Alain Amselek
Alain Jean Samuel Amselek, né le , est un psychanalyste et un écrivain français.
Jeunesse et situation familiale
Alain Amselek est né en 1934[1] à Alger dans une famille juive sépharade pratiquante.
Son grand-père paternel, rabbi Schmuel Amselek, est auteur d'un livre en hébreu sur la Kabbale espagnole. Sa mère, née Chouraqui, était cousine d'André Chouraqui. Alain Amselek est cousin par alliance du philosophe Jacques Derrida[2].
Alain Amselek fait ses études secondaires jusqu’au baccalauréat de philosophie au lycée Émile-Félix Gautier d’Alger où il est influencé par ses professeurs de littérature et de philosophie. Après une année de physique, chimie et biologie à l’Université algéroise, il commence à Paris des études de médecine, qu’il abandonne pour se marier. Il fait deux ans et demi de service militaire en pleine guerre d’Algérie.
Son épouse est la psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek.
Première vie professionnelle
Il crée une fabrique et une boutique de vêtements hippies à Paris, Alain Campton[3]. Durant les années 1960, il habille de nombreuses vedettes de la musique, du cinéma et du théâtre[4].
Après 1968, il introduit dans son entreprise les méthodes des groupes de créativité, qui venaient de naître en France. Ceci l’amène à s'intéresser aux méthodes de développement du potentiel humain, puis aux nouvelles thérapies importées des États-Unis. Il vend son entreprise pour revenir à ses premiers centres d'intérêt : la philosophie, la thérapie et la psychanalyse.[réf. nécessaire]
Formation et activités psychanalytiques
Il acquiert aux États-Unis, dans les années 1970, notamment à l'Institut d'Esalen et à l'Institut Radix en Californie, mais aussi en France, notamment à l'Institut Théracie créé par Clotaire Rapaille et par Michèle Barzach, une expérience de l'animation de groupes et de l'ensemble des thérapies corporelles et émotionnelles pratiquées alors, ce qui contribue à sa formation clinique. Cela l'amène à rencontrer les fondateurs ou leaders des principales psychothérapies modernes dans le monde et à travailler avec eux : Robert Desoille (dès 1953), Alexander Lowen, John Pierrakos, Arthur Janov, Dan Miller, Daniel Casriel, Moshe Feldenkrais, Gerda Alexander, Ida Rolf, Jack Painter, Paul Bindrim, Léonhard Orr, Stanislas Grof, Salvador Roquet, Rafaël Estrada-Villa, Federico Navarro, Gerda Boyesen, Bill Schutz, Jérome Liss, Bill Grossmann, Oscar Ichazo, Susanna Rivara et Andréa Donoso, Claudio Naranjo, Chuck et Erica Kelley, etc.
Il fait quatre ans d'analyse bioénergétique, sept ans d'analyse jungienne, quatre ans d'analyse freudienne, et entreprend à chaque fois le cursus complet de formation (didactique, séminaires théoriques, supervisions) pour être reconnu par ses pairs comme praticien dans chaque discipline.
Fonctions
- Membre actif « certifié » de l'Institut International d'Analyse Bioénergétique fondé à New York en 1956 par Alexander Lowen : de 1974 à 1983.
- Membre-fondateur de la Société française d'analyse bioénergétique (S.F.A.B.E.), dont il est vice-président en 1977 et 1978, puis président de 1979 à fin 1983. Il exerce des activités de didacticien-formateur au sein de la SFABE de 1980 à fin 1983, date à laquelle il démissionne pour se consacrer à la psychanalyse.
- Membre-fondateur de l'Association Française de Psychologie Humaniste de 1978 à 1985.
- Membre « agréé » du Groupement syndical Psy'G, département psychanalyse de 1979 à 1995.
- Membre didacticien du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie (S.N.P.Psy) : de 1981 à 1999.
- Membre du Centre de Formation et de Recherche Psychanalytique (C.F.R.P.), société de psychanalyse néo-lacanienne créée par Octave Mannoni, Maud Mannoni et Patrick Guyomard à la suite de la dissolution de l'École Freudienne - depuis sa création en 1982 jusqu'à sa scission en 1995.
- Il anime pendant quatre ans au C.F.R.P. avec le Dr Roger Gentis un groupe théorico-clinique sur “le corps en psychanalyse”.
- Membre du Groupe de recherche sur la « complexité clinique », créé en 1983 par des psychanalystes, des psychothérapeutes et des psychologues autour de Max Pagès au Laboratoire de psychologie clinique de l'Université Paris-VII (U.E.R. Sciences humaines et cliniques) pour se poursuivre jusqu'en 2012 à la Nouvelle Faculté Libre (NFL).
- Entre 1985 et 1988, il intervient à l'U.E.R. Sciences Humaines et Cliniques de Censier dans le cadre de la filière « Corps et psychothérapies » (Feya Reggios et Max Pagès).
- Il anime en 1988 dans le cadre de l'Institut de Formation Permanente de Censier un groupe de travail sur “Corps et Groupes”.
- Membre associé de la Société jungienne (S.F.P.A.) de 1988 à 1998.
- Il est élu membre d’honneur par l’Ecole belge de psychothérapie psychanalytique en 2008
Recherches et conceptions
La pensée d'Amselek se réfère d'une part à la tradition hébraïque et les spiritualités orientales (surtout hindoues) et d'autre part à Bergson, Freud et Jung[5]. Son premier livre dresse un parallèle entre Freud et Bergson pour faire ressortir les convergences et connivences entre le psychanalyste et le philosophe[6]. Dans ses recherches, il part de sa pratique psychanalytique pour élaborer une philosophie de la psychanalyse.
De formation plurielle en psychanalyse (Freud, Jung, Reich, Lacan, Winnicott, entre autres), Amselek se réfère également à des philosophes tels Kierkegaard, Nietzsche ou Bergson, mais également Albert Camus, Emmanuel Lévinas et Michel Henry, ainsi qu'à des écrivains, des poètes[7] et développe ses propres conceptions philosophiques[8].
[pas clair]Amselek part de l'intuition fondamentale d'un au-delà du langage, non-appréhendable par le discours théorique, mais saisissable directement par le sujet lui-même et son affectivité. Cette affectivité constitue un mode immédiat de connaissance[9]. Il n’y a d’objet réel que senti, mais l’objet senti n’est lui-même possible que dans le sentir-soi du sujet. Amselek fait de l’affectivité primaire, manifestation de la vie, le fondement et l’essence du sujet. La pulsionnalité en découle. C'est là que réside le ressort profond des actes.
Il repense les problématiques de la psychanalyse contemporaine à partir de ses[Quoi ?] deux absents majeurs[Pour qui ?] : la chair et la spiritualité, mais aussi en fonction du nouveau contexte social[Lequel ?] du XXIe siècle[10].
Contre Onfray
Alain Amselek est intervenu contre l’analyse critique de l’œuvre freudienne par Michel Onfray[11].
Publications
Ouvrages
- L’Écoute de l’intime et de l’invisible (La psychanalyse, plus en corps ?-Le Livre Rouge de la psychanalyse), Cerp édition, Paris 2006 (ISBN 9782916478005) (édition épuisée)
- L’appel du réel - La psychanalyse en question (s), préface de Joyce McDougall, Cerp édition, Paris 2007. (ISBN 9782916478012)
- L’Ouverture à la vie - La psychanalyse au XXIe siècle, préface de Jacques Digneton, Éditions Desclée de Brouwer, Paris 2010. (ISBN 9782220061896[à vérifier : ISBN invalide])
- Le Livre Rouge de la psychanalyse (Tome 1), nouvelle édition revue et augmentée, Éditions Desclée de Brouwer, Paris 2010. (ISBN 9782220062303)
- Le Livre Rouge de la psychanalyse (Tome 2), nouvelle édition, Éditions Desclée de Brouwer, Paris 2011. (ISBN 9782220063324)
Livres collectifs
- « Shangri-La ou la vieillesse », in La Cause des aînés, préface de Geneviève Laroque, livre collectif sous la direction de Catherine Bergeret-Amselek, éditions Desclée de Brouwer, Paris 2010 (ISBN 9782220062402)
Articles et conférences
- « Le mystère de la chair », in Cahiers jungiens de psychanalyse, no 76, printemps 1993.
- « L’impensable scandaleux de la psychothérapie », in La Tribune du Syndicat national des praticiens en psychothérapie et psychanalyse (S.N.P.Psy), février 1997.
- « Pour la fin des positions monistes et totalitaristes », février 2008, inédit. Texte sur le site Franck Ramus-CNRS.
- « La psychanalyse, pratique transcorporelle et spirituelle », in Le Corps et l’Analyse, revue des sociétés francophones d’analyse bioénergétique, volume 9, automne 2008.
- « La vérité, si je mens », Psycorps, revue de l’école belge de psychothérapie psychanalytique à médiations, volume 12, 2009.
- « Entre Réel et réalité, où se situe l’efficace de l’acte psychanalytique ? », Conférence du 22 septembre 2010 à Psycorps, Bruxelles. Texte accessible sur le site d'Amselek
- « Hommage à Joyce McDougall », in La Revue Les Lettres de la Société de Psychanalyse Freudienne, no 26, novembre 2011.
Notes et références
- Notice d'autorité de la Bibliothèque nationale de France.
- L'appel du réel p. 184
- Michel Lancelot lui a consacré quelques lignes dans son étude : Je veux regarder Dieu en face : Le phénomène hippie,Editions Albin Michel, 1968, Éditions J’ai lu/Livre de poche 1972, et José Artur a organisé une soirée dans la boutique pour son émission Le Pop Club sur France-inter en 1967.
- « Alain Amselek, Un grand « panseur » se livre », Paris Match no 3025, par Alain Spira : « Toutes les vedettes, dont Johnny Hallyday, furent clients de sa boutique du boulevard Saint-Michel, qui sera d'ailleurs la seule à ne pas être saccagée en mai 68. Étrangeté du destin : Ce n’est pas comme psychanalyste, mais comme styliste qu’il fit la connaissance de Lacan, amateur de ses vêtements extravagants.»
- Entretien avec Michel Cazenave, émission « Les Vivants et les Dieux », France-Culture, le 30 juin 2007
- Le Livre Rouge, tome 1, p. 33 à 41
- Entretien avec Benoît Ruelle sur RFI/Idées le 28 mars 2010 : Le psychanalyste Alain Amselek
- Jacques Van Wynsberghe dans la Revue Psycorps, volume 12, 2008, p. 11, notamment : « Un des paradoxes d’Alain Amselek – pointons-le puisqu’il les affectionne particulièrement - est d’insister sur la prééminence du vécu sensible et sur l’inanité de l’intellectualisme, à travers un texte particulièrement érudit où la haute voltige intellectuelle le dispute au funambulisme philosophique », et Jacques Digneton dans sa préface à L’ouverture à la vie, p. 17 à 25 : « Il nous contraint parfois à embrasser tout à la fois les Méditations de Descartes, la pensée de Kierkegaard, les avancées des phénoménologues, les deux décennies de réflexion de Lacan sur le sujet cartésien, et enfin sa propre conception du sujet... Le sujet amselekien est en effet unique, différent de ce qu’une tradition philosophique en a porté jusqu’à nous… Remarquons, dans ce retournement existentiel, que le sujet n’est ni assujetti, ni asservi et surtout pas à la vie puisqu’il est la vie. On retrouverait là une préoccupation marquée du côté de la dimension politique de la tradition philosophique française du sujet : Rousseau, Bataille, Althusser, Deleuze, Foucault, et Derrida. »
- « Entre Réel et réalité, où se situe l’efficace de l’acte psychanalytique ? » conférence du 22 septembre 2010 à Psycorps, Bruxelles
- « Manifeste pour une psychanalyse du XXIe siècle », premier chapitre de L’ouverture à la vie.
- « Un praticien se révolte contre l’air du temps — Onfray mieux de se taire » Mediapart, le 16 mai 2010, repris en annexe dans Le Livre Rouge de la psychanalyse
Voir aussi
- Entretien avec Louis de Courcy dans le Journal La Croix du 12 mai 2006 : La psychanalyse doit respecter l’unicité de la personne
- Chronique de « L’écoute de l’intime et de l’invisible » par Nicolas Demorand sur France-Culture (Les Matins de France-Culture) en mai 2006
- Entretien avec Nicolas Fauveau le 22 juin 2006 sur France bleue Gironde en duplex de Paris avec la journaliste Lucie Vincent
- Entretien avec Béatrice Soltner sur RCF. Repères : « La psychanalyse est-elle dépassée ? », octobre 2006
- Chronique de « L’écoute de l’intime et de l’invisible » par le psychothérapeute-psychanalyste américain Sander Kirsch dans la Revue de l’Ecole belge de psychothérapie psychanalytique, volume 10, 2006
- Chronique de « L’appel du réel » par la psychothérapeute-psychanalyste belge Brigitte Dohmen dans la Revue de l’Ecole belge de psychothérapie psychanalytique, volume 11, 2007.
- Entretien avec Pierre Edouard Deldique sur RFI/Signes Particuliers le 28 avril 2007 : Un trajet atypique de psychanalyste
- Entretien avec Michel Cazenave dans le cadre de son émission “Les Vivants et les Dieux” sur France-Culture le 30 juin 2007 : La psychanalyse entre le corps et l’esprit.
- Entretien avec Benoît Ruelle sur RFI/Idées le 28 mars 2010 : Le psychanalyste Alain Amselek
- Entretien avec Jacques Munier dans l'émission « À plus d'un titre » sur France-Culture le 11 mai 2010
- Entretien avec Olivier Germain-Thomas dans l'émission « For Intérieur » sur France-Culture le 21 mai 2010
- Chronique de "L'ouverture à la vie (la psychanalyse au XXIe siècle)" par le psychanalyste Philippe Porret dans la revue Les Lettres de la Société de Psychanalyse Freudienne, no 25, mai 2011.
- Chronique du Livre Rouge de la psychanalyse (tome 2) par le psychanalyste Philippe Porret dans la revue Les Lettres de la Société de Psychanalyse Freudienne, no 26, novembre 2011.