Adorée Villany

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Adorée Villany
Adorée Villany dans La Danse de Phryné.
Biographie
Naissance

Lieu inconnu
Décès
Après octobre 1920
Lieu inconnu
Nationalité
Inconnue
Activités
Période d'activité
1905-1920

Adorée Villany, aussi appelée Ada Villany, Adorée Via Villany ou Erna Reich, peut-être née le à Rouen et morte après octobre 1920, est une danseuse et une théoricienne de la danse.

Biographie[modifier | modifier le code]

Identité[modifier | modifier le code]

L'identité d'Adorée Villany est sujette à caution. Si certaines sources d'époque affirment que son nom de naissance est Ada Villany[1] ou Via Villany[2], plusieurs journaux allemands indiquent en 1912 — alors qu'elle est accusée d'obscénité après avoir joué nue à Munich — qu'elle se nomme Erna Reich[3]. On la dit tantôt française, tantôt hongroise[Note 1], ou encore juive allemande[4], parfois née en 1891 à Rouen[5], sans certitude aucune. Sur les formulaires qu'elle remplit entre 1918 et 1920 pour obtenir des permis de séjour à Stockholm, elle indique s'appeler Adorée Villany et être née le à Rouen[6],[Note 2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Autodidacte, elle se fait remarquer pour la première fois en 1905 quand, en plus de la danse des sept voiles, elle récite le monologue final de Salomé. Elle poursuit ensuite ses expérimentations de « danses parlées », en affichant une prédilection pour l'orientalisme et l'histoire : La Danse assyrienne, La Danse d'Esther, Danse de la femme romaine, La Vieille Danse égyptienne, La Danse hébraïque de l'abeille[7], La Vieille Danse perse, La Danse de Phryné, La Danse babylonienne, La Femme pré-raphaélite, La Mort et la Jeune Fille. À cela, elle ajoute des « danses de silhouettes » et des danses plus abstraites : Danse de la colère, Danse visionnaire, La Séduction et Danse de l'aveugle. En 1909, elle interprète La Panthère, où une femme danse devant l'homme qu'elle aime avant de l'étrangler. Pour ses créations, elle s'inspire aussi de peintres comme Franz von Stuck ou Arnold Böcklin, tournant dans toute l'Europe[8].

Adorée Villany danse nue dans des domiciles privés ou des espaces qu'elle loue pour l'occasion pour un public averti. Cela ne l'empêche pas d'être accusée d'obscénité en 1911 à Munich. Elle est finalement acquittée, en 1912, au nom de l'intérêt supérieur de l'art[9] et publie dans la foulée un manifeste sur la danse, intitulé Tanz-Reform und Pseudo-Moral[Note 3]. Elle y écrit qu'il faut regarder le corps féminin avec le sérieux accordé à la contemplation et que réformer la danse revient à réformer la morale. Contrairement aux tribunaux allemands, en 1913, la 9e chambre du Tribunal correctionnel de Paris la condamne à 200 francs d'amende pour outrage public à la pudeur[10]. Pour Adorée Villany, l'art de la danse ne pouvait être compris que si elle dansait nue et ôter sa chemise était montrer son âme, comme elle l'affirme à son procès[réf. nécessaire]. La même année, elle participe à la Revue en chemise des Folies Bergère[11], puis en 1914 se produit nue sur la scène de l'Eden à Strasbourg[12].

Après le déclenchement de la Première Guerre, Adorée Villany quitte la France pour la Scandinavie. À l'automne 1915, elle se produit à Stockholm et apparaît dans un court métrage danois, Slør-Danserinden (La Danseuse du voile) de Rino Lupo[13]. On perd sa trace après , date de sa dernière demande de permis de séjour à Stockholm[14].

Galerie[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Tanz-Reform und Pseudo-Moral, Paris, 1912
  • Phryné moderne devant l'Aréopage, Munich, F. Bruckmann, 1913

Filmographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Villány est par ailleurs une commune de Hongrie. Le mot hongrois "villany" veut dire "lumière".
  2. La consultation des archives en ligne de l'état civil de Rouen ne permet pas de confirmer ces informations. Parmi les quelques enfants du sexe féminin nés ce jour dans la commune, aucun ne s'appelle Villany ou Reich, ni n'est prénommé Ada, Adorée ou Erna, ni ne semble d'origine hongroise ou allemande.
  3. Rédigé en allemand et publié à Paris.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « La danseuse nue », Le Matin,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  2. J. G., « La danse sans voiles », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Temps, (consulté le ), p. 1-2
  3. (de) Richard Kralik (Ritter von Meyrswalden), Allgemeine Geschichte der neuesten Zeit: Bd. 1900 bis 1913, Verlagsbuchhandlung "Styria", (lire en ligne), p. 680
  4. (en) Edward Ross Dickinson, Dancing in the Blood : Modern Dance and European Culture on the Eve of the First World War, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-19622-3, lire en ligne)
  5. Notice de la Bibliothèque nationale allemande.
  6. Demandes de permis de séjour, Adorée Villany, 1918-1920, Stockholm, Archives municipales de Stockholm [lire en ligne]
  7. « La danseuse presque... nue », L'Humanité, [lire en ligne]
  8. (en) Karl Toepfer, Empire of Ecstasy, Nudity and Movement in German Body Culture, 1910–1935, University of California Press, 1997
  9. (en)« Dancer is acquitted », New York Times, [lire en ligne]
  10. Georges Claretie, « La Danseuse nue », Le Figaro, [lire en ligne]
  11. Le Petit Parisien, [lire en ligne]
  12. E. D., « Strasbourg », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Comœdia, (consulté le ), p. 5
  13. Annika Öhrner, « Delaunay and Stockholm », in Ana Vasconcelos e Melo (ed.), O Círculo Delaunay / The Delaunay Circle, Lissabon : Fundação Calouste Gulbenkian, 2015 (pp. 226-240) [lire en ligne]
  14. Demande de permis de séjour, Adorée Villany, , Stockholm, Archives municipales de Stockholm [lire en ligne]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]