Aminata Dramane Traoré

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Aminata Dramane Traoré
Aminata Traoré en 2015
Fonction
Ministre de la Culture et du Tourisme (d)
-
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Distinctions

Aminata Dramane Traoré est une femme politique et écrivaine malienne, née le à Bamako (Mali).

Biographie[modifier | modifier le code]

Née en 1947 dans une famille modeste de douze enfants, Aminata Traoré a fréquenté l’école Maginot. Elle a étudié en France à l’université de Caen. Elle est titulaire d’un doctorat de 3e cycle en psychologie sociale et d’un diplôme de psychopathologie. Chercheuse en sciences sociales, elle a enseigné à l’Institut d’ethnosociologie de l’université d’Abidjan (Côte d’Ivoire) et travaillé pour plusieurs organisations régionales et internationales[1].

Elle est nommée ministre malienne de la Culture et Tourisme sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré entre 1997 et 2000.

Aminata Dramane Traoré est aussi chef d’entreprise à Bamako. Elle est propriétaire d'un restaurant-galerie de luxe[2], le San-Toro, et d’une maison d’hôtes pour touristes ou riches Maliens, le Djenné, qu’elle a fait construire avec des matériaux locaux[3].

Engagement altermondialiste[modifier | modifier le code]

Militante altermondialiste, elle s’est engagée dans le combat contre le libéralisme, qu’elle considère comme responsable du maintien de la pauvreté au Mali et en Afrique en général. Aminata Dramane Traoré souhaite que les États africains cessent de suivre les injonctions des pays occidentaux qui se traduisent par « les plans et programmes des banquiers internationaux et des grandes puissances du Nord » et qui conduisent à la pauvreté des populations et engendrent les phénomènes de violence et l’émigration vers l’Europe d’une grande partie de la jeunesse désabusée. Elle demande aux gouvernants africains de réagir face au néocolonialisme[4].

Aminata Dramane Traoré a pris position en faveur du président zimbabwéen Robert Mugabe dans la gestion de son pays, considérant que ce qu’on reproche au dictateur (la faillite de l’économie, le non-respect des droits de l’Homme, l’appauvrissement de la population) serait dû en grande partie à la politique menée par l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, et au non-respect de ses engagements[5]. Elle renvoie les « donneurs de leçons », c’est-à-dire selon elle les pays "occidentaux", à leurs propres manquements (guerre contre l’Irak, crise économique, politique migratoire...)

Elle coordonne les activités du Forum pour un autre Mali et était responsable de l’organisation du troisième volet à Bamako du Forum social mondial polycentrique de 2006[6].

En , elle participe à la conférence internationale « Bandung du Nord », organisée par le Decolonial International Network afin de « questionner la mémoire coloniale »[7], à laquelle participe aussi les militants antiracistes Angela Davis et Fred Hampton Jr. (en), ou encore le journaliste Muntadhar al-Zaidi.

En , Aminata Dramane Traoré et une cinquantaine d'intellectuels publient une déclaration demandant l'ouverture d'un débat « populaire et inclusif » sur la réforme du Franc CFA en cours en indiquant que « la question de la monnaie est fondamentalement politique et que la réponse ne peut être principalement technique »[8]. Aminata Dramane Traoré est interviewée sur la chaîne Thinkerview, qui l'interroge sur ses avis concernant de nombreux aspects géopolitiques de l'influence française sur les anciennes colonies françaises, de la gouvernance malienne et d'autres thèmes au sujet de l'Afrique[9].

Activités éditoriales[modifier | modifier le code]

En 1999, elle publie l'Étau, un essai dénonçant la politique des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international, Banque mondiale) qui imposent la mise en place de plans d’ajustement structurel qui ne font qu’appauvrir les populations africaines.

En 2002, dans le Viol de l’imaginaire, elle dénonce les mécanismes privant l’Afrique de ses ressources financières, naturelles et humaines.

En 2005, elle publie une Lettre au président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général où elle analyse les crises africaines dans le « pré carré français » à la lumière de la mondialisation libérale.

En 2008, elle publie l’Afrique humiliée où elle critique vivement le discours qu'elle considère comm raciste et néocolonialiste de Nicolas Sarkozy à Dakar en juillet 2007[10].

Elle participe, avec Jean-Louis Martinelli, à l'écriture de la pièce Une nuit à la présidence, qui sera mise en scène par Jean-Louis Martinelli au Théâtre Nanterre-Amandiers, en 2014[11]. Aminata Dramane Traoré apparaît en tant que témoin, dans le film Bamako d'Abderrahmane Sissako.

Distinctions et décorations[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Femmes d'Afrique: douloureux ajustement, Éditions Actes Sud, 1995
  • L’Étau, Éditions Actes Sud, 1999
  • Le Viol de l’imaginaire, Éditions Fayard, 2002
  • Lettre au président des Français à propos de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique en général, Éditions Fayard, 2005
  • L’Afrique humiliée, Éditions Fayard, 2008
  • L'Afrique mutilée, Taama Éditions, 2012

Articles et préfaces[modifier | modifier le code]

  • « Ainsi nos œuvres d’art ont droit de cité là où nous sommes, dans l’ensemble, interdits de séjour », , [1] sur educationsansfrontieres.org.
  • Préface, in Martine Boudet (coord.), Urgence antiraciste-Pour une démocratie inclusive, Paris, Le Croquant, 2017.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Traoré Aminata Dramane Sociologue, Ancienne ministre de la culture du Mali, interview sur Malikounda, 18 août 2004, malikounda.com
  2. Un menu atteint facilement 10 000 FCFA (15 euros), soit plus du tiers du salaire minimum malien
  3. « Aminata Dramane Traoré, une révoltée altermondialiste », in OECD, Perspectives Ouest-africaines Les ressources pour le développement, OECD Publishing, 2009, p. 97
  4. « Mondialisation : plaidoyer pour une mobilisation des pays du sud », L'Essor, 7 janvier 2002 essor.gov.ml
  5. « la quasi-totalité des situations imputées à l'incapacité du dirigeant zimbabwéen à gérer son pays résulte d'abord du non-respect d'engagements pris, l'une des caractéristiques de nos rapports avec les pays riches comme l'atteste, plus récemment, les fausses promesses d'aide du Sommet de Gleneagles. L'argent qui coule à flots ces derniers temps dans le cadre du sauvetage des banques a toujours fait défaut quand il s'agit d'honorer les engagements pris envers les peuples dominés. Le facteur déclencheur de la crise zimbabwéenne est plus précisément le non-respect par la Grande Bretagne de l'accord de Lancaster House (signé en 1979) selon lequel elle devait dédommager les fermiers blancs dans le cadre de la réforme agraire » Aminata Dramane Traoré, « Le torrent de boue dont on couvre Robert Mugabé depuis de longs mois a quelque chose de nauséabond et de suspect. J'en souffre », Le Guido, 23 décembre 2008
  6. B Touré, « Forum social mondial : Bamako portera la voix de l'Afrique », L’Essor, 28 décembre 2005 essor.gov.ml
  7. « Un « Bandung du Nord » antiraciste, féministe et anticapitaliste », Politis.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. « Déclaration d'intellectuels africains sur les réformes du franc CFA », sur Mediapart, (consulté le ).
  9. Thinkerview, « Afrique: Gilets Jaunes depuis 150 ans ? », .
  10. Texte du discours de N. Sarkozy.
  11. « nanterre-amandiers.com/2013-20… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  12. Casa Africa, « Biographie d'Aminata Traoré », sur casafrica.es (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [entretien] Elise Barthet, « Aminata Traoré : « Au Mali et ailleurs, cette colère contre la France est l’expression douloureuse d’un sentiment d’humiliation » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]