Armand Fallières

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Armand Fallières
Illustration.
Portrait officiel du président Armand Fallières.
Fonctions
9e président de la République française

(7 ans)
Élection 17 janvier 1906
Président du Conseil Maurice Rouvier
Ferdinand Sarrien
Georges Clemenceau
Aristide Briand
Ernest Monis
Joseph Caillaux
Raymond Poincaré
Aristide Briand
Prédécesseur Émile Loubet
Successeur Raymond Poincaré
8e président du Sénat

(6 ans, 11 mois et 10 jours)
Prédécesseur Émile Loubet
Successeur Antonin Dubost
39e président du Conseil des ministres
(51e chef du gouvernement)

(19 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Armand Fallières
Législature IIIe
Coalition Union Républicaine - Républicains Modérés
Prédécesseur Charles Duclerc
Successeur Jules Ferry
Ministre des Affaires étrangères

(19 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Armand Fallières
Prédécesseur Charles Duclerc
Successeur Paul-Armand Challemel-Lacour
Ministre de l'Intérieur

(6 mois et 10 jours)
Président Jules Grévy
Gouvernement Charles Duclerc
Armand Fallières
Prédécesseur René Goblet
Successeur Pierre Waldeck-Rousseau
Biographie
Nom de naissance Clément Armand Fallières
Date de naissance
Lieu de naissance Mézin, Lot-et-Garonne (France)
Date de décès (à 89 ans)
Lieu de décès Villeneuve-de-Mézin (aujourd'hui Lannes), Lot-et-Garonne (France)
Parti politique ARD - PRD
Conjoint Jeanne Bresson
Enfants Anne Fallières, ép. Lanes
André Fallières
Diplômé de Université de Toulouse
Université de Paris
Profession Avocat
Religion Catholique

Armand Fallières
Présidents de la République française

Clément Armand Fallières, dit Armand Fallières, né le à Mézin (Lot-et-Garonne) et décédé le à Villeneuve-de-Mézin (Lot-et-Garonne), fut un homme d'État français, président de la République française de 1906 à 1913 sous la IIIe République.

Ministre au sein du gouvernement français entre 1880 et 1892, il fut nommé président du Conseil en 1883, mais son gouvernement tombe rapidement. Élu à la présidence du Sénat en 1899 après l'élection d'Émile Loubet à l'Élysée, il lui succède en 1906, après avoir été élu président de la République, pour un mandat de sept ans. Bien qu'étant très respecté, le président Fallières ne sollicita pas un second mandat présidentiel pour se retirer des affaires nationales.

Biographie

Sa famille

Clément Armand Fallières est issu d'une famille relativement modeste, localisée à Mézin (Lot-et-Garonne). Son grand-père paternel, Joseph Fallières (1781-1866), fut forgeron et petit viticulteur, tandis que son père, Pierre Fallières[1] (1810-1874), occupa les fonctions de greffier de justice à Nérac.

Le jeune Armand Fallières débute ses études au lycée Guez de Balzac d'Angoulême. Il devient avocat à Nérac après des études de droit à Toulouse et à Paris. Le , il épouse, au cours d'une cérémonie civile se tenant à la mairie de Nérac, Jeanne Bresson (1849-1939), qui lui donne deux enfants, Anne-Marie Fallières et André Fallières ; la même année, Fallières est élu membre du Conseil municipal de Nérac, dont il devient maire en 1871, entrant également au Conseil général de Lot-et-Garonne.

Député de Lot-et-Garonne

En 1876, il entre à la Chambre des députés comme député de Lot-et-Garonne et siège parmi les républicains de gauche. Le , il fait partie des 363 parlementaires qui votent la motion de censure contre le duc de Broglie.

Après la dissolution du Parlement par le président de la République, Mac Mahon, les nouvelles élections sont une victoire pour la gauche, et Fallières retrouve son siège.

Au sein du gouvernement

En , Fallières devint à nouveau maire de Nérac. Il occupera à nouveau cette fonction brièvement, jusqu'en septembre, soit quatre mois après son investiture municipale.

Il entre au gouvernement en tant que secrétaire d'État à l'Intérieur dans les cabinets de Freycinet et Ferry, puis ministre de l'Intérieur du au dans le cabinet Duclerc.

Le , il est appelé par le président Grévy, de sorte à diriger un gouvernement, dont il prend le ministère des Affaires étrangères. Après trois semaines à la présidence d'un éphémère cabinet, il présente au président de la République sa démission, le 17 février.

Fallières, par la suite, occupa de nouvelles fonctions ministérielles de premier plan, entre 1883 et 1892, soit pendant neuf ans : ministre de l'Intérieur, puis de la Justice, et enfin de l'Instruction publique, Fallières est, entre temps, élu sénateur de Lot-et-Garonne, en 1890.

Sénateur de la République

Peu après son élection au Sénat, Fallières prend la décision de s’inscrire dans trois groupes parlemetaires : la gauche républicaine, l’union républicaine et la gauche démocratique. Lorsque cette pluralité de groupes n’est plus admise, il choisit finalement le groupe de la gauche démocratique, « le plus avancé des trois » selon le sénateur Fallières.

De 1892 à 1899, Fallières, simple sénateur, fait preuve d’une grande discrétion : il ne prend pas une seule fois la parole en séance publique, même s'il contribue beaucoup au travail parlementaire.

Le , il vote contre la « loi de dessaisissement » dans l’affaire Dreyfus. Deux jours plus tard, il est élu président du Sénat au 2e tour de scrutin. Il succède à ce poste à Émile Loubet, élu président de la République, auquel il succédera par ailleurs à l’Élysée, sept ans plus tard.

Fallières est constamment réélu président du Sénat jusqu’en 1906. C'est à ce titre qu'il préside la Haute Cour de justice, qui juge, en 1899, Déroulède, Buffet, Ramel et Godefroy pour l’affaire de la caserne de Reuilly, liée à la tentative de coup d'État pendant les obsèques du président Félix Faure.

Président de la République

Affiche de Maurice Lefebvre-Lourdet pour le Théâtre Marigny (1906)
Le président Fallières, en 1910.

Élu le , il succède à Émile Loubet en remportant la victoire face à Paul Doumer, 78 voix les séparant. Il devient ainsi le 9e président de la IIIe République. Il entre en fonctions le 18 février.

Évitant d'occuper un rôle politique trop influent, le nouveau président cherche à se faire l'arbitre des classes politiques et souhaite rapprocher la fonction présidentielle des Français. Aussi se déplace-t-il facilement en province, notamment sur ses terres du sud-ouest. En 1907, il inaugure à Marmande (Lot-et-Garonne) le monument commémoratif de Léopold Faye, homme politique local, ancien maire de la ville puis conseiller général et président du Conseil général de Lot-et-Garonne entre 1871 et 1874, décédé en 1900.

C'est durant la présidence de Fallières qu'a pris fin l'Affaire Dreyfus. En effet, par la loi du , Dreyfus est réintégré partiellement dans l'armée, au grade de chef d'escadron (commandant). Le , les cendres du plus illustre défenseur de Dreyfus, l'écrivain Émile Zola, sont transférées au Panthéon.

Opposant à la peine de mort, il gracie systématiquement les condamnés à mort pendant les premiers temps de son mandat. C'est d'ailleurs lors de son mandat, en 1908, qu'un projet de loi visant à l'abolition de la peine capitale est soumis à la Chambre des Députés par le Garde des Sceaux Aristide Briand. Ce dernier y affronte le député nationaliste Maurice Barrès, farouche partisan. La loi ne sera finalement pas votée, les députés et l'opinion publique y étant d'autant plus hostiles que l'affaire Soleilland (1907) étant encore dans les mémoires. Ce n'est que 73 ans plus tard que la peine de mort sera abolie en France, volonté d'un autre président de la République (François Mitterrand) et d'un autre Garde des Sceaux (Robert Badinter).

Le , en effectuant une promenade sur les Champs-Élysées, un garçon de café, qui fut camelot du roi, nommé Jean Mattis, se jette sur le président Fallières pour lui tirer la barbichette. Mais Armand Fallières réagit un peu brusquement en voyant l'énergumène et fut griffé au cou et à l'oreille droite. Jean Mattis écopa de quatre ans de prison.

La présidence Fallières fut également une ère politique marquée par de conséquents progrès : un ouvrier gagne en moyenne 1 100 Francs net annuels ; les savoirs fondamentaux - lecture, écriture, calcul - constituent le bagage du plus grand nombre. En 1902, une réforme adapte l’enseignement secondaire aux nécessités de la vie moderne en attribuant une plus grande place aux sciences et aux langues étrangères ; après le certificat d’études, plus de la moitié des enfants entrent dans la vie active dès treize ou quatorze ans. Ceci étant, c'est sous la présidence de Fallières que le gouvernement de Georges Clemenceau, « le briseur de grèves », réprime durement certains mouvement, comme la révolte des vignerons du Languedoc.

C'est également sous la présidence d'Armand Fallières et sous le gouvernement du même Clemenceau que les forces de police sont modernisées, notamment par la création des « Brigades du Tigre » (popularisées par la série TV à succès Les Brigades du Tigre).

En 1912, il instaure l'isoloir qui permet d'organiser les votes secrets.

Très populaire, le président est affectueusement surnommé par les Français « le père Fallières » en raison de son apparence bonhomme.

Dans le domaine de politique internationale, le président Fallières travaille au renforcement de la Triple-Entente (France/Russie/Royaume-Uni) face à l'Empire allemand de Guillaume II et à la Triplice (Allemagne/Autriche-Hongrie/Italie).

En 1908, il se rend en visite officielle au Royaume-Uni où il rencontre le roi George V, cousin germain des rois d'Europe notamment du tsar, de la tsarine et du Kaiser. La mère du roi, née princesse de Danemark et sœur de la mère du tsar, est une prussophobe convaincue.

L'année suivante, le , le président rencontre le tsar de Russie Nicolas II lors de manœuvres de la marine à Cherbourg.

En 1911, sur fond de "seconde crise marocaine" (Coup d'Agadir), alors que les troupes françaises commencent à occuper le Maroc que l'Allemagne convoite également, le président Fallières se rend en Belgique et aux Pays-Bas.

Le président Fallières aux côtés de la reine Wilhelmine Ire lors de sa visite officielle en France (1912)

En , c'est en Belgique qu'il se rend. Il y sonde les intentions du roi Albert Ier. En effet, le jeune souverain, monté sur le trône quelques mois plus tôt, membre d'une Maison d'origine Allemande, est marié à une nièce de l'empereur empereur d'Autriche François-Joseph, allié de l'Allemagne.

En juillet de la même année, il se rend aux Pays-Bas. Ici aussi, la souveraine est jeune et mariée à un prince Allemand, oncle de la Princesse impériale Cécilie, belle-fille du Kaiser et future impératrice.

En 1912, il commet une gaffe dont les journalistes feront des gorges chaudes : le 17 avril il présente ses condoléances au roi George V et au président américain William Howard Taft, en hommage aux nombreuses victimes du naufrage du Titanic. Parti en vacances, il oublie en revanche d'adresser ses condoléances aux familles françaises endeuillées.

La retraite

Le mandat présidentiel d'Armand Fallières se termine en 1913. Après réflexion, le chef de l'État sortant choisit de ne pas se représenter pour un second mandat de sept ans, justifiant sa décision par la phrase : « la place n'est pas mauvaise, mais il n'y a pas d'avancement »[2].

Retiré de la vie politique, l'ancien président Fallières prend le temps de se reposer dans sa résidence de Loupillon. Il y décède des suites d'une crise cardiaque, le , près de vingt ans après avoir quitté l'Élysée. Son épouse Jeanne décède en 1939.

Dans sa ville natale, une statue de bronze de près d'une tonne fut édifiée, en 1938, en l'honneur du « patriarche de la République », selon l'expression de l'historien Jean-Pierre Koscielniak. Ce monument attira les foudres du gouvernement de Vichy qui souhaita le détruire, en 1942[3].

Encore de nos jours, Armand Fallières reste une grande figure locale de Lot-et-Garonne : à Mezin, une place porte son nom, de même que le collège ; le lycée agricole de Nérac porte aussi son nom.

Fonctions

Mandats électifs

Fonctions gouvernementales

Décorations

Références

  1. Le patronyme Fallières désigne celui « qui est originaire de Fallières, de Fallière, de Faillère », nom de différents lieux, toponyme occitan qui désigne lui-même un lieu où pousse la fougère. Le nom est surtout porté dans l'Aveyron et le Tarn (Sources : Généanet.org/onomastique).
  2. Bertrand Meyer-Stabley, Les dames de l'Élysée - Celles d'hier et de demain, Librairie Académique Perrin, Paris
  3. (arkheia-revue.org) Jean-Pierre Koscielniak, Fallières : une statue encombrante, Arkheia, Montauban, 2008.

Liens externes

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Bibliographie

  • Stéphane Baumont, Fallières ou la République de la province, Éché, 1988.
  • Hubert Delpont et Janine Dréano-Sestacq, Fallières, la République aux champs, AVN, 1996, 258 pages.
  • Frédéric Lavignette, L'affaire Liabeuf. Histoires d'une vengeance, Fage éditions, 2011.