André Ulmann

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
André Ulmann
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Lieu de détention

André Ulmann, né le dans le 16e arrondissement de Paris[1] et mort le à l'Hôpital Cochin dans le 14e arrondissement[2], est un journaliste français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Après son premier et son second baccalauréat (lettres et maths), André Ulmann mène de front des études de droit et de lettres et commence une carrière de journaliste à l’Information sociale. Il rencontre Jacques Maritain, qui le présente à Emmanuel Mounier, et devient secrétaire de rédaction de la revue Esprit en 1932.

Approché par André Chamson, il devient secrétaire de rédaction de l'hebdomadaire Vendredi peu après sa création en 1935[3].

À la fin de la guerre d'Espagne, il participe au côté de Charles Tillon à l'évacuation vers la France des républicains espagnols[3].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il crée, en tant qu'ancien prisonnier de guerre, avec Michel Cailliau, le Mouvement de résistance des prisonniers de guerre et déportés (MRPGD). Passé dans la clandestinité sous le nom d'Antonin Pichon, il effectue des missions en Suisse et en Allemagne[4]. Arrêté en 1943, il est déporté en 1944 au camp de concentration de Mauthausen, puis, en raison de sa connaissance de l'allemand, au Kommando de Melk, et enfin au camp d'Ebensee. À Melk, sous sa fausse identité, il organise une résistance interne qui permet de sauver de nombreux détenus de toutes nationalités (Espagnols, Yougoslaves, Hongrois, Tchèques, Français et Allemands)[5].

À son retour en France, il est délégué à l'Assemblée consultative provisoire (juillet-).

Après la Libération de la France, il reprend son métier de journaliste. Il devient rédacteur en chef du journal Les Étoiles, puis de l'hebdomadaire La Tribune des Nations. Selon les archives du KGB apportées par le transfuge Vassili Mitrokhine, ce journal (nom de code : École pour le KGB), envoyé aux ministères et aux principaux décideurs ainsi qu'à de nombreuses ambassades, a bénéficié largement de 3 500 000 francs français versés en 24 ans par l'Union Soviétique à André Ulmann[6],[7]. La Tribune des Nations défend les positions diplomatiques de l'URSS[8].

En 1946, selon son dossier au KGB, Ulmann a secrètement adhéré au Parti communiste français[6]. La même année, selon Thierry Wolton, il aurait été recruté par le NKVD sous le nom de code de Durant. Pour cet auteur, qui écrivit sans disposer des archives Mitrokhine, il est impossible d'affirmer avec certitude qu'André Ulmann fut un agent d'influence soviétique malgré son rôle déterminant dans l'affaire Kravchenko. Wolton pense qu'André Ulmann n'avait jamais appartenu au Parti communiste[9]. En revanche, Edgar Morin, qu'Ulmann a recruté au MRPGD en mai 1943, le soupçonne d'être devenu un « sous-marin » du Parti communiste dès avant la guerre ; il étaye ce soupçon par une intervention auprès du Parti dont Ulmann lui fait part lors de son recrutement[10].

André Ulmann écrit en 1947 un article signé Sim Thomas, censé être un journaliste américain, affirmant que le livre J'ai choisi la liberté du transfuge soviétique Victor Kravtchenko est un faux et son auteur un ivrogne, manipulé par les services secrets américains[11]. Publié par Les Lettres françaises, journal proche du Parti communiste, ce texte sert de motif à un procès en diffamation largement médiatisé à l'époque[12]. Ce n'est qu'à la publication en 1979 des mémoires de Claude Morgan, directeur du journal, que sera révélée la véritable identité de l'auteur de l'article[13].

Les archives Mitrokhine affirment qu'André Ulmann était également un agent des services de la république populaire de Pologne, en 1948, sous le nom de code de Yuli[6].

Celui qui se présentait comme un humaniste de gauche est qualifié d'intellectuel progressiste par Thierry Wolton.

Hommage[modifier | modifier le code]

En 1992, son nom est donné au jardin André-Ulmann à Paris, 28 avenue Brunetière, dans le 17e arrondissement.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Le Quatrième Pouvoir, police, Fernand Aubier, 1935.
  • L'Humanisme du XXe siècle, Enfant poète, 1946.
  • La Conjuration des habiles, Jean Vigneau, 1946.
  • André Ulmann et Henri Azeau, Synarchie et pouvoir, Paris, Julliard, 1968.
  • Poèmes du camp, Julliard, 1969.
Article

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris 16e, acte de naissance no 1056, année 1912 (avec mention marginale de décès) (page 29/31)
  2. Archives de Paris 14e, acte de décès no 3661, année 1970 (page 8/31)
  3. a et b Bernard Laguerre, « Ulmann André, Maurice », sur maitron.fr (consulté le ).
  4. André Ulmann - Antonin Pichon (1912-1970), Caroline Ulmann, Site officiel de l'Amicale de Mauthausen - déportés, familles et amis (association créée par André Ulmann).
  5. Jean Varnoux, Clartés dans la nuit : la Résistance de l'Esprit, Neuvic-Entier, La Veytizou, , 304 p. (ISBN 978-2-907261-54-8), p. 116 - 123.
  6. a b et c (en) Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine, The Sword and the Shield : The Mitrokhin Archive and the Secret History of the KGB, New York, Basic Books, (1re éd. 1999), 700 p. (ISBN 978-0-465-00312-9), p. 461-462 (édition française : Christopher Andrew et Vassili Mitrokhine, Le KGB contre l'Ouest 1917-1991 : les archives Mitrokhine, Paris, Fayard, (1re éd. 1999), 983 p. (ISBN 978-2-213-60744-3)).
  7. La presse parisienne doute de l'ampleur de l'ancien réseau soviétique, letemps.ch, 17 septembre 1999.
  8. Alain Frachon, « Le KGB avait tissé un vaste réseau d'influence en France », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Le KGB en France, Thierry Wolton, Grasset.
  10. Edgar Morin, Les souvenirs viennent à ma rencontre, Paris, Arthème Fayard / Pluriel, , 731 p. (ISBN 978-2-818-50639-4), p. 245-248
  11. « LE PROCÈS KRAVCHENKO - " LETTRES FRANÇAISES " est avant tout un match de propagande entre Washington et Moscou », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. Liora Israël, Un procès du Goulag au temps du Goulag ? L'affaire Kravchenko (1949), Critique internationale, 2007/3 (no 36), pages 85 à 101.
  13. Les « don Quichotte » et les autres, Paris, éd. Guy Roblot, 1979.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Goldschmidt et Suzanne Tenand-Ulmann (préf. Maurice Schumann), Andre Ulmann ou le juste combat, Paris, Société des Éditions internationales, , 233 p. (ouvrage dans la préface duquel Maurice Schumann salue « la présence du polémiste intransigeant et serein d’Esprit et de La Tribune des nations, du militant, du prisonnier, du soldat de l’ombre et du camp »).
  • Thierry Wolton, Le KGB en France, Paris, Bernard Grasset, (ISBN 978-2-246-34151-2).

Liens externes[modifier | modifier le code]