Adèle Lecoq

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Adèle Lecoq, née le à Sallen (Calvados) et morte le à Paris 6e[1], est une militante syndicaliste des PTT. Résistante, déportée, elle revint du camp de concentration de Ravensbruck.

Notes biographiques et approche du féminisme aux PTT[modifier | modifier le code]

Dame-employée aux PTT, Adèle Lecoq est au milieu des années 1920 une des militantes du syndicalisme postier qui contribue à l'obtention progressive de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes aux PTT.

Depuis le début du XXe siècle en effet, les emplois du "service général" (guichetière des bureaux de poste, télégraphiste, téléphoniste) étaient tenus soit par des "commis", soit par des "dames". Or le traitement et l'échelle indiciaire des grades étaient très différents selon les sexes alors que le recrutement se faisait à niveau scolaire égal. Très tôt quelques femmes revendiquent, souvent à rebours des intérêts corporatistes des "agents" masculins, l'égalité des traitements. La participation des dames téléphonistes ou télégraphistes aux grèves de 1909, la prise de parole de plusieurs d'entre elles dans les meetings[2], traduisent une volonté de la part de nombreuses postières que les revendications "féministes" doivent être portées par les femmes elles-mêmes: c'est ainsi que la délégation des grévistes reçue par Clemenceau le comprenait quatre femmes, fait inouï remarqué par la presse[3] de l'époque… Mais en matière d'égalité professionnelle, les blocages n'étaient pas uniquement administratifs, ils venaient aussi des mentalités de leurs collègues masculins.

En 1925, sous la poussée du personnel féminin très nombreux au Central télégraphique de Paris (plus de la moitié du personnel), une grève de 2 heures a lieu dans ce centre[4]. À la suite de ce mouvement, une commission déjà existante pour l'étude du problème est réactivée… mollement.

En 1927, l'exaspération des 26 000 dames employées des PTT, est portée par une association professionnelle spécifique[5], la Ligue des dames qui rassemble des syndicalistes des deux centrales syndicales, CGT, telle Charlotte Bonin et plusieurs militantes de la fédération postale Unitaire de la CGTU : Marie Couette, Marie-Thérèse Gourdeaux, Adèle Lecoq. Pendant plusieurs semaines, des meetings ont lieu, qui mettent au premier plan ces syndicalistes dont l'engagement se poursuit après cet épisode. Par petits pas, l'égalité théorique est reconnue en 1929, mais les dames seraient obligées de passer un examen pour être dames-commis, alors qu'elles en font le travail. Adèle Lecoq constitue à Paris-chèques un comité de lutte des femmes pour la suppression de cet obstacle. Les employées du central télégraphique et des centraux téléphoniques font de même en . Devant une grève possible, l'administration postale annule la barrière de l'examen[6].

Adèle Lecoq est élue en cette année 1930 secrétaire, pour les femmes, de la Fédération postale unitaire. Son nom se retrouve fréquemment parmi les participants aux réunions qui précèdent la réunification syndicale de 1935. Elle est trésorière adjointe de la fédération postale CGT en 1936. Elle est aussi membre du Comité national du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme.

Dès les débuts de la Résistance, elle anime les premiers pas de celle-ci au Central télégraphique et au central "Bourse" (1941). Inquiétée, elle devient agent de liaison de la Résistance en Normandie. Arrêtée en 1942, elle est déportée au camp de Ravensbruck le . Elle est libérée le .

Elle reprend sa place dans le syndicalisme : trésorière de la Fédération en , elle fait partie de la direction fédérale de la fédération CGT des PTT, chargée des femmes (1948), responsabilité qu'elle tient jusqu'en 1952.

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 6e, n° 1018, vue 3/8.
  2. Christian Henrisey, Postiers en grèves 1906-1909, CE PTT Sud-Est, Paris, 1995
  3. L'Illustration, 20 et 27 mars 1909
  4. Georges Frischmann, Histoire de la Fédération CGT des PTT (cf sources), p. 258-259
  5. Madeleine Vignes, Le Journal des Dames. Féminisme, syndicalisme dans les PTT de 1924 à 1937, 334 p., ouvrage essentiel sur la question, malgré sa diffusion "artisanale". L'auteure, responsable syndicale a également produit : Les téléphonistes des PTT : de plus de 50 heures à 35 heures par semaine. Une lutte de classe, une lutte féministe, 1984 (préface de Madeleine Rebérioux)
  6. Madeleine Colin, Ce n'est pas d'aujourd'hui, p. 123-127

Liens externes[modifier | modifier le code]