Lactoremplaceur

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Un lactoremplaceur est un aliment destiné à remplacer le lait maternel dans les élevages de veaux ou chevrettes de renouvellement (troupeaux laitiers) et de veaux ou chevreaux de boucherie.
Par dilution dans l'eau, il fournit un aliments liquide réputé « complet (lait de remplacement) pouvant se substituer au lait »[1].

L'utilisation d'un lactoremplaceur peut se faire pour des raisons économiques, sanitaires ou pratiques. Environ 40 % des veaux femelles et 80 % des veaux mâles sont nourris avec un lactoremplaceur.

Mode d'emploi[modifier | modifier le code]

La technique de délayage habituelle est la suivante :

- verser de l'eau à 50 °C dans un seau - environ la moitié du volume final souhaité,

- ajouter la poudre (125 g/l de buvée à 175 g/l de buvée pour les veaux - 150 à 175 g/l de buvée pour les chevrettes),

- brasser énergiquement,

- compléter avec de l'eau pour obtenir le volume final souhaité.

La température de distribution conseillée est de 40 à 42 °C.

Des distributeurs automatiques de lait (DAL) ou des louves (système d'alimentation en libre service pour chevrettes ou chevreaux) existent afin de faciliter le travail de l'éleveur.

Des plans d'alimentation donnent les quantités de lait reconstitué à distribuer.

Exemple de plan d'alimentation pour veau de renouvellement :

De l'eau, du fourrage et des aliments concentrés doivent être en libre service en complément de l'apport de lait.

Âge nombre de repas/jour L de lait entier ou reconstitué*/repas
Naissance à 3 jours 3 le 1er jour, 2 après 2 (colostrum)
4 à 7 jours 2 2
2 semaines 2 2,25
3 semaines 2 2,5
4 semaines 2 3
5 semaines 2 3
6 semaines 2 3
7 semaines 2 2,5
8 semaines 2 2
9 semaines 1 2

Le gain moyen de croissance attendu avec ce plan d'alimentation est de 800 à 900 g/j. Le sevrage des veaux se fait lorsqu'ils consomment 2 kg d'aliment dit concentré (du commerce ou fermier), signe que le rumen est fonctionnel. En général, le veau a alors doublé son poids de naissance.

Exemple de plan d'alimentation pour chevrettes à la louve :

Semaine Type d'aliment d'allaitement g/l d'eau
1 à 4 Démarrage (% élevé de matières premières laitières) 180
5 à 9 Classique 160

Le sevrage s'effectue lorsque la chevrette consomme environ 200 g d'aliment concentré et lorsque son poids est de 15-16 kg (gain moyen quotidien : 200 g).

Ingrédients, composition[modifier | modifier le code]

Il contient

Composition typique[1]

Contenu Taux (en %)
Protéines animales ou végétales brutes 20 à 26 %
Matières grasses brutes 16 à 24 %
Lactose 40,0 %
Amylacées 6,0 %
Cendres brutes 7,5 %
Fibres alimentaires brutes 0 à 0,5 %
Humidité 2,5 à 4,5 %

Le % de protéines varie en fonction de l'objectif de croissance. La matière grasse est plus élevée dans les lactoremplaceurs pour chevrettes et chevreaux afin d'augmenter leur teneur en énergie. Le % d'ingrédients végétaux (hors matières grasses) influence le prix de revient. Habituellement, les lactoremplaceurs à très faible % d'ingrédients végétaux sont destinés aux premières semaines de vie.

Sept fabricants de lactoremplaceurs sont présents en France. Leur fabrication est estimée à environ 500 000 T/an.

Usages[modifier | modifier le code]

Selon une commission d'enquête sénatoriale créée à la suite de la crise de la vache folle, les lactoremplaceurs sont majoritairement utilisés chez le veau de boucherie. Ce dernier en consomme environ 250 kg jusqu'à l'âge de cinq mois (alors que le veau d'élevage n'en consomme que 25 à 50 kg jusqu'à l'âge de deux à trois mois et les ovins et caprins de 10 à 25 kg jusqu'à l'âge de trois mois)[1]
Selon l'AFSA, les lactoremplaceurs donnés aux poulains sont faits avec des produits lactés[2].

Les lactoremplaceurs sont obligatoires dans les troupeaux touchés par la paratuberculose pour éviter la transmission de la maladie.

Ils peuvent s'avérer plus économiques que le lait entier pour nourrir les petits, notamment lorsque les cours du lait de vache ou de chèvre sont élevés.

Ils permettent de séparer le temps de traite et le temps d'alimentation : la dérivation du lait vers des bidons et leurs transports jusqu'à la nurserie ne sont pas nécessaires. Cela facilite le travail lorsque l'éleveur est seul.

Risques sanitaires[modifier | modifier le code]

L'AFSSA constatait en 2011 « dans tous les cas dépistés (d'ESB) que de l’aliment jeune bovin avait été consommé par les animaux malades (...) » « dans la première année de vie des animaux. » Or, poursuit l'AFSSA, « l’aliment « jeune bovin » n’est pas systématiquement utilisé en France, ni dans les élevages laitiers, ni dans les élevages allaitants. »

« Une étude cas/témoins [Jarrige et al., soumis] a mis en évidence la consommation d’aliments concentrés par les bovins pendant leurs deux premières années de vie, comme principale source de contamination des cas d’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) nés après l’interdiction des farines animales en France en 1990 (cas dits NAIF) »[6] Et les lactoremplaceurs ont tous joué un rôle dans la diffusion de prions pathogènes ; Les graisses animales et en particulier les « graisses d’os » issues de l'équarrissage ont en effet pu contenir des prions pathogènes et être source de « cas naïf » (c'est-à-dire issus de parents non contaminés) d'ESBC[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Sénat français, Rapport de commission d'enquête n° 321 (2000-2001) de MM. Gérard DÉRIOT et Jean BIZET, fait au nom de la commission d'enquête, déposé le 11 mai 2001 ; Voir §a) Les farines animales : un produit de l'industrie de l'équarrissage
  2. a b c d et e AFSSA, Les risques sanitaires liés aux différents usages des farines et graisses d’origine animale et aux conditions de leur traitement et de leur élimination, avril 2001 (voir § 5 ; "Le cheval", pages 19/208)
  3. Arrêté du 23 novembre 2000
  4. Heaney D.P & Shrestha J.N.B (1987) Effects of soyflour in milk replacer on the performance of artificially reared lambs. Canadian Journal of Animal Science, 67(3), 757-763 résumé).
  5. Selon l'AFSSA (avis du 26 janvier 2001), « il n’existait pas de données scientifiques disponibles justifiant d’interdire les farines et hydrolysats de poissons pour les espèces non-ruminantes et pour les poissons, sous réserve de garantir des structures dédiées depuis la fabrication jusqu’à l’utilisation de telles farines. Sur ces bases, un arrêté en date du 13 février 2001, autorise l’emploi des farines de poissons aux espèces non ruminantes, ces farines restaient autorisées chez les poissons par l’arrêté du 14 novembre 2000 ».
  6. Jarrige, N., Ducrot, C., Cazeau, G., Morignat, E., & Calavas, D. (2006) Contamination alimentaire des bovins naïfs atteints d'ESB ; Études complémentaires sur la période de distribution des aliments composés aux bovins et sur le rôle des aliments pour volailles ; J. Epidémiol. et santé anim., 49, 45-53
  7. Ducrot, « Épidémiologie de la tremblante et de l’encéphalopathie spongiforme bovine en France », dans Productions animales, INRA, vol. hors série, 2004, p. 67-77

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]