Antonio Musa Brasavola

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Antonio Musa Brassavola
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Antonio Musa[1] Brasavola (ou Brassavola)[2],[3] est un médecin, né et mort à Ferrare, alors capitale du duché de Ferrare, en Italie ([4][Versions 1],[5]). Très célèbre à son époque, il est l'ami et le médecin d'Hercule II d'Este, duc de Ferrare, et il enseigne à l'université de la ville.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le comte Francesco, son père, est médecin[6] ; sa mère s'appelle Margherita Maggi[7]. On lui donne le nom de « Musa[Versions 2] », pour rappeler Antonius Musa, médecin de l'empereur Auguste, scellant ainsi le choix de la profession qui lui est destinée[8],[9],[10],[11],[12],[13].

À 18 ans il devient professeur de logique[14],[15]. Il enseignera cette discipline huit ans ; ensuite, la philosophie naturelle neuf ans, ensuite la théorie médicale[16].

En 1520, il passe son examen de doctorat[17].

En 1528, il accompagne en France Hercule d'Este et produit une vive impression sur François Ier, qui le fait chevalier de Saint-Michel et l'autorise à mettre des lys dans ses armoiries. Il fréquente Jean Ruel[18].

Au retour, il se marie avec la noble Cassandra de Robertis[4],[19],[20]. Dans une édition vénitienne d'un de ses livres, Brasavola énumère cinq fils et huit filles[21]. Chez les Brasavola, la mule, le moyen de transport du médecin, sera toujours prête à partir[22]. Après son mariage il a une période d'intense vie religieuse dont on le force à s'extraire au profit de l'exercice de la médecine[23].

En 1534, à la mort d'Alphonse Ier d'Este, Hercule devient duc de Ferrare et confirme Brasavola dans son poste d'archiatre[24].

En 1535[25], sur ordre du duc Hercule[26], il interrompt ses cours pour aller à Rome soigner Paul III et à Naples Charles Quint[16].

En 1536, il fonde un vaste jardin botanique[27], qui sera connu comme le jardin du Belvedere[28] ; c'est le résultat d'une promesse faite par le duc, s'il guérissait[22].

Il meurt en 1555, âgé de 55 ans.

En lettres, Brasavola a comme maître Celio Calcagnini (dont il fera publier les œuvres[29]) ; en médecine, Nicolas Léonicène, et aussi, « à l'occasion[30] », Giovanni Manardo. Le plus connu de ses élèves est Gabriele Falloppio[31]. Brasavola était célèbre et ses étudiants[32],[33],[34],[35] venaient « de toute l'Europe[36] ».

Brasavola est l'auteur d'une Vie du Christ, en italien[37],[38].

Franco Bacchelli[38] fait de lui, dans plusieurs domaines, un représentant des idées nouvelles ; et, dans ses dialogues, Brasavola se met généralement en scène face à un Senex, un ancien.

Contributions[modifier | modifier le code]

Il a réussi la première trachéotomie[39].

« Si les écrits multipliés de Brasavola annoncent un médecin érudit et laborieux, ils prouvent aussi qu'il était praticien et observateur judicieux. Il a donné le premier une bonne description de la blennorragie ; il savait par expérience que les douleurs ostéocopes[40], dans la syphilis, se dissipent entièrement chez certains malades par l'influence d'une vie sobre et de violents exercices. Il soutint le premier que le mercure jouissait de propriétés anthelminthiques. Il rappela l'attention des médecins sur l'ellébore noir[41] ; et ce fut lui qui introduisit[42] dans la thérapeutique en Italie l'usage de la squine[43],[44] ». Dans le traitement de la syphilis, il « a été le premier qui s'est servi du gaïac à Ferrare en 1525[45] ».

Brasavola mettait beaucoup de soin à dresser les index de ses livres (« avec un index très riche », écrit-il sur la page titre de son Examen omnium simplicium medicamentorum) et est l'auteur d'un index (en latin) des œuvres de Galien.

Brasavola encourageait la pratique des dossiers de patients afin de documenter, comme on ne l'avait jamais fait auparavant, le développement des maladies[46].

Œuvres (liste partielle)[modifier | modifier le code]

Les œuvres médicales de Brasavola sont en latin. Plus d'une quarantaine ont été imprimées[47],[Versions 3].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Mémoire[modifier | modifier le code]

  • Selon Franco Bacchelli, l'Arioste aurait pris Brasavola comme modèle pour son pharmacien charlatan dans Erbolato.
  • Il y a à Ferrare une inscription gravée dans le marbre, datée de 1703[53]. Elle se trouve à l'entrée du palais Paradiso, siège pendant longtemps de l'université de Ferrare (aujourd'hui la Biblioteca Comunale Ariostea). D'un style grandiloquent, elle représente, avec le texte de Baruffaldi qui la commente, la version la plus prestigieuse, mais la moins certaine, de la vie de Brasavola ; elle est examinée — et plusieurs fois contredite, point par point (dont les deux suivants), par Luigi Francesco Castellani.
    • « Musa », dans « Antonio Musa Brasavola », serait un surnom élogieux donné au médecin par François Ier[Versions 4],[Versions 1],[Versions 3],[Versions 5] ; c'est une allusion aux muses et aux nombreux titres de Brasavola, docteur en philosophie, en droit civil et en droit laïc, et en médecine.
    • Non seulement Brasavola aurait donné des avis médicaux à un empereur, deux rois et quatre papes, mais il aurait été l'archiatre (le médecin personnel officiel) de l'un d'eux, Paul III. La plupart des biographes répètent cela[Versions 6] ; s'il a été l'archiatre de Paul III, ce n'était, hormis peut-être quelques consultations, qu'à titre honorifique[55].
  • En 1813 le botaniste Robert Brown a donné le nom de Brassavola à un genre d'orchidée.
  • Il y a une rue Brasavola à Ferrare[56], et un buste de lui à l'hôpital Santo Spirito de Rome.

Notes[modifier | modifier le code]

Versions de la vie de Brasavola[modifier | modifier le code]

  1. a et b Giammaria Mazzuchelli, Gli scrittori d'Italia, 1763, p. 2023.
  2. Il y a deux versions de la vie de Brasavola : la version « minimale », représentée par Luigi Francesco Castellani, que nous suivons ici ; et la version « maximale », la plus courante, dont la première expression est dans une inscription à l'université de Ferrare et son explication par Girolamo Baruffaldi.
  3. a et b Voir Gliozzi.
  4. Voir Borsetti et Bolani.
  5. Du Petit-Thouars, Chaussier et Adelon, « Brassavola », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, t. 5, p. 505.
  6. Charles Daremberg fait même de Brasavola l'archiatre de quatre papes, dont Léon X ; l'inscription, pourtant soucieuse de rapprocher Brasavola de tous les grands du monde, ne dit pas cela et Léon X est mort quand Brasavola avait 21 ans. Charles Victor Daremberg, « Brassavola (Antoine-Musa) », dans Louis Charles Dezobry et Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, t. 1, Delagrave, 1866, p. 367.

Autres notes[modifier | modifier le code]

  1. Certaines bibliothèques donnent pêle-mêle les œuvres d'Antonio Musa Brasavola et d'Antonius Musa (novembre 2014). Linné lui-même, selon Dezeimeris (dans l'article « Brasavola » de son Dictionnaire), attribue au médecin d'Auguste l'Examen omnium simplicium de Brasavola.
  2. Il a existé un architecte du nom d'Antonio Brasavola, aussi né à Ferrare. On sait qu'il était vivant en 1489 : Ranieri Varese, « Brasavola, Antonio », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 14, 1972.
  3. Mazzuchelli, (« Brasavola (Antonio Maria) », dans Gli scrittori d’Italia, 1763, p. 2028) connaît aussi, par Girolamo Baruffaldi, un autre médecin appelé Antonio Brassavola, mais dont on n'a que le nom.
  4. a et b Brasavola, Autobiographie, p. 593.
  5. On trouve aussi 1554.
  6. On s'adresse à Antonio Musa et on lui parle de son père : « Votre père était très savant, et un excellent médecin, et, entre autres, un compagnon à la parole très facile ». (Autobiographie.)
  7. Autobiographie.
  8. C'est ce que dit Antonio Musa lui-même : « Antonius Musa, cuius nomen patri meo Francisco Brasavolo imitari placuit, quum ab unda baptismatis attollerer. » : « Antonius Musa, dont mon père Francisco Brasavola eut envie d'imiter le nom quand j'ai été soulevé de sous l'eau du baptême » : Examen omnium simplicium medicamentorum, p. 651.
  9. Castellani, p. 3.
  10. L. Barotti, p. 108.
  11. Tiraboschi.
  12. Meyer.
  13. Greene.
  14. Castellani, p. 7.
  15. Barotti, (p. 108) dit à 19 ou 20 ans.
  16. a et b Brasavola, Aphorismorvm Hippocratis et Galeni, commentaria et annotationes, p. 1.
  17. La liste des cent propositions dont il eut à débattre nous a été conservée : Castellani, p. 9–20.
  18. Examen omnium simplicium medicamentorum, p. 31.
  19. Examen omnium catapotiorum vel pilularum…, p. 17.
  20. Castellani, p. 30.
  21. Castellani, p. 31.
  22. a et b Voir Cocilovo et al.
  23. Examen omnium catapotiorum vel pilularum…, p. 18.
  24. Castellani, p. 35.
  25. Castellani, p. 54.
  26. Et accompagné par le duc, selon Baruffaldi, p. 94.
  27. Le médecin était celui qui soignait par les plantes. Il était logique qu'un grand médecin ait un grand jardin.
  28. « Musa, Antonio », encyclopédie Treccani.
  29. Celio Calcagnini, Opera aliquot, 1544.
  30. Castellani, p. 6, cite Brasavola : « Manardo nonnunquam præceptore usus sum » (nous soulignons « parfois »).
  31. Fiche, site Mathematics Genealogy Project.
  32. Bernardino Baldi, biographe de Federico Commandino, dit que ce dernier aurait également suivi les cours de Brasavola : Versi e prose scelte, p. 517. On ne trouve toutefois pas trace de Commandino à l'université de Ferrare : (it) Concetta Bianca, « Commandino, Federico », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 27, 1982.
  33. Il faut compter parmi eux Giovanni Battista Canani le Jeune : Giuliano Gliozzi, « Canani, Giovanni Battista, il Giovane », dans Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 17 (1974).
  34. Nathan Koren mentionne un certain Luria Solomon Joseph ben Matityahu : Jewish physicians : a biographical index, p. 87.
  35. Voir Kaufmann.
  36. Castellani, p. 100.
  37. (it) Antonio Marsand, I manoscritti italiani della Regia Bibliotheca Parigina, vol. 1, p. 163.
  38. a et b Voir Bacchelli.
  39. Histoire de la trachéotomie.
  40. « Se dit des douleurs aiguës qui ont leur siège dans les os et qui souvent sont syphilitiques. » (Littré)
  41. Dans De morbo Gallico, son traité sur la syphilis, passim (par exemple p. 533, p. 534, p. 667).
  42. Dans De radicis Chynæ usu.
  43. a et b [skin] « Plante d'Asie orientale de la famille des Liliacées, à fleurs en ombelles, dont la racine était employée en décoction pour ses vertus sudorifiques ». (Définition du TLFi).
  44. Jean-Eugène Dezeimeris, « Brasavola (Antoine Musa) », dans Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, vol. 1, partie 2, 1831, p. 507–508. L'orthographe a été modernisée.
  45. John Freind, Histoire de la médecine depuis Galien, jusqu'au XVIe siècle, 1728, p. 282.
  46. « [A]t Ferrara in the 1540s Brasavola was encouraging his pupils to keep records of patients in a way that paid unprecedented attention to the case history of disease. ». Gianna Pomata, Observation rising : birth of an epistemic genre, ca. 1500–1650, p. 13
  47. Inscription : « quadraginta ».
  48. Nombreuses dates et villes d'édition. Certainement écrit, selon E. H. F. Meyer (Geschichte der Botanik, vol. 4, p. 238), avant la mort du duc Alphonse Ier d'Este.
  49. L'ouvrage a fait l'objet de commentaires (Annotationes in Antonii Musæ Brasavolæ Simplicium medicamentorum examen) par Luigi Mondella.
  50. Bacchelli : « Realistica e vigorosa descrizione degli agonizzanti e dei diversi tipi dell'angoscia di morte ».
  51. Pierre Bayle, « Brasavolus », dans Dictionnaire, p. 104, n. 6.
  52. Sur Alessandro Fontana, voir la notice dans Girolamo Tiraboschi, Biblioteca Modenese, vol. 2, 1782, p. 316.
  53. a et b Le texte est dans Castellani, (la) p. 153.
  54. Prospero Mandosio non plus, selon Castellani, p. 176.
  55. Castellani, p. 165.
  56. Adresse, Google Maps.

Liens externes[modifier | modifier le code]