Amédée Bonnet

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Amédée Bonnet
Amédée Bonnet en 1850.
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Vue de la sépulture.

Amédée Bonnet, né le à Ambérieu (Ain) et mort le à Lyon, est un médecin français, chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Lyon, membre de l'Académie de médecine. Il est l'un des précurseurs de la chirurgie orthopédique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Naissance et environnement familial[modifier | modifier le code]

Amédée Bonnet est né à Ambérieu (Ain) le [1]. Après des études au collège de Belley (Ain), il s’installe à Lyon, où il obtient en 1825, le titre de bachelier ès lettres, puis à Grenoble, où il décroche le baccalauréat ès sciences.

Son père, Joseph Bonnet (1760-1839) est médecin, juge de paix et percepteur à Ambérieu.

Il est apparenté à la puissante famille bugiste Bonnet. En effet, son cousin germain, Claude-Joseph a fondé les Établissements C.J. Bonnet dont le rayonnement est international.

Études[modifier | modifier le code]

Amédée s’oriente vers la médecine ; à l'issue d’une année préparatoire à Lyon, il gagne la capitale où il est accueilli par Richerand, chirurgien à l'hôpital Saint-Louis et ami du père d'Amédée : externe des Hôpitaux de Paris en 1827, interne en 1828 (il est major de la promotion et n'a alors que 19 ans), il obtient en 1831 le Grand Prix, la médaille d’or de l’École pratique. Cette distinction attire l'attention sur lui, en particulier celle d'Armand Trousseau qui le choisit comme collaborateur.

Le , il soutient sa thèse de doctorat intitulée Recherches sur quelques points de physiologie et de pathologie, tels que la surdité, les luxations, le mouvement des cotes, le siège des rhumatismes. Il la dédie non seulement à Trousseau mais aussi à Richerand et Récamier qui l'ont aidé au cours de ses études.

Chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Lyon[modifier | modifier le code]

Muni de son diplôme de docteur en médecine, Amédée Bonnet continue à étudier à Paris, lorsque le poste de chirurgien-major de l’Hôtel-Dieu de Lyon[2] est mis au concours[3] en  ; à l’issue des épreuves, A. Bonnet est nommé chirurgien aide-major de l’Hôtel-Dieu, pour remplacer M. Bajard, dont les fonctions prenaient fin le .

Lors de la deuxième révolte des canuts en 1834, ce jeune chirurgien aide-major brave l'interdiction de quitter l'Hôtel-Dieu pour aller soigner les insurgés blessés, réfugiés dans l'église Saint-Bonaventure. Il y reste deux jours avant de s'opposer à l'entrée des soldats dans l'église[4].

Chirurgien-major depuis le , il est nommé à la même date professeur de clinique chirurgicale à l’École Préparatoire de Lyon ; malgré une intense activité chirurgicale et les obligations liées à ses cours, il publie de nombreux mémoires : « Fractures du col du fémur et de l’humérus 1839 », « Cure radicale des varices 1839 », « Lithotritie 1842 ».

A la suite de ses fonctions de chirurgien-major en 1843, il poursuit son activité hospitalière en qualité de professeur de clinique chirurgicale et cela jusqu'à sa mort en 1858. Il a une passion pour l'enseignement « /.../ personne ne se lassait d’un enseignement toujours préparé avec soins, clair, méthodique et dans lequel on récolte sans fatigue le fruit d’une raison supérieure et d’une vaste expérience (J. Garin)[5]. »

A l’issue d’un séjour à Naples en 1858, à l’invitation de l’un de ses collègues, le professeur Palacciano, qu’il ressent les premières douleurs lombaires, prémices d'une paraplégie. À la nouvelle de la maladie d'Amédée Bonnet, le maréchal de Castellane, gouverneur de la ville dont le quartier général se trouve proche du domicile du médecin, fait étendre de la paille dans les rues avoisinantes pour assourdir le bruit des sabots des chevaux et supprimer les sonneries du clairon du salut aux couleurs[6]. Le malade trouve la force de signer sa lettre de remerciements le [7]. Amédée Bonnet meurt à 49 ans, le , à Lyon[8].

Les journaux scientifiques consacrent des articles au chirurgien disparu, des éloges sont prononcées dans les sociétés savantes dont il est membre.

Statue d'Amédée Bonnet.

Une souscription publique est ouverte pour élever un monument à sa mémoire : le , la statue en pied d’Amédée Bonnet est inaugurée dans la cour Saint-Martin de l'Hôtel-Dieu[9], réalisée par le sculpteur Guillaume Bonnet (1820-1873). En 2018, son nom est donné à une place de l'Hôtel Dieu sur laquelle se trouve sa statue. Le , une plaque commémorative est apposée sur la maison natale d'Ambérieu. Un buste du médecin est disposé à la mairie de la commune[9].

Un médaillon en plâtre à son effigie, réalisé en 1857 par le sculpteur François-Felix Roubaud est conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon[10].

Publications[modifier | modifier le code]

Le premier ouvrage important est publié en 1841 : « Traité des sections tendineuses et musculaires ». Ce traité fait sensation à l’époque, car il évoque la possibilités de traiter des pathologies qui ne menacent pas l’existence et qui sont considérées jusqu’alors au-delà des ressources thérapeutiques, ce qui est le cas du strabisme, des pieds bots ou les déformations des genoux.

C’est à partir de 1843, dégagé de plusieurs fonctions, qu’il élabore ses ouvrages sur les « Maladies articulaires » ; le premier de ces ouvrages lui vaut la croix de chevalier de la Légion d’Honneur (), le second est couronné par l’Académie des Sciences et lui permet d’obtenir le titre de membre correspondant de l’Institut le , en succédant à Mathieu Orfila. Ses travaux, en particulier ceux concernant les immobilisations articulaires jettent la base de la chirurgie orthopédique ; Louis Léopold Ollier (1830-1900), qui est considéré comme le créateur de la chirurgie orthopédique moderne fut l’un de ses élèves. Il publie de nombreux articles dont « Influence des lettres et des sciences sur l’éducation » en  : « Du vrai au bien dit-il, il n’y a qu’un pas, tant le rapprochement est intime entre ce qui éclaire notre esprit et ce qui moralise notre cœur » : cette pensée éclaire les nobles aspirations de toute sa vie et il qualifie cette partie de son œuvre de « médico-morale ». Un second discours, daté de (« De l’oisiveté de la jeunesse dans les classes riches ») constitue un avertissement à la jeunesse dorée et « nul n’a mieux prouvé que là où la vie est oisive, il y a des risques d’instabilité et de ruine (M. Patel)[11]. »

Sociétés savantes[modifier | modifier le code]

Membre correspondant de l’Académie Royale de Médecine depuis 1840, il devient associé national de l’Académie Impériale de Médecine, le . En , la Société de Chirurgie de Paris, le nomme membre correspondant.

A. Bonnet est élu président de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon en 1856 et 1857[1]. il est membre correspondant ou associé de diverses sociétés savantes européennes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dict. Académiciens de Lyon, p. 187.
  2. Un seul chirurgien-major, suppléé par un aide-major, s'occupe de quatre cents lits de chirurgie ; il est chargé de la surveillance des 17 élèves-internes, y compris ceux de médecine. Celui-ci doit rester célibataire le temps de sa fonction (jusqu'en 1879), et doit loger à l'hôpital (logement libre en ville à partir de 1885).
  3. Les épreuves se déroulent du 20 au 28 mai 1833 ; les candidats sont au nombre de trois (Bonnet, Cobral et Pieffer) ; première question : De l'anthrax et de la pustule maligne, seconde question : De la phlébite, troisième question : Description des vois urinaires ; épreuve : Désarticulation de l'épaule.
  4. H. Pansu, ouvrage cité, T. II, p. 388-389.
  5. Journal l’Illustration 28 janvier 1859
  6. D'après Maurice Patel, lettre à l'Académie de Lyon, 1954.
  7. . Cette lettre et la réponse du maréchal sont publiées dans D. Pézerat et J. Galard, Petite chronique de la famille Bonnet, p. 50-51.
  8. Dict. Académiciens de Lyon, p. 188.
  9. a et b Fischer 1996, p. 449
  10. Barbillon, Claire, et Musée des beaux-arts (Lyon, France),, Sculptures du XVIIe au XXe siècle : Musée des beaux-arts de Lyon, Paris/Lyon/impr. en République tchèque, Somogy éditions d'art / Musée des beaux-arts de Lyon, 592 p. (ISBN 978-2-7572-1269-1 et 2757212699, OCLC 1007810976, lire en ligne)
  11. Biographies médicales no 7 (juillet 1935)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joseph Garin, Le Docteur Bonnet : sa vie et ses funérailles, Lyon, A. Vingtrinier, 1859 (OCLC 492628107).
  • Collectif, Inauguration de la statue du docteur Bonnet à Lyon en 1862 : Discours prononcés à cette cérémonie, 1862 (OCLC 37444312).
  • Jacques de Fourmestraux, Histoire de la chirurgie française : 1790-1920, Masson & Cie, Paris, 1934.
  • Maurice Patel, « Amédée Bonnet : 1809-1858 », extrait de Biographies médicales : notes pour servir à l'histoire de la médecine et des grands médecins, 9e année, no 7, , Paris, J-B. Baillère et fils, 1935 (OCLC 495441457).
  • Jules Guiart, L’École médicale lyonnaise : catalogue commenté de la section régionale du musée historique de la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon, Paris, Masson & Cie, 1941.
  • M. Charotte, Biographie d'Amédée Bonnet, novateur de la chirurgie ostéo-articulaire 1809-1858, Thèse de médecine, Lyon 1980, inspirée par L. Fischer.
  • Henri Pansu, Claude-Joseph Bonnet : Soierie et société à Lyon et en Bugey au XIXe siècle, t. 1, 2003 (ISBN 2-9508612-4-5), p. 150-153 et t. 2, 2006, (ISBN 2-9508612-7-X), p. 388-397, Lyon et Jujurieux.
  • Louis P. Fischer, « Amédée Bonnet : Chirurgien major de l'Hôtel-Dieu de Lyon, novateur de la chirurgie ostéo-articluaire et homme de lettres », Histoire des sciences médicales, t. XXX, no 4,‎ , p. 449-458
  • Jacques Chevallier et Dominique Saint-Pierre (dir.), « Bonnet, Amédée (1809-1858) », dans Dictionnaire historique des Académiciens de Lyon : 1700-2016, Lyon, éd. ASBLA de Lyon, (ISBN 978-2-9559-4330-4, présentation en ligne), p. 187-189. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]