées, comme ses motets mariaux, contiennent une écriture mélodique fleurie et utilise l'imitation.

On trouve également de la musique profane, des ballades et des rondeaux tous en français, ainsi que quelques courtes pièces sacrées. Certaines d'entre elles se référent à des évènements spécifiques ou des personnes particulières, mais celles-ci n'ont pas été identifiées avec certitude.

Titre Texte Ms. principal n°/folio Note
Œuvres sacrées
Messes
Messe Verbum incarnatum : Introitus : Salve sancta parens Q15 f°1-2 à 3 voix
Messe Verbum incarnatum : Kyrie, Sanctus Marie filius Q15 f°6-7 Gloria (4 voix) et Credo de Ciconia (f° 2v-6), suivent le Kyrie
Messe Verbum incarnatum : Agnus Dei Q15 f°8v-10
Missa O pulcherrima : Kyrie Q15 n°138 à 142 f°149v-154 autres sources : 213 n° 132 / 2216 n°2 (Kyrie seul)
Missa O pulcherrima : Gloria Q15 n°139 f°149v-154 autres sources : 213 n° 133
Missa O pulcherrima : Credo Q15 n°140 f°149v-154 autres sources : 213 n°134 / 2216 n°29[2] / 3224 n°5 f°3 (Credo seul)
Missa O pulcherrima : Sanctus Q15 n°141 f°149v-154 autres sources : 213 n° 149
Missa O pulcherrima : Agnus Dei Q15 n°142 f°149v-154 autres sources : 213 n° 142
Missa O pulcherrima Gloria. Et in terra pax Q15 n°38 f°43v-43 bis Les deux voix supérieures sont traitées en canon, accompagnées par un instrument, la trompe (tuba sub fuga) tolérée à l'église comme l'orgue.
Missa O pulcherrima Credo Q15 n°39 f°43 bis v-45
[Missa O pulcherrima] Gloria. Et in terra pax Q15 n°47 f°54v-55
Missa O pulcherrima Credo Q15 n°48 f°55v-57
Gloria. Et in terra pax Q15 n°90 f°114v-115 autre source : 2216 n° 37
Credo. Patrem Q15 n°91 f°114v-115 autre source : 2216 n° 38
Motets
In tua memoria/Qui ad te confugium Ms. 213, Q15 n° 10 f°52v / n°287a/b f°309v-310
O pulcherrima mulierum
Tota pulchra es es amica mea et macula Ms. 213, Q15, MS 2216, BN 4379, Clm. 14274 n°80, f°42v / n°202 f°238v-239 / n°48 / n°261a f°136v-138 à quatre voix
Œuvres profanes
Ballades
Puisque je suy cyprianés Ms. 213 n°115 f°54v Probablement écrit à Venise en 1428, comme les ff° 54 et 55. Le texte évoque un amoureux qui pourrait voguer vers sa belle à Chypre.
Tout mon desir et mon voloir Ms. 213 n°111 f°53
Rondeaux
Amour servir et honnourer BN 4379, Ms. 213 f°64 / n°108 f°52 à trois voix (BN ténor seul)
Ce jour de l’an belle je vous supplye Ms. 213 n°155 f°72v
Certes belle quand de vous partiray Ms. 213 n°71 f°38v-39
Chanter ne scay Q15 n°40 f°44v-45
Esclave a dueil et forain de liesse BN 4379, Ms. 213 f°64 / n°118 f°56 à 3 voix (BN ténor seul)
Helas emy ma dame et ma mestresse Q15 n°28 f°29v-30), à 3 voix
Las pouray je mon martire celer Ms. 213 n°175 f°79v
Mon doulx espoir mon souvenir Q15 n°49 f°55v-56 à 3 voix
Ne me vueilliés belle oblier BN 4379, Ms. 213 f°62 / n°84, f°44 à 3 voix (BN ténor seul)
Or voy je bien que je moray martir Q15 n°241 f°273v-274 à 3 voix
Puis que je voy belle que ne m’amés
Quant je mire vos doulce portraiture Ms. 213, BN 4379 n° 311 f°132v-133 / f°55 daté de Venise, mars 1428
Sans desplaisir et sans esmay Ms. 213 n°138 f°67
Se ne prenés de moy pité Ms. 213, BN 4379 n°64 f°35v-36 & 307 f°129v-130 / f°54 daté de Venise, mars 1428. La pièce est très expressive, faite de motifs arpégés, prédilection du compositeur.
Fausse attribution
  • La pièce Ce jour le doibt, aussi fait de saison, a été parfois attribuée à Lantins, mais l'œuvre est de Dufay.

Manuscrits

Sources principales
  • Bologne, Museo Bibliografico Musicale, Ms. Q15 (vers 1420-1424). Contient 17 pièces.
  • Bologne, Biblioteca Universitaria, Ms. 2216 (origine probable copie de Brescia vers 1420-1440) 57 pages sur papier, 400 x 290 mm. Contient 6 pièces. Dont Gloria (n° 3 & 35), Credo (n° 27 & 36).
  • Oxford, Bodleian Library, Ms. canonici Misc. 213[3] = MadanSC 19689 (origine probable : copie d'un manuscrit vénitien, vers 1420-1436[4]). 140 folios de papier, 298 x 215 mm. Contient 16 pièces. Dont Kyrie, Gloria, Credo (n° 132-134, f° 63-66), Agnus Dei (n° 142, f° 68).
Autres sources
  • Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Ms. Mus. 3224 = MaiM 87. Manuscrit de 16 pages et 14 morceaux. Contient seulement le credo de la Missa O pulcherrima (n° 5, f° 3).
  • Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Ms. Latinus monacensis 14274 = Mus. 3232a. (origine : Codex de St. Emmeram de Ratisbonne, vers 1430-1444). Manuscrit composé de 158 folios et de 276 morceaux sur parchemin 285 x 210 mm. Contient uniquement le motet Tota pulchra es (n° 261a, f° 136v-138).
  • Paris, Bibliothèque Nationale, Nouvelles acquisitions françaises Ms. 4379 = SevC 5-1-43. Contient le motet Tota pulchra es, ténor seul (f° 65) et les rondeaux Se ne prenes de moy pite (f° 54), Quant je mire yo doulce portraiture (f° 55), Ne me vueillies belle oblier, ténor seul (f° 62), Amours servir et honourer, ténor seul (f° 64), Esclave a dueil, ténor seul (f° 64).

Éditions

  • Pièces polyphoniques profanes de provenance liégeoise (XVe), éd. Charles Van den Borren, Bruxelles, Éditions de la Librairie Encyclopédique, 75 p., 1950.

Voir aussi

Discographie

  • The St. Emmeram Mensural Codex. Munich, Bayerische Staatsbibliothek, clm 14274, ensemble Stimmwerck (2008, Aeolus AE 10023) Contient le motet Tota pulchra es.
  • Musica del XV Secolo in Italia Ensemble Ars Italica (1988, Tactus 40012201) Contient le motet In tua memoria.
  • Missa Verbum incarnatum Dir. Kees Otten (1970, LP Electrola 1C 063-24011)
  • Rondeaux du 15e siecle, Musique à la court de Bourgogne. Dufay, Ockeghem, Obrecht, Pro Musica Antiqua, Dir. Safford Cape, contralto Lina Dauby (1936, Anthologie sonore, 78t[5] ; rééd. 1954, Vanguard Everyman 08 6124 71) Contient le Rondeau Puis que je voy belle que ne m’amés.

Bibliographie

  • (en) Jean Widaman, The Mass Ordinary Settings of Arnold de Lantins: A Case Study in the Transmission of Early Fifteenth-century Music (PhD, Brandeis University, 1988) Deux pdf téléchargeables depuis diamm
  • (en) Hans Schoop, J. Michael Allsen et L. Macy (éditeur), Arnold de Lantins, Grove Music Online (lire en ligne)
  • (en) Alejandro Planchart, L. Macy (éditeur) et Alejandro Planchart, Guillaume Du Fay, Grove Music Online (lire en ligne)
  • (en) Lidia Kućmierz, "Construction of music in non-mass works of Arnold de Lantins", Master Thesis, Jagiellonian University of Cracow, Faculty of History, Cracow 1995
Articles
  • (en) A reconsideration of the Mass cycle by Arnord de Lantins and Ciconia in Bologna Q15 de Kuniho Endo, in Essays on Renaissance music... éd. Fabrice Fitch et Jacobijn Kiel, Boydell Press, 2011, pp. 138-145[6]
  • (en) Article "Arnold de Lantins", in The New Grove Dictionary of Music and Musicians, ed. Stanley Sadie. 20 vol. London, Macmillan Publishers Ltd., 1980. ISBN 1-56159-174-2

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. [1] p. 141.
  2. Ms. Bologne 2216, n°29 (Credo) : nombreuses erreurs de copies par rapport au Ms. Q15. cf. Widaman p. 261 du pdf.
  3. Manuscrit Oxford 213
  4. [2]
  5. Plage 3 Puis que je voy écoutable sur Gallica
  6. Consultable en ligne.