Anita Sarkeesian

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Anita Sarkeesian
Anita Sarkeesian en 2011.
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Canadienne
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Anita Sarkeesian (née en 1983) est une vidéoblogueuse féministe américano-canadienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Anita Sarkeesian naît près de Toronto[1] dans une famille d'origine arménienne[2]. Elle obtient un baccalauréat universitaire (licence) en communication de l'université d'État de Californie à Northridge, ainsi qu'une maîtrise en sociologie et politique de l'université York. Son mémoire s'intitule I'll Make a Man Out of You: Strong Women in Science Fiction and Fantasy Television[3],[4],[5].

Feminist Frequency[modifier | modifier le code]

Fin , Anita Sarkeesian créé le compte FeministFrequency sur YouTube et met en ligne sa première vidéo. Fin , elle lance le site feministfrequency.com, dont le but est de « déconstruire la représentation des femmes dans les médias »[4],[6].

Son blog est spécialisé en sociologie des médias en traitant notamment de la représentation des femmes dans la culture populaire. Ses vidéos analysent l'usage de dispositifs narratifs et de clichés pour décrire les femmes dans la culture populaire.

En 2011, Sarkeesian réalise une série de six vidéos intitulée Tropes vs. Women[note 1] pour le magazine féministe Bitch[2]. Elle y critique la représentation des femmes au cinéma et dans les séries télévisées[7].

En 2017, à l'occasion de la sortie du jeu The Legend of Zelda: Breath of the Wild, Anita Sarkeesian déclare sur Feminist Frequency que si le gameplay du jeu est bon, « il n'excuse absolument pas son usage de vieux schémas sexistes », et s'en prend aux critiques qui ont décerné des notes record au jeu, arguant que « cela montre qu'ils n'ont aucun égard pour la manière dont les femmes sont représentées dans les jeux vidéo »[8]. Or, des critiques considèrent que le scénario de ce jeu met en scène la princesse Zelda en tant qu'héroïne combattante et indépendante, bien loin d'un schéma de demoiselle en détresse, et suggèrent que Sarkeesian n'avait pas réellement joué au jeu ni lu un synopsis détaillé[8],[9],[10]. Kevin Binversie pense que la franchise Zelda a su progressivement s'abstraire du schéma de la « demoiselle en détresse » par une héroïsation progressive du personnage-titre[10].

Tropes vs. Women in Video Games[modifier | modifier le code]

En 2012, la société de développement de jeux vidéo Bungie Studios invite Sarkeesian à s'exprimer sur la création de personnages féminins forts et indépendants, ce qui la motive à étudier le sujet plus en détail[7]. Elle lance un appel aux dons sur le site Kickstarter afin de réaliser une nouvelle série sur la représentation des femmes dans les jeux vidéo, baptisée Tropes vs. Women in Video Games. La campagne dépasse son objectif, fixé à 6 000 dollars, et permet de récolter près de 158 922 dollars[11],[12]. À la suite de son appel, elle est harcelée moralement (menace de mort, de viol, insultes sexistes, détournement de photos en images pornographiques)[12],[13].

Un internaute crée un jeu consistant à la battre jusqu'à la défigurer[14]. Il se justifie en avançant qu'il voulait attirer son attention, tout en l'accusant de refuser toute critique de son travail[15]. Sarkeesian reçoit également des témoignages de soutien[5],[16].

Sarkeesian est invitée à s'exprimer durant la conférence TEDxWomen 2012[6] et la Game Developers Conference 2013[17].

En , Sarkeesian annonce avoir contacté les autorités pour des menaces de mort et de viol portées contre elle et sa famille[18]. Elle est souvent citée parmi les principales cibles du mouvement antiféministe avec Brianna Wu et Zoë Quinn[19],[20],[21],[22],[23].

Prix, mentions et nominations[modifier | modifier le code]

En 2012, le magazine Gamasutra considère le succès de Feminist Frequency comme faisant partie des grandes tendances qui redéfinissent l'industrie du jeu vidéo[24].

En 2013, la National Academy of Video Game Trade Reviewers présente un prix honorifique à Sarkeesian pour son travail de recherche exhaustif sur l’utilisation des stéréotypes féminins dans les jeux vidéo et la création d'une série de vidéos sur le stéréotype de la demoiselle en détresse[25].

En 2014, Sarkeesian devient la première femme à être récipiendaire du prix Ambassador Award aux Game Developers Choice Awards[26]. La même année, elle est également nommée pour le prix Ambassador Award au Microsoft's Women in Gaming Awards[27].

À la suite des menaces qu'elle a subies lors de la controverse du Gamergate, le magazine Rolling Stone la nomme en 2014 « plus précieuse critique de la culture populaire[28]. »

Son travail d'analyse sur la représentation des genres en culture populaire et le harcèlement de nature sexiste auquel elle fait ensuite face lui valent plusieurs mentions dans de prestigieux magazines tels que The Verge, Time et Cosmopolitan[29],[30],[31].

En 2015, elle figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes dans le monde du Time 100[32].

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Anita Sarkeesian » (voir la liste des auteurs).
  1. Le terme anglais Trope désigne tout un ensemble de techniques narratives, de dispositifs littéraires, de topoï et de clichés ou de mèmes, qui se retrouvent dans de multiples œuvres de l'esprit. Ainsi, la demoiselle en détresse ou le fusil de Tchekhov sont des tropes.
  1. (en) Oliver Moore, « Woman's call to end video game misogyny sparks vicious online attacks », The Globe and Mail,
  2. a et b (en) Emily Greenhouse, « Twitter’s Free-Speech Problem », The New Yorker,
  3. (en) Sophie Perrault, « My Interview with Feminist Frequencys Anita Sarkeesian », TextAppeal,
  4. a et b (en) Anita Sarkeesian, « About Feminist Frequency », Feminist Frequency
  5. a et b (en) Angela Watercutter, « Feminist Take on Games Draws Crude Ridicule, Massive Support », Wired,
  6. a et b (en) « Anita Sarkeesian at TEDxWomen 2012 », Conférence TED,
  7. a et b (en) Sheelah Kolhatkar, « The Gaming Industry's Greatest Adversary Is Just Getting Started », Bloomberg,
  8. a et b (en) « A response to Anita Sarkeesian’s criticism of The Legend of Zelda: Breath of the Wild », sur thegg.net, .
  9. (en) William Hicks et Kyle Foley, « Feminist Frequency Rails Against Legend of Zelda’s ‘Sexist Plot,’ Without Knowing Plot », sur heatst.com,
  10. a et b (en) « Zelda Is Gaming's Most Evolved Female Character », sur weeklystandard.com, .
  11. (en) Jesse Singal, « Taking on games that demean women », The Boston Globe,
  12. a et b Camille Gévaudan, « Des clichés qui touchent le fonds », Libération,
  13. Helen Lewis du The New York Times rapporte que Sarkeesian a reçu par courriel des images la montrant être violée par des personnages de jeux vidéo : Lewis, Helen (December 25, 2012). "Game Theory: Making Room for the Women", The New York Times.
  14. (en) Emma Woolley, « Why it’s important to talk about Tropes vs. Women In Video Games », Financial Post,
  15. (en) Carol Pinchefsky, « Feminist Blogger Is a Victim of a Vicious Videogame Retaliation », Forbes,
  16. Sophie-Pierre Pernaut, « Laci Green et Anita Sarkeesian victimes de harcèlement », MadmoiZelle,
  17. (en) Adi Robertson, « Turning the tables on trolls: 'Tropes vs. Women' creator talks harassment at GDC », The Verge,
  18. William Audureau, « Une féministe spécialiste des jeux vidéo victime de menaces de mort », Le Monde,
  19. (en) Nick Wingfield, « Feminist critics of video games facing threats in 'GamerGate' campaign », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. (en) Hari Sreenivasan, « #Gamergate leads to death threats against women in the gaming industry », PBS NewsHour,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « That sparked a campaign that came to be dubbed GamerGate, highlighting perceived corruption among video game journalists. From there, GamerGate has grown to include outright harassment of women like Quinn and Sarkeesian who work in or critique the industry. Threats on Twitter even forced Brianna Wu, another game developer, to leave her Boston area home after her address was made public. »

  21. (en) Abigail Elise, « What Is The GamerGate Scandal? Female Game Developer Flees Home Amid Online Threats », International Business Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Eliana Dockterman, « What is #GamerGate and why are women being threatened about video games? », Time,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (en) Jesse Singal, « The Gamergate controversy », The Boston Globe,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. (en) Kris Graft, « The 5 trends that defined the game industry in 2012 », sur www.gamasutra.com (consulté le ).
  25. (en-US) admin, « 2013 NAVGTR Winners | NAVGTR » (consulté le ).
  26. (en) « Game Developers Choice Online Awards | Archive | Ambassador », sur www.gamechoiceawards.com (consulté le ).
  27. (en) Kris Ligman, « Anita Sarkeesian, more up for nominations at Women in Gaming Awards », sur www.gamasutra.com (consulté le ).
  28. (en-US) Sean T. Collins et Sean T. Collins, « Anita Sarkeesian on GamerGate: 'We're Going to Fix This' », sur Rolling Stone, (consulté le ).
  29. (en) « Anita Sarkeesian | The Verge 50 », sur TheVerge.com (consulté le ).
  30. (en) « These Are The 30 Most Influential People on the Internet », sur Time (consulté le ).
  31. (en-US) Jill Filipovic, « Anita Sarkeesian Is Fighting to Make the Web Less Awful for Women – And Getting Death Threats in the Process », sur Cosmopolitan, (consulté le ).
  32. (en) « Anita Sarkeesian », sur Time (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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