Alphonse-Léon Noël

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Alphonse-Léon Noël
Portrait sérieux de Léon Noël, buste en ronde bosse (1850), par Jean-Pierre Dantan (musée Carnavalet[1]).
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Francisque Noël (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Alphonse-Léon Noël, dit Léon Noël, né le à Paris et mort le dans le 17e arrondissement de Paris[2], est un dessinateur, caricaturiste et lithographe français, célèbre à l'époque romantique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et débuts[modifier | modifier le code]

Né en 1807 quartier Saint-Germain dans une famille bourgeoise, Alphonse-Léon Noël est le fils du graveur et imprimeur-lithographe parisien Charles François Noël dit « Francisque Noël » (d) (Paris, 1784 ? - juillet 1827) et de Marie Louise Geneviève Grandin (Elbeuf, 3 février 1781 - après 1855), fille d'un drapier normand cossu. La famille Noël est une dynastie d'artistes depuis au moins le milieu du XVIIIe siècle. Le père de Francisque était un peintre reconnu à la manufacture de Sèvres. Francisque a d'abord été un marchand d'estampes installé au 16 rue Saint-Jacques (vers 1815), puis avec son frère, il a ouvert un cabinet de gravures qui édite des albums religieux. Il finit par obtenir son brevet d'imprimeur-lithographe le 4 mai 1824 en reprenant celui de Jean Guffanti, en faillite depuis juin 1823. Il a entre autres pour parrains Pierre Langlumé et Charles Motte. Francisque possède une presse et associe à son commerce son propre frère, ses deux neveux, et bientôt son fils, Léon, tandis que son épouse s'occupe de la mise en couleurs des estampes. Parmi ses morceaux de bravoure, figure un album d'après Girodet lithographié par Aubry-Lecomte[3]. Le premier maître de Léon est donc son propre père et c'est sans doute très jeune qu'il commence à dessiner sur la pierre : en effet, une première trace publique sous la signature de « Léon Noël », apparaît fin 1824, il s'agit de la traduction lithographique de La Belle Jardinière de Raphaël, une estampe vendue à l'Imprimerie de Noël, chez Noël et Compagnie, éditeur au 7 rue des Deux Portes, proposée pour le prix de 6 francs[4].

En juillet 1827, le père de Léon meurt ; sa mère prend la succession de l'imprimerie sous le nom de « Grandin, veuve Noël », installée entre la rue Saint-Jacques et la rue Dauphine[5]. Léon se semble pas travailler avec sa mère très longtemps. Fin 1827, il produit un portrait, celui de l'artiste lyrique Joséphine Mainvielle-Fodor[6], une lithographie tirée sur les presses du jeune Henry Gaugain, qui fut ancien chef d'atelier chez Noël et compagnie[7]. La même année, Léon produit Psyché après avoir connu l'amour d'après Girodet, lithographiée chez François Villain, imprimeur en vue des légitimistes[8]. Il réside à cette époque au 12 de la rue des Marais-Saint-Germain[9]. En 1829, il donne un joli portrait de la Malibran (cf. ci-dessous), lithographié à la manière d'une eau-forte, au style marqué par celui d'Achille Devéria, qui fit d'ailleurs son portrait (cf. ci-contre).

Âgé de vingt ans, il choisit de devenir élève aux Beaux-arts de Paris et fréquenter les ateliers d'Antoine-Jean Gros et de Louis Hersent. Il présente une toile intitulée Tempête à l'Exposition des produits des Beaux-Arts et de l'industrie de Toulouse en 1827, mais cette expérience est de courte durée[10]. Il renonce à la peinture pour se consacrer uniquement à la lithographie[11]. Léon avait commencé par être attiré par le milieu du spectacle vivant.

Un dessinateur lié à la vogue romantique[modifier | modifier le code]

Dans ce portrait lithographié figurant Léon Noël, Achille Devéria traduit tout l'esprit d'une époque (1832, édition Charles Motte).

Jugé excellent dessinateur, Léon Noël va profiter de l'engouement pour l'estampe lithographiée. C'est sans doute après l'été 1830, au moment de la révolution, que Léon Noël choisit une carrière d'illustrateur. En avril 1831, il entre à la rédaction de L'Artiste[12] : là, le jeune homme croise Eugène Delacroix, Devéria, Paul Huet, et toute la génération romantique. En 1832, il édite chez Victor Morlot (d), galerie Vivienne, son premier portfolio lithographié, intitulé Album de six jolis enfans [sic], dessiné d'après nature : le travail est salué par la presse qui range déjà Léon Noël au titre « des artistes spirituels au talent reconnu »[13]. En 1833, il collabore, avec entre autres Devéria et Raffet, à l'ouvrage de Karol Forster, officier polonais en exil à Paris, auteur de La Vieille Pologne, proposé à la souscription, et qui sera jusqu'en 1836 imprimé par Firmin Didot[14], ainsi qu'à une nouvelle Histoire pittoresque de la Révolution française dirigée par Antony Béraud (éditions Alexandre Mesnier). En septembre de la même année, il fait sa rentrée chez la Maison Aubert, livrant plusieurs portraits d'actrices[15]. Sans vraiment prendre parti, Léon Noël multiplie dans la foulée les publications : on le retrouve aussi bien chez les nostalgiques de Napoléon, avec les jeunes illustrateurs de La Romance, que dans La France catholique, puis traduisant en lithographie une peinture de Duval Le Camus, La Cinquantaine, issue de la collection de la duchesse de Berry, et tirée sur les presses de Lemercier, annonce faite à grands renforts de publicité[16]. Il se montre tout de même associé l'année suivante à L'Écho de la Jeune France, la revue des légitimistes, et participe donc au mouvement des Jeunes-France[17]. De cette époque date son portrait du jeune Victor Hugo (cf. ci-dessous).

En 1834, il épouse Gabrielle Ernestine Camille Rouget, née en 1814, dont il a un fils, Élie Félix Georges, né à Paris, au domicile de ses parents, 18 rue du Colombier, le 5 novembre 1835, et qui deviendra officier de cavalerie (il mourra à Alger le 7 août 1915)[18]. C'est aussi l'année où il commence à livrer des dessins au Charivari[19], ainsi qu'à l’Album de l'amateur, périodique en almanach proposant huit lithographies coloriées, publiées par Déro-Becker, éditeur et marchand d'estampes parisien réputé installé rue Neuve-Saint-Augustins. En 1835, il fait son entrée, section gravures aux côtés de Calamatta et Raffet, au Salon de Paris, avec des traductions lithographiées de tableaux modernes. Puis il commence à collaborer à La Mode fondé par Émile de Girardin, traduisant des peintures de maîtres anciens, ce qu'il fait d'ailleurs pour l'ouvrage intitulé La Galerie royale de Dresde, album prestigieux édité par Elliesen et Gihaut, reproduisant les 100 chefs d'œuvre de la Gemäldegalerie Alte Meister, dont Le Rapt de Ganymède (1635) de Rembrandt[20], travail là encore salué par les critiques. À partir de février 1838, il collabore à La Galerie de la presse, de la littérature et des beaux-arts, nouveau périodique illustré lancé par Charles Philipon[21] et poursuit ses livraisons à L'Artiste, La Caricature, au Charivari, et La France littéraire d'Augustin Challamel, traduisant les toiles présentées au Salon et les chefs-d'œuvres des musées, sans compter ses envois à La Vogue universelle et au Monde dramatique.

À partir de l'année 1839, la façon qu'à Léon Noël de traduire sur la pierre les motifs, le crayonnage libre, est remplacé par le grain classique et méticuleux[22]. Cependant, il n'est pas tout à fait exact que durant la décennie suivante, il semble abandonner sa verve romantique à la Devéria : il produit de nombreuses planches originales, par exemple destinées à La Morale en image lancée en 1841 par Charles Philipon, des images inspirées du clergé, de l'armée, de la marine, de la vie politique, de l'administration, des artistes des planches, et quelques scènes de genre, mettant en miroir les dernières années de la monarchie de Juillet[11]. Le succès n'est d'ailleurs pas en reste puisqu'il reçoit au Salon de 1843, la médaille de 2e classe, puis au Salon de 1845, celle de 1re classe[23].

Les honneurs sous le Second Empire[modifier | modifier le code]

Approchant de la cinquantaine, Léon Noël connaît dès avant le début du Second Empire, une transformation sensible dans sa carrière. Est-ce parce qu'il semble lié, par sa famille, au maréchal Berthier ?[24] Toujours est-il que Napoléon III et ses ministres vont s'attacher l'artiste. Le critique Henri Beraldi évoque même à son propos et quant à ce virage artistique, une forme chez l'artiste d'institutionnalisation et en fait le « lithographe des têtes couronnées »[25].

Résidant alors au 2 impasse de Conti, adresse où il héberge également sa mère[5], la présentation de trois lithographies au Salon de 1853 est en cela significative : on y compte deux portraits, celui du duc de Marlborough d'après William Charles Ross et celui du prince-président Louis-Napoléon d'après Vernet[23].

En janvier 1855, il est nommé reponsable du jury du comité gravures pour l'exposition universelle[26]. Le 30 décembre suivant, il est nommé, par décret, chevalier de la Légion d'honneur[27].

Il devient ensuite le lithographe attitré de l'œuvre du peintre Franz Xaver Winterhalter[11].

En 1866, Léon Noël participe pour la dernière fois au Salon, exposant le portrait lithographié du ministres des Finances impériales, Pierre Magne ; il est dit alors résider au 47 rue Rodier[28].

En janvier 1868, il fait don à la Bibliothèque impériale de l'ensemble de ses lithographies produites entre 1824 et 1867, un ensemble formant 12 volumes, et comprenant 1 044 pièces, et prend sa retraite, après plus de 40 ans d'activité[29].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Léon Noël est relativement oublié après la chute du Second Empire. Sa mort le 30 décembre 1883 passe quasiment inaperçu dans la presse artistique[30]. Son dernier domicile est au 34 rue Truffaut[2]. Il laisse une veuve, née Rouget, qui meurt à son tour le 9 octobre 1887.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Léon Noël est un lithographe très prolifique, ayant produit plus d'un millier de planches dont six cents portraits[11].

Léon Noël eut parmi ses contemporains, un certain nombre d'homonymes dans le milieu artistique et littéraire, parmi ceux-ci citons : André Léon-Noël dit A. Léon-Noël (1817-1879), dessinateur, écrivain et journaliste, qui fonde en 1839 avec le jeune Nadar et Alfred Françey, une luxueuse revue, Le Livre d'or. Originaire d'Orléans, longtemps soutenu par Nadar qui fit de lui plusieurs portraits (dessins et clichés)[31],[32], il meurt totalement oublié et est encore souvent confondu avec notre lithographe[33].

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Album lithographique : douze sujets d'après Decaisne, dessinés sur pierre, Paris, Noël aîné et fils, (OCLC 43469346)
  • Antoine Elwart, Duprez, sa vie artistique, avec une biographie authentique de son maître, Alexandre Choron, 2 portraits lithographiques, Paris, Victor Magen, 1838.
  • [contributions] Alexandre Du Sommerard, Les Arts au moyen âge, en ce qui concerne principalement le palais romain de Paris, l’hôtel de Cluny, issu de ses ruines, et les objets d’art de la collection classée dans cet hôtel, 5 volumes, Paris, Hôtel de Cluny, 1838-1846.
  • [contributions] Augustin Challamel, Les plus jolis tableaux de Téniers, Gérard Dow, Terburg, Paul Potter, Metsu, A. Ostade, Van der Helst, etc., lithographiés, Paris, Challamel et Cie., 1839.
  • [contributions] Wilhelm Ténint (dir.), Album du Salon, Paris, Challamel & Cie., années 1841 à 1843.
  • [contributions] Galerie des représentants du peuple, Paris, Goupil & Vibert, 1848.

Galerie[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice œuvre, sur Paris Musées Collection.
  2. a et b Archives de Paris, Acte de décès à Paris 17e, no 3151, vue 13/13.
  3. « Noël, Francisque », in: Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, École nationale des chartes.
  4. Journal général d'annonce des œuvres de musique, gravures, lithographies : publiés en France et à l'étranger, Paris, 7 janvier 1825, p. 28, notice 140 — sur Gallica.
  5. a et b « Grandin, venve Noël », in: Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, École nationale des chartes.
  6. Notice œuvre, sur Gallica.
  7. « Gaugain, Henri », in: Dictionnaire des imprimeurs-lithographes du XIXe siècle, École nationale des chartes.
  8. Journal des artistes, Paris, 1er juillet 1827, p. 547 — sur Gallica.
  9. Le Figaro, Paris, 20 janvier 1828, p. 4 — sur Retronews.
  10. Fiche exposant Toulouse 1827, base salons du musée d'Orsay.
  11. a b c et d « Noêl, Léon », in: Janine Bailly-Herzberg, Dictionnaire de l'estape en France 1830-1950, Paris, AMG-Flammarion, 1985, p. 243.
  12. Le Figaro, Paris, 1er mais 1831, p. 4 — sur Retronews.
  13. La Quotidienne, Paris, 7 décembre 1832, p. 2 — sur Retronews.
  14. Le Constitutionnel, Paris, 20 juillet 1833, p. 4 — sur Retronews.
  15. La Caricature10 octobre 1833, p. 4., Paris,
  16. La Gazette de France, Paris, 25 décembre 1833, p. 4.
  17. La Gazette de France, Paris, 29 mars 1834, p. 4.
  18. Notice L1996030, base Léonore.
  19. La Charivari, Paris, 26 août 1834, p. 2.
  20. Cette toile, autrefois dénigrée par Diderot, a depuis fait l'objet de nombreuses analyses : elle est attribuée sans aucun doute à Rembrandt — cf. l'article de Patrick Absalon, « Mythe et drame personnel : le Rapt de Ganymède de Rembrandt (1635, Gemäldegalerie, Dresde) », in: Véronique Gély (dir.), Ganymède ou l'échanson, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2008, p. 165-177lire sur OpenEditions Books.
  21. Le Temps, Paris, 4 février 1838, p. 4
  22. Beraldi, 1890, p. 202.
  23. a et b Fiche exposant S 1853, base salons du musée d'Orsay.
  24. Cette information est donnée par Léonce de Brotonne (qui par ailleurs se trompe sur la date de naissance de Léon Noël), in: Les Bonaparte et leurs alliances, Paris, Honoré Champion, 1901, p. 124 — sur Gallica.
  25. Beraldi, 1890, p. 203.
  26. La Gazette nationale, 1er janvier 1855, p. 9 — sur retronews.
  27. Journal des débats, Paris, 2 janvier 1856, p. 4 — sur Retronews.
  28. Fiche exposant S 1866, base salons du musée d'Orsay.
  29. Gazette nationale ou le Moniteur universel, Paris, 21 janvier 1868, p. 2 — sur Retronews.
  30. À peine deux lignes dans Le Moniteur des arts, 11 janvier 1884, p. 2.
  31. Voir par exemple Le Journal pour rire Paris, 19 juin 1852, p. 3 — sur Retronews.
  32. Voir aussi cette caricature de A. Léon-Noël par Nadar — sur la base Omnia.
  33. Biographie d'André Léon-Noël, sur Expositions BNF, 2018.
  34. Catalogue en ligne de l'ENSBA.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Beraldi, Les Graveurs du dix-neuvième siècle : guide de l'amateur d'estampes modernes, vol. 10, Paris, Conquet, , p. 200-217lire sur Gallica.
  • Jean-Claude Daufresne (préf. Christian Pattyn), Théâtre de l'Odéon : architecture, décors, musée, Sprimont, Mardaga, , 297 p. (ISBN 2-87009-873-1, lire en ligne), p. 282
  • Lucien Monod, Aide-mémoire de l'amateur et du professionnel : le prix des estampes anciennes et modernes, vol. V, Paris, Albert Morancé, , p. 195
  • Sonia Singh, La carrière du lithographe Léon Noël de 1821 à 1839, mémoire de maîtrise sous la direction de Marianne Grivel, Paris, Université de Paris-Sorbonne, 2007.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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