Amina Sboui

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Amina Tyler
Amina Sboui en 2013.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (29 ans)
TunisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
أمينة تايلرVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Amina SbouiVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Amina Tyler, d'après Steven Tyler[1]
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction
100 Women ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Amina Sboui (arabe : أمينة السبوعي), plus connue à ses débuts de militante sous le pseudonyme d'Amina Tyler, née le [1], est une féministe tunisienne. Ancienne membre du mouvement Femen[2], elle se déclare anarchiste en 2013[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

En Tunisie[modifier | modifier le code]

Le , durant le mouvement de protestation qui suit l'assassinat de Chokri Belaïd et la démission du gouvernement tunisien, elle diffuse sur les réseaux sociaux une photographie d'elle-même, seins nus « Mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne »[4]. Cette action suscite une forte controverse en Tunisie et dans le monde. Menacée de mort par des salafistes, elle est enlevée puis séquestrée plus de trois semaines par sa famille à Kairouan[5] selon les révélations du magazine Marianne du 27 mars[1] ; elle parvient à s'enfuir[6],[7] le 12 avril[8].

Le 1er mai, Amina tente de s'introduire au meeting du Congrès pour la République, pour dénoncer la ministre Sihem Badi et le « traitement qui est infligé au peuple tunisien par ses nouveaux maîtres », avant que les policiers ne l'interceptent.

Le 19 mai, elle est arrêtée pour avoir tagué le muret d'un cimetière à Kairouan, où devait se tenir le congrès du groupe Ansar al-Charia[9] et où elle comptait mener une action « coup d'éclat »[10]. Conduite à la prison de Messaadine, elle est inculpée pour détention d'un aérosol d'autodéfense et profanation d'un cimetière, encourant un total de deux ans et demi de prison[9].

Dans le même temps, le mouvement Femen lance une campagne de financement participatif pour collecter 4 000 euros afin de lui permettre d'étudier en Europe[8].

Le 29 mai, trois militantes Femen, deux Françaises et une Allemande, sont interpellées à Tunis après une action de soutien à Amina[11]. Plusieurs journalistes sont agressés et trois sont interpellés pour avoir filmé l'événement intitulé Femen in Tunisia. Parmi les journalistes interpellés, trois travaillent pour l'agence Reuters, deux pour la chaîne française Canal+ et le dernier est un photographe indépendant. Inna Chevtchenko, dirigeante de Femen à Paris, explique qu'il s'agit de leur première action dans le monde arabe[12].

Début juillet, à l'occasion d'une visite de François Hollande en Tunisie, des ONG, dont Human Rights Watch et la Fédération internationale pour les droits humains, l'interpellent concernant les condamnations du rappeur Alaa Eddine Yaakoubi, connu sous le nom de Weld El 15, et d'Amina[13].

Dans l'attente de son procès, pour profanation de sépulture, la chambre d'accusation de Sousse ordonne sa libération le 1er août[14]. Après avoir posé en sortant de prison avec un cocktail Molotov à la main[1], elle annonce le dans Al Huffington Post quitter le mouvement Femen qu'elle juge « islamophobe »[15] et s'interroge sur les sources de financement du mouvement, une décision saluée en Tunisie[1]. En réaction, Inna Shevchenko déclare : « Amina n'a pas trahi les Femen, elle a trahi les milliers de femmes qui se sont mobilisées pour elle durant sa campagne de soutien et grâce à qui elle est libre aujourd'hui »[16].

Séjour en France[modifier | modifier le code]

Amina Sboui, à droite, interviewée par Maryam Namazie avant la manifestation de mars 2014.

Elle obtient un visa d'étudiante et des bourses grâce à l'Association tunisienne des femmes démocrates et Amnesty International[17]. Le 28 août, elle arrive en France pour passer son baccalauréat dans un lycée parisien, alors qu'elle était en terminale en Tunisie un an plus tôt[1]. Nadia El Fani compte réaliser un documentaire sur elle[1]. En , elle sort un livre retraçant son parcours et intitulé Mon corps m'appartient[18].

À l'occasion de la Journée internationale des femmes, le , elle manifeste entièrement nue à Paris avec six autres militantes féministes du monde arabe[19]. En compagnie d'une autre membre des Femen, elle brûle le drapeau saoudien, le devant l'ambassade d'Arabie saoudite en France, en signe de soutien à Raif Badawi, blogueur saoudien et créateur du site web « Les Libéraux saoudiens »[20].

Le , elle porte plainte, indiquant avoir été agressée par cinq salafistes place de Clichy, à Paris, qui lui auraient rasé les sourcils et une partie des cheveux et qui auraient menacé de la violer[21]. Le , elle est placée en garde à vue puis est renvoyée libre devant le tribunal correctionnel pour « dénonciation de délits imaginaires »[22]. Le 24 septembre, dans une lettre à Libération, elle avoue avoir inventé son agression[23] ; elle est condamnée le 8 octobre à 1 500 euros d'amende avec sursis[24].

Dans l'intervalle, le , elle est placée en garde à vue, ainsi que son compagnon, accusée d'avoir agressé une femme voilée, la veille au soir[25]. Relâchée le lendemain, elle est renvoyée devant le tribunal correctionnel pour violences volontaires aggravées[26]. Elle affirme au contraire avoir été reconnue, prise à partie et frappée par le mari de la femme. Le , elle est relaxée[27].

Retour en Tunisie[modifier | modifier le code]

En septembre 2016, elle annonce publiquement sa bisexualité : « Je suis bisexuelle, c'est ma liberté, ça me regarde »[28].

En octobre 2016, une association de Sidi Bou Saïd lance une pétition demandant son expulsion de la localité, affirmant qu'« elle porte atteinte, par son mode de vie, aux mœurs des résidents du quartier » ; une autre pétition la soutenant est lancée[29].

Elle s'engage dans l'association Shams, dont elle devient vice-présidente, et ouvre un refuge pour des personnes LGBT[30]. Au-delà de l'ombre, long métrage de Nada Mezni Hafaiedh dont elle est l'actrice principale, est récompensé aux Journées cinématographiques de Carthage 2017[31].

Publication[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Quentin Girard, « Amina. Un nouveau dessein », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  2. « Amina Sbouï quitte les Femen, « une organisation islamophobe » », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  3. « Amina claque la porte des Femen, « une organisation islamophobe » », Le Nouvel Observateur,‎ (ISSN 0029-4713, lire en ligne).
  4. Frida Dahmani, « Amina, seins interdits », Jeune Afrique,‎ (ISSN 1950-1285, lire en ligne, consulté le ).
  5. Martine Gozlan, « J'ai retrouvé Amina, la Femen tunisienne », Marianne,‎ (ISSN 1275-7500, lire en ligne, consulté le ).
  6. Mouna Daadouche, « Amina Tyler. Femen tunisienne : Je crains de voir ma Tunisie sombrer dans un islamisme comme celui de l'Afghanistan ou de l'Iran », El Watan,‎ (ISSN 1111-0333, lire en ligne, consulté le ).
  7. Lilia Weslaty, « Après sa fuite, Amina raconte sa séquestration et son combat féministe », sur nawaat.org, (consulté le ).
  8. a et b « Campagne de solidarité envers Amina : Femen veut collecter 4000 euros dans l'immédiat », sur tekiano.com, (consulté le ).
  9. a et b « Amina sera jugée le 30 mai à Kairouan », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  10. « Amina, la femen Tunisienne défie Ansar el Chariaa », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
  11. « Trois Femen interpellées à Tunis après une action de soutien à Amina », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne, consulté le ).
  12. « Trois Femen arrêtées à Tunis », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  13. Hassane Zerrouky, « Visite tunisienne contrariée pour François Hollande », L'Humanité,‎ (ISSN 0242-6870, lire en ligne, consulté le ).
  14. « La militante Femen tunisienne Amina Sbouï libérée », sur rts.ch, (consulté le ).
  15. Sarah Ben Hamadi, « Amina Sboui quitte les FEMEN », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  16. Pierrick de Morel, « Tunisie : Amina quitte les Femen et les accuse d'islamophobie », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  17. Stefania Ulivi, « Amina Sboui, piccole blogger crescono », Corriere della Sera,‎ (ISSN 1120-4982, lire en ligne, consulté le ).
  18. « Amina Sboui sort son livre à Paris : Mon corps m'appartient », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  19. « Amina Sboui et des femmes arabes toutes nues à Paris », sur mosaiquefm.net, (consulté le ).
  20. « En photos : Amina Sboui seins nus devant l'ambassade d'Arabie saoudite à Paris », sur tuniscope.com, (consulté le ).
  21. Ondine Millot, « La féministe Amina Sboui porte plainte pour agression », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  22. « L'ex-Femen Amina jugée pour "dénonciation mensongère" », Le Journal du dimanche,‎ (ISSN 0242-3065, lire en ligne).
  23. Quentin Girard, « Amina Sboui : « Mon mensonge était un appel au secours » », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  24. Quentin Girard, « Amina Sboui : « Mon mensonge était un appel au secours » », Le Parisien,‎ (ISSN 0767-3558, lire en ligne).
  25. « L'ex-Femen Amina placée en garde à vue », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  26. « L'ex-Femen Amina renvoyée au tribunal pour agression », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne).
  27. « L'ex-Femen relaxée après la rixe avec une femme voilée à Bastille », Le Parisien,‎ (ISSN 0767-3558, lire en ligne).
  28. « Amina Sboui, ex-Femen, fait son coming-out à la télévision tunisienne », Libération,‎ (ISSN 0335-1793, lire en ligne, consulté le ).
  29. « Affaire Amina Sboui : "Des orgies sont organisées à Sidi Bou Saïd et personne ne s'en offusque !" », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
  30. Camille Lafrance, « Comme le temps passe : Amina Sboui », Jeune Afrique, no 3018,‎ , p. 20 (ISSN 1950-1285).
  31. « Homosexualité : Au-delà de l'ombre primé aux JC 2017 », sur kapitalis.com, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]