Affaire Luders

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L'ultimatum du 6 décembre 1897.

L'affaire Luders est scandale diplomatique et un affront des plus humiliants pour la nation haïtienne en 1897.

L'arrestation d'Emile Luders[modifier | modifier le code]

Le , la police haïtienne recherchait un certain Dorléus Présumé, accusé de vol : elle le trouva, nettoyant une voiture au seuil des Écuries centrales de Port-au-Prince que dirigeait M. Luders. M. Présumé opposant de la résistance, M. Luders fut attiré par le bruit. Pour s'être livré à des voies de fait sur un agent, il fut condamné à un mois de prison par le tribunal de police (). Le tribunal correctionnel, jugeant ensuite en appel, estima qu'il y avait eu rébellion avec voies de fait, annula la première sentence et condamna les délinquants à un an de prison ().

Le comte Schwerin, chargé d'affaires, réclama la libération immédiate de M. Luders, celui-ci étant d'origine allemande, puis la destitution des juges et la révocation des agents de police impliqués dans l'affaire (). Dans le but sans doute d'une entente, le Gouvernement, après des démarches de M. Powel, ministre des États-Unis, gracia M. Luders qui partit pour l'étranger ().

Le Charlotte et le Stein[modifier | modifier le code]

Le bateau de guerre Charlotte.

Le , deux avisos de la marine impériale allemande[1], la Charlotte et le Stein[2], mouillaient en rade de Port-au-Prince, sans le salut d'usage, et le commandant Thiele notifia au gouvernement haïtien un ultimatum aux conditions humiliantes dans le fond et la forme : indemnité de vingt mille dollars pour Luders, promesse que Luders pourrait revenir en Haïti, lettre d'excuses au gouvernement de Berlin, salut de vingt-et-un coups de canon au drapeau allemand, et quatre heures pour prendre la décision, sinon ils bombarderaient la ville[3].

Le gouvernement céda. On hissa le drapeau blanc au mât du palais présidentiel. Cette capitulation porta un coup mortel au prestige du président Sam. Celui-ci démissionna plus tard, le .

Cette crise diplomatique engendra une crise financière[4].

Sources[modifier | modifier le code]

  • Solon Ménos, L'affaire Luders, Éd. Imprimerie J. Verrollot, 1898.
  • Islam Louis Étienne, « Les vautours du 6 décembre », Le Nouvelliste, 2014.
  • « Le conflit de l'Allemagne avec Haïti », La Revue diplomatique, Éd. Beauquesne, , p. 4.
  • « L'incident d'Haïti », Le Matin, , p. 2.
  • « Haïti, le différend avec l'Allemagne », Le Journal des débats, , p. 2.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Nicolas Hogar, L'occupation américaine d'Haiti : la revanche de l'histoire, p. 103, Éd. Industrias Graficas España, 1954.
  2. Cahiers d'Haiti,vol.1, p. 35, 1943.
  3. Henri Pensa, Raoul de Thomasson, Questions diplomatiques et coloniales, vol. 1, p. 54, 1898.
  4. Afrique, vol. 14 à 19, éd. Société internationale de publications commerciales, culturelles et artistiques, 1962.