Appel au ridicule

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Caricature de Charles Darwin en singe, publiée dans The Hornet, un magazine satirique.

L’appel au ridicule est une tactique argumentative, un sophisme qui consiste à caricaturer les propos de son adversaire jusqu'à les rendre ridicules[1], et donc facilement réfutables[2].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

L'appel au ridicule consiste à se moquer des arguments de son adversaire afin de rallier l'auditoire à sa cause[2]. Il fonctionne par analogie (si A entraîne X, alors B entraîne Y, et Y est jugé ridicule, donc A est faux)[3]. C'est un sophisme qui fait partie des appels à l'émotion[4], en cherchant à enlever toute réflexion rationnelle envers une idée, mais au contraire susciter le rire ou la peur chez l'auditoire[1]. Ainsi, il repose sur les valeurs et les stéréotypes du public assistant au débat[3].

L'appel au ridicule se rapproche d'une attaque ad hominem[1]. Toutefois, là où le raisonnement ad hominem vise directement la personne (« vous êtes stupide ! »), l'appel au ridicule se moque indirectement de la personne en visant son discours et ses idées (« c'est la chose la plus débile que j'ai entendue ! »)[1]. Les arguments faisant appel au ridicule ne sont pas pertinents, car ridiculiser une idée ne la rend pas fausse pour autant[1]. Ce sophisme peut constituer une forme rhétorique de harcèlement ou d'humiliation[5] et viser, à travers le rire collectif, à exclure une personne d'un groupe[3]. L'appel au ridicule cherche ainsi à dénier à l'interlocuteur sa légitimité à argumenter et à débattre, en mettant en question sa compétence et son sérieux[3].

L'appel au ridicule se distingue également du raisonnement par l'absurde[3], qui utilise de bons arguments en vue de convaincre[1].

L'appel au ridicule peut être utilisé comme technique argumentative, notamment en politique[6], ou comme technique de vente pour attirer des consommateurs[2].

Gregory L. Bock préconise de cultiver le respect, l'ouverture d'esprit et l'humilité pour éviter de tomber dans l'appel au ridicule, particulièrement face à des idées ou comportements qui peuvent entrer en contradiction avec sa propre vision du monde[1].

Exemples[modifier | modifier le code]

Un exemple d'appel au ridicule est de qualifier de « fou » un discours, une idée ou une croyance (notamment une croyance religieuse)[1], par exemple « la foi en Dieu, c'est comme croire au Père Noël ou à la petite souris »[7] (sous-entendu : ça n'est pas sérieux, donc cela doit être faux).

En réponse aux critiques formulées envers les politiques du président américain Barack Obama en 2008, jugées trop « socialistes », ce dernier a répondu : « bientôt on m'accusera d'être communiste parce que j'ai partagé mes jouets quand j'étais en maternelle »[2].

Les phrases suivantes sont également des exemples d'appel au ridicule :

  • « Croire que limiter le progrès permettra d'éviter de détruire la planète, c'est comme penser que se doucher dehors les jours de pluie, par 3°C, sauvera la planète »[4].
  • « Alors, l'antispécisme, ça veut dire que les humains et les moustiques, c'est la même chose ! »[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h (en) Gregory L. Bock, « Appeal to Ridicule », dans Bad Arguments, Wiley, (ISBN 978-1-119-16578-1, DOI 10.1002/9781119165811.ch18, lire en ligne), p. 118–120
  2. a b c et d (en) Muhammad Nauman Abbasi, Muhammad Ramzan Sheikh, Rashid Saeed et Muhammad Imdadullah, « Impact of Emotional Appeals on Youth Purchasing Behavior: Evidence from Pakistan », Pakistan Journal of Social Sciences, vol. 34, no 2,‎ (lire en ligne) :

    « Next they'll be calling me a communist because I shared my toys in kindergarten »

  3. a b c d et e (es) Hubert Marraud, « La argumentación por el ridículo. Instrucciones de uso », Revista Iberoamericana de Argumentación, vol. 15,‎ (DOI 10.15366/ria2017.15)
  4. a et b Séverine Falkowicz, Clément Naveilhan et Mr ContraDico, Au cœur de l'esprit critique: Petit guide pour déjouer les manipulations, Editions Eyrolles, (ISBN 978-2-212-77731-4, lire en ligne), p. 76
  5. (en) Ken Tanner, « Common Nonsense Based on Faulty Appeals », dans Common Sense: Get it, use it and Teach it in the Workplace, Apress, (ISBN 978-1-4302-4153-9, DOI 10.1007/978-1-4302-4153-9_3, lire en ligne), p. 31–43
  6. (en) Anne-Mari Mustonen, Tommi Paakkonen, Esko Ryökäs et Petteri Nieminen, « Abortion debates in Finland and the Republic of Ireland: textual analysis of experiential thinking and argumentation in parliamentary and layperson discussions », Reproductive Health, vol. 14, no 1,‎ , p. 163 (ISSN 1742-4755, PMID 29197399, PMCID PMC5712170, DOI 10.1186/s12978-017-0418-y, lire en ligne, consulté le )
  7. Jérôme Palazzolo et Axel Sola, Gérer les conflits et l'agressivité au quotidien, Tredaniel, (ISBN 978-2-8132-2154-4, lire en ligne), p. 56
  8. Rosa B, Insolente Veggie - L'intégrale, La Plage, (ISBN 978-2-84221-955-0, lire en ligne), p. 257

Voir aussi[modifier | modifier le code]