Antoine Vitez

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Antoine Vitez
René Kalisky et Antoine Vitez (à droite)
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Administrateur général de la Comédie-Française
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Antoine Vitez, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un acteur, un metteur en scène et un poète. Personnage central et influent du théâtre français du XXe siècle, l'importance de son enseignement du théâtre est reconnue. Il a également traduit Tchekhov, Vladimir Maïakovski, Mikhaïl Cholokhov.

Il est administrateur général de la Comédie-Française de 1988 jusqu'à sa mort.

Biographie[modifier | modifier le code]

Antoine Vitez aimait rappeler que son père photographe était aussi un anarchiste. Élève de l'École nationale des langues orientales, il est diplômé de russe et pense un temps devenir traducteur. Il est attiré par le théâtre, mais échoue au concours du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris en 1950. Militant communiste jusqu'en 1979, il quitte le PCF à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS.

Il interprète la pièce Drame à Toulon - Henri Martin de Claude Martin et Henri Delmas qui relate la vie et le procès de Henri Martin, marin opposé à la guerre d'Indochine et condamné à cinq années de réclusion pour participation à une « entreprise de démoralisation de l'armée et de la nation[1],[2],[3]. » Charles Denner, René-Louis Lafforgue, José Valverde et Paul Préboist sont quelques-uns des comédiens de la troupe[4]. Les représentations sont interdites par plusieurs préfets[5] et maires. Mais la censure est souvent déjouée et la pièce est jouée plus de trois cents fois.

Vitez rencontre en 1958 Louis Aragon, dont il est le secrétaire particulier de 1960 à 1962. Il participe ainsi à l'écriture du volume de l'Histoire parallèle des U.S.A. et de l'U.R.S.S.: 1917-1960 consacré à l'URSS et dirigé par Aragon[6].

Il suit les cours de théâtre de Tania Balachova, collabore à la revue Bref, publiée par Jean Vilar, et à la revue Théâtre populaire. Il fait des lectures à la radio, des doublages de cinéma et débute dans la mise en scène avec Électre[7] de Sophocle à la maison de la culture de Caen en 1966.

En 1971, il propose à la ville d'Ivry d'y fonder le Théâtre des Quartiers d'Ivry. Il y monte les pièces d'avant-garde de René Kalisky, de Pierre Guyotat, des pièces classiques, des adaptations de romans, et y accueille les réalisations de jeunes metteurs en scène comme Stuart Seide. Malgré le succès et l'afflux d'un public passionné, les subventions nécessaires tardent à arriver et le théâtre est mis en faillite. Sa mise en scène du Partage de midi de Paul Claudel pour la Comédie-Française en 1975 reçoit un tel succès qu'elle est reprise à la salle Richelieu dès la saison suivante et jusqu'en 1981 (avec un détour par Buenos Aires lors d'une tournée officielle en ).

En 1981, à la suite de l'élection de François Mitterrand, Vitez reçoit, pour sept ans, la direction du Théâtre de Chaillot. Il monte pour le festival d'Avignon la version intégrale du Soulier de satin de Claudel.

En 1988, il est nommé administrateur de la Comédie-Française[8].

Ses écrits sur le théâtre, notes personnelles, entretiens ou articles publiés de son vivant, témoignent d'une pensée inquiète et exigeante, en constante évolution. Ils ont été rassemblés après sa mort dans trois recueils intitulés : L'École, La Scène et Le Monde.

Démarche artistique[modifier | modifier le code]

L'éclatement comme esthétique[modifier | modifier le code]

Vitez traite le texte comme matériau à modeler librement. C'est cette vision qui fait d'Électre un succès, qu'il reprend donc deux fois en 1971 avec des « parenthèses » de Yánnis Rítsos et en 1986 avec toujours la même comédienne, Évelyne Istria, dans le rôle-titre. Vitez est sensible au répertoire russe. Cela s'explique par sa formation à l'école du théâtre russe — son autre pôle d'intérêt avec le théâtre grec. Ainsi, il monte des œuvres peu ou rarement jouées : Les Bains de Maïakovski en 1967, Le Dragon d'Evgueni Schwarz en 1968, La Mouette de Tchekhov en 1970.

Après cette première période, il choisit de se tourner un certain temps vers le répertoire français, surtout Jean Racine, et le répertoire allemand, avec Jakob Lenz, Goethe ou Bertolt Brecht. Il joue souvent dans des lieux non théâtraux et avec des éléments sans aucune fonction descriptive. Il déploie une esthétique de la « liberté ludique » et de l'« association des idées », selon Georges Banu. Il met en scène une pensée sur la pièce plus que la réalité de la pièce. Son goût va donc ainsi vers l'éclatement.

Engagement, entre autres dans la formation[modifier | modifier le code]

D'abord professeur à l'école internationale de théâtre Jacques Lecoq de 1966 à 1969, puis au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris à partir de la rentrée 1968, il fonde en 1972 le Théâtre des Quartiers d'Ivry : il y monte les auteurs contemporains et aussi les grands textes classiques en défendant l’idée qu’on doit les traiter comme des « galions engloutis », comme des œuvres éloignées, archaïques, mythologiques. Il crée la même année les Ateliers d'Ivry, où amateurs et professionnels partagent une même pratique théâtrale. Il devient directeur du Théâtre national de Chaillot en 1981. Enfin, il est nommé administrateur général de la Comédie-Française en juin 1988, charge qu'il occupe jusqu'à son décès brusquement survenu en 1990.

Il met en scène le répertoire théâtral traditionnel et classique (Sophocle, Shakespeare, Molière, Marivaux), mais il monte ou encourage aussi des auteurs modernes, comme Paul Claudel ou Vladimir Maïakovski, ainsi que des contemporains comme Pierre Guyotat, Jean Métellus et Jean Audureau.

Il considère le théâtre comme « un champ de force » et réclame un « théâtre élitaire pour tous ».

Principaux collaborateurs[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

Comédien[modifier | modifier le code]

Metteur en scène[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Le jugement rendu à Toulon avait été cassé pour vice de forme », Le Monde,‎
  2. J-M. Théolleyre, « Charles Heimburger fera cinq ans de prison », Le Monde,‎
  3. Alain Ruscio, « Libérez Henri Martin », L'Humanité,‎
  4. « Lire « Drame à Toulon - Henri Martin » », sur observatoiredelacensure.over-blog.com, (consulté le )
  5. Philippe Roger, « La guerre froide sur le littoral du Pas-de-Calais : l'interdiction des représentations de « Drame à Toulon » à Calais en décembre 1951 », Revue du Nord, no 394,‎ , p. 187-197 (lire en ligne)
  6. L'autre volume, consacré à l'Amérique, est dirigé par Alain Peyrefitte.
  7. Pièce qu'il reprend vingt ans plus tard avec la même actrice Evelyne Istria à l'époque de sa prise de fonctions de directeur du Théâtre de Chaillot, fidèle à sa manière tant à l'œuvre qu'à sa comédienne.
  8. « En scènes : le spectacle vivant en vidéo - Antoine Vitez est nommé administrateur général de la Comédie-Française - Ina.fr », sur En scènes : le spectacle vivant en vidéo (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]