Amélie Trayaud

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Amélie Trayaud
Fonction
Maire de Joinville-le-Pont
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Duteyrat
Nationalité
Activité
Autres informations
Parti politique

Amélie Trayaud, née Duteyrat (1883-1963), employée de la société gestionnaire des bus et tramways de la région parisienne, résistante. Elle est brièvement maire de Joinville-le-Pont en 1953.

Biographie[modifier | modifier le code]

Employée des tramways parisiens[modifier | modifier le code]

Amélie Eugénie Duteyrat est née le à Mansat-la-Courrière (Creuse). Elle y travaille comme couturière et épouse dans sa commune natale le Louis Trayaud[1]. Ils s’installent à Joinville-le-Pont, alors dans le département de la Seine, où son mari décède le [2].

Amélie Trayaud travaille comme agent à la Société des transports en commun de la région parisienne (STCRP), l’organisme qui exploite les bus et tramways de Paris et de banlieue. La STCRP, fondée en 1921, fusionne en 1948 avec la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris pour constituer la RATP. En tant que contrôleur, elle commandera le dernier tramway reliant Vincennes à Champigny[3].

La ligne 108 de la STCRP effectuait le trajet Porte de VincennesBois de VincennesJoinville-le-PontChampigny-sur-Marne. Elle était la dernière exploitée des quatre lignes héritées de la Compagnie des tramways de l'Est parisien qui desservaient Joinville. Elle portait, à sa création, le nom de ligne TE8. La Compagnie des tramways de l’est-parisien exploitait treize lignes ; elle fusionne au sein de la STCRP en 1921. Le dernier trajet entre la Porte de Vincennes (Paris) et le terminus de Champigny-sur-Marne de la ligne 108 s’est effectué le [4].

Résistante[modifier | modifier le code]

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Amélie Trayaud est un agent de liaison clandestin de la Résistance selon Robert Deloche, résistant puis maire de Joinville-le-Pont[5]. Elle fait partie des premiers groupes de la Résistance organisés à Joinville-le-Pont[3].

Après la Libération, elle intègre le Comité local de Libération présidé par le radical Henri Drevet où elle représente le Front national en compagnie de Victor Mathieu. Elle fait également partie du Comité joinvillais de la renaissance française, qui est aussi présidé par Henri Drevet. Amélie Trayaud y figure en tant que présidente de la section locale de l’UFF (Union des femmes françaises) [3].

Parmi les premières femmes exerçant une fonction élective[modifier | modifier le code]

Lors de la constitution de la délégation spéciale, nommée le et présidée par Robert Deloche, qui fait fonction de maire, Amélie Trayaud est désignée en tant que membre exerçant donc la fonction de conseillère municipale après la suspension des institutions nommées par le régime de Vichy. Elle est la seule femme à figurer dans la liste des 27 membres de la délégation spéciale. Elle sera ainsi la première femme à exercer un mandat électif dans une assemblée démocratique à Joinville-le-Pont.

Cependant, une autre femme avait exercé un mandat en tant que conseillère municipale à Joinville-le-Pont ; Mme Pérignon avait été désignée, par arrêté du préfet de la Seine en date du , en tant que membre de l’assemblée présidée par Léon Lesestre, le maire élu en 1935 et maintenu dans ses fonctions par un arrêté du secrétaire d’État à l’intérieur daté du .

Amélie Trayaud est élue conseillère municipale au premier tour de scrutin le . C’est première année où les femmes ont pu voter pour des élections municipales. Trois autres femmes (Mmes Chagnon, Nicolas et Derrien) figurent parmi les 27 conseillers municipaux. Robert Deloche est élu maire.

Amélie Trayaud est réélue conseillère municipale le sur la liste conduite par Robert Deloche (Pcf). La liste communiste et radicale de Robert Deloche avait obtenu treize sièges, à égalité avec la liste gaulliste du RPF tandis que la liste socialiste SFIO de Léon Berthet emportait un siège. Le scrutin se faisait à la proportionnelle. Robert Deloche a été élu maire grâce aux voix du conseiller municipal socialiste. Le , Amélie Trayaud devient adjointe au maire[1].

En 1947, il y avait 3,1 % de femmes au sein des conseils municipaux. En 1953, il n’y en avait plus que 2,9 % et 2,4 % en 1959[6].

Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch ont reçu en cadeau un insigne rangé dans un petit écrin rouge représentant Maurice Thorez et Marcel Cachin, datant de 1938. Il est indiqué comme ayant été « offert par les camarades Legay-Trayaud de la cellule Noger de Joinville-le-Pont du Parti communiste français »[7]. La cellule porte le nom de militants communistes de Noisy-le-Grand, dont l’un fut fusillé au Mont-Valérien. Legay était membre de la délégation spéciale mise en place en 1944 faisant fonction de conseil municipal ; il s’agit sans doute de Marcel Legay, qui fut membre du comité de rédaction de L'Aube sociale, hebdomadaire communiste en banlieue sud et ouest de Paris (1925-1932), fondé par Paul Vaillant-Couturier[8].

Maire de Joinville-le-Pont[modifier | modifier le code]

Robert Deloche, conseiller général de la Seine avait démissionné du conseil général pour « raisons de santé » en novembre 1951. En décembre 1952, il est exclu du PCF. Début 1953, il démissionne du poste de maire de Joinville-le-Pont.

Amélie Trayaud est élue maire en mars 1953 ; c’est une des premières femmes à diriger un conseil municipal du département de la Seine. C’est son statut de doyenne du conseil municipal (elle est alors âgée de 70 ans) qui lui vaut d’assurer cette fonction[3].

Le , la liste du RGR (Rassemblement des gauches républicaines, droite modérée), qui comporte des personnes de droite et d’anciens socialistes, remporte les élections municipales. Elle est conduite par Georges Defert, qui devient maire. Amélie Trayaud est réélue conseillère municipale sur la liste conduite par Henri Bideaux (PCF); elle siège dans l’opposition jusqu’en 1959.

Amélie Trayaud meurt le à Joinville-le-Pont.

Sources[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jean Maîtron (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français : 5ème période (1945-1968), éditions de l’Atelier.
  2. État-civil de Joinville-le-Pont
  3. a b c et d Notes dactylographiées, Archives municipales, Joinville-le-Pont, s. d.
  4. (en) Gábor Sándi, « Paris 1911 », sur World Tramways.
  5. Robert Deloche : Les années 1935 – 1953, in Ville de Joinville-le-Pont, Joinville-le-Pont a 150 ans, 1981
  6. Marie-Jo Zimmerman, Elections municipales et cantonales 2008 : les partis politiques résistent encore à la parité, Observatoire de la parité, .
  7. Fonds Thorez-Vermeersch, archives communales d’Ivry-sur-Seine.
  8. Claude Pennetier, La presse de Paris et de banlieue entre 1914 et 1940, Paris, CHS-CNRS, .