Apiculture

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Rucher
Des ruches en Haute-Savoie
Rucher moderne
"Un apiculteur et ses abeilles"; œuvre de Claus Homfeld.
Cadre recouvert d'abeilles, extrait d'une ruche par un apiculteur.

L'apiculture est une branche de l’agriculture qui consiste à l’élevage d’abeilles à miel pour exploiter les produits de la ruche, principalement du miel. L’apiculteur doit procurer au rucher un abri, des soins, et veiller sur son environnement.

Pratiquée sur tous les continents, cette activité diffère selon les variétés d’abeilles, le climat et le niveau de développement économique. C’est une activité où se rencontrent encore aujourd'hui des méthodes ancestrales comme la récolte du miel par pressage des rayons, mais aussi des méthodes modernes comme l'extraction par force centrifuge, l’insémination artificielle, ou l’étude du trajet d'abeilles équipées de microréflecteurs radar.

Histoire de l'apiculture

Première représentation iconographique d'une chasse à l'abeille mésolithique (Espagne).
Ruches représentées dans le tacuinum sanitatis
Les apiculteurs, dessin de Bruegel, 1568.
Nom de Nesout-bity ("nom de couronnement"), littéralement "celui qui appartient au jonc et à l'abeille", dans la culture de l'ancien empire égyptien.
Agrandissement

L’abeille était déjà présente il y a soixante millions d'années sur terre : des fossiles à l’aspect identique aux abeilles actuelles ont été mis au jour. Cette longévité est le résultat de l’adaptabilité exceptionnelle de cette espèce : le comportement de l’abeille est régi par des facteurs innés, et par son adaptabilité aux conditions d’environnement.

La première ruche fut probablement issue du prélèvement d’un tronc d’arbre creux contenant un nid d'abeilles. Plus tard, avec la maîtrise des techniques d'enruchage[1], apparurent les premières ruches artificielles, fabriquées comme des paniers à-partir de matériaux végétaux[2], Mais on ne sait pas exactement quand la domestication de l’abeille a eu lieu. En toute logique, la domestication des abeilles aura succédé à la sédentarisation de l'homme au début du néolithique, environ 9 000 ans av. J-C.

L'apiculture semble connue dés le IIIe millénaire en Mésopotamie. Un fait est sûr: c'est une technique que les habitants de la Cappadoce ont maîtrisée dés le milieu du IIe millénaire dans "le code des Hittites" qui condamne l'appropriation d'essaims si les abeilles appartiennent à de particuliers[3].

La récolte et la consommation de miel remontent à la préhistoire. Les peintures rupestres représentant des scènes de cueillette de miel montrent l’utilisation d'échelles et de l'enfumage[4]. À cette époque, l’homme recueille le miel souvent en détruisant la colonie, comme l’atteste la première représentation iconographique d'une chasse à l'abeille opportuniste décrite en 1924 par l'archéologue Eduardo Hernández-Pacheco y Estevan : une peinture rupestre mésolithique (datée de quatre à sept mille ans) trouvée à la « cueva de la Araña », grotte de l’Araignée, près de Bicorp dans la province de Valence en Espagne. On y voit deux « cueilleurs de miel », le premier au sol, le second grimpant sur une sorte d'échelle de lianes ou de corde, portant un panier pour recueillir sa récolte, et la main plongée dans un tronc d’arbre ou une anfractuosité de rocher à la recherche de rayons de miel. Autour de lui sont grossièrement représentées des abeilles sauvages volant[5].

L’apiculture est courante dans le Haut-Empire égyptien du XXIVe siècle av. J.-C.. Des représentations ont été mises au jour dans la « chambre des saisons » du temple solaire du roi Niouserrê à Abou Ghorab (Égypte antique), où l’on voit des scènes montrant l'enfumage, l’extraction et la conservation du miel[6]. Il s'agit du plus ancien témoignage d'abeilles domestiquées et élevées[7]. Des pots de miel aujourd'hui entièrement cristallisés ont été retrouvés dans des sépultures.

L'utilisation en médecine et comme offrande religieuse, de cire et de miel importé (sans que l'on puisse déterminer s'il s'agit de miel d'abeille ou de datte), est attestée en Mésopotamie au IIe millénaire av. J.-C. mais l'introduction d'une véritable apiculture n'y date que de -800, peut-être en raison d'un climat alors plus favorable, le gouverneur de Mari Shamas-res-ușur se posant en promoteur de l'élevage d'abeilles[8].

Comme les Égyptiens ou les Mésopotamiens, les Hittites pratiquent l'apiculture : les Lois hittites à Hattusa punissent vers 1300 av. J.-C. les voleurs de ruches[9].

L’importance de la pratique apicole ainsi que la connaissance des pratiques d’apiculture dans le monde minoen et mycénien est bien établie. Le monde minoen et mycénien utilisaient des ruches similaires aux ruches traditionnelles en pierre, en céramique ou tressées, des enfumoirs et d’autres pièces apicoles[10].

En septembre 2007, des archéologues découvrent à Tel Rehov 30 ruches intactes datées de l'époque biblique en Palestine, entre le milieu du Xe siècle av. J.-C. jusqu'au début du IXe siècle. Leur production à cette époque est estimée annuellement à 500 kilogrammes de miel et 70 kilogrammes de cire[11].

La Bible évoque régulièrement le miel mais il désigne le plus souvent la douceur du suc de datte ou de figue. Le miel issu d'abeille probablement sauvage n'est cité que deux fois, dans le Livre des Juges et le premier livre de Samuel[12].

L'apiculture est une activité agricole importante dans la Grèce antique, notamment en Attique[13]. Aristote, dans son Histoire des animaux, premier traité d'apiculture, décrit la forme hexagonale des cellules des ruches qui ont à leur tête une abeille-roi, à la fois mâle et femelle et des abeilles de différentes tailles et anatomies[14]. Il considère que les abeilles n'ont pas de sang. Démocrite est le seul à considérer qu'elles ont des viscères, trop petites pour être vues à l'œil nu[4].

Il existe plusieurs traités qui concernent l'apiculture, durant la période de la Rome antique : Pline l'Ancien décrit avec précision certains modèles de ruche mobile, en osier ou en liège (apiarium), manipulée par un esclave apiculteur, l’« apiarius », et Virgile y consacre le quatrième Chant de ses Géorgiques, évoquant notamment la légende d'Aristée et ses ruches.

Dans le Coran, au septième siècle après Jésus-Christ, la seizième sourate, a pour nom « An-Nahl », Les Abeilles, en référence aux versets 68 et 69 où sont évoqués la domestication des abeilles et les bienfaits du miel.

Des modèles de ruches en planches sont courants dans l’Antiquité, ainsi que des ruches tressées, et en céramique : elles sont d’abord faites de baguettes de bois entrecroisées, étanchées avec un mélange de bouse de vache et de cendres. Les ruches en paille tressée, plus tardives, sont mentionnées pour la première fois dans une ordonnance de Charlemagne, datée de 799, le Capitulaire De Villis. La récolte dans ces ruches est pratiquée par étouffage total ou partiel de l’essaim, ou encore par la taille de rayons, ce qui entraîne sa mort, ou son affaiblissement. Au Moyen Âge, l'élevage de « mouches à miel » se développe particulièrement dans les monastères[15] ou en forêt par des communautés paysannes ou des agents forestiers, les « bigres »[16], le prélèvement d'essaims, de ruches, de miel ou de cire constituant des redevances féodales, l'abeillage. Parallèlement à l'essaimage naturel, la transhumance des ruches est pratiquée lorsqu'un espace floral était entièrement exploité[17]. À la Renaissance, trois techniques principales sont pratiquées pour la récolte du miel : étouffage avec une mèche de soufre, transvasement d'une ruche vers une autre, prélèvement des galettes de cire sans se préoccuper du contenu des galettes[18].

Les Mayas vouent un culte aux abeilles et à leur Dieu Ah-Muzen-Cab. Ils récoltent le miel des mélipones, abeilles sans dard, dans des ruches encapsulées dans un tronc creux ou dans des pots de terre adossés aux murs des maisons, méthode ancestrale toujours pratiquée malgré l'arrivée des Conquistadors au XVe siècle : ces colons espagnols et portugais importent en effet l'abeille européenne Apis mellifera plus productive afin de fournir suffisamment de cire pour fabriquer les cierges en cire d'abeille pure pour les églises[2].

En occident, les débuts de l'apiculture, avec l'exploitation intensive du miel datent de la fin du XVIIIe siècle[3] avec l’invention de la hausse qui permet de rendre la récolte de miel plus productive, et c'est à partir de ce moment que l'on peut commencer à parler d'élevage. En 1772, Jonas de Gélieu décrit la première ruche à hausse fonctionnelle dans sa Nouvelle méthode pour former les essaims artificiels. L’avènement de l’apiculture moderne se fait par l’invention du cadre mobile, mis au point en 1844, par le Dr Charles Paix Debeauvoys (1797-1863)[4].

Pratique de l’apiculture

Constantin Kléber, apiculteur à Saint-Christol, sur le plateau d'Albion

Les tâches de l'apiculteur ne se limitent pas à la récolte du miel. En effet, la surveillance et l'entretien des ruches doit être une préoccupation de tous les jours, ou presque. Si un rucher est mal entretenu ou que les abeilles s'y sentent mal, elles essaimeront pour chercher un endroit plus propice à leur confort. Les tâches de l'apiculteur sont variées et durent toute l'année.

Les espèces domestiquées sont principalement Apis mellifera et Apis cerana, ainsi que Meliponini, une tribu sans dard qu'on rencontre dans les régions tropicales. L'abeille et le bombyx du mûrier (ver à soie) sont les seuls insectes qu'on qualifie de domestiques. Il n'y a aucune différence physiologique entre les abeilles domestiques et sauvages; c'est une question de terminologie. Une colonie domestique vit donc sous la protection de l'Homme, tandis qu'une colonie sauvage (on parle d'essaim même en-dehors de la période d'essaimage) vit par ses propres moyens.

La conduite d’une colonie consiste principalement à veiller à l’état de la démographie des ruches afin d'optimiser la production et d'assurer la survie des colonies. Cela passe par la protection générale contre le climat et les intrusions, par le nourrissage et les traitements anti-parasitaires.

La proximité entre l'apiculteur et la nature est indéniable. Attentif à l’écosystème entourant ses ruchers, la botanique et l’entomologie font souvent partie de ses champs d’intérêts.

On dit que l’abeille est la sentinelle de l’environnement. Elle témoigne en tout cas de son état auprès des apiculteurs. En Europe, certains produits phytosanitaires ont été interdits à la suite de leurs interventions. Selon une citation supposée d'Albert Einstein (mais qui daterait de 1994), « lorsque l’abeille disparaîtra, il ne restera plus que quatre ans à vivre à l’homme ».

Apiculture pastorale ou transhumante

Principe

Rucher en roulotte, remorquable

Le rayon d'action des abeilles se limite à trois kilomètres, ce qui peut limiter la production d'un rucher quand la végétation ou la floraison sont limitées. L’apiculture pastorale est une apiculture qui consiste à déplacer les ruches de site en site, au gré des saisons et des floraisons. L'apiculteur essaie de suivre ces variations en commençant par les plaines et vallées bien exposées d’avril à juin, en rejoignant les floraisons plus tardives de montagne en juillet et août, pour finir par les récoltes de miellats de sapin, avant un retour en plaine pour l’hivernage. Le déplacement d'une ruche est possible à-condition que la durée du voyage n'excède pas quelques jours, car les abeilles vivent sur leurs réserves lorsqu'elles sont confinées dans leur ruche. Pendant cette manœuvre, il faut enfermer les abeilles dans leur ruche afin qu'elles n'attaquent et ne fuient pas. La fermeture de la ruche se pratique normalement à la tombée de la nuit, lorsque les abeilles se trouvent toutes à l'intérieur.

Histoire

Très ancienne, cette technique était déjà pratiquée par les nomades, qui emportaient leurs ruches à dos d’animal. Sur le (Italie) et le Nil (Égypte), les ruches étaient chargées sur des bateaux qui remontaient le fleuve vers des régions à miellées plus favorables. Aujourd’hui les ruches sont embarquées sur des remorques d'automobile ou de camion. Elles sont déchargées et mises en place dans le rucher pastoral, ou, pour limiter les manutentions, restent en place sur des remorques ou des véhicules aménagés à cet effet.

Écologie

Chargement d'un camion de transhumance en Caroline du Sud.

L'essor des monocultures convient bien à ce genre de technique, puisque la floraison des arbres fruitiers n'est pas simultanée. De plus, les abeilles augmentent largement les rendements par le rôle qu'elles jouent dans la pollinisation. Toutefois, les zones d'openfields et d'agriculture intensive ont souvent perdu tout ou partie de leurs abeilles sauvages, car les floraisons synchrones et brèves ne permettent pas aux abeilles de se nourrir toute l'année. Dans certaines zones comme les plantations d'amandiers aux États-Unis, les arboriculteurs fruitiers manquent aussi d’abeilles. Les agriculteurs itinérants louent des ruches que des «locateurs d'abeilles» viennent disposer près de leurs champs ou vergers au moment de la floraison. Ils proposent des ruches d’Apis mellifera, et aussi d’abeilles moins productrices de miel mais plus résistantes et plus aptes à féconder les cultures, comme Megachile rotundata, introduite et naturalisée en Amérique du Nord, dite «découpeuse de la luzerne», et considérée comme le seul pollinisateur fiable pour la luzerne au Canada[19], bien qu'elle puisse véhiculer un champignon très pathogène pour la luzerne (Verticillium albo-atrum)[20]). Les bourdons, jugés plus résistants et plus actifs à basse température (10 - 18 °C) que les abeilles[21]. Les Bourdons, qui forment des colonies relativement petites, sont notamment préférés aux abeilles dans les serres artificielles, car celles-ci ne sont souvent pas assez vastes pour permettre l'essor d'une colonie d'abeille. De même que les abeilles, certaines espèces de bourdons semblent aussi en forte voie de régression.

Sécurité du rucher et des ruches

Ruchers installés en lisière d'une forêt

Qu'elles soient à l'air libre ou dans un cabanon, les ruches doivent être situées de manière avantageuse pour les abeilles.

L’accès à l’eau et à la nourriture est vital. Un abreuvoir ou une mare peut subvenir aux besoins en eau de la colonie. Quant à la végétation, il conviendra de s'éloigner au possible des agricultures les moins propres (pesticides, organismes génétiquement modifiés, monocultures...).

Une ruche ne devrait pas être posée face à un obstacle (arbre ou bâtiment qui gênerait l'envol des abeilles), ou directement sur le sol (à cause de la végétation et des insectes invasifs). Les solutions consistent à placer une ruche suffisamment en hauteur, à couper régulièrement l'herbe susceptible de pousser devant l'entrée, et de placer les pieds de la ruche dans des bassines remplies d'eau (afin que les insectes rampants aient de la difficulté à y accéder).

Un rucher doit aussi être protégé du vandalisme, des animaux sauvages, et du climat. À ce titre, il peut être intéressant d'entourer le rucher d'une barrière (ce qui évitera aussi aux imprudents de se faire attaquer), et de placer les ruches en lisière de forêt, sous les branches d'un arbre. Si le relief est montagneux, les ruchers ont avantage à être placés en haut des pentes, de manière à surplomber la vallée et à faciliter l'envol des abeilles. D'autre part, ces zones sont souvent éloignées des agglomérations et de l'activité humaine, d'où une sécurité accrue pour les colonies comme pour les gens.

Sécurité de l'apiculteur

Apiculteur intervenant dans une ruche, protégé par une combinaison intégrale.

Une piqûre d'abeille n'est normalement pas dangereuse (à-part allergies), mais une attaque massive peut être mortelle. Le risque de piqûre nécessite le port de vêtements protecteurs. Les abeilles de genre apis attaquent préférentiellement la tête et les parties sombres qui, pour elles, représentent des orifices, comme les yeux, les cheveux et les oreilles.

Pendant son travail, l'apiculteur peut utiliser une combinaison de protection pour éviter les attaques d'abeilles. Au minimum, la tenue comporte une coiffe grillagée qui entoure la tête et la protège, mais certains apiculteurs utilisent des vareuses (qui protègent le haut du corps) ou des combinaisons intégrales. Le port de gants de protection est fréquent, mais complique les manipulations. La combinaison d'apiculteur a généralement une couleur claire (blanc, beige...).

Certains produits chimiques (aérosols, pommades) peuvent être appliqués directement sur la peau de l'apiculteur, avec l'effet de repousser les abeilles. L'efficacité est selon la qualité du produit, mais l'absence de protection supplémentaire implique la possibilité de subir quelques piqûres.

Le comportement joue un rôle important dans la sécurité de l'apiculteur. La panique et les gestes brusques doivent être évités pour ne pas susciter la colère des insectes. Même en cas de piqûre il convient de garder son sang froid et d'agir dans un mouvement régulier et fluide. De toute façon une abeille ne pique qu'une fois.

Apiculture urbaine

Ruches pédagogiques en carton de récupération.
Rucher en ville, dans l’enceinte d’un collège près de Grenoble

L'apiculture urbaine est une forme d'apiculture apparue dans les années 2000. Cette technique présente l'avantage pédagogique de faciliter l'accès des étudiants aux ruchers (visites, observations, apprentissage). Il semblerait que les abeilles soient capables de s'adapter au milieu urbain sans rencontrer de grandes difficultés, mais l'accès à la nature (extérieur de la ville) reste une nécessité absolue, et il faut tenir compte du rayon d'action limité des abeilles (environ 3 kilomètres). Il y a donc moyen de pratiquer une apiculture sociale et ludique, mais la production de masse ne reste possible et entièrement favorisée que dans la pleine nature.

Des études approfondies tendent à montrer que le miel produit en ville n'est pas meilleur ou pire que celui produit dans la nature. La pollution, notamment, n'aurait donc pas d'impact sur la qualité du miel.

En France, l'association hommes et abeilles, pionnière du genre, a mis en place une méthode et un protocole de visite des ruchers situés en agglomération. Ces outils peuvent permettre de dupliquer facilement cette nouvelle pratique de l'apiculture dans de nombreuses métropoles européennes. Trois métropoles françaises reçoivent aujourd'hui des ruchers de types sociaux et solidaires: Grenoble en 2008, Marseille en 2011 et Lyon au printemps 2012. Cette initiative socio-environnementale concerne particulièrement les Contrats Urbains de Cohésion Sociale, un financement est assuré par Grenoble Alpes Métropole et l'idée a su séduire l'Éducation nationale qui a lancé un projet pilote basé sur ce principe d'apiculture sociale en le collège Henry Wallon situé à Saint-Martin d'Hères en Isère.

Pathologies

Les apiculteurs ont subi, et parfois provoqué par introduction imprudente d'abeilles parasitées, de lourdes pertes dues à l'épidémie mondiale de varroa, dans les années 1980[22]. Ce parasite est encore présent à l'heure actuelle, quoique les traitements soient efficaces pour lutter contre eux.

Depuis 2006 aux États-Unis, et depuis les années 2000 au moins en Europe et presque partout dans le monde, des abeilles domestiques et parfois sauvages semblent massivement touchées par un recul inexpliqué de leurs populations. On parle de « syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles », ou « CCD » (pour Colony Collapse Disorder) pour décrire le fait que des milliards d'abeilles ne rentrent pas dans leur ruche. Le taux de ruches abandonnées ou presque désertées atteint 70 % et parfois 80 % dans les régions et pays les plus touchés.

Dans le cadre du Grenelle de l'environnement (qui a aussi proposé la mise en place d'un plan de restauration « pollinisateurs »), le rapporteur Martial Saddier a en octobre 2008 proposé de « fédérer les différents instituts de recherche afin d'arrêter un programme européen et mondial de recherche pour l'abeille » et suggérait « une identification particulière de l'abeille et de son rôle fondamental dans le monde, à travers par exemple un classement au patrimoine mondial de l'UNESCO »[23].

Enfumage

L'enfumage est une technique utilisée pour calmer les abeilles lorsqu'on ouvre la ruche. La fumée a pour effet de masquer les phéronomes émises par les ouvrières donc de calmer la colonie, qui se réfugie dans le corps de la ruche (partie inférieure). Après le départ de l'apiculteur, les abeilles ventilent énergiquement la ruche pour purifier leur air, et recouvrent une activité normale dans la demi-heure.

La fumée est produite à l'aide d'un enfumoir. Il en existe plusieurs sortes, fonctionnant tous sur le même principe : le combustible allumé se trouve dans une chaudière, à travers laquelle est injecté de l'air. L'injection peut se faire à la main au moyen d'un soufflet, ou à l'aide d'une pipe, ce qui libère les deux bras de l'apiculteur. Une cheminée conique à la sortie de la chaudière permet de diriger la fumée sur la zone de travail.

La combustion (pyrolyse) doit produire une fumée abondante et claire, en panaches. Une ventilation trop forte doit être évitée, car elle produit de la fumée chaude qui pourrait brûler les abeilles et endommager le contenu de la ruche (miel, cire...). Les combustibles utilisés peuvent être de la paille, des aiguilles de pin, des pives, du carton, du bois pourri, etc. Les matières synthétiques, ainsi que les matériaux traités chimiquement, doivent être évités pour éviter les intoxications.

Une technique plus moderne consiste en l'utilisation d'aérosols qui ont pour effet de faire reculer les abeilles. Leur utilisation est très aisée.

Problématiques

Les abeilles domestiques produisent à plus fort rendement que les abeilles sauvages, mais leur domestication implique pour les apiculteurs de prendre en charge la plupart des problèmes qu'elles peuvent rencontrer.

Évolution d'une colonie

Une colonie d’abeilles se compose d’une reine unique (femelle), de nombreuses ouvrières (femelles), d'un harem de faux-bourdons (mâles), et de couvain (œufs, larves, et nymphes). Une seule colonie occupe une seule ruche.

Pour survivre et se reproduire, une colonie d’abeilles a besoin de ressources, qui lui proviennent essentiellement de la flore environnante. Les ouvrières s'emploient toute leur vie à récolter ces matières-premières (nectar de fleurs, pollen, propolis...) en vue de fournir à la ruche les matériaux qui lui sont nécessaires, et de produire de la nourriture. La qualité imputrescible du miel qu'elles produisent leur permet de le stocker sans pertes en vue des périodes moins propices (hiver dans l'hémisphère nord, saison sèche en Afrique).

La population de la colonie varie suivant les saisons : elle est plus importante pendant les périodes où les ressources sont abondantes, de 30 000 à 70 000 individus, afin de faire le plus de récoltes possibles. Elle diminue en hiver, à six mille individus, afin de minimiser la consommation de provisions. Mais elle doit demeurer suffisamment forte pour relancer la colonie au printemps.

Dangers environnementaux pour une ruche

La ruche, naturelle ou sauvage (on parle alors de nid), est une structure solide destinés à protéger les abeilles contre les facteurs environnementaux défavorables.

En tant qu'insectes, les abeilles sont directement vulnérables à l'eau et au froid, mais aussi au vent (qui évacue la chaleur, et disperse les abeilles) et à la lumière directe du soleil (la reine craint la lumière).

La stagnation de la ruche en tant qu'habitat implique naturellement des dangers sanitaires pour les abeilles. Elles s'en défendent par l'évacuation des petits déchets, par le vol de propreté (défection à l'extérieur sauf dans le cas de la reine), et par l'utilisation de propolis (matière végétale aux propriétés aseptisantes et antibiotique). Les abeilles ventilent abondamment leur ruche pour en évacuer la chaleur excédentaire, l'humidité, et l'air vicié.

La discrétion et la solidité de la ruche peut en plus éviter les intrusions d'autres espèces.

Plus récemment dans l'histoire de l'apiculture, l'introduction de produits chimiques (engrais, persticides...), d'organismes génétiquement modifiée, et la mise en place de vastes monocultures ont pu poser problème à l'apiculture, notamment en affaiblissant les abeilles ou leur milieu naturel.

Intrusions dans la ruche

Ruches dans la région de Fada N'Gourma

La ruche étant abritée des intempéries, source de chaleur et de nourriture (miel et abeilles), elle attire de nombreux visiteurs indésirables.

Parmi les insectes, on peut citer les fourmis (attirées par le miel sucré), les perce-oreilles (qui cherchent un abri mais ne pénètrent pas et ne causent pas de dégâts), la fausse-teigne (dont la larve consomme la cire d'abeilles, détruisant les cadres). Une autre menace est l'Aethina tumida, un petit coléoptère qui provoque des pertes importantes dans les ruchers nord-américains. Avec la mondialisation qui n'épargne pas le monde de l'apiculture, notamment par les exportations de reines et d'essaims, on peut craindre son arrivée en Europe. La menace la plus récente en Europe semble être le frelon asiatique (Vespa velutina), observé dès l'été 2004 dans le sud-ouest de la France. Son acclimatation en France semble bonne, puisqu'il nidifie, se reproduit et étend son territoire chaque année. Cet insecte est un prédateur des hyménoptères sociaux, et en particulier de l'abeille.

Parmi les acariens, on connaît principalement le varroa, qui affaiblit cruellement les individus et cause de graves malformations des larves à naître. S'étant adapté à certains varroacides traditionnels, ce parasite inquiète grandement les apiculteurs européens. La sélection de races d'abeilles naturellement résistantes aux varroas est une solution envisageable pour une protection durable, mais pour l’instant aucune colonie d’Apis mellifera n’est résistance à ce parasite. Une solution mécanique par l'usage de ruche extensible est proposée par Maurice Chaudière dans son ouvrage sur l'apiculture alternative.

Des animaux de plus grande taille peuvent également s'avérer gênants, notamment les souris et quelques serpents qui recherchent la chaleur des ruches pendant l'hiver. Leur intrusion est alors dangereuse en raison du nombre restreint d'abeilles pendant la période d'hivernage. Le pic-vert et le pic épeiche[24] n'hésitent pas à percer les parois de bois des ruches pour accéder aux larves, riches en protéines. Le goût des ours pour le miel est largement connu, quoiqu'ils consomment également les larves et la cire lors de leurs attaques.

Les vandales et les voleurs sont une menace de plus pour les ruches. Un rucher en cabanon est plus sécuritaire de ce point de vue.

Survie, reproduction et multiplication

En tant qu'insectes eusociaux, les abeilles ont un instinct de survie en tant qu'individus, mais aussi en tant que colonie. En première instance, le comportement des abeilles va toujours dans le sens de la sauvegarde de la colonie.

Reproduction des individus

Reproduction sexuée

En tant qu'individus, les abeilles possèdent un instinct de survie limité, et n'hésitent pas à se sacrifier pour défendre leur colonie (par exemple, elles piquent même si cela implique leur mort à court terme). Seules les reines (femelles) et les faux-bourdons (mâles) se reproduisent en tant qu'individus, par voie sexuée. Ce mode de reproduction favorise le brassage génétique. Mais les individus ne vivent pas très longtemps : moins d'un an pour les abeilles, et jusqu'à cinq ans dans le cas d'une reine.

Reproduction asexuée

Une reine est en outre capable de parthénogenèse, c'est-à-dire qu'elle peut pondre des œufs viables sans avoir été fécondée préalablement. Ces œufs non-fécondés font toujours naître des faux-bourdons (mâles) qui possèdent le même patrimoine génétique que leur mère.

Comportement de survie

Si sa reine meurt, une colonie est dite « orpheline », et son espérance de vie chute rapidement. Pour produire (au moins) une nouvelle reine, les ouvrières sélectionnent de jeunes larves fraîchement pondues (deux à trois jours au maximum), agrandissent leur cellule (« cellule de sauveté »), et les nourrissent exclusivement de gelée royale. Cette substance acide de qualité supérieure permet aux larves de se développer en reines. La première née éliminera toutes les autres afin d'assumer seule la survie de la colonie. Ce comportement est exploité par les apiculteurs pratiquant l'essaimage artificiel (voir plus bas).

Reproduction de la colonie

Principe

Concernant la reproduction de la colonie, le terme de « multiplication » est plus approprié. La technique utilisée consiste pour une colonie à multiplier ses reines et à se scinder en colonies plus petites. La technique porte le nom d'essaimage. Le maintien de la population d'une colonie se fait grâce à la reine, dont le rôle est de pondre constamment : une reine forte dans une colonie forte pond jusqu'à 2 000 œufs par jour. Rappel : les ouvrières sont capables, à partir d'une larve normale nourrie de gelée royale, de produire une nouvelle reine.

En résumé, les reines engendrent des ouvrières et les ouvrières produisent des reines. Une colonie est donc immortelle même si les individus qui la constituent sont mortels.

Essaimage naturel

Tandis que les reines se reproduisent de manière sexuée (accouplement avec les faux-bourdons), les colonies se multiplient par essaimage.

C'est pendant le début du printemps (mois de mai en Europe) que les abeilles essaiment, mais une colonie peut également s'y livrer pendant l'été si son expansion aboutit à trop de promiscuité. Enfin, une colonie peut essaimer pour quitter un habitat devenu inhospitalier.

Avant l'essaimage, les abeilles établissent des cellules royales pour produire des jeunes reines. Une semaine environ avant leur naissance, la vieille reine fécondée prend son envol avec la moitié de l'effectif de la colonie. Chaque abeille se gave préalablement de miel afin de disposer d'assez d'énergie pour assurer la migration.

Dans la ruche, la première reine qui naît tue immédiatement toutes ses rivales encore dans leurs cellules, sauf dans les colonies très importantes où les abeilles protègent les jeunes reines afin d'essaimer encore une ou deux fois. Il ne peut en effet y avoir qu’une reine par colonie. Une semaine plus tard, la nouvelle reine effectue son premier vol nuptial. Une colonie peut produire, entre le début du printemps et le début de l’été, jusqu’à trois essaims. Ils sont dits « primaire », « secondaire » et « tertiaire », et comptent respectivement la moitié, le quart et le huitième de la population initiale de la ruche ; le contingent final dans la ruche est la différence (moitié, quart ou huitième).

« Nuage d'abeilles » en vol

On appelle essaim le groupe formé d'une reine et de son escorte d'ouvrières. C'est au sens propre un nuage d'abeilles qui parcourt son territoire à la recherche d'un endroit propice pour s'établir et reformer une colonie. Un essaim est très impressionnant, mais le danger est moindre car une abeille issue d'un essaim pique rarement pour plusieurs raisons :

  • Une abeille meurt après avoir piqué (arrachement de l'aiguillon).
  • Chaque abeille transporte dans son jabot une partie du miel qui est la seule source de nourriture disponible pour l'essaim à court-terme.
  • Le sacrifice en grand nombre des abeilles conduit directement à l'affaiblissement de l'essaim.
  • L'établissement de la nouvelle colonie nécessite de conserver le maximum d'effectif.
Un essaim fixé sur une branche

Après avoir quitté la ruche, un essaim se réunit dans un endroit abrité, en général dans un arbre ou sous une toiture, formant ce qu'on appelle une grappe (d'abeilles), et des éclaireuses partent observer les environs pour trouver un emplacement propice à l'établissement de la nouvelle colonie. Le processus de délibération se fait ensuite par consensus, en utilisant le même mécanisme que pour la recherche de nourriture (danse des abeilles).

Si un essaim s'établit quelque part dans la nature, on dit qu'il retourne à l'état sauvage. Les abris peuvent être le creux dans un arbre, une cavité rocheuse, ou une construction humaine où on n'attendait pas vraiment la venue d'un essaim (et l'essaim risque d'être chassé ou capturé).

Capture des essaims

Récolte d'un essaim à Montfavet dans les années 1900

L'essaimage donne aussi lieu à des captures : lorsque la grappe s'abrite avant de trouver un emplacement définitif, un apiculteur peut intervenir et capturer l'essaim. C'est un procédé délicat dans lequel il convient de s'accaparer la majorité des individus, le reste ne pouvant être récupéré ensuite. L'apiculteur utilise divers matériels et techniques pour parvenir à enfermer l'essaim dans une caisse. Lorsque les abeilles se seront calmées, il les transférera dans une ruche où elles resteront enfermées une ou deux nuits. Si le travail est bien fait et que la ruche est accueillante (propreté, emplacement, protection), l'essaim restera sur place. Finalement, il arrive qu'un essaim s'établisse de lui-même dans une ruche vide. Il est possible pour les apiculteurs de recourir à des phéromones pour provoquer la venue des essaims pendant la période d'essaimage.

Essaimage artificiel

Traitement d'un essaim par un apiculteur de Montfavet dans les années 1920

La capacité d'essaimage est mise à profit par les apiculteurs pour multiplier leurs colonies : ils prélèvent dans une ruche prospère quelques rayons comportant des cellules contenant des œufs de moins de trois jours, couverts d’ouvrières, et les transfèrent dans une ruchette aux rayons garnis de miel. Il faut veiller à éloigner la ruchette de la colonie (au moins un kilomètre) pour éviter que les ouvrières retournent parmi les leurs. Les ouvrières ainsi isolées s’attelleront très vite à la production d'une nouvelle reine, afin d'assurer la survie de leur nouvelle colonie.

La population d'une ruchette ainsi équipée et peuplée s'appelle « nucléi ». On peut dire que c'est le « bébé » qui deviendra une « colonie ».

Sélection et élevage

Certains apiculteurs sélectionnent leurs reines afin de favoriser au mieux la production. La mise à mort d'une reine vieille ou trop faible est fréquente, et le maintien des races peut être un critère.

Races

L’abeille est un hyménoptère, appartenant au genre Apis, qui comporte plusieurs espèces sociales, dont trois sont originaires d’Asie : Apis dorsata, Apis florea et Apis cerana. L’Apis mellifera (Linné) se rencontre en Europe, en Afrique, au Proche-Orient, et dans une partie de la Sibérie. Sa très grande extension géographique a produit des races aux caractères morphologiques et comportementaux variés. Amenée par les colons, l’Apis mellifera a étendu son aire à l’Amérique du Nord et à l’Amérique du Sud, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande.

Les races d’Europe les plus connues sont identifiées par des zones géographiques, séparées par des montagnes, infranchissables par les essaims. Elles y ont vécu à l’état indigène, avec peu de contacts extérieurs. L’abeille noire, Apis mellifera mellifera (Linné, 1758) occupait la plus grande partie de l'Europe, depuis la péninsule Ibérique, l'Espagne et le Portugal, la France, l'Angleterre et l'Allemagne, la Pologne jusqu'à la partie européenne de la Russie. L’abeille jaune italienne, Apis mellifera ligustica (Spinola, 1806) occupe la majeure partie de l’Italie. L’abeille carnolienne, Apis mellifera carnica (Pollmann, 1879), est originaire de Slovénie et d'Autriche. La caucasienne à longue trompe, Apis mellifera caucasica (Pollmann, 1889), vit principalement dans le Caucase et en Géorgie.

Des races métisses ont été créées par l'action de l'homme, volontairement ou non.

L’abeille Buckfast, créée[25] par le Frère Adam[26] est l’une des plus appréciées. Elle est le résultat d'un travail de croisements et de sélection combinés. Ces travaux, qui se sont étendus sur plus de 70 ans, et ont comporté plusieurs voyages d'étude[27], ont fait émerger une méthode reprise actuellement par plusieurs éleveurs européens, disciples qui continuent le travail du Frère Adam. Cette abeille est, à l'heure actuelle, la seule dont le pedigree[28] soit publié sur l'internet. Cette généalogie, classée par éleveurs, remonte jusqu'en 1925.

Un autre exemple de métissage est celui de l'abeille dite africanisée. Elle est née en 1957, au Brésil, à la suite de l'importation d'Afrique de l'abeille Apis mellifera scutellata (Lepeletier, 1836), qui avait semblé mieux adaptée au climat tropical. Elle se croisa avec l'abeille créole, descendante des abeilles ibériques apportées par les conquistadores. Ce croisement, auquel les caractéristiques de vigueur et de prolificité conféraient un important avantage évolutif, envahit toute la zone tropicale et subtropicale des Amériques.

Au-delà de ces races ayant une dénomination déterminée, les abeilles forment des populations, ou races locales, dans chaque région, et elles ne sont pas formellement répertoriées. Le degré d'originalité de ces races, leur homogénéité ou leur degré d'hybridation sont peu décrits. La population d'abeilles d'une région est issue de son héritage, combinaison entre l'ancienne race locale, et les apports continus d'abeilles d'origine éloignée ou de souche sélectionnée, par le négoce des reines et des essaims, ou la transhumance et les migrations. Elle subit l'influence des conditions de climat ou de ressources locales, conjuguées aux pratiques plus ou moins extensives des apiculteurs.

Les caractères raciaux, morphologiques et comportementaux sont l’objet d'études de biométrie : leurs apports en apiculture sont importants car elles permettent de connaître l’influence des caractères génétiques sur les qualités d’une race d'abeilles.

Sélection

La sélection est pratiquée comme dans les autres secteurs de l’agriculture ; elle tend à améliorer l’abeille pour combler les besoins de l’apiculture. Les qualités recherchées chez les abeilles sont la vigueur, la fécondité, la douceur, la propreté, la résistance aux maladies, et d'être peu "essaimeuse". Cependant il est remarqué dans le monde que la sélection affaiblit la diversité des abeilles et peut consister à terme une carence. Il existe différentes méthodes de sélection en apiculture. La plus répandue est la sélection dite massale.

Cette méthode consiste à choisir les reines qui semblent les plus intéressantes et à utiliser leurs filles comme départ pour élever les reines descendances suivantes. Successivement, l'opération de sélection permet d'améliorer les performances des reines filles en fonction des critères choisis. Entre deux étapes de sélection, les recombinaisons génétiques se font naturellement sans intervention humaine. Les reines sélectionnées descendantes sont différentes de celles de la génération précédente et différentes entre elles. Elles ne constituent donc pas une variété en soi.

Élevage de reines

Principe

Tout apiculteur pratique, dans son rucher, une forme de sélection ; en effet, lors de l’essaimage artificiel, il choisit comme souche ses colonies les plus fortes. Pour pratiquer une sélection plus rigoureuse, il doit pouvoir disposer d’un grand nombre de colonies : certains apiculteurs se sont donc spécialisés dans la production de reines sélectionnées.

Technique

Les éleveurs de reines disposent de ruches dédiées à leur activité. Des cadres sont aménagés pour contenir plusieurs ébauches artificielles de cellules à reine, appelées "cupules". Au moyen d'un stylet appelé "picking", l'éleveur dépose de jeunes larves (jusqu'à trois jours) dans les cupules. Cette opération se nomme "greffage". Les cadres garnis sont ensuite introduits dans la ruche d'élevage mise à l'état d'orpheline, c'est-à-dire que la reine de cette colonie vient d'être enlevée. Cet enlèvement a pour but de déclencher le mécanisme de survie de la colonie, c'est-à-dire le nourrissage des larves à la gelée royale; les ouvrières l'effectuent spontanément quand elles remarquent l'absence de leur reine. Par précaution, les alvéoles artificielles sont ensuite entourées par des grilles cylindriques destinées à empêcher une reine éventuellement née prématurément de les détruire pour éliminer ses rivales à-naître. Avant la naissance des reines, chaque cellule est placée dans une ruchette de fécondation. Cette ruchette est garnie d’ouvrières et de rayons de couvain operculés, à partir desquels il leur serait impossible d'élever de nouvelles reines (car les larves sous opercules sont forcément trop vieilles pour ce faire). Dans le mois qui suit leur naissance, les reines doivent être fécondées naturellement ou artificiellement. Dans le second cas, une insémination instrumentale permet d'injecter la semence — 8-12 μl, d'une bonne vingtaine de mâles, sélectionnés aux fins, par-exemple, d’obtenir une souche pure.

Produits de l'apiculture

Une ruche produit diverses matières dont les vertus sont multiples. La plus connue est le miel, et il y en a d'autres, comme la gelée royale, aux vertus anticancérigènes, la cire qui était utilisée pour faire des chandelles et pour l'entretien des meubles en bois, la propolis, aseptisante et antibiotique, et le pollen, comestible et riche en protéines. Différentes races d'abeilles sont utilisées pour optimiser les récoltes en miel, propolis ou pollen. Certaines techniques permettent de forcer les abeilles à la récolte de la propolis.

Miel

Généralités

Le miel est réputé depuis le début de l'apiculture pour ses nombreuses vertus, et possède la particularité d'être imputrescible.

Il est produit par les abeilles dans le but de constituer des réserves. Ces réserves sont consommées quand les abeilles ne peuvent aller se nourrir à l'extérieur (intempéries, hiver, absence de floraison...).

En moyenne, chaque abeille transporte dans son jabot 0,025 g de nectar de fleur (matière-première pour la fabrication du miel). Un gramme de nectar nécessite que les abeilles visitent 8 000 fleurs. Un kilogramme de miel correspond ainsi à 5,6 millions de fleurs visitées et 40 000 km de parcourus[4]. Pendant une bonne année, une ruche très forte peut produire près de 100 kg de miel.

Autrefois, la récolte du miel nécessitait de chasser les abeilles et de détruire la ruche (pressage des rayons). La domestication des abeilles et la conception de ruches modernes permet aujourd'hui de récolter du miel sans porter atteinte à la colonie, si ce n'est en la dérangeant.

Les ruches Dadant sont un exemple très répandu de ruches modernes. Elles sont constituées d'un corps surmonté de hausses, dans lesquels sont emboîtées des cadres qui peuvent être déplacés indépendamment les uns des autres. Les abeilles (la reine en particulier) vivent dans le corps, et le miel est stocké dans les hausses. L'ouverture de la ruche se faisant par le haut, il est possible d'accéder aux hausses sans toucher au corps. Certains apiculteurs utilisent des grilles à reine pour empêcher celle-ci de pondre dans les cadres de hausse. Ces grilles n'empêchent toutefois pas le stockage de pollen et de propolis dans les hausses, et freinent le mouvement des ouvrières, seules à pouvoir traverser la grille.

Récolte

Lors de la récolte, l'apiculteur extrait les cadres de hausse en remettant les abeilles dans la ruche. Si la saison n'est pas terminée, il remplace les cadres pleins par des cadres vides afin que les abeilles continuent la récolte. Dans le cas contraire, il enlève toute la hausse.

Les cadres doivent être prélevés seulement si la majorité des alvéoles sont operculées (fermées par un couvercle en cire), ce qui signifie que le miel est "mûr" et apte au stockage. Les alvéoles doivent être désoperculées (au moyen d'un peigne ou d'un couteau à désoperculer) pour que le miel puisse être extrait.

Extraction

L'extraction peut se faire par écoulement, les cadres couchés et le miel s'écoulant naturellement (une face après l'autre). Cette technique convient bien aux amateurs, mais prend énormément de temps. Les apiculteurs les mieux équipés utilisent plutôt un extracteur centrifuge. La qualité et le temps d'extraction sont nettement avantageux.

Après l'extraction, les cadres peuvent être posés à-proximité du rucher, afin que les abeilles récupèrent le miel qui a résisté à l'extraction. Cela rentabilise d'autant plus la récolte, et permet de stocker des cadres très propres. Attention: les cadres ne doivent pas être déposés très près des ruches afin d'éviter les tensions entre colonies (risque de pillage).

Stockage

Le stockage du miel peut se faire dans des fûts, des bidons ou des pots. Après l'extraction, un temps de maturation d'au moins deux semaines doit être respecté, ne serait-ce que pour récolter les déchets microscopiques qui remontent à la surface, formant une couche généralement blanche.

Après un certain temps, selon sa qualité et sa composition, le miel se cristallisera. La décristallisation peut être obtenue en réchauffant le miel au bain-marie, mais les 40 °C ne doivent pas être dépassés pour préserver les vertus du miel. Il arrive que des apiculteurs stérilisent leur miel (chauffage à température supérieure), mais c'est en principe inutile. Dans la même idée, le miel utilisé en pâtisserie devrait, si-possible, être ajouté dans des conditions respectant ce principe.

Le miel possède la particularité d'être imputrescible. Il peut donc, en théorie, être conservé indéfiniment.

Gelée royale

De la gelée royale

La production de gelée royale fait appel à des techniques particulières, car les abeilles en produisent peu et dans des conditions très précises. Sa récolte est pratiquée par des apiculteurs spécialisés.

La production de gelée royale nécessite de conduire les ruches comme pour la production de reines. Il s'agit d'enlever la reine pour inciter les ouvrières à en produire de nouvelles, et de récolter la gelée royale que les ouvrières donneront aux larves dans ce but.

Des cadres à cellules royales sont parfois utilisés. Ils fournissent une ébauche de cellule royale et facilitent le travail des ouvrières, mais les larves âgées de moins de trois jours doivent y être placées manuellement par l'apiculteur. Les ouvrières achèvent ces cellules et la remplissent de gelée royale pour nourrir la jeune larve. Après trois jours, les cellules sont pleines et peuvent être vidées par l'apiculteur, une-à-une. Une ruche peut donner au maximum trois cents grammes de gelée par an.

La gelée royale étant très acide (pH 4), elle ne peut être stockée dans des bocaux à couvercle en métal. On la stocke en général dans de petits flacons en plastique, et l'entrepose entre 2 et 5 °C, dans une atmosphère exempte d’humidité et à l’abri de la lumière. Dans de telles conditions, la gelée royale peut être conservée pendant plusieurs mois.

La gelée royale est un produit naturel très riche en vitamine B5, en oligo-éléments, en acétylcholine (jusqu’à 0.1% de masse), en facteurs antibiotiques particulièrement actifs sur les proteus et escherichia coli B, plus connu sous le nom de colibacille.

La gelée royale se négocie à prix très élevé sur les marchés spécialisés.

Pollen

Anatomie de l’abeille.
Corbeilles à pollen.

Chez les végétaux supérieurs, le grain de pollen constitue l’élément fécondant mâle de la fleur. Il se trouve sur les anthères des étamines. Sa forme, sa couleur et ses dimensions varient considérablement d’une plante à l’autre. Pour être fécondée, une fleur doit recevoir du pollen sur son pistil, organe femelle.

Les abeilles récoltent le pollen pour nourrir leurs larves, et stockent le surplus dans des cellules, c'est le pain d'abeille. On en retrouve également dans le miel, ce qui donne à celui-ci une partie de ses vertus. L'étude du miel à partir des pollens qu’il contient s’appelle la melissopalynologie, et permet d’identifier son origine botanique.

Les plantes entomophiles comptent en grande partie sur les insectes pour assurer leur pollinisation. Les abeilles jouent ce rôle, mais aussi les bourdons, qui sont friands de pollen, et de nombreux insectes volants ou pas. En butinant de fleur en fleur, l’abeille dépose involontairement et fatalement le pollen de l’une sur le pistil d'une autre, permettant la fécondation. L’abeille est largement utilisée pour la pollinisation des plantes cultivées, en particulier les arbres fruitiers. On estime que la valeur économique apportée par les abeilles lors de la pollinisation est de douze à quinze fois supérieure à celle des produits de la ruche.

La récolte du pollen par l’abeille est possible grâce à l’adaptation spécifique des pattes postérieures de l'ouvrière. Elle utilise la brosse à pollen située sur la face interne du métatarse pour récupérer le pollen dispersé sur son corps, puis le pousse et le tasse dans la corbeille à pollen située sur la face externe du tibia de la patte opposée. Un poil unique dans la corbeille sert de mât qui maintient la pelote de pollen. Une pelote pèse environ quinze à vingt milligrammes, et l’abeille en transporte deux. Dans la ruche, le pollen est tassé dans les alvéoles par d’autres ouvrières, avec la tête.

Composition du pollen

Le pollen est d’abord une source de protides pour les abeilles, il entre dans la composition de la nourriture distribuée au couvain.

Le pollen est également riche en d’autres substances, et sa composition moyenne est de:

  • 20 % de protides (acides aminés libres et protéines)
  • 35 % de glucides
  • 5 % de lipides
  • 10 à 12 % d'eau

D’autres composants sont présents comme des vitamines, des oligo-éléments, des enzymes (amylase, invertase, certaines phosphatases), des substances antibiotiques actives sur toutes les souches de colibacilles et certaines de proteus et salmonelles. On y trouve aussi la rutine, une substance accélératrice de la croissance, des substances œstrogéniques, et de nombreux pigments qui donnent la couleur d’un pollen déterminé (jaune et orange dans la plupart des fleurs, mais aussi vert, bleu...).

Récolte et conservation du pollen

Trappe à pollen.

La récolte du pollen est assez récente. Les apiculteurs ont mis au point une trappe à pollen qu'ils placent à l’entrée de la ruche. Pour y pénétrer, les abeilles doivent passer à-travers d’étroites ouvertures et perdent leurs pelotes de pollen dans un tiroir situé en dessous[29]. Le dispositif est conçu de manière à ce que, statistiquement, seulement dix pour cent du pollen soit prélevé, car il est indispensable à la croissance des colonies. Les tiroirs sont prélevés tous les un ou deux jours. Les pelotes de pollen sont séchées au maximum de 40°C par le passage d’un courant d’air chaud et sec traversant des claies sur lesquelles elles sont étalées. Elles sont sèches dès lors qu’elles n’adhèrent plus les unes aux autres.

Le pollen étant hydrophile, il doit être stocké dans des récipients hermétiques pour éviter qu'il ne se réhydrate par l'humidité de l'atmosphère. Une autre méthode, plus récente, consiste à congeler les pelotes sans procéder au séchage.

Propolis

La propolis est récoltée par les abeilles afin de garantir l'hygiène dans la ruche, mettant à-profit ses propriétés aseptisantes et antibiotiques.

Les principales essences produisant de la propolis en Europe sont des conifères, comme le pin, le sapin, et l'épicéa, plusieurs espèces de peupliers, qui semblent en être la source la plus importante, l’aulne, le saule, le marronnier d'Inde, le bouleau, le prunier, le frêne, le chêne et l’orme.

La propolis recueillie dans la ruche est constituée globalement de:

  • 50 à 55% de résines et baumes,
  • 30 à 40% de cire,
  • 5 à 10 % d'huiles volatiles ou essentielles,
  • 5% de pollen,
  • 5% d’autres éléments (acides organiques, oligo-éléments, nombreux flavonoïdes, nombreuses vitamines...).

Cire d'abeilles

La cire est sécrétée par les glandes cirières situées sous l'abdomen des abeilles, pendant une période où on les appelle abeilles cirières (entre le douzième et le dix-neuvième jour de leur vie). La cire se manifeste sous la forme de petites écailles blanches transparentes.

La cire est principalement utilisée pour la fabrication des rayons, dans lesquels la reine produit son couvain, et où les ouvrières stockent leurs matières premières (pollen, propolis...) et le miel. Un rayon fraîchement construit est jaune pâle, presque blanc, il devient jaune puis brun foncé en vieillissant. La forme extrêmement sophistiquée des cellules et des rayons leur permet de contenir dix à douze kilogrammes de miel pour un kilogramme de cire.

La cire appartient à la famille chimique des cérides, elle est constituée d’acides et d’alcools gras à très longues chaînes, de vingt à soixante atomes de carbone. Son point de fusion est d’environ 64 °C et sa densité de 0,97. Elle est insoluble dans l’eau et résiste à l’oxydation.

Les apiculteurs recyclent la cire des cadres détruits pour fabriquer des feuilles de cire gaufrée. Ces feuilles sont fixées au centre des cadres des ruches modernes et servent de base aux abeilles, qui construisent leurs alvéoles en respectant ce motif. Cette technique évite aux abeilles une éventuelle erreur de conception, améliorant indirectement le rendement de leur production, et favorise la production de cellules femelles (les cellules produisant des faux-bourdons étant plus larges).

En-dehors de l'apiculture, on utilisait autrefois la cire d'abeilles pour fabriquer des chandelles; cette utilisation est aujourd'hui marginale. On utilise, encore aujourd'hui, la cire d'abeilles pour le traitement du bois et des meubles (encaustiques).

La cire peut également être consommée, en général lors de la consommation du miel ou des larves.

Consommation des larves

La consommation de larves est possible, mais se pratique très peu dans les pays occidentaux. On rencontre plutôt cette pratique parmi les peuples qui se livrent à la chasse aux rayons[30], et qui consomment alors l'entier produit de leur récolte.

Apithérapie

L’apithérapie est un autre débouché pour les apiculteurs. Beaucoup utilisé autrefois dans les préparations médicinales traditionnelles, le miel est tombé en désuétude avec la médecine récente.

L'apithérapie est remise au goût du jour dans le cadre des médecines alternatives. En outre, le venin d’abeille (apipuncture), le pollen et la gelée royale sont des produits dont les propriétés ont été découvertes récemment. Elles n'ont pu l'être qu'avec la mise au point de techniques de récolte.

Produits dérivés

Les produits issus d'une ruche peuvent être consommée directement, mais aussi préparés.

La pâtisserie et la confiserie font fréquemment usage du miel, pour son goût, ses qualités, et sa réputation.

Le miel intervient aussi dans la production d'hydromel, boisson alcoolisée appréciée des amateurs.

L'industrie pharmaceutique, enfin, s'intéresse aux produits de l'apiculture pour produire des remèdes plus efficaces contre les pathologies qu'elle entend combattre.

Filière apicole

Production mondiale en millier de tonnes d'après la FAO[31]
Produit 1964 1969 1974 1979 1984 1989 1994 1999 2004
cire 30 37 41 44,5 47,5 47 52 57,5 60
miel 752 756 793 906 995 1146 1118 1237 1374

En France métropolitaine, le recensement agricole de 2010 a dénombré 41 850 apiculteurs détenant au moins une ruche, 12 000 apiculteurs dont l'activité s'exerce dans une exploitation agricole ou possédant au moins dix ruches. La profession compterait 800 000 ruches et 14 800 tonnes de miel par an[32], pour environ 2000 professionnels, certains exploitant plus de 200 ruches[33]. Cela représente 2,6% des apiculteurs et près de 50 % des ruches en France[34]. Les petits apiculteurs possédant moins de dix ruches étaient plus de 53 000 en 2005. Un audit réalisé pour FranceAgriMer fait état pour 2010 de 1 074 200 ruches déclarées et 18 330 tonnes de miel par an[35], ce qui souligne la relativité des chiffres avancés et la difficulté d'établir des estimations fiables.

La Suisse est le pays où la densité géographique des ruches est la plus élevée, mais la majorité des exploitants sont amateurs et ne possèdent que peu de ruches.

Flore mellifère

Quelques personnalités

  • Charles Darwin (1809-1882) : dans son ouvrage sur l'origine des espèces, « On the origin of species by Means of Natural Sélection or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for life », Darwin parle de l'abeille qu'il a étudiée longuement, en particulier son instinct de bâtisseuse extraordinaire. Il démontre ainsi (chapitre VII) que l'abeille construit ses alvéoles par sélection naturelle, en gagnant en solidité, et en économisant la place et la matière première. Ainsi, la forme complexe et sophistiquée des alvéoles ne serait pas un hasard mais une nécessité.
  • Adam (1898-1996) : Frère né en Allemagne, infatigable voyageur apicole, et auteur de nombreux ouvrages, il créa, par croisement des meilleures souches, l'abeille buckfast.
  • Saint Ambroise (340-397) : évêque de la ville de Milan, Saint-patron des apiculteurs, des abeilles et de la ville de Milan.
  • Ursmar Baudoux (Binche 1867-1934), d'origine Belge : il augmenta la capacité des cellules, mit au point des instruments de mesure et « créa » des abeilles plus grandes, ayant une langue plus longue qui permit de récolter davantage de nectar.
  • Gaston Bonnier (1853-1922) : célèbre botaniste français qui a travaillé avec G. De Layens sur des ruchers expérimentaux, et dont les observations furent des références dans ce domaine.
  • Charles Dadant (1817-1902) : né en France, il gagna les États-Unis en 1863, où il mit au point la ruche portant son nom. La société familiale qu'il fonda perdure toujours après cinq générations.
  • Georges de Layens :
  • Jan Dzierżon : en 1845 découvrit la parthénogenèse chez les abeilles.
  • Jean Hurpin : débuta en apiculture en 1900. Il fonda en 1920, avec l’instituteur Jean Guerre, le journal « L’Abeille de France et l’apiculteur ». Il perfectionna la ruche De Layens et publia de nombreux ouvrages apicoles.
  • Lorenzo Langstroth : révérend américain, mit au point sa ruche en 1860, c'est actuellement une des plus répandues au monde.
  • Jean-Baptiste Voirnot (1844-1900) : abbé français, créateur de la ruche Voirnot.
  • Karl von Frisch (1886-1982) : zoologiste et éthologiste autrichien ayant décrypté le langage des abeilles, notamment leurs danses de localisation des sources de nectar. Prix Nobel de médecine 1973.
  • Émile Warré (1867-1951) : abbé français ayant mis au point la ruche portant son nom après avoir étudié tous les types de ruches disponibles à son époque. Il en eut trois cent cinquante, et au minimum dix à douze par modèle, placées dans des situations identiques, même rucher, même direction.
  • François Huber (1750-1831) : naturaliste suisse ayant fait des découvertes importantes sur la vie des abeilles. C'est lui qui décrivit le premier le vol nuptial. Pour faire ses expériences, il mit au point une ruche à cadre mobile.

Glossaire

Barres et barrettes
Planchettes disposées parallèlement et horizontalement en haut des ruches, sous lesquelles les abeilles vont bâtir leurs rayons. L'apiculteur les amorce en fixant une bande de cire gaufrée sur leur face inférieure qui servira de guide aux abeilles. Les barrettes sont utilisées dans les ruches Warré, leur largeur est d’environ 25 mm et leur épaisseur d’environ 9 mm, elles ne sont pas jointives de manière à ce que les abeilles puissent circuler entre le corps et les diverses hausses, le dernier étage est fermé par un couvercle (couvre cadre). Les barres sont utilisées dans des ruches horizontales type top-bar, leur largeur est d’environ 35 mm et leur épaisseur d’environ 25 mm. Elles sont montées jointives et forment une fois en place le couvercle de la ruche.
Cellule ou alvéole
Compartiment de section hexagonale et d’axe légèrement incliné par rapport à l’horizontale (d’environ 13°) qui forme le motif de base des rayons d’une ruche et peut servir à divers usages : déshydratation de l’eau du nectar, maturation et stockage du miel, stockage du pollen, élevage des larves d’ouvrières.
Cellule de sauveté
Cellule construite par les ouvrières pour la production d’une reine dans les ruches orphelines.
Cire gaufrée
Présentée en feuilles, il s’agit d’une pellicule de cire naturelle sur laquelle une machine a marqué à chaud et sur les deux faces l’ébauche du fond des futurs alvéoles : placées verticalement sur des cadres de bois et rigidifiées par un fil métallique situé dans leur épaisseur et qui les parcourt en zigzag et de bord à bord, ces feuilles facilitent la tâche des abeilles cirières à qui l’apiculteur les propose comme ébauches sur lesquelles elles vont construire les parois des divers alvéoles.
Couvain
Ensemble des œufs, larves et nymphes contenus dans une ruche.
Entomophile
Se dit des plantes utilisant les insectes comme vecteur pour leur fécondation.
Faire la barbe
Comportement des abeilles qui dénote que la ruche est insuffisamment aérée ou manque de fraîcheur ; généralement, on observe ce phénomène lors des fins d’après-midi les plus chaudes de l’été : les abeilles, battant des ailes avec un bruissement caractéristique, se disposent en grand nombre sur la planche de vol ou restent suspendues les unes aux autres, les plus élevées étant accrochées au rebord de la planche de vol ou sur la paroi du corps de ruche qui surplombe l’entrée.
Jabot
Poche communiquant avec l’estomac, isolée de celui-ci par un clapet.
Mellifère
Plantes donnant en abondance des substances sucrées accessibles aux abeilles domestiques.
Opercule
Fine membrane de cire fermant une cellule.
Organoleptique
Qui agit sur la perception sensorielle, pour les aliments : goût, odeur, couleur, aspect, consistance…
Partition
Cloison mobile épousant la section d'une ruche, placée parallèlement aux rayons elle permet de réduire le volume de la ruche. Dans le but de faciliter son maintien en température par les abeilles lors de l'hivernage ou lorsque la colonie est faible.
Planche de vol (ou d’envol)
Petite surface plane, placée à la base du corps de ruche et légèrement inclinée vers l’extérieur : elle sert de piste de décollage ou d’atterrissage aux butineuses, ainsi que de poste de garde aux gardiennes (sentinelles).
Ruche orpheline
Ruche n’ayant plus de reine.
État de bruissement
État d’une ruche enfumée émettant un bourdonnement intense, à la suite de son enfumage.
Spermathèque
Réservoir dans l’abdomen de la reine contenant la semence des faux-bourdons qui servira à féconder les œufs d’ouvrières et de reines.
Top-Bar
Terme anglo-saxon désignant les barres, c'est aussi le nom d'une ruche munie de ces mêmes barres. Cette ruche, horizontale, se présente comme une profonde gouttière de section trapézoïdale, fermée par un toit. De faible coût elle a été créée initialement pour les pays en voie de développement.

Bibliographie

  • E. Alphandery, Traité complet d'apiculture, Paris, éditions Berger-Levrault, 1931.
  • Maurice Chaudière, Apiculture Alternative, édition Le Décaèdre, 2003 (ISBN 2914234066).
  • Le traité Rustica de l'apiculture - Édition Rustica
  • (en) Ethel Eva Crane, The World History of Beekeeping and Honey Hunting, Routledge, , 720 p. (lire en ligne)

Notes et références

  1. L'ennruchage ou l'enruchement est l'action de peupler d'abeilles une ruche. Source :Jean-Marie Hoyoux, Le vocabulaire de l'apiculteur, Presses Agronomiques de Gembloux, (lire en ligne), p. 104.
  2. a et b Bernadette Darchen, L'apiculture de la Préhistoire à l'histoire, PLB éd., , 40 p. (ISBN 978-2869521322)
  3. a et b "Depuis quand ?", le dictionnaire des inventions, Pierre Germa, page 9
  4. a b c et d Michel Pastoureau, « L'homme et l'abeille », Concordance des temps, 28 janvier 2012
  5. (es) Eduardo Hernández-Pacheco y Estevan, Las pinturas prehistóricas de las cuevas de La Araña (Valencia): Evolución del arte rupestre en España, Musée national des sciences naturelles de Madrid, , 221 p.
  6. Rémy Chauvin, Traité de biologie de l'abeille, Masson, , p. 51
  7. Jean-René Mestre, Gaby Roussel, Ruches et abeilles : architecture, traditions, patrimoine, Éditions Créer, (lire en ligne), p. 8
  8. A. Rougeulle, « Des "étuves" à dattes à Bahrain et en Oman : le problème de l'apparition des techniques de transformation de la datte », Paléorient, vol. 8, no 2,‎ , p. 74
  9. (en) Grace Pundyk, The Honey Trail. In Pursuit of Liquid Gold and Vanishing Bees, Macmillan, , p. 233
  10. (en) Haralampos V. Harissis, Anastasios V. Harissis, Apiculture in the Prehistoric Aegean.Minoan and Mycenaean Symbols Revisited, Oxford, British Archaeological Reports, (lire en ligne)
  11. (en) Amihai Mazar et Nava Panitz-Cohe, « It Is the Land of Honey : Beekeeping at Tel Rehov », Near Eastern Archaeology, vol. 70, no 4,‎ , p. 202-219 (lire en ligne)
  12. Jean-Marie Hoyoux, Le vocabulaire de l'apiculteur : illustré d'extraits littéraires, Presses Agronomiques de Gembloux, , p. 225
  13. Voir aussi: Agriculture en Grèce antique#Miel
  14. Le naturaliste hollandais Jan Swammerdam rédige un traité sur l'histoire des abeilles au XVIIe siècle où il peut étudier, grâce au microscope, l'anatomie interne de l'abeille. Il est le premier à identifier également les 3 castes d'abeilles et la reine des abeilles
  15. Certains moines fabriquent des cierges en cire d'abeille pure pour les églises, l'abeille ayant un symbole ambivalent : virginité médiévale (sa sexualité étant inconnue à l'époque, on considère qu'elle se reproduit par parthénogenèse ou par pourriture d'un animal), érotisme (par son dard) à la Renaissance.
  16. Bigre est issu du latin apiger, api, abeille et gererer, gouverner, littéralement celui qui gère les « bigreries » ou « hostels aux mouches », ruchers à l'orée ou au cœur des forêts.
  17. Histoire de l'apiculture
  18. L'histoire de l'apiculture
  19. page du Ministère canadien de l'agriculture, sur Megachile rotundata
  20. Fiche Inist sur la verticillose
  21. article du journal Le devoir, « Le «syndrome de l'effondrement» des abeilles », du 24 août 2007
  22. Varroa abeilles et traitements
  23. Rapport de Martial Saddier au Premier ministre François Fillon ; intitulé Pour une filière apicole durable ; Les abeilles et les pollinisateurs sauvages ; octobre 2008, pdf, 64 pages (Consulté 2009 07 07)
  24. http://same-apiculture.colinweb.fr/Cellules-Royales
  25. abeille Buckfast
  26. Frère Adam
  27. À la recherche des meilleures lignées d'abeilles
  28. pedigree de labeille Buckfast
  29. http://same-apiculture.colinweb.fr/Trappes-a-pollen
  30. Eva Crane, The World history of beekeeping and honey hunting, Duckworth (Londres), 1999 : xxii + 682 p. (ISBN 0-415-92467-7)
  31. « Livestock Primary », sur faostat.fao.org, FAO
  32. Agreste n° 282, mars 2012
  33. 200 ruches correspond à la demi surface minimum d'installation nécessaire pour être considéré comme professionnel en agriculture
  34. Présentation de la filière miel
  35. Audit économique de la filière apicole française, 11 septembre 2012

Voir aussi

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