Méthode de Quine-Mc Cluskey

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La méthode de Quine-McCluskey est un algorithme systématique pour minimiser une fonction booléenne quelconque, développé par Willard V. Quine, puis étendu par Edward J. McCluskey[1],[2],[3].

Principe de la méthode[modifier | modifier le code]

L'algorithme se déroule en deux étapes. Pour faciliter la mise en œuvre de la méthode, la fonction logique doit être exprimée soit sous forme tabulaire (table de vérité, tableau de Karnaugh), soit sous la forme suivante :

sont valeurs (exprimées en binaire ou plus souvent en décimal) correspondant aux cas où , avec le nombre , vaut 1 et sont valeurs correspondant aux cas où , avec le nombre est indéterminé. Par exemple, l'expression d'une porte NAND sous cette forme serait : .

La première étape de l'algorithme correspond à la recherche de l'ensemble des termes générateurs. Un terme est générateur s'il ne peut être combiné avec aucun autre terme pour donner un terme plus simple.

Par exemple, dans le cas de la porte NAND, la fonction vaut 1 lorsque vaut , ou . Le terme n'est pas un terme générateur car combiné avec , il donne naissance à un terme plus simple . En revanche, ne peut être combiné avec un autre terme, c'est donc un terme générateur. De la même manière est un autre terme générateur.

Pour trouver les termes générateurs, on utilise les valeurs et car, comme dans un tableau de Karnaugh, les termes indéterminés peuvent conduire à des simplifications.

La deuxième étape de l'algorithme correspond à l'élimination, parmi les termes générateurs, des termes redondants. Pour cela, on identifie les termes générateurs à partir desquels chaque peut-être écrit et on élimine ceux qui sont en trop.

Par exemple, dans le cas de la porte NAND, le terme et peuvent être écrit avec le terme générateur mais celui-ci n'est pas utilisable pour écrire . L'utilisation du second générateur est indispensable. Il n'y a pas de terme redondant.

Pour cette étape de simplification, on ne cherche à coder que les valeurs . Les valeurs indéterminés nous sont ici inutiles.

Illustration sur un exemple[modifier | modifier le code]

Table de vérité[modifier | modifier le code]

Considérons la table de vérité suivante

A B C D S
0 0 0 0 1
0 0 0 1 0
0 0 1 0 1
0 0 1 1 0
0 1 0 0 0
0 1 0 1 0
0 1 1 0 1
0 1 1 1 0
1 0 0 0 1
1 0 0 1 0
1 0 1 0 x
1 0 1 1 x
1 1 0 0 x
1 1 0 1 x
1 1 1 0 x
1 1 1 1 x

L'exemple n'est pas totalement fortuit. Il s'agit en fait de la table de vérité servant au codage de la barre située en bas à gauche d'un afficheur 7 segments (allumée quand on souhaite afficher 0, 2, 6 ou 8, éteinte quand on a comme code 1, 3, 4, 5, 7 ou 9 et indéterminée pour les codes supérieurs à 9). L'expression de S s'écrit donc

Étape n°1 : Identification des termes générateurs[modifier | modifier le code]

Pour identifier les termes générateurs, on remplit un premier tableau de la manière suivantes : 1°) Dans la première colonne, on écrit tous les termes portant la fonction à 1 ou à une forme indéterminée. Les termes sont triés en fonction du nombre de 1 qu'ils contiennent.

Colonne 0
0000
0010
1000
0110
1010
1100
1011
1101
1110
1111

On tente alors de combiner les termes afin d'éliminer ceux qui ne sont pas générateurs. L'intérêt de les avoir triés en fonction du nombre de 1 qu'ils contiennent permet de simplifier cette étape. Dans la colonne 0, on raye tour à tour les termes utilisés dans une recombinaison et on inscrit dans la colonne 1 du tableau les termes issues de ces recombinaisons.

  • 0000 peut être recombiné avec 0010 pour former le terme 00x0.
  • 0000 peut être recombiné avec 1000 pour former le terme x000.
  • 0010 peut être recombiné avec 1010 pour former le terme x010.
  • etc ...
Colonne 0 Colonne 1
0000 00x0
0010 x000
1000 0x10
0110 x010
1010 10x0
1100 1x00
1011 x110
1101 101x
1110 1x10
1111 110x
11x0
111x
11x1
1x11

On réitère alors cette opération avec les termes de la Colonne 1 : dans la colonne 1, on raye tour à tour les termes utilisés dans une recombinaison et on inscrit dans la colonne 2 du tableau les termes issues de ces recombinaisons. Ces termes sont composés de 2 x.

  • 00x0 peut être recombiné avec 10x0 pour former le terme x0x0.
  • x000 peut être recombiné avec x010 pour former le terme x0x0.
  • 0x10 peut être recombiné avec 1x10 pour former le terme xx10.
  • etc ...
  • x110 peut être recombiné avec x010 pour former le terme xx10.
Colonne 0 Colonne 1 Colonne 2
0000 00x0 x0x0
0010 x000 xx10
1000 0x10 1xx0
0110 x010 1x1x
1010 10x0 11xx
1100 1x00
1011 x110
1101 101x
1110 1x10
1111 110x
11x0
111x
11x1
1x11

On réitère ce mécanisme jusqu'à ce qu'on ne puisse plus combiner de termes. Dans ce cas, tous les termes de la colonne 2 sont générateurs, mais dans d'autre cas de figure, on pourrait trouver une colonne 3 avec des termes portant 3x.

Colonne 0 Colonne 1 Colonne 2
0000 00x0 x0x0
0010 x000 xx10
1000 0x10 1xx0
0110 x010 1x1x
1010 10x0 11xx
1100 1x00
1011 x110
1101 101x
1110 1x10
1111 110x
11x0
111x
11x1
1x11

On a donc identifié 5 termes générateurs : x0x0, xx10, 1xx0, 1x1x et 11xx.

Étape n°2 : Suppression des redondances[modifier | modifier le code]

Pour identifier les termes redondants, on remplit un second tableau de la manière suivante : - en colonne, on retrouve les termes générateurs - en ligne, on retrouve les termes à exprimer (uniquement ceux de l'expression R puisque les cas indéterminés ne sont pas à coder). - dans les cases, on identifie quel terme générateur est utilisé pour écrire le terme à exprimer.

x0x0 xx10 1xx0 1x1x 11xx
0000 X
0010 X X
0110 X
1000 X X

Le terme x0x0 est à conserver car il est indispensable pour exprimer 0000. Le terme xx10 est à conserver car il est indispensable pour exprimer 0110. x0x0 et xx10 sont nécessaires. De plus, ils sont suffisants : ils réalisent déjà tous les termes de R.

1xx0 ne réalise rien de nouveau ; 1x1x et 11xx n'expriment que des termes de , ils sont donc également considérés comme redondants.

Résultat final[modifier | modifier le code]

Les termes conservés étant et , on obtient :

Références[modifier | modifier le code]

  1. Willard Van Orman Quine, « The Problem of Simplifying Truth Functions », The American Mathematical Monthly, vol. 59, no 8,‎ , p. 521–531 (DOI 10.2307/2308219, JSTOR 2308219)
  2. Willard Van Orman Quine, « A Way to Simplify Truth Functions », The American Mathematical Monthly, vol. 62, no 9,‎ , p. 627–631 (DOI 10.2307/2307285, JSTOR 2307285)
  3. Edward J. McCluskey, Jr., « Minimization of Boolean Functions », Bell System Technical Journal, vol. 35, no 6,‎ , p. 1417–1444 (DOI 10.1002/j.1538-7305.1956.tb03835.x, lire en ligne, consulté le )