António Vieira

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António Vieira
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Portrait du père António Vieira (auteur inconnu, début du XVIIIe siècle).
Naissance
Lisbonne,
Royaume de Portugal
Décès (à 89 ans)
Bahia,
Brésil (Royaume de Portugal)
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Portugais
Mouvement

Baroque Millénarisme

Sébastianisme
Genres
Adjectifs dérivés Vieirense

Œuvres principales

Antonio Vieira, né le à Lisbonne (Portugal) et décédé le à Salvador de Bahia (Brésil) était un prêtre jésuite portugais, écrivain et prédicateur de renom. Auteur de plus de deux cents sermons, représentant du Baroque littéraire, Antonio Vieira est considéré l'un des grands noms de la littérature portugaise, et un des plus grands orateurs sacrés du XVIIe siècle.

Proche du roi Jean IV de Portugal, il est chargé en 1646 de défendre les intérêts du Portugal contre l'Espagne et la Hollande dans les débats préparatoires à la Paix de Westphalie. Ses positions en faveur des droits humains des peuples indigènes du Brésil ainsi qu'en faveur des Juifs, et sa critique de l'esclavage et de l'Inquisition, témoignent de la modernité de sa pensée.

Dans Message, Fernando Pessoa le nomme, « Empereur de la langue portugaise »[1].

Ses Sermons figurent sur la liste des 50 œuvres essentielles de la littérature portugaise établie en 2016 par le très prestigieux Diário de Notícias[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille lisboète d'humble extraction, Antonio Vieira est le fils de Cristóvão Vieira Ravasco, le fils d'une mulâtresse, et de Maria de Azevedo[3]. Il est baptisé à la Sé, où une plaque lui rend hommage[4].

Antonio Vieira suivit son père (greffier au tribunal de Bahia) au Brésil en 1614, à l'âge de six ans. Il y suivit ses études au collège jésuite de Salvador de Bahia, dont il fut un élève brillant. En dépit des réticences de ses parents, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus en [4]. Dès 1624, l'invasion hollandaise du Brésil, qui le contraint à se réfugier à l'intérieur des terres, lui fait découvrir sa vocation de missionnaire. Il prononce ses premiers vœux l'année suivante et suit ensuite le cours habituel de la formation jésuite se terminant avec l'étude de la théologie. Sujet brillant et prometteur, devenu maître et professeur ès Arts, il est ordonné prêtre le , à Bahia.

La deuxième invasion hollandaise du Brésil, en 1630, l'ouvre à la politique : il travaille activement à dissuader le Portugal de céder ses colonies à un ennemi pourtant supérieur. La disgrâce dans laquelle le fera tomber sa défense des Juifs contre l'Inquisition quelques années plus tard sera pour lui une autre raison de regagner la métropole. En 1641, après la Restauration du Portugal, il est membre de la délégation envoyée du Brésil pour la reconnaissance de la nouvelle dynastie de Bragance, et séduit le roi Jean IV par la vivacité de son esprit et ses qualités d'orateur. Prédicateur en vogue, il est chargé en 1646 de défendre les intérêts du Portugal contre l'Espagne et la Hollande dans les débats préparatoires à la Paix de Westphalie.

De retour au Portugal, ses grands succès oratoires qui en font, quoique dans un style très différent, l'équivalent d'un Bossuet, sont remis en cause par les polémiques que ces sermons suscitent, notamment avec l'Inquisition sur la question des nouveaux-chrétiens. Vieira retourne donc au Brésil de 1652 à 1661, où il effectue des missions dans le Maranhão, mais d'où sa défense des peuples indigènes le fait, on peut dire une nouvelle fois, chasser. Il prononce ainsi dans plusieurs serments que les Indiens sont plus réceptifs aux principes évangéliques que les colons portugais, qu'il juge violents[4].

Son dernier séjour en Europe voit Vieira menacé pour ses théories millénaristes. En effet, il a peu à peu développé, d'abord auprès de correspondants ecclésiastiques, puis dans différents ouvrages, une interprétation renouvelée du mythe sébastianiste et des prophéties de Bandarra, dans lesquelles il annonce l'avènement futur d'un Quint-Empire (Cinquième Empire) universel dominé par le Portugal sous l'inspiration du Saint-Esprit, après la résurrection du roi Jean IV. Il est plusieurs fois condamné à la prison ou à l'interdiction de prêcher, et se rend à Rome en 1669 pour y solliciter l'appui du Pape. Il parvient à y poursuivre sa lutte contre l'Inquisition, et y séjourne six ans, jusqu'à son absolution. Il retourne alors à Lisbonne, mais se tient à l'écart des affaires publiques.

En 1681, âgé de 73 ans, il regagne définitivement le Brésil. Il s'y consacre à la correction de ses sermons pour leur édition en quinze volumes, et à sa Clavis Prophetarum, somme prophétique. Ses œuvres se répandent en Europe, où elles recueillent les éloges. Malade et impotent, il meurt à l'âge de 89 ans[4].

Page de titre d'une œuvre de Vieira

Œuvre[modifier | modifier le code]

Le Père Vieira laisse une œuvre considérable : plusieurs centaines de sermons, dont ceux de la Sexagésime, de Saint Antoine aux poissons, ou du Bon Larron, qui sont des pièces d'anthologie, objets d'étude dans l'enseignement secondaire et universitaire, ainsi qu'une correspondance vaste et variée parfois considérée comme le meilleur de sa prose, des traités de théologie, et un ensemble prophétique important : l'Histoire du Futur, le Clavis Prophetarum.

Édition de référence[modifier | modifier le code]

  • Obras completas do padre António Vieira - Sermões, 15 vol., Édition : Porto : Lello & irmão , 1959, António Vieira (1608-1697), Éditeur scientifique : Gonçalo Alves (1870-1932), préf. Gonçalo Alves (1870-1932)

Ouvrages disponibles en français[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. O céu estrela o azul e tem grandeza. Este, que teve a fama e a glória tem, Imperador da língua portuguesa, Foi-nos um céu também. "Mensagem", section "Os Avisos", poème "António Vieira".
  2. (pt) « As 50 obras essenciais da literatura portuguesa », sur dn.pt, Diário de Notícias, (consulté le )
  3. Cahiers du C.R.I.A.R., Volume 21, Numéro 2, Presses Universitaires de France, 2003, p.589
  4. a b c et d Sébastien Lapaque, « Antonio Vieira ou le droit des Indiens », Le Figaro, mardi 12 août 2014, p. 18.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]