Amazing Grace

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Amazing Grace, version de 1779 dans les Olney Hymns.

Amazing Grace est l'une des hymnes[1] chrétiennes les plus célèbres dans le monde anglophone. La première publication des paroles écrites date de 1779. Associée à diverses mélodies au fil des années, elle est aujourd'hui connue sous l'air musical de New Britain.

Le thème de cette hymne évoque la rémission des péchés par la foi en Dieu, ce qui renvoie à l'origine de son écriture par John Newton, un pécheur repenti.

En français, son titre est traduit de différentes façons, dont aucune ne semble s'imposer[2] et c'est généralement le titre anglais qui est maintenu.

Historique

Les paroles

John Newton, négrier converti, auteur des paroles.

Les paroles sont écrites par le prêtre anglican John Newton, probablement en 1760 ou 1761, et publiées par Newton et William Cowper en 1779, dans la collection des Olney Hymns qui connut un grand succès en Angleterre.

John Newton (1725–1807) était initialement le capitaine d'un navire négrier et était connu pour sa débauche morale. Le 10 mai 1748, au cours d'une tempête dans l'Atlantique où son bateau risqua de couler, il se convertit au christianisme. Après avoir survécu à cette tempête, il devint prêtre anglican et renonça au trafic d'esclaves, au point de devenir militant de la cause abolitionniste[3].

Une grande partie des paroles de l'hymne provient du Nouveau Testament. La première strophe par exemple renvoie à l'histoire du fils prodigue : dans l'évangile selon Luc, le père dit que « [son fils] était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé »[4]. L'histoire de Jésus guérissant un aveugle, qui dit ensuite aux Pharisiens qu'il peut désormais voir est racontée dans l'évangile selon Jean[5].

La mélodie

Partition de 1835 due à William Walker

La mélodie de cette hymne n'a pas été composée par J. Newton. Les paroles ont d'abord été chantées sur de nombreux autres airs avant d'être définitivement accolées à la mélodie connue et publiée en 1835 sous le nom de New Britain par William Walker (en). Cette mélodie était inspirée de deux airs populaires dont on ignore l'origine précise (Gallaher et St. Mary), ce qui empêche de la relier avec certitude à une source précise, britannique, celtique ou autre[6].

On a coutume de dire qu'il s'agit d'une mélodie pentatonique composée en mode ionien. Cette analyse semble en fait erronée, puisque toutes les notes (ré-mi-sol-la-si) sont présentes dans tous les modes dits grégoriens. Il vaut donc mieux parler ici uniquement de mélodie pentatonique. C'est d'ailleurs cette pentaphonie qui donne son caractère intemporel et ethnique[7].


X:1
T:Amazing Grace
M:3/4
L:1/4
K:G
D | G2 B/G/ | B2A | G2E | D2
D | G2B/G/ | B2B/d/ | d2
B | d2B/G/ | B2A | G2E | D2
D | G2 | B/G/ B2 |A G2
 |]

Extension et popularité

La popularité de l'hymne Amazing Grace s'étendit aux États-Unis dès la fin du XVIIIe siècle[8] mais c'est dans le contexte du mouvement de renouveau religieux Second Great Awakening au cours du XIXe siècle qu'elle prit une dimension considérable, sans doute encore renforcée par la qualité de l'association des paroles à l'air de New Britain au milieu du siècle.

Ultérieurement, le succès de cette hymne s'étendit tout particulièrement aux noirs américains. Elle devint même, dans les années 1960, chargée de symboles politiques : la version enregistrée en 1947 par Mahalia Jackson connut ainsi un grand succès, qui se poursuivit pendant les décennies suivantes ; cette version et de nombreuses autres accompagnèrent fréquemment les mouvements de défense des droits civiques, ou encore la lutte contre la guerre du Viêt-Nam. Elle fut aussi jouée au festival de Woodstock en 1969 par Arlo Guthrie. En 2007 le film Amazing Grace commémora le bicentenaire de la loi britannique interdisant la traite négrière (Slave Trade Act de 1807). Le film retrace la vie de William Wilberforce, le membre du Parlement qui fit voter cette loi. C'était un ami de John Newton dont il partageait la foi anglicane.

Amazing Grace est aujourd'hui un élément essentiel de la culture populaire américaine, bien au-delà de l'aspect religieux d'origine et dépassant également les implications raciales ou politiques passées. Fréquemment écoutée et chantée dans les cérémonies funéraires, l'hymne est symbolique de l'espoir qui persiste en dépit des épreuves.

La Bibliothèque du Congrès Américain en détient plus de 3 000 versions enregistrées en public[9]. John Aitken, biographe de John Newton, estime que le morceau est joué environ 10 millions de fois par an dans le monde[10].

Versions

  • Chant religieux protestant à l'origine (il est caractéristique dans ses paroles : le salut obtenu par la grâce divine ; la rédemption est toujours possible), sa mélodie est reprise avec d'autres paroles (« Gloire à toi qui étais mort, Gloire à toi Jésus… »)[11], dans la liturgie catholique française, en anamnèse (mémorial après la consécration).

Paroles

Fichier audio
Amazing Grace a cappella, par trois chanteurs.
noicon
Enregistrement effectué pour l’Archive of American Folk-Song à Livingston, Alabama en 1939, et se trouve à la Bibliothèque du Congrès
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Fichier audio
Amazing Grace, enregistrement de 1922.
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Enregistrement effectué à New York en 1922. C'est le plus ancien enregistrement connu.
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Amazing grace, how sweet the sound,
That saved a wretch like me!
I once was lost but now I'm found,
Was blind, but now, I see.
'Twas grace that taught my heart to fear,
And grace, my fears relieved.
How precious did that grace appear
The hour I first believed.
Through many dangers, toils and snares
I have already come.
'T'is grace that brought me safe thus far,
And grace will lead me home.
The Lord has promised good to me,
His word my hope secures;
He will my shield and portion be,
As long as life endures.
Yes, when this flesh and heart shall fail,
And mortal life shall cease,
I shall possess, within the veil,
A life of joy and peace.
The earth shall soon dissolve like snow,
The sun forbear to shine;
But God, who called me here below,
Will be forever mine.
Grâce étonnante, au son si doux,
Qui sauva le misérable que j'étais ;
J'étais perdu mais je suis retrouvé,
J'étais aveugle, maintenant je vois.
C'est la grâce qui m'a enseigné la crainte,
Et la grâce a soulagé mes craintes.
Combien précieuse cette grâce m'est apparue
À l'heure où pour la première fois j'ai cru.
De nombreux dangers, filets et pièges
J'ai déjà traversé.
C'est la grâce qui m'a protégé jusqu'ici,
Et la grâce me mènera à bon port.
Le Seigneur m'a fait une promesse,
Sa parole affermit mon espoir;
Il sera mon bouclier et mon partage,
Tant que durera ma vie.
Oui, quand cette chair et ce cœur auront péri
Et que la vie mortelle aura cessé,
Je posséderai, dans l'au-delà,
Une vie de joie et de paix.
La Terre fondra bientôt comme de la neige,
Le Soleil cessera de briller,
Mais Dieu, qui m'a appelé ici-bas,
Sera toujours avec moi.

Aux six couplets écrits par Newton, s'ajoute dans la tradition orale afro-américaine un septième couplet qui appartenait à l'origine à une chanson intitulée « Jerusalem, My Happy Home » et publiée en 1790:

When we've been there ten thousand years
Bright shining as the sun,
We've no less days to sing God's praise
Than when we'd first begun.
Quand nous serons là depuis dix mille ans,
Brillant d'un éclat semblable au soleil,
Nous n'aurons pas moins de jours pour louer Dieu,
Que lorsque nous avons commencé.

Reprises

Partition moderne de l'Amazing grace

Cette chanson a été enregistrée à de très nombreuses reprises, et ce notamment par les groupes ou interprètes de la liste suivante.

Notes et références

  1. a et b « Hymne » est un mot épicène, masculin ou féminin, selon le sens ; pour la liturgie, la tradition est de parler d'« une hymne » au féminin, bien que selon le dictionnaire Littré cette habitude ne se justifie ni par l'étymologie, ni par l'historique du mot. Le Centre national des ressources textuelles et lexicales constate cet usage, et reprend les explications du Littré.
  2. Grâce merveilleuse, Grâce confondante, Incroyable pardon, Grâce infinie, Incroyable grâce, Grâce du ciel...
  3. HL Bennett, p.397
  4. La parabole du fils prodigue : Évangile selon Luc 15:11–32
  5. Évangile selon Jean 9
  6. Steve Turner 2002, p. 123
  7. (en) David W. Music, A Selection of Shape-Note Folk Hymns: From Southern United States Tune Books, 1816-61, Volume 52, A-R Editions, (ISBN 0-89579-575-2, lire en ligne), p. 40 (section « Commentaries »)
  8. Mark A. Noll, Edith L. Blumhofer 2006, p. 8
  9. [1]
  10. Jonathan Aitken 2007, p. 224
  11. Paroles et partitions librement disponibles [PDF] ici
  12. [vidéo] Disponible sur YouTube
  13. [vidéo] Disponible sur YouTube

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes