Alexandre Krysiński de Leliwa

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Alexander
Krysiński
Naissance
Varsovie
Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Décès (à 62 ans)
Hombourg
Blason du Landgraviat de Hesse-Hombourg Landgraviat de Hesse-Hombourg
Origine Drapeau de la Pologne Pologne
Grade Conseiller d'État (général)
Conflits Insurrection polonaise de novembre 1830
Distinctions Virtuti Militari (polonais)
Commandeur de l'ordre de Saint-Stanislas
Blason du clan des Leliwa

Aleksander Krysiński herbu Leliwa (Alexandre Krysiński des armoiries Leliwa) né le et mort le , surnommé l'ange noir[1] de l'insurrection polonaise de 1830, est un général et homme politique polonais. Il descend de Leib Krysa, réformateur religieux juif du XVIIIe siècle et membre important du mouvement initié par Jacob Franck[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Varsovie le , Aleksander Krysiński est diplômé en droit de l'Université de Varsovie en 1827. Il occupe la charge de substitut du procureur à la cour d’appel du Royaume de Pologne (Royaume du Congrès).

L'insurrection de 1830-1831[modifier | modifier le code]

Le , le général Józef Chłopicki, nommé chef de l'insurrection désigne Aleksander Krysiński le secrétaire de son état major (Sekretarz Dyktatora). Krysiński démissionne de ce post [3] en janvier. Il devient alors aide de camp du nouveau commandant en chef, Jan Skrzynecki[4].

Le , le lieutenant Krysiński est décoré de l’ordre Virtuti Militari, la plus haute décoration militaire polonaise.

Le , il est blessé une première fois à la bataille d'Ostrołęka et transporté à Varsovie[5].

Le général Skrzynecki ne fait l'unanimité parmi les insurgés. Il temporise et les partisans de la lutte le considèrent responsable de la paralysie de l'insurrection[6]. De fait, Krysiński, lui aussi, est considéré par certains comme "un partisan masqué de la Moscovie".

Nommé capitaine, Krysiński poursuit pourtant la lutte jusqu'à la fin de l'été 1831 et est grièvement blessé dans les derniers combats[7]. Un journal autrichien annonce même (à tort) sa mort[8].

Premier exil et retour en Russie[modifier | modifier le code]

Comme tous les insurgés polonais, Krysiński est contraint à l'exil. Après plusieurs années de pérégrinations en Europe, il finit par reprendre du service en Russie. Le , il est nommé conseiller militaire auprès du gouverneur de Iaroslavl au rang de colonel[9],[10]. Devenu conseiller d'état, il épouse à Moscou Eudoxie Tolboukhine, issue de l'ancienne famille russe des comtes Tolboukhine, descendante de Riourik et cousine germaine par sa mère, Elena Lvovna Tolstaya, des Tolstoï et du grand poète russe Fiodor Tiouttchev[11].

Exil définitif à Paris[modifier | modifier le code]

Ce retour en grâce ne dura qu'une dizaine d’années. En effet, le , la Gazeta urzędowa Królestwa Polskiego annonce que, par ordre du jour du , le conseiller d’état Krysiński est libéré du service du ministère de l’Intérieur. Pour Krysiński, qui a refusé de se prêter à la politique de russification de la Pologne, cela signifie de nouveau l'exil. Il s'installe à Paris. Cette fois définitivement.

En paraît à Bruxelles, chez Méline La question polonaise dans l’état actuel de l’Europe, par Alexander Krysiński, ancien secrétaire d’état, aide de camp du général en chef, conseiller d’état. Une seconde version paraîtra également en allemand (Die polnische Frage im gegenwärtigen zustande von Europa).

Krysiński révèle dans cet opuscule que :

« Les changements introduits dans notre législation civile, et surtout le nouveau code pénal, sont un des coups les plus funestes qui nous aient été portés. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, ces lois sont mauvaises en elles-mêmes : l’impéritie y dispute le pas à la cruauté ; et je ne saurais me féliciter assez d’avoir constamment refusé de concourir à l’enfantement de cet informe avorton. Les places, m’assurait-on, les richesses, les honneurs pleuvraient sur moi. Les honneurs ? Peut-être ; mais l’honneur ! Ne savais-je pas que le but qu’il fallait atteindre, c’était la dénationalisation du royaume, et son amalgame le plus complet avec la Russie ? Si l’avorton devait naître viable, je n’ai pas voulu attacher mon nom à sa vitalité. Polonais, je n’ai rempli que le plus impérieux de mes devoirs. »

La brochure semble avoir un certain succès. La France Nouvelle, un de ces journaux politiques et littéraires qui fleurissent brièvement en 1848 (le premier numéro parut le et le dernier le de la même année ; le rédacteur en chef du journal est Alexandre Dumas), la mentionne dans son sixième numéro le vendredi et en livra un résumé.

Désormais sans occupation politique ou militaire, Krysiński s'intéresse à la philosophie et assiste aux cours d’Auguste Comte au cours de l’hiver 1847-48. Il est même à l'origine de la rencontre entre Émile de Girardin et le philosophe français[12].

Krysiński se fond progressivement dans la vie parisienne, devient membre du Cercle des chemins de fer et, aux côtés d'Osokin et de Halier, l'un des principaux joueurs de son époque, fréquentant assidûment le casino de François Blanc à Hombourg[13].

Krysiński décède à Hombourg le , à l'âge de soixante-deux ans. Il est le grand-père de l'homme politique et intellectuel polonais Władysław Folkierski par sa fille, Julia, et le beau-père du général Faure-Biguet, gouverneur de Paris, par sa fille Zofia. La poétesse Maria Krysińska est une de ses parentes.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • La question polonaise dans l’état actuel de l’Europe, Méline, Cans et Cie, 1848, 89 pages.
  • Die polnische Frage (einzig mögliche Lösung) in dem gegenwärtigen Zustande Europa, Jügel, 1848, 69 pages.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. cf. Bartoszewski & Polonsky, 1991 : « On the left, he was attacked as the “evil spirit” of the insurrection, a capitalist in league with St Petersburg. »
  2. H. Graetz, History of the Jews, Volume 6, p. 110.
  3. « Der Dictator hat folgende Ernennüngen vorgenommen: den Senator kastellan Graf Anton Ostrowski zum Befehlshaber der Warschauer National-Garde; den stellvertretenden Staats-Referendar Graf Romanow Jalusti zum General-Secretär bei der Dictatur, von welchem Amte Alexander Krysiński auf sein eigenes Ansuchen entlassen worden ist. » (Österreichischer Beobachter, 26 janvier 1831).
  4. Bartoszewski & Polonsky, 1991.
  5. Journal des débats politiques et littéraires, 11 juin 1831.
  6. cf. Jean-Népomucène Janowski, Les derniers momens de la Révolution de Pologne, Paris (1833).
  7. Le Journal de la Haye et la Gazeta de Lisboa reprirent ainsi une dépêche de Varsovie datée du 19 septembre 1831 qui disait : « Plusieurs régiments russes ont traversé cette capitale dans les journées des 15 et 16 courant. Un grand nombre d’officiers supérieurs polonais sont arrivés dans cette capitale. — Parmi les officiers polonais blessés dans les derniers combats, se trouve aussi l’ex-adjudant de l’état-major général, Alexandre Krysiński.
  8. Der Capitän Alexander Krysiński, Adjutant des Oberbefehlshaber, schwer am ersten Tage des Sturmes verwundert, starb vorgestern in Warschau. Dieser nachahmenswerte Pole, dieser brave Soldat, dieser auertannte Rechtsgelehrte, ließ sich am Sten aus Warschau fahren.
  9. Oukase impérial du 13 septembre 1838.
  10. Gazeta Warszawska, 1838, no 291.
  11. La mère du poète, Ekaterina Lvovna Tolstaya, était la sœur d'Elena Lvovna.
  12. cf. Hippolyte Philémon Deroisin, Notes sur Auguste Comte par l'un de ses disciples, 1909.
  13. cf. Comte Corti, The wizard of Hombourg and Montecarlo (p. 103-105).

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]