Années 1430
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Événements
- 1431-1433 : le doge de Venise Francesco Foscari combat Milan[1].
- Avancée des Ottomans dans les Balkans. Murat II chasse de Serbie le despote Georges Brankovic et réduit l’Albanie à l’état de sandjak. La république de Raguse devient vassale de l’Empire ottoman (fin en 1804).
- Fin des croisades contre les Hussites en 1436. Le royaume de Bohême sort appauvri de la crise. De nombreux édifices religieux ont été détruits, l’Église a perdu ses biens accaparés par les villes et la noblesse ; sur les terres des monastères, on assiste à un regain de colonisation allemande.
- Début du morcellement de la Horde d'or. Création vers 1430 du Khanat de Crimée ou de Krim, indépendant de la Horde, par Hadjdjii Girey Ier (1430-1466), descendant de Tuga Timur, fils de Djötchi, avec Baghtche-Saray comme capitale (fin en 1783). Création du khanat de Kazan vers 1436-1437.
- Antoine de Chabannes est le chef d’une bande d’écorcheurs au service de Charles VII.
Personnages significatifs
Alphonse V d'Aragon - Arthur de Richemont - Barsbay - Charles VII de France - Éric de Poméranie - Francesco Foscari - Henri le Navigateur - Jean de Lancastre - Jean V de Bretagne - Jeanne d'Arc -Álvaro de Luna - Murad II - Nezahualcóyotl - Philippe III de Bourgogne - Nicolas Rolin - Philippe Marie Visconti - Procope le Grand - Shah Rukh - Sigismond Ier du Saint-Empire - Vassili II de Russie - Yolande d'Aragon - François Villon
Inventions, découvertes, introductions
- La conversion du mouvement alternatif en mouvement rotatif par excentrique, bielle et piston est utilisée en Europe. Les plus anciennes représentations de ce système se trouvent dans l'Anonyme de la Guerre Hussite, manuscrit allemand daté des environs de 1430[2].
- La technique de la gravure sur cuivre se développe en Allemagne.
- Premiers livres xylographiés en Allemagne et en Hollande.
- En 1436, Conrad Saspach construit une presse à imprimer pour Gutenberg[3].
- Sous le règne d'Itzcoatl (1427-1440), un aqueduc est construit de la source Chapultec jusqu'à Tenochtitlan pour alimenter la ville en eau[4].
- On emploie les premières dragues en Zélande.
- On crée et fabrique en Italie des armes à feu de poing (pistolet).
- Nicolas de Cues présente au concile de Bâle un projet de réforme du calendrier en 1436[5].
- Mappemonde du cartographe Andrea Bianco, dressée en 1436. Il dessine l’île de Stocka (de l’anglais stock-fish, « morue salée »), qui pourrait être Terre-Neuve ; Il mentionne également Antillia, une île à l'ouest des Açores[6].
- Publication à Samarcande en 1437 des Tables sultaniennes, catalogue de plus de 1000 étoiles.
- Carte du Majorquin Gabriel de Vallsecha incluant les Açores, dessinée en 1439[7].
Art et culture
- Développement artistique et architectural de Texcoco au Mexique sous le règne de Nezahualcóyotl (1431-1472).
- L’humaniste Guarino da Verona, invité à Ferrare en 1429 par Nicolas d'Este pour y être le précepteur de son fils Lionel, y fonde une célèbre École qui est intégrée à l'université crée en octobre 1442[8] .
- Le chroniqueur portugais Fernão Lopes écrit de 1430 à 1450 la Chronique de D. Pedro, la chronique de D. Fernando et les débuts de la Chronique de D. João.
- Début en 1435 de la controverse entre Guarino Veronese et Poggio Bracciolini (le Pogge) au sujet des mérites comparés de César et de Scipion[9], dont l'enjeu s'inscrit dans le cadre des luttes politiques de l'Italie du Quattrocento, où la tentation de la tyrannie, associée à la guerre civile, préoccupait les esprits et nourrissait les écrits.
- L’humaniste italien Enea Silvio Piccolomini s’installe à Vienne en 1437[10].
- Le prélat allemand Nicolas de Cues est envoyé en Orient par le concile de Bâle en 1437. Il en revient avec la délégation grecque au concile de Ferrare, dont Jean Bessarion, archevêque de Nicée, qui apporte avec lui à Florence de nombreux manuscrits qu’il lèguera à Venise. Les Grecs qui l’accompagnent transmettent leurs connaissances à leurs hôtes italiens.
- Thomas Conecte dénonce la corruption de l'Église.
- 179 ouvrages sont inventoriés dans la succession du bibliophile Astruc de Sestier, mort vers 1439[11] : le Talmud, des gloses talmudiques, des bibles, des ouvrages de liturgie, les traités de Rashi, des livres de médecine, de philosophie, de mathématique, d’astronomie, des commentaires d’Aristote, Averroès, Avicenne, Maïmonide traduit par les Tibbon, l’essentiel de la controverse de Rambam et d’autres livres « espagnols » : les Questions-Réponses de Salomon ben Adret, d’Isaac ben Chechet, le Khusari de Jeuda ha-Levi, un traité de Shem Tov Falaquera de Tudela « sur les divers degrés de la perfection intellectuelle », etc.
- Archéologie : l'humaniste Flavio Biondo commence les fouilles du Forum Romain.
Littérature
- L’humaniste Lorenzo Valla publie De voluptate en 1431. Il oppose un modèle de vie simple et naturelle à l'esprit de renoncement chrétien. Il prend position dans une série d’écrits contre le pouvoir temporel du pape.
- Les Facéties (Liber Facetiarum), de Poggio Bracciolini dit le Pogge, écrites entre 1438 et 1452.
- Nicolas de Cues écrit en 1439 Reformatio Sigismundi (Mémoire sur la réforme de l'Empire)[12].
Musique
- Le compositeur Guillaume Dufay compose des motets, messes et chants profanes polyphoniques. Il écrit notamment le Motet Nuper rosarum flores pour la consécration de la cathédrale de Florence en 1436. Il devient chanoine à la cathédrale de Cambrai. Il n’y prend définitivement ses fonctions qu’à la fin des années 1440, après avoir séjourné à la cour de Savoie et, peut-être, à celle de Bourgogne. Il fait alors de Cambrai sa résidence permanente et un centre de rayonnement musical.
- À la mort de Jeanne de Navarre, le compositeur John Dunstable travaille pour le duc de Gloucester.
Économie et société
- Budget de l’État en France : 52,5 tonnes d’équivalent argent en 1430.
- Les revenus annuels de la république de Venise se montent à 1 100 000 ducats en 1432, à égalité avec la Bourgogne, la France ou l’Angleterre. Milan ou Florence disposent de 300 000 ducats. Les rentes du Levant lui apportent 180 000 ducats, la « Terre Ferme » 300 000, Venise elle-même plus de 600 000. Les territoires qu’elle domine de l’Isonzo à l’Adda lui apportent de nouvelles ressources agricoles et industrielles, ainsi qu’un marché intérieur susceptible d’absorber les marchandises importées.
- Angleterre : la franchise (condition à remplir pour bénéficier du droit de vote au Parlement) est fixée pour les habitants des comtés à la possession en franc-tenure d’un bien foncier rapportant au moins 40 shilling de revenu par an. Les modalités des bourgs sont précisées dans leur charte de privilèges et varient de l’un à l’autre.
- Stagnation des prix agricoles et hausse des salaires en Allemagne : En 1437 le chapitre de la cathédrale de Lübeck ne reçoit plus que le tiers de ses revenus de 1352 alors que les frais d’exploitations ont considérablement augmenté[13].
- La division du travail est de plus en plus marquée : le métier des forgerons se scinde à Munich en trois métiers (maréchaux-ferrants, fabricants de faux, armuriers)[14].
- En Hongrie, 30 villes comptent entre 3000 et 5000 habitants. Buda atteint 8000 âmes.
- La lutte de Sigismond contre les Ottomans a entraîné de fortes dépenses pour la Hongrie. Sigismond doit aliéner une partie du domaine royal, qui à sa mort en 1437 ne représente que 5 % du territoire contre 15 % à la mort de Louis d'Anjou. Parmi les bénéficiaires de ces aliénations se trouve au premier rang la famille des Cilli, dont le roi avait épousé une fille en secondes noces.
- Peste à Vienne en 1436. L’épidémie a emporté de la fin du XIIIe au début du XIVe siècle 40 % de la population autrichienne. De nombreux villages sont désertés. L’inquiétude de la population s’est manifesté par des processions de flagellants et des pogromes antijuifs.
- Stabilisation de la monnaie au Portugal (1435-1436)[15]. Retour à la frappe de l’or.
- Selon Gemiste Pléthon (1439), la plus grande partie de la population du Péloponnèse vit du travail de la terre.
Notes et références
- Histoire de l'empire d'Autriche, par Karl Heinrich Joseph Coeckelberghe-Duetzele Éditeur C. Gerold, 1845
- Georges Comet, Le paysan et son outil : essai d'histoire technique des céréales, École française de Rome, (ISBN 9782728302468, lire en ligne)
- A dictionary of printers and printing, par Charles Henry Timperley Éditeur H. Johnson, 1839
- Voyage au Mexique, par Désiré Charnay, Pascal Mongne Ginkgo éditeur, 2004 (ISBN 2-84679-001-9 et 9782846790017)
- Le système du monde, par Pierre Maurice Marie Duhem Éditeur A. Hermann, 1959
- Géographie universelle, par Conrad Malte-Brun Éditeur Boulanger et Legrand, 1864
- The Jewish Contribution to Civilisation, par Cecil Roth
- Centuriae Latinae, par Colette Nativel, Jacques Chomarat Librairie Droz, 1997 (ISBN 2-600-00222-7 et 9782600002226)
- Voir le livre récent de Davide Canfora, « La controversia di Poggio Bracciolini e Guarino Veronese su Cesare e Scipione » (Florence, Olschki, Fondation Luigi Firpo, Centre d'études sur la pensée politique, 2001).
- Chantal Grell, Les historiographes en Europe de la fin du moyen âge à la révolution, Presses Paris Sorbonne, (ISBN 9782840504092, présentation en ligne)
- Héritages de Rachi, de René-Samuel Sirat, David Banon, Institut universitaire Rachi Troyes
- Martin Luther, par Marc Lienhard Éditeur Labor et Fides, 1998 (ISBN 2-8309-0625-X et 9782830906257)
- L'Occident aux XIVe et XVe siècles, par Jacques Heers Presses universitaires de France, 1970
- La face cachée du Moyen Âge, par Isaac Johsua Éditeur La Brèche, 1988 (ISBN 2-902524-62-5 et 9782902524624)
- António Henrique R. de Oliveira Marques, Mário Soares, Jean-Michel Massa, Marie-Hélène Baudrillart, Histoire du Portugal et de son empire colonial, KARTHALA Editions, (ISBN 2865378446, lire en ligne)