Amen.

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Amen.

Réalisation Costa-Gavras
Scénario Costa-Gavras
Jean-Claude Grumberg
Musique Armand Amar
Acteurs principaux
Sociétés de production Canal+
K.G. Productions
KC Medien
Katharina
Renn Productions
TF1 Films Production
Pays de production Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Roumanie Roumanie
Drapeau de la France France
Genre Drame
Durée 135 minutes
Sortie 2002

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Amen.[N 1] est un film franco-germano-roumain réalisé par Costa-Gavras, sorti en 2002. Il s'agit d'une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Le Vicaire (Der Stellvertreter) de Rolf Hochhuth, critiquant l'inaction du pape Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale, en particulier à l'égard des Juifs.

Amen. est présenté en compétition officielle à la Berlinale 2002. Il est nommé sept fois à la 28e cérémonie des César et obtient celui du meilleur scénario original ou adaptation.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Durant la Seconde Guerre mondiale, un officier allemand de la SS, chimiste fournissant les camps en Zyklon B, Kurt Gerstein, cherche à alerter le Vatican du génocide dont les Juifs sont alors victimes. Ricardo Fontana[N 2], jeune jésuite conseiller auprès du nonce apostolique en poste à Berlin et dont la carrière s'annonce prometteuse, lui prête l'oreille. Ils se rendent à Rome[N 3], Ricardo pensant que le fait que son père soit très haut placé dans la hiérarchie laïque du Vatican les aidera à convaincre Pie XII de la nécessité d'une condamnation sans ambiguïté des crimes nazis à l'égard des Juifs. Mais leurs initiatives pour tenter d'interrompre la Shoah ne trouveront pas d'écho auprès des hautes autorités étrangères ou religieuses[1].

De désespoir, et en signe de révolte devant la passivité de la hiérarchie catholique, Ricardo Fontana part pour Auschwitz, y trouver la mort avec les Juifs romains lorsque ceux-ci sont raflés malgré l'arrangement trouvé par le pape (qui pensait avoir acheté leur protection en échange de 50 kg d'or collecté par les Juifs). Quant à Kurt Gerstein, il tente en vain de faire sortir son ami jésuite du camp d'extermination. Il finira inculpé de crimes de guerre par les Alliés à la fin de la guerre, car ceux-ci ne peuvent croire en sa bonne foi. Ce qui n'est pas le cas du médecin commandant du camp d'extermination, « bon catholique », qui fera jouer ses relations au Vatican et obtiendra par leur intermédiaire un visa pour l'Argentine.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Les scènes censées se dérouler au Vatican ont en fait été tournées dans le palais du Parlement de Bucarest. Le tournage a également lieu à Sibiu et dans les MediaPro Studios de Bucarest. Certains extérieurs sont tournés au palais de Mogoșoaia[2]. Pour les scènes tournées à Rome, on peut notamment reconnaître certaines rues du ghetto, la piazza Mattei et la fontaine des Tortues, ainsi que le palais Mattei di Giove, qui figure la demeure du comte Fontana.

Accueil[modifier | modifier le code]

Accueil critique[modifier | modifier le code]

Amen.
Score cumulé
SiteNote
Metacritic 57/100[3]
Rotten Tomatoes 67 %[4]
AlloCiné 3.4 étoiles sur 5[5]
Compilation des critiques
PériodiqueNote

Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 67 % d'opinions favorables pour 49 critiques[4]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 57100 pour 19 critiques[3].

En France, le site Allociné propose une note moyenne de 3,45 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 17 titres de presse[5].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nominations[modifier | modifier le code]

Commentaire[modifier | modifier le code]

Scène d'introduction[modifier | modifier le code]

La scène d'introduction du film montre le suicide de l'activiste juif Štefan Lux en pleine session de la Société des Nations en 1936.

Analyse[modifier | modifier le code]

Directement inspiré de la pièce de théâtre Le Vicaire de Rolf Hochhuth, le film en reprend la dénonciation de l'attentisme qu'il prête au Vatican face à la Shoah. La version présentée par Costa-Gavras a été très critiquée bien au-delà du cercle de l'Église catholique[6],[7],[8],[9].

Costa-Gavras met cependant plus l'accent que le dramaturge allemand sur la passivité également coupable des Alliés, en particulier les États-Unis, dont l'ambassadeur à Rome est présenté comme un lâche qui se retranche derrière la passivité du Vatican, et qui refuse toutes les demandes de Ricardo Fontana pour faire détruire les camps par l'armée américaine — ou même pour faire jouer les moyens de propagande des Alliés afin d'avertir le peuple allemand du sort réservé aux Juifs à l'Est.

Plusieurs épisodes du film ne figurent pas dans la pièce de Hochhuth et sont tirés de la biographie détaillée de Kurt Gerstein écrite par Pierre Joffroy et publiée en 1992, L'Espion de Dieu. La passion de Kurt Gerstein[10].

À l'inverse, Costa-Gavras a coupé de nombreux passages de la pièce. Après la première du film à Berlin, où il était présent, Rolf Hochhuth a déclaré : « Je n'avais que des mots, le cinéaste possède l'image. Ce qu'a filmé Costa-Gavras est bien plus fort que ma pièce. En supprimant, contre mon avis, une partie des scènes avec le pape, il rend très forte la solitude inaccessible de Pie XII. Il a eu raison, j'avais tort[11]. »

Affiche[modifier | modifier le code]

L'affiche qui entremêle la croix chrétienne et la croix gammée a été élaborée par Oliviero Toscani, auteur d'affiches pour la société Benetton, qui a également eu l'idée du titre du film[12]. Celle-ci a aussi provoqué l'indignation d'une partie de la communauté catholique, au point que plusieurs organisations ont introduit une action en vue d'interdire l'affiche auprès du Tribunal de grande instance de Paris. Elles ont été déboutées[13],[14]. D'après François-Guillaume Lorrain du magazine Le Point, « Cette dénonciation de l'attentisme prétendu du Vatican face à la Shoah déclenche la colère de certains milieux catholiques. Une action, déboutée, tente de faire interdire l'affiche[15] ».

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La graphie exacte du titre (à l'affiche et à l'écran) comprend un point typographique après le mot Amen.
  2. Personnage fictif, contrairement à Kurt Gerstein qui a réellement existé.
  3. Ce qui est conforme au scénario de la pièce de théâtre Le Vicaire mais pas à la réalité historique, le « vrai » Kurt Gerstein n'étant jamais allé au Vatican.
  4. Le personnage du docteur, interprété par Ulrich Mühe, est directement inspiré par le docteur Mengele.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Gilles Carignan, « Amen : l'inconfort de l'indifférence », Le Soleil, (consulté le ).
  2. « locations » (tournage et production), sur l'Internet Movie Database.
  3. a et b (en) « Amen. Reviews », sur Metacritic, CBS Interactive (consulté le ).
  4. a et b (en) « Amen. (2002) », sur Rotten Tomatoes, Fandango Media (consulté le ).
  5. a et b « Amen. - critiques presse », sur Allociné (consulté le ).
  6. Roland Hureaux, « « Pie XII : et si Marianne se trompait ? »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) », Marianne, .
  7. Jean-Yves Riou, « Les évêques de France n’ont pas dit « Amen » aux contre-vérités de Costa Gavras », ZENIT, .
  8. « Shoah : le rôle de Pie XII réévalué ? », Libération, .
  9. « Pie XII et les Juifs : le Vatican lève un coin du voile », Le Point, .
  10. Pierre Joffroy (l'authentique et fascinante histoire d'un officier S.S. qui défia Hitler et s'opposa à la solution finale), L'espion de Dieu : la passion de Kurt Gerstein, Paris, Laffont, (réimpr. 1992), 453 p. (ISBN 978-2-221-09764-9, OCLC 919658697).
  11. Jean-Pierre Dufreigne et Marion Festraëts, « Pie XII et les nazis : le film choc », L'Express, .
  12. Secrets de tournage - Allociné.
  13. « La justice rejette la demande de retrait de l'affiche d’Amen. », Le Monde, .
  14. « culture La justice rejette la demande de retrait de l'affiche du film « Amen » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le ).
  15. François-Guillaume Lorrain, « Comme Hors-la-loi, ces films ont fait scandale », Le Point, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]