Addis-Abeba

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Addis-Abeba
አዲስ አበባ
Finfinnee
Addis Abeba montage 1.jpg
Administration
Pays Drapeau de l'Éthiopie Éthiopie
Région Addis-Abeba
Démographie
Population 4 585 129 hab. (est. 2008)
Géographie
Coordonnées 9° 02′ nord, 38° 44′ est
Localisation
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Addis-Abeba
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Addis-Abeba

Addis-Abeba, également écrite Addis Abeba (Nouvelle fleur en amharique : አዲስ አበባÉcouter ; Finfinnee en oromo), est la capitale de l'Éthiopie. Cette ville de trois millions d'habitants accueille depuis 1963 le siège de l'Union africaine.

Addis-Abeba est située au centre du pays, sur un plateau à une altitude comprise entre 2 300 et 2 600 mètres, ce qui lui vaut d'être la capitale la plus élevée d'Afrique et la quatrième au niveau mondial[1].

Histoire

Avant la fondation

La région dans laquelle a été fondée Addis-Abeba est appelée Finfinnee par la population locale : les Oromos Goullelés[2]. La zone bénéficie d'une faune et d'une flore particulièrement riches[3]. Au sud-ouest, on trouve les montagnes Wachacha et au nord, les collines d'Entoto. Celles-ci constituent, avant la fondation d'Addis-Abeba, le lieu où Menelik II et son épouse Taytu Betul se sont installés. Le choix du déplacement vers l'actuelle Addis-Abeba s'explique par la rudeur du climat d'Entoto, froid et venteux[2]. En effet, le couple impérial a pris comme habitude de séjourner aux sources thermales de Filoha situées à une altitude moins élevée.

En 1886, alors que Taytu admire le paysage, elle aperçoit une fleur d'une rare beauté. Enchantée par le climat tendre, elle demande à son époux la possibilité de construire une maison dans la zone. Favorable à cette idée, Menelik II prépare le début des travaux et promet à Taytu de lui offrir le terrain de la future résidence[2]. La sélection de l'emplacement précis de la fondation d'Addis-Abeba fait suite à une prophétie du grand-père de Menelik II, Sahle Selassie, Negus du Shewa de 1813 à 1847. À cette époque, durant une partie d'échecs, il déclare : « Ce pays est couvert de broussailles et de végétation, mais un jour viendra où mon petit-fils construira ici une maison et y fondera une ville »[2].

C'est à l'endroit précis où son grand-père a pratiqué l'escrime que Menelik II décide de fonder la ville. Le nom est un choix de Taytu. Celle-ci, restée frappée par une fleur qu'elle n'a jamais aperçue auparavant, décide de baptiser la ville Addis Abeba, la « Nouvelle fleur » en amharique[2].

Début du développement

Taytu Betul ordonna rapidement le début des constructions qu'elle observait depuis Entoto. Addis Abeba devint véritablement une ville et se développa avec l'implantation de la souveraine, de dignitaires et de soldats. Toujours en 1886, Menelik II ordonna la construction d'un palais à Addis Abeba. À cette époque, la ville était principalement occupée et administrée par des militaires. À la suite de la famine de 1889-1892 et à la victoire d'Adoua en 1896, de nombreuses personnes s'installèrent à Addis Abeba dont des ressortissants étrangers. Progressivement, la ville fut administrée de manière civile. Les terres appartenaient à Menelik qui accorda d'importants espaces à des nobles et à diverses églises, des résidences y furent construites à l'intérieur des sefer (sorte de domaines) qui étaient administrés par les nobles à leur tête.

Le palais du Negusse Negest était le plus vaste et organisé des sefers de la capitale, il se trouvait au nord-est de la source thermale ; à la suite d'un incendie en 1892, Menelik décida d'y bâtir un palais encore plus vaste entouré par une cinquantaine d'habitations et équipé d'une système d'approvisionnement en eau élaboré par Alfred Ilg, un ingénieur suisse ; plusieurs menuisiers indiens participèrent également à la construction. Peu à peu de nouvelles populations venant de toutes les provinces éthiopiennes s'installèrent à proximité du palais. En 1893, Ilg conseilla à Menelik, à la suite de la suggestion d'un fonctionnaire égyptien, de bâtir une mosquée pour les Éthiopiens musulmans car il n'y avait dans la capitale aucune mosquée ou cimetière musulman. Le souverain accepta la construction de la mosquée Al-Nour (derrière l'ancienne poste) et d'un cimetière.

Mesqel adebabay (« place de la Croix ») le jour de la fête de Mesqel
L'hôtel Taytu, dans le quartier de Piazza à Addis-Abeba. Un exemple d'architecture du début du XXe siècle

Au début du XXe siècle, Addis-Abeba se développait autour de deux centres principaux : le palais impérial, centre politique et la cathédrale Saint-Georges avec le quartier Arada formaient le centre religieux et commercial. L'Arada était un vaste marché au sud de l'église, la majorité des établissements commerciaux appartenaient à des étrangers, le quartier devenait le principal centre commercial national. Les activités commerçantes se déplaceront durant l'occupation italienne vers le quartier Mercato, l'Arade demeura un centre commercial et culturel.

La bataille d'Adoua avait contribué à renforcer la position d'Addis Abeba en tant que capitale de l'Empire éthiopien, quelques années plus tard, en raison du développement de la ville, les besoins en bois pour la construction et le chauffage augmentaient et la capitale connut une pénurie de bois.
Après avoir envisagé le déplacement de la capitale à Addis Alem, Menelik abandonna l'idée à la suite des protestions des légations et à l'arrivée de l'eucalyptus, arbre à la croissance rapide ; par ailleurs, les tentes de toile blanche furent ainsi remplacées par des bâtiments en dur, dont certains sont encore visibles aujourd'hui (voir photo ci-contre de l'hôtel Taytu).
Par ailleurs, un nouveau palais était déjà en construction sur place ainsi qu'une route en direction de la capitale.
Enfin, une charte foncière fut adoptée en 1907 et avec la fin de la construction du chemin de fer franco-éthiopien, Addis Abeba sortit définitivement d'une situation de perpétuelle précarité et entra dans une nouvelle phase de développement.

En 1903, les plaques ondulées, désormais visibles dans toute la capitale, arrivèrent à Addis Abeba et remplacèrent progressivement les toitures de chaume.
Le début du siècle vit l'arrivée de nombreux constructeurs européens et asiatiques ainsi que des matériaux de l'extérieur.
Alfred Ilg joua un rôle important dans la construction puisque la capitale lui doit son premier pont métallique de dimensions moyennes tout comme le premier système de canalisation d'eau.
Les résidences privées construites étaient de style divers, de forme ovale comme celle du ras Mengesha Attikem, de forme rectangulaire telle que la résidence Ras Birru Wolde Gebriel ou encore du « style Addis Abeba » : deux bâtiments distincts reliés par un pont et un étage supérieur reposant sur des colonnes et solives apparentes.
Divers bâtiments publics marqués par l'influence européenne furent construits durant la même période : l'hôtel Taytu et la banque d'Abyssinie, construits en 1907, l'école Menelik II (1908), l'hôpital Menelik II (1910) et l'imprimerie nationale (1911).
Après les Indiens et les Arabes, des architectes italiens et grecs arrivèrent à Addis Abeba, dont Sebastiano Castagna, constructeur de la cathédrale Saint-Georges.
En 1906, l'architecte Rudolph Härtel arriva d'Allemagne et sera responsable de la conception de l'école Menelik II et du mausolée de ce dernier.
Addis Abeba va aussi accueillir des architectes français dont Paul Barrias qui construira la gare ferroviaire, achevée en 1929.

Les différentes célébrations impériales prirent place dans la capitale en 1917 et 1928 ainsi que l'important couronnement de Haile Selassie I le .
Ce dernier évènement, auquel de nombreux souverains étrangers assistèrent, fit définitivement d'Addis Abeba une ville internationalement connue.
En 1934, le Parlement conçu par l'Allemand Kametz, fut construit.

Après l'éclatement de la guerre avec l'Italie, les Arbegnoch incendièrent d'importants bâtiments afin de les soustraire aux fascistes. L'occupation de la capitale débuta le , l'armée italienne dut faire face à un problème de logement.
En raison de la difficulté de transport due au relief de la ville, certains dignitaires italiens demandèrent le déplacement de la capitale vers Dessie ou un autre ville sur la route de Mojo mais Benito Mussolini s'y opposa.
Une proclamation du demanda la réparation des édifices existants et la construction de nouveaux bâtiments.
Dès le début de l'Occupation, à la suite d'un ordre de Mussolini, certains monuments de la capitale furent retirés dont le monument du Lion de Judah et la statue équestre de Menelik II, symbole de la bataille d'Adoua.
Les Italiens rebaptisèrent des rues importantes du nom des membres de la famille royale et du gouvernement, des inscriptions en italien apparurent sur les panneaux publics tout comme des portraits de Mussolini et des haut-parleurs mis en place diffusèrent la propagande fasciste.
Addis Abeba fut le théâtre de tragiques évènements : assassinat d'Abune Petros en 1937 ou encore massacre d'une douzaine de patriotes ayant résisté contre l'occupant (1938 ?).

Capitale de l'Afrique à partir des années 1960, Addis fut également le lieu de la révolution menée en 1974-1975 par des militaires marxistes-léninistes. La « place de la Révolution » (Abyot adäbabay), haut lieu des manifestations du régime du dictateur Mengistu, a été rebaptisée « place de la Croix » Mesqel adebabay. Cette imposante esplanade a accueilli le 6 février 2005 un concert en l'honneur du soixantième anniversaire de la naissance de Bob Marley (Africa Unite) qui a rassemblé environ 300 000 personnes venues du monde entier.

Climat

Températures et précipitations mensuelles moyennes

Située dans la zone tropicale sèche, Addis Abeba échappe aux chaudes températures de Djibouti, à l'est, ou du Soudan, à l'ouest, grâce à l'altitude qui permet des températures relativement agréables toute l'année (voir graphique ombro-climatique ci-contre). La principale saison des pluies (krämt) a lieu de juin à septembre, et rend les rues non goudronnées difficilement praticables quoique moins poussiéreuses.

Caractéristiques urbaines

Grande ville du continent africain, avec plus de 3 millions d'habitants recensés en 2012[4] (des géographes[Lesquels ?] l'estiment parfois à 4 millions), pour 2,33 millions recensés seulement en 1994, Addis-Abeba assume des fonctions politiques internationales depuis 1963, date de création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) sous le patronage d'Haïlé Sélassié Ier.

L'Africa Hall abrite aujourd'hui la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique. Cela a valu à ce quartier, qui abrite également des palais impériaux et un grand hôtel international, des aménagements modernes autour de Ménélik II Road.

Ville du pouvoir, dont les bâtiments officiels, nombreux, ne peuvent être pris en photo, Addis abrite également des monuments, témoins de l'histoire éthiopienne : statue équestre de Ménélik II, colonne commémorant la libération de 1941 (Omédla del, à Arat Kilo) ou le martyr de patriotes durant l'occupation italienneSeddest Kilo), statue du Lion de Juda située dans le quartier Lagahare, quartier de la gare ferroviaire.

De nombreuses églises, comme la cathédrale de la Sainte-Trinité érigée par le dernier empereur ou la cathédrale Saint-Georges, lieu de son couronnement en 1930, se trouvent dans la ville, qui abrite aussi de nombreuses mosquées, dont une grande dans le quartier commerçant du Merkato, à l'ouest de Piazza (Piyassa, ፒያሳ).

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Subdivisions administratives

Addis Abeba vue par le satellite SPOT

La capitale est divisée en 10 districts (Kifle ketema, en amharique), eux-mêmes divisés en 99 kebelés.

Transports

Transport urbain

Addis-Abeba est la seule ville éthiopienne à disposer d'un réseau d'autobus, géré par la compagnie publique Anbessa City Bus Service Enterprise. Des lignes de tramway sont en construction depuis 2013.

Transport aérien

La capitale éthiopienne est desservie par l'aéroport international de Bole situé à moins de 10 km au sud du centre-ville. Depuis 2003, celui-ci a été réaménagé et joue un rôle de hub aéroportuaire entre l'Afrique de l'Est (région des Grands Lacs, Kenya, Tanzanie), l'Asie et l'Europe. La compagnie aérienne Ethiopian en a fait son aéroport d'attache et y a établi ses ateliers.

Transport ferroviaire

Addis-Abeba est reliée depuis 1917 à Djibouti, sur la mer Rouge, par une voie ferrée construite par des compagnies françaises à partir de la fin des années 1890. Exploitée par la Compagnie du chemin de fer djibouto-éthiopien depuis 1981, la ligne n'est plus utilisée depuis 2010, et la gare ferroviaire est depuis désaffectée. Une nouvelle ligne est en construction depuis 2012.

Route commerciale

La vallée du Rift, en direction du sud, est facilement accessible, grâce à une route goudronnée qui mène notamment à Shashamané et jusqu'au Kenya.

Internet

En 2009, le débit de 0,21 Mbit/s en téléchargement y était le plus faible au monde [5]. En 2012, il est passé à 6,42 Mbit/s en download (67e position) et 7,51 Mbit/s en upload (25e position)[6].

Enseignement

La capitale regroupe de nombreuses écoles primaires, secondaires ainsi que des universités.

Notes et références

  1. Addis-Abeba est la quatrième capitale la plus élevé au monde, après La Paz (3 640 m), Quito (2 850 m), Thimphou (2 625 m), et Bogota (2 625 m). Voir la Liste des capitales par altitude.
  2. a b c d et e Fasil Giorghis, AEthiopia, Peuples d'Éthiopie - Addis-Abeba, l'histoire du développement urbain, éditions Musée Tervuren, 1996, p. 150
  3. Fasil Giorghis, AEthiopia, Peuples d'Éthiopie - Addis-Abeba, l'histoire du développement urbain, éditions Musée Tervuren, 1996, p. 148
  4. Selon les chiffres de l'agence statistique éthiopienne.
  5. http://www.speedtest.net/global.php (consultation du site en septembre 2009)
  6. [1].

Voir aussi

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Bibliographie

  • Dagmey (Cécilie), Le quartier de «La Gare» à Addis-Abeba (Éthiopie) - Approche des enjeux et des spécificités urbaines et identitaires d'un territoire en mutation, mémoire de maîtrise, dir. Anne Ouallet, Université Rennes II, 2004, 172 p.
  • (en) Garretson (Peter), A History of Addis Ababa from its Foundation in 1886 to 1910, Weisbaden, Harrassowitz Verlag, 2000, XXI+226 p.
  • (en) Pankhurst (Richard), «Menelik and the foundation of Addis Ababa», Journal of African History, vol. II, n° 1, 1961, pp. 103-117
  • Sebhat Guèbrè-Egziabhér, Les Nuits d'Addis, Paris, Actes Sud, 2004
  • Ryszard Kapuscinski évoque cette ville dans son livre Ébène (1998).

Articles connexes

Liens externes