Alfons Mucha

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Alfons Mucha
Alfons Maria Mucha (Chicago, 1906)
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Alfons Maria MuchaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Drapeau de la Tchécoslovaquie Tchèque
Activité
Formation
Partenaire
Lieux de travail
Paris (depuis ), Prague (depuis ), Vienne, Munich, MikulovVoir et modifier les données sur Wikidata
Mouvement
Influencé par
Mère
Amálie Muchová (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Marie Chytilová (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Distinctions
Site web
Œuvres principales
Le Pater
signature d'Alfons Mucha
Signature
Vue de la sépulture.

Alfons Maria Mucha, né à Ivančice (ville de Moravie qui faisait alors partie de l'Empire d'Autriche, aujourd'hui sise en République tchèque) le et mort à Prague le (à 78 ans), est un affichiste, un illustrateur, un graphiste, un peintre, architecture d'intérieur et décorateur tchèque, fer-de-lance du style Art nouveau.

Biographie

Les débuts

Portrait charge d'Alfons Mucha par David Ossipovitch Widhopff paru dans La Plume en 1897.

Le 24 juillet 1860, Alfons Maria Mucha naît à Ivancice, dans le sud de la Moravie. Il est le deuxième enfant d'Ondrej Mucha, huissier de justice. Son aptitude au chant lui permet de poursuivre son éducation dans la capitale morave, Brno où il obtient une place dans une chorale de l'église Saint-Pierre. Très peu de ses dessins de jeunesse ont été conservés. Parmi ceux-ci, se trouve Ukřižování (La Crucifixion), dessiné à l'âge de huit ans. À l'occasion d'un voyage, il rencontre le dernier représentant de la peinture sacrale baroque, le vieux maître Umlauf, dont les fresques que l'on pouvait voir dans l'église d'Usti et surtout dans l'église Saint-Ignace de Prague ont profondément marqué Mucha.

En 1875 il revient dans sa ville natale où son père lui trouve un emploi de greffier au tribunal mais, trois ans plus tard, Alfons pose sa candidature pour entrer à l'Académie des Beaux-Arts de Prague. Sa demande est rejetée avec la recommandation : « Choisissez une autre profession où vous serez plus utile ». Après avoir réalisé quelques travaux décoratifs en Moravie (essentiellement des décors de théâtre), il émigre en 1879 à Vienne afin de travailler pour la plus grande entreprise de décors de théâtre de la ville, Kautsky-Brioschi-Burghardt, tout en continuant sa formation artistique au cours de laquelle il fut l'élève de Hans Makart. Il se rend à Mikulov où il gagne sa vie comme portraitiste.

Il y rencontre le comte Khuen Belasi, plus gros propriétaire de la région, qui lui passe une commande pour la décoration de son château à Emmahof[1]. En 1881 le Ringtheater, le meilleur client de son employeur, brûle dans un incendie où 500 personnes trouvent la mort. Mucha, en sa qualité de plus jeune employé, est congédié. Il revient en Moravie et réalise des décorations et des portraits en indépendant. Mucha travaille alors pour Egon Khuen-Belasi, frère du comte Karl, à la décoration du château de Candegg situé dans les Dolomites[1]. En 1885, parrainé et financé par E. Khuen-Belasi, il commence ses études à l'Académie de Munich ; il compte parmi ses professeurs von Herterich et Lofftzen.

La carrière parisienne

Affiche publicitaire pour le Salon des Cent de 1901.

Mucha se rend ensuite à Paris en 1887 pour continuer ses études au sein de l'Académie Julian et de l'Académie Colarossi, tout en produisant une revue, en réalisant des affiches publicitaires et en illustrant des livres, des catalogues ou des calendriers. « Pour un graphiste habile, il n'était pas trop difficile à s'employer dans un Paris à l'activité commerciale stimulée par une nouvelle Exposition Universelle - celle de 1889 »[2]. En 1888 il quitte l'Académie Julian et devient étudiant à l'Académie Colarossi. L'année suivante, le parrainage du comte prend fin. Il quitte l'Académie Colarossi et cherche du travail comme illustrateur. Les qualités techniques et artistiques de Mucha finissent par être reconnues et il est embauché par la première grande maison d'édition parisienne Armand Colin[3].

Il commence à illustrer un magazine de théâtre, dans lequel paraît son premier dessin de Sarah Bernhardt en Cléopâtre. Peu après son arrivée à Paris, conseillé par son camarade de l'Académie Colarossi, Wladyslaw Slewinski, Mucha s'installe de 1890 à 1893 au-dessus d'un petit restaurant (on disait « une crèmerie ») situé rue de la Grande-Chaumière[4], à côté de l'académie. Avec Slewinski, Mucha décore la façade de ce petit restaurant alors tenu par une certaine Charlotte Caron. Cette décoration subsista plusieurs années, mais est aujourd'hui disparue[3].

Boutique du bijoutier Georges Fouquet anciennement située 6 rue Royale à Paris, musée Carnavalet

Seul artiste disponible chez son imprimeur quand Sarah Bernhardt le sollicite le pour réaliser l'affiche publicitaire de Gismonda, la pièce qu'elle doit jouer au Théâtre de la Renaissance, Mucha relève le défi et dès le matin du 1er janvier 1895, Paris se couvre de grandes affiches qui ont un si vif succès que des amateurs n'hésitent pas à les découper[5]. Après cette réussite, Sarah Bernhardt l'engage pour un contrat de six ans[5]. Son style délié lui vaut une certaine notoriété. Il réalise notamment Lorenzaccio, La Dame aux camélias (1896), Hamlet et Médée (1898). En 1896, il participe à l'Exposition du Cirque de Reims et réalise l'affiche du Salon des Cent qui se tient à Paris.

En 1896 il devint l'amant de Berthe de Lalande, dont il réalisa un beau portrait au pastel dédicacé à Paris le 27 décembre 1904, qui passa en vente publique vers 1960 [6] ; le couple figure sur des photographies « prises chez M. Bourrelier des éditions Armand Colin à Verrières-le-Buisson ». Mucha représenta sa compagne dans une aquarelle qui servit de couverture et d'illustration pour la revue Le Monde Moderne en mai 1896. Après son mariage le 10 juin 1906, il n'en parla pas à son fils et effaça tout document la concernant, mais l'aida financièrement secrètement jusqu'à sa mort[réf. souhaitée].

En 1900 il reçoit la médaille d'argent à l'exposition universelle, il est également fait chevalier de la Légion d'honneur. L'année suivante, Mucha conçoit la bijouterie Fouquet au 6 de la rue Royale (la boutique fut démontée en 1923 et est aujourd'hui présentée reconstituée au musée Carnavalet).

Les modèles de Mucha

Dès ses débuts à Paris, Mucha photographie ses modèles. Il se constitue ainsi un important catalogue qu'il utilise ensuite pour réaliser ses illustrations. Ce travail sur photo explique la ressemblance de certains de ses dessins bien qu'ils aient été réalisés à plusieurs années d'intervalle. Son catalogue photographique constitue par ailleurs un intéressant témoignage sur les femmes de son époque[7].

On suppose que Cléo de Mérode fut son inspiratrice pour le buste en bronze "la Nature" exposé au nouveau musée Fin-de-Siècle à Bruxelles.

Par économie, plutôt que de faire appel à des modèles professionnels, Mucha préfère faire appel à ses camarades. Paul Gauguin et František Kupka lui servent ainsi de modèle[8].

Le passage aux États-Unis

Affiche de Mucha représentant Maude Adams dans le rôle de Jeanne d'Arc, dans La Pucelle d'Orléans de Schiller, en 1909.

Après son mariage avec Maruska Chytilova, Mucha se rend aux États-Unis de 1906 à 1910. Il y travaille aux académies de New York, Chicago et Philadelphie.

Accueilli a bras ouverts il ne trouvera pas la réception espérée à sa peinture, considérée comme trop proche du modèle.

Mucha n’enjolive pas ou peu, et les merveilleux drapés qui faisaient son succès au cours de sa période parisienne, n’ont plus d’impact une fois retranscrits à l’huile sur la toile.

Il se tournera à nouveau vers l’affiche et l’illustration pour reconstituer ses fonds dépensés rapidement pour financer son installation aux États-Unis, mais aussi perdus à "aider" financièrement certains "amis" dans le besoin.

Il réalisera aussi la décoration du théâtre germanique de New-York (disparu).

C’est sur sa proposition que le Comité des Slaves fut créé à New York.

L’idée qui le taraude depuis des années de réaliser vingt toiles monumentales pour illustrer l’histoire et l’essor des Slaves depuis les festivités de la Saint-Guy à Rujana jusqu’à la libération du peuple slave, va peu à peu prendre corps.

Après une période de négociations et de présentation du projet, l’homme d'affaires fortuné américain Charles R. Crane met à sa disposition les fonds nécessaires a leur exécution, et Mucha à son retour en Bohême réalise en dix ans ce qu’il considérait comme son œuvre majeure, L'Épopée slave.

Le retour aux sources

Détail du Vitrail Mucha dans la Cathédrale Saint-Guy de Prague.

Charles Crane, un riche industriel rencontré à Chicago, qui lui permet de revenir en Bohême et de s'établir à Prague. Outre la réalisation de l'Épopée, il décore le Théâtre national, la Maison municipale ainsi que d'autres monuments de la ville.

Lorsque la Tchécoslovaquie obtient son indépendance après la Première Guerre mondiale, il conçoit les nouveaux timbres-poste (dont la première émission du Château de Prague), billets de banque et autres documents officiels pour la nouvelle nation.

Il meurt à Prague le 14 juillet 1939 d'une pneumonie à l'âge de 78 ans, quelques jours après avoir été interrogé par la Gestapo qui s'intéresse à lui du fait de son appartenance à la franc-maçonnerie. Son corps est jeté à la fosse commune. Une plaque commémorative lui est dédiée au cimetière des Grands Hommes de Prague.

À l'époque de sa mort, son style était déjà considéré comme dépassé, mais l'intérêt pour cet art est réapparu dans les années 1960 et continue périodiquement à inspirer et à influencer les illustrateurs contemporains.

Son fils Jiří Mucha, un auteur qui a beaucoup écrit sur son père, a souvent attiré l'attention sur son travail.

Le graveur rhétais William Barbotin a réalisé son portrait en buste au burin (épreuve non datée, signée et dédicacée à un M. Verdier - coll. pers.).

Hommages

Une loge maçonnique francophone, à Prague, porte son nom.

Œuvres

  • Gismonda, 1894, lithographie en couleurs, 74,2 × 216 cm
  • Zodiaque, 1896, lithographie en couleurs, 48,2 × 65,7 cm
  • Série de lithographies en couleurs intitulée Les Saisons, 1896, 14,5 × 28 cm
  • Le Fruit, 1897, lithographie en couleurs, 44,4 × 66,2 cm
  • La Fleur, 1897, lithographie en couleurs, 44,4 × 66,2 cm
  • Rêverie, 1897, lithographie en couleurs, 55,2 × 72,7 cm
  • Série de lithographies en couleurs intitulée Les Arts, 1898 : la Danse, la Peinture, la Poésie et la Musique, 38 × 60 cm
  • Série de lithographies en couleurs intitulée Les Fleurs, 1898 : la Rose, l'Iris, l'Œillet et le Lys, 43,3 × 103,5 cm
  • La Nature, 1899
  • Série de lithographies en couleurs intitulée Les Heures du jour, 1899 : Éveil du matin, Éclat du jour, Rêverie du soir et Repos de la nuit, 39 × 107,7 cm
  • Série de lithographies en couleurs intitulée Les Pierres Précieuses, 1900 : La Topaze, Le Rubis, L'Améthyste et L'Émeraude, 30 × 67,2 cm
  • Illustre Clio d'Anatole France, Calmann-Levy, 1900.
  • Gismonda, La Dame aux camélias et Amieux-Frères publiées dans Les Maîtres de l'affiche (1895-1900).
  • Menu Moët & Chandon, Londres, The Poster, 1898.
  • Série de cartes postales artistiques pour la collection des cent, 1901-1903.
  • Le Lierre, 1901, lithographie en couleurs, 39,5 × 53 cm
  • Le Laurier, 1901, lithographie en couleurs, 39,5 × 53 cm
  • Bruyère des falaises, 1902, lithographie en couleurs, 35 × 74 cm
  • Chardon des sables, 1902, lithographie en couleurs, 35 × 74 cm
  • L'Apothéose des Slaves, 1926

Notes et références

  1. a et b Ellridge, p. 18
  2. Ellridge, p. 25
  3. a et b Ellridge, p. 26
  4. Alain Dautriat, « Sur les murs de Paris: guide des plaques commémoratives », Google (consulté le ), p. 61
  5. a et b « Mucha invente l'Art nouveau en peinture », herodote.net, (consulté le )
  6. Collection particulière parisienne et reproduit sous le n°310 du catalogue de l'exposition Mucha de 1980
  7. Ellridge, p. 28
  8. Ellridge, p. 35

Annexes

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes