Action d'Einstein-Hilbert

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L'action d'Einstein-Hilbert, ainsi désignée en l'honneur d'Albert Einstein et David Hilbert, est un objet mathématique homogène à une action. Elle décrit la dynamique du champ gravitationnel[1],[2]. Elle est utilisée, en relativité générale, pour dériver le tenseur d'Einstein[3] et l'équation d'Einstein dans le vide[2],[3], ce au moyen d'un principe variationnel[1] appelé principe de moindre action.

Expression[modifier | modifier le code]

L'intégrale[4] d'action d'Einstein-Hilbert[1],[5],[6],[N 1] est souvent notée [1],[5],[N 2].

Elle est donnée par[13],[14] :

où :

Avec , l'action d'Einstein-Hilbert s'écrit[18] :

,

où :

est la masse de Planck réduite[18], définie par[18] .

Dimension[modifier | modifier le code]

L'action d'Einstein-Hilbert est, par définition, homogène à une action : [19],[20].

L'équation aux dimensions est obtenue en considérant que le tenseur métrique est une grandeur sans dimension : [21],[19]. Il en résulte que la dimension du tenseur de Ricci est celle de l'inverse du carré d'une longueur : [21]. Il en résulte que la courbure de Ricci a la même dimension [21]. D'autre part, la dimension de est celle d'un volume à quatre dimensions : [19].

Remarque
Certains manuels définissent l'action d'Einstein-Hilbert avec un facteur au lieu d'un facteur [22]. Avec ce choix, la quantité obtenue n'a pas la dimension d'une action[22].

Dérivation des équations d'Einstein[modifier | modifier le code]

Supposons que notre théorie ne contienne que l'action d'Einstein-Hilbert ainsi qu'un terme décrivant n'importe quel champ de matière. L'action totale est donc :

.

La variation de l'action par rapport à l'inverse de la métrique doit être nulle pour les solutions, donnant l'équation :

.

Puisque cette équation tient pour toute variation , cela implique que

est l'équation du mouvement pour la métrique. Le membre de droite de l'équation est (par définition) proportionnel au tenseur énergie-impulsion,

.


pour calculer le membre de gauche de l'équation, nous avons besoin des variations du scalaire de Ricci et du déterminant de la métrique. Elles peuvent être calculées de façon élémentaire comme donné ci-dessous, méthode qui est principalement inspirée de Carroll 2004.

Variation du tenseur de Riemann, du tenseur de Ricci et du scalaire de Ricci[modifier | modifier le code]

Pour calculer la variation de la courbure de Ricci, on commence par calculer la variation du tenseur de Riemann, puis du tenseur de Ricci. Rappelons que le tenseur de Riemann est localement défini par

.

Puisque le tenseur de Riemann ne dépend que des symboles de Christoffel , sa variation peut être calculée comme

.

Maintenant, puisque est la différence de deux connexions, il s'agit d'un tenseur, dont on peut calculer la dérivée covariante,

.

Nous pouvons alors observer que la variation du tenseur de Riemann ci-dessus est exactement égale à la différence de deux tels termes,

.

On peut désormais obtenir la variation du tenseur de Ricci simplement en contractant deux indices dans l'expression de la variation du tenseur de Riemann, et nous obtenons alors l'identité de Palatini:

.

La courbure de Ricci est alors définie comme

.

Par conséquent, sa variation par rapport à l'inverse de la métrique est donnée par

Dans la seconde ligne, nous avons utilisé la compatibilité de la métrique avec la connexion , et le résultat obtenu précédemment sur la variation du tenseur de Ricci.

Le dernier terme,

, i.e. with ,

multiplié par , devient une [dérivée totale], puisque pour tout vecteur et toute densité de tenseur nous avons:

or

et ainsi par le théorème de Stokes il ne reste d'un terme de bord après intégration. Le terme ne bord n'est en général pas nul, puisque l'intégrande ne dépend pas seulement de mais aussi de ses dérivées partielles ; voir l'article termes de bord de Gibbons–Hawking–York pour plus de détails. Néanmoins, lorsque la variation de la métrique varie dans le voisinage du bord ou lorsqu'il n'y a pas de bords, ce terme ne contribue pas à la variation de l'action. Ainsi, nous obtenons :

,

en dehors des bords.

Variation du déterminant[modifier | modifier le code]

On rappelle la différentielle du déterminant

,

que l'on peut calculer par exemple via la formule explicite du déterminant et d'un développement limité [23]

. Grâce à ce résultat, nous obtenons

Dans la dernière égalité, nous avons utilisé le fait que

qui suit de la différentielle de l'inverse d'une matrice

.

Ainsi, nous concluons que

.

Équation du mouvement[modifier | modifier le code]

Maintenant, nous avons toutes les variations nécessaire pour obtenir l'équation du mouvement. On insère les équations calculées dans l'équation du mouvement pour la métrique pour obtenir

,

qui est l'équation d'Einstein, et

a été choisi de sorte à obtenir la limite non-relativiste souhaitée: la loi universelle de la gravitation de Newton, où est la constante gravitationnelle.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « action de Einstein-Hilbert »[7] ; « action d'Hilbert-Einstein »[8] ; « action de Hilbert-Einstein »[9].
  2. est la notation usuelle de l'action[10]. Les notations [11] et [12] sont attestées, et [10] étant deux notations de l'action.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Basdevant 2022, chap. 7, sec. 7.1, p. 144.
  2. a et b Ferrari, Gualtieri et Pani 2020, chap. 7, sec. 7.2, p. 122.
  3. a et b Romero et Vila 2013, chap. 1er, sec. 1.6, p. 15.
  4. Das et DeBenedictis 2012, chap. 4, sec. 4.2, p. 293.
  5. a et b Hobson, Efstathiou et Lasenby 2009, chap. 19, sec. 19.2, p. 528.
  6. Rovelli 2022, chap. 5, p. 91.
  7. Barrau et Grain 2016, chap. 6, sec. 6.2, p. 105.
  8. Gourgoulhon 2014, chap. 4, sec. 4.5, § 4.5.1, p. 115.
  9. Connes 1997, § 5, p. 343.
  10. a et b Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v. action (sens 2), p. 11, col. 1.
  11. Padmanabhan 2010, chap. 15, sec. 15.4, p. 654.
  12. Walz 2016, s.v. Einstein-Hilbert-Wirkung, p. 20, col. 1.
  13. Bambi 2018, chap. 7, § 7.3, (7.24) et (7.25), p. 128.
  14. Maggiore 2018, chap. 13, § 13.2, (13.10), p. 192.
  15. Taillet, Villain et Febvre 2018, s.v. courbure de Ricci, p. [173], col. 2.
  16. a b et c Rovelli 2022, chap. 5, p. 93.
  17. Bambi 2018, chap. 7, § 7.2 (7.19), p. 127.
  18. a b et c Tong 2019, chap. 4, sec. 4.1, § 4.1.1, p. 145.
  19. a b et c Hübsch 2015, chap. 9, sec. 9.2, § 9.2.2, p. 327.
  20. Tong 2019, chap. 4, sec. 4.1, § 4.1.1, p. 144.
  21. a b et c Harko et Lobo 2018, part. I, chap. 3, sect. 3.1, indrod., p. 39.
  22. a et b Ferrari, Gualtieri et Pani 2020, chap. 7, sect. 7.4, introd., n. 3, p. 129.
  23. Différentielle du déterminant (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Manuels d'enseignement supérieur[modifier | modifier le code]

Notes de cours d'enseignement supérieur[modifier | modifier le code]

Dictionnaires et encyclopédies[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • [Gourgoulhon 2014] Éric Gourgoulhon, Relativité générale (cours d'introduction à la relativité générale, donné en 2e année du master Astronomie, astrophysique et ingénierie spatiale de la Fédération des enseignements d'astronomie et d'astrophysique d'Île-de-France, année universitaire -), Meudon, observatoire de Paris, , 341 p. (HAL cel-00366315, lire en ligne Accès libre [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • [Tong 2021] (en) David Tong, General relativity (cours d'introduction à la relativité générale, de niveau master), Cambridge, université de Cambridge, département de mathématiques appliquées et de physique théorique, , 282 p. (présentation en ligne, lire en ligne Accès libre [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article