Actinide

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Les actinides sont une série chimique du tableau périodique des éléments de 15 espèces chimiques se situant entre l'actinium et le lawrencium, possédant donc un numéro atomique entre 89 et 103 inclus. Ils tirent leur nom de l'actinium (Z=89), un métal lourd, car ils possèdent des propriétés chimiques voisines. Ce sont des métaux lourds.

Les actinides sont tous radioactifs. Ils sont tous fissibles en neutrons rapides et quelques-uns en neutrons thermiques.

L'uranium et le thorium, qui sont relativement abondants à l'état naturel du fait de la très longue demi-vie de leurs isotopes les plus stables, sont des actinides. On trouve également dans la nature de l'actinium et du protactinium dans la chaîne de désintégration du thorium 232 et celle de l'uranium 235.

Les actinides comprennent des éléments artificiels, les transuraniens, plus lourds que l'uranium : ils sont générés par des captures de neutrons qui n'ont pas été suivies de fissions. L'actinide produit le plus abondamment est le plutonium, avec en tête son principal isotope le plutonium-239. Le plutonium-239 n'est pas considéré comme un déchet radioactif car il est lui-même fissile. Mais les réacteurs nucléaires génèrent, en quantité moindre, d'autres actinides qui sont appelés « mineurs ». La qualification de « mineurs » rend compte du fait que ces éléments sont présents en bien moins grandes proportions que les actinides majeurs : uranium et plutonium. Les actinides mineurs constituent avec les produits de fission une partie[1] des déchets HAVL, c’est-à-dire les déchets de l'industrie électronucléaire les plus fortement radioactifs.

  1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
1 H   He
2 Li Be   B C N O F Ne
3 Na Mg   Al Si P S Cl Ar
4 K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
5 Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
6 Cs Ba * Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
7 Fr Ra ** Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl Mc Lv Ts Og
8 Uue Ubn  
   
  * La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu
 
  ** Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr
 
  Ubu Ubb Ubt Ubq Ubp Ubh Ubs Ubo Ube Utn Utu Utb Utt Utq Utp
Uth Uts Uto Ute Uqn Uqu Uqb  
 
  Uue Éléments hypothétiques Mt Nature chimique inconnue
  Li Métaux alcalins Al Métaux pauvres
  Be Métaux alcalino-terreux B Métalloïdes
  Sc Métaux de transition Non-métaux :
  La Lanthanides (*) H « CHNOPS » et sélénium
  Ac Actinides (**) F Halogènes
  Ubu Superactinides (⁂) He Gaz nobles

Historique

Voies de production des actinides

Enrico Fermi suggéra l'existence de transuraniens en 1934.

Contrairement aux lanthanides, qui se rencontrent dans la nature en quantités appréciables (à l'exception du prométhium), la plupart des actinides sont des éléments très rares. Les éléments naturels les plus abondants sont le thorium et l'uranium ; et le plus facile à synthétiser est le plutonium ; les autres ne se rencontrent guère qu'à l'état de traces.

La possibilité d'éléments transuraniens a été suggérée par Enrico Fermi sur la base de ses expériences de 1934[2],[3]

Les transuraniens ne se trouvent pas en quantité significative dans la nature, et sont produits par réaction nucléaire. Il y a de nos jours deux grandes voies pour produire les isotopes au-delà du plutonium : l'irradiation par des flux de neutrons conduisant à une capture neutronique, ou l'irradiation par des faisceaux de particules, dans un accélérateur de particules.

La première voie est la principale pour les applications pratiques, la production d'actinides en quantité pondérale n'étant possible que par irradiation en réacteur nucléaire ; elle est toutefois limitée aux premiers éléments de la série. Par exemple, dans des conditions d'irradiation neutronique d'un réacteur nucléaire, l'uranium 238 se transforme en partie en plutonium-239 :

Les actinides de masses atomiques plus élevées sont synthétisés grâce à un accélérateur de particules en bombardant de l'uranium, du plutonium, du curium ou du californium avec des ions d'azote, d'oxygène, de carbone, de néon ou de bore. L'avantage de la seconde méthode est qu'elle permet de produire des éléments nettement plus lourds que le plutonium, ainsi que des isotopes présentant un déficit de neutrons. Ainsi, le nobélium a été produit en bombardant de l'uranium 238 avec du néon-22, suivant la réaction nucléaire :

.

Entre 1962 et 1966, les États-Unis conduisirent une série de six essais nucléaires souterrains pour essayer d'analyser la production des isotopes lourds dans un contexte de haut flux neutronique. De petits échantillons de roche furent prélevés immédiatement après l'explosion pour analyser les produits de l'explosion, mais aucun isotope de masse atomique supérieure à 257 ne fut jamais identifié, bien que la théorie prévoyait à l'époque, dans cette région, un îlot de stabilité d'isotopes ayant une période radioactive relativement longue en radioactivité alpha.

La découverte des actinides naturels

Synthèse des transuraniens [4]
Nom UICPA Isotope
découvert
Année de
découverte
Méthode de
découverte
89 Actinium Ac naturel 1899 Séparation chimique
90 Thorium Th naturel 1829 Séparation chimique
91 Protactinium Pa 234mPa 1913 Séparation chimique
92 Uranium U naturel 1789 Séparation chimique
93 Neptunium Np 239neptunium 1940 Bombardement de 238U
par des neutrons lents
94 Plutonium Pu 238plutonium 1941 Bombardement de 238U
par des deutons
95 Américium Am 241américium 1944 Bombardement de 239Pu
par des neutrons
96 Curium Cm 242curium 1944 Bombardement de 239Pu
par des particules α
97 Berkélium Bk 243berkélium 1949 Bombardement de 241Am
par des particules α
98 Californium Cf 245californium 1950 Bombardement de 242Cm
par des particules α
99 Einsteinium Es einsteinium 1952 En tant que produit de
l'explosion nucléaire Ivy Mike
100 Fermium Fm 255fermium 1952 En tant que produit de
l'explosion nucléaire Ivy Mike
101 Mendélévium Md 256mendélévium 1955 Bombardement de 253Es
par des particules α
102 Nobélium No 256nobélium 1965 Bombardement de 243Am
par de l' 15N
ou bombardement de 238U
par des particules α
ou bombardement de 238U
par du 22Ne
103 Lawrencium Lr 258lawrencium 1961–1971 Bombardement de 252Cf
par du 10B ou du 11B
et de 243Am par de l' 18O
  • L'uranium a été isolé en 1789 par le chimiste allemand Martin Heinrich Klaproth à partir de minerai de pechblende. Il baptisa cette matière «uranium» en référence à la planète Uranus, qui avait été découverte huit années plus tôt. Klapoth obtint un précipité jaune (probablement du diuranate de sodium) par dissolution de la pechblende dans de l'acide nitrique, puis en neutralisant la solution obtenue par de l'hydroxyde de sodium. Il réduisit alors ce précipité jaune avec du charbon de bois, et obtint une substance noirâtre qu'il prit pour un métal[5]. Ce n'est que soixante ans plus tard que le chimiste français Eugène-Melchior Péligot analysa cette poudre comme de l'oxyde d'uranium. Il isola également le premier échantillon métallique d'uranium, en chauffant du tétrachlorure d'uranium en présence de potassium[6]. La masse atomique de l'uranium était alors estimée à 120, mais en 1872, Dmitri Mendeleïev révisa cette valeur à 240 en se fondant sur son tableau périodique des éléments. Par la suite, cette valeur fut confirmée expérimentalement en 1882 par K. Zimmerman[7],[8].
  • L'oxyde de thorium a été découvert par Friedrich Wöhler dans un minerai de Norvège en 1827. Ce minerai fut analysé par Jöns Jacob Berzelius en 1828. Par réduction du tétrachlorure de thorium avec du potassium, il obtint un métal qu'il appela thorium, en référence à Thor, dieu du tonnerre et des éclairs de la mythologie nordique[9],[10]. C'est cette même méthode qui fut par la suite utilisée par Pélogot pour isoler l'uranium.
  • L'actinium a été découvert en 1899 par André-Louis Debierne, un assistant de Marie Curie, dans les restes de pechblende qui avaient été traités pour en extraire le radium et le polonium. Il décrivit initialement cette substance comme similaire au titane[11] puis (en 1900) comme similaire au thorium[12]. Cette découverte de l'actinium par Devierne a cependant été remise en cause en 1971[13] et en 2000[14], sur la base de ce que les travaux publiés par Devbierne en 1904 contredisaient ses publications précédentes de 1899 et 1900. Le terme «actinium» vient du grec aktis, aktinos (ακτίς, ακτίνος) qui signifie un rayon lumineux. Du fait de sa similarité avec le lanthane et de sa très faible abondance, l'actinium ne fut isolé à l'état pur qu'en 1950.
  • Le protactinium fut peut-être isolé en 1900 par William Crookes[15]. Il fut identifié en 1913, quand Kazimierz Fajans et Oswald Helmuth Göhring (es) identifièrent son isotope 234mPa (d'une demi-vie de 1,17 minute) dans leur étude de la chaîne de désintégration de 238U. Ils appelèrent initialement ce nouvel élément « brévium » (du latin brevis, d'une courte durée). En 1918 deux groupes de scientifiques conduits par l'Autrichienne Lise Meitner, l'Allemand Otto Hahn et l'Anglais John Cranston firent indépendamment la découverte de l'isotope 231Pa, et lui donnèrent le nom de protoactinium (du grec πρῶτος + ἀκτίς, le premier des rayonnants), terme abrégé en protactinium en 1949. Cet élément ne fut guère caractérisé avant 1960, date à laquelle A. G. Maddock et ses collaborateurs parvinrent à produire 130 grammes de protactinium à partir de 60 tonnes de déchets de minerai d'uranium.

La synthèse des actinides artificiels

Glenn T. Seaborg et son équipe de l'université de Californie à Berkeley synthétisa Pu, Am, Cm, Bk, Cf, Es, Fm, Md, No et l'élément 106, qui fut de son vivant nommé seaborgium en son honneur. Ils synthétisèrent au total plus de 100 isotopes d'actinides.

La série des actinides transuraniens a été découverte aux débuts de la physique nucléaire, entre les années 1940 et 1960.

Les actinides en tant que famille

De même que les lanthanides, les actinides forment une famille d'éléments aux propriétés chimiques similaires.

Toutefois, bien que quatre actinides étaient déjà connus dans les années 1930, le fait qu'ils puissent former une famille comparable aux lanthanides n'avait pas encore été compris. Le point de vue prédominant à l'époque était qu'ils formaient une suite régulière d'éléments de la septième période, dans laquelle thorium, protactinium et uranium avaient sur la sixième période le hafnium, le tantale et le tungstène comme analogues respectifs. C'est probablement Victor Goldschmidt qui introduisit le terme « actinide » en 1937[17],[18].

Mais la synthèse des transuraniens renversa progressivement cette vision des choses. En 1944, le constat que le curium ne présente pas de degré d'oxydation au-dessus de 4 (alors que son analogue supposé, le platine, peut atteindre un degré d'oxydation de 7) conduisit Glenn Seaborg à formuler l'hypothèse d'une famille d'actinides. L'étude des actinides déjà isolés et la découverte d'autres éléments transuraniens confirma l'existence de cette famille de transition.

Propriétés

Propriétés physiques

Propriétés des actinides (la masse de l'isotope le plus stable entre crochets)[19]
Propriété Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr
Charge électrique du noyau 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 102 103
Masse atomique [227] 232.0381 231.03588 238.02891 [237] [244] [243] [247] [247] [251] [252] [257] [258] [259] [262]
Nombre d'isotopes connus 3 9 5 9 4 5 5 8 2 5
Masse atomique[20] 225, 227–228 226–232, 234–235 231, 233–236 232–240 237–240 238–240, 242, 244 241–245 242–249 249–250 249–253
Isotope le plus stable 227 232 231 238 237 244 243 247 247 251 252 257 258 259 262
Période de l'isotope le plus stable 21,8 ans 14 milliards ans 32 500 ans 4,47 milliards ans 2,14 million ans 80,8 million ans 7 370 ans 15,6 million ans 1 400 ans 900 ans 1,29 ans 100,5 jours 52 jours 58 min 3,6 h
Configuration électronique à l'état de base 6d17s2 6d27s2 5f26d17s2or 5f16d27s2 5f36d17s2 5f46d17s2or 5f57s2 5f67s2 5f77s2 5f76d17s2 5f97s2or 5f86d17s2 5f107s2 5f117s2 5f127s2 5f137s2 5f147s2 5f147s27p1
État d'oxydation 2, 3 2, 3, 4 2, 3, 4, 5 2, 3, 4, 5, 6 3, 4, 5, 6, 7 3, 4, 5, 6, 7, 8 2, 3, 4, 5, 6, 7 2, 3, 4, 6, 8 2, 3, 4 2, 3, 4 2, 3, 4 2, 3 2, 3 2, 3 3
Rayon métallique, nm 0.203 0.180 0.162 0.153 0.150 0.162 0.173 0.174 0.170 0.186 0.186
Rayon ionique, nm:
An4+
An3+


0.126

0.114

0.104
0.118

0.103
0.118

0.101
0.116

0.100
0.115

0.099
0.114

0.099
0.112

0.097
0.110

0.096
0.109

0.085
0.098

0.084
0.091

0.084
0.090

0.084
0.095

0.083
0.088
Température (°C)
fusion
ébullition

1050
3198

1842
4788

1568
? 4027

1132.2
4131

644
3999,85

639.4
3228

1176
2607

1340
3110

986
2627

900
? 1470

860
? 996

1530

830

830

1630
Densité, (g/cm3) 10.07 11.78 15.37 19.06 20.45 19.84 11.7 13.51 14.78 15.1 8.84
Standard électrode potentiel, V:
E° (An4+/An0)
E° (An3+/An0)


−2.13

−1.83

−1.47

−1.38
−1.66

−1.30
−1.79

−1.25
−2.00

−0.90
−2.07

−0.75
−2.06

−0.55
−1.96

−0.59
−1.97

−0.36
−1.98

−0.29
−1.96


−1.74


−1.20


−2.10
Couleur
[M(H2O)n]4+
[M(H2O)n]3+


Incolore

Incolore
Bleu

Jaune
Bleu nuit

Vert
Pourpre

Jaune-vert
Pourpre

Brun
Violet

Rouge
Rose

Jaune
Incolore

Beige
Jaune-vert

Vert
Vert


Rose









Structures cristallines des actinides, montrant la complexité du plutonium.
Rayons métallique et ionique des actinides

Propriétés chimiques

Les actinides possèdent des caractéristiques chimiques semblables à celles des lanthanides, lorsqu'ils sont au même degré d'oxydation.

Contrairement aux lanthanides, les actinides légers peuvent être stables aux degrés d'oxydation +5 (Pa, U, Np, Pu, Am) et +6 (U, Np, Pu, Am). Cette plus grande facilité d'ionisation (des actinides par rapport aux lanthanides) s'explique par le fait que les orbitales de valence 5f des actinides, sont moins internes que les 4f des lanthanides, car plus écrantées par les électrons de cœur.

Les actinides au même degré d'oxydation sont analogues chimiques entre eux, à l'exception notable de Pa(V).

La plupart des actinides sont pyrophoriques à l'état finement divisé. C'est le cas de l'uranium et du plutonium.

Dans le tableau périodique, les actinides sont placés sous les lanthanides, ces deux séries étant généralement sous la partie principale du tableau, à la manière d'une note de bas de page. À l'exception du lawrencium, ils font partie du « bloc f » du tableau périodique des éléments.

Oxydes

*An – actinide
**Dépendant de l'isotope

Chlorures

*An – actinide
**Dépendant de l'isotope

Fluorures

Triiodure d'einsteinium rougeoyant dans le noir


Extraction de l'uranium et du plutonium

Separation de l'uranium et du plutonium du combustible nucléaire[33]

Le graphique ci-contre présente le procédé d'extraction chimique par le tributyl-phosphate de l'uranium et du plutonium à partir de la solution de nitrates à l'usine de retraitement du combustible.



Couleur et magnétisme

Couleurs approximatives d'actinides (ions en solution aqueuse)[34],[35]
État d'oxydation 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
+3 Ac3+ Th3+ Pa3+ U3+ Np3+ Pu3+ Am3+ Cm3+ Bk3+ Cf3+ Es3+
+4 Th4+ Pa4+ U4+ Np4+ Pu4+ Am4+ Cm4+ Bk4+ Cf4+
+5 PaO2+ UO2+ NpO2+ PuO2+ AmO2+
+6 UO22+ NpO22+ PuO22+ AmO22+
+7 NpO23+ PuO23+ [AmO6]5-

Les couleurs des actinides (sous forme ionique) dans les états d'oxydation inférieurs sont dues aux transitions f-f. Dans les états d'oxydation élevée, il peut aussi y avoir des transitions charge-transfert. Il y a une interaction spin-orbite forte, mais leurs caractéristiques cristallines font qu'il existe de petites variations de couleur pour les composés d'un élément donné dans un état d'oxydation donné. Les transitions entre orbites 5f et 6d peuvent être observées dans région ultraviolette du spectre. Les moments magnétiques des espèces paramagnétiques sont loin d'être seulement des valeurs de spin.

Formation en réacteur

Captures neutroniques

Les flux neutroniques d'une explosion atomique conduisent à des actinides de masse atomique beaucoup plus élevées que ceux rencontrés dans des réacteurs nucléaires.

Les actinides artificiels qui présentent un intérêt pratique sont les noyaux lourds (isotopes) formés dans les réacteurs par capture successive de neutrons par les noyaux du combustible.

Lors de l'irradiation en réacteur, les atomes d'actinide présents dans le combustible peuvent capturer un neutron sans subir de fission. C'est le cas notamment de l'isotope 238 de l'uranium, qui n'est pas fissile en spectre thermique ; mais tous les actinides présents présentent une section efficace de capture neutronique. La vitesse de transmutation en réacteur dépend de la valeur de cette section efficace. Pour un flux neutronique en réacteur typique de l'ordre de 1 × 1014 n cm−2 s−1, une section efficace de l'ordre de σ=1 barn (soit 1 × 10−24 cm2) aura en un an (soit 3,156 × 107 s) une probabilité de capture de:

1 × 1014 n cm−2 s−1 x 1 × 10−24 cm2 x 3,156 × 107 s = 0,316 %

Le barn est l'ordre de grandeur de la section efficace de capture de l'U-238, soit 2,68 barns en neutrons thermique : au bout d'un an en réacteur, près de 1 % (2,68 x 0,316 = 0,846 %) de l'uranium aura été transformé en plutonium. Une section efficace de 100 barns donnera une probabilité de capture cent fois plus importante (31,56 %), donc une demi-vie en réacteur de 2,2 ans.[pas clair]

Ces captures, le plus souvent suivies de décroissance radioactive bêta moins, conduisent à une augmentation du numéro atomique (du nombre de protons contenus dans le noyau). À partir de l'uranium initial il se forme alors des transuraniens : d'abord du plutonium, puis des actinides mineurs : principalement le neptunium (237) (produit d'une part par capture de l'uranium 236 formé à partir de l'uranium 235 –environ 20,3 % des fissions et 16,8 % des captures– et d'autre part par réaction (n,2n) sur l'uranium 238), l’américium (241, 243) et le curium (243, 244, 245).

Les isotopes des éléments transuraniens ont souvent une demi-vie très courte. Les actinides à demi-vie très courte présentent un excès de neutrons, qu'ils résolvent rapidement (avec des demi-vies de l'ordre de la journée) par radioactivité béta moins, par transformation d'un neutron en un proton (qui augmente d'une unité le numéro atomique) et d'un électron expulsé du noyau.

Quelques isotopes de Np, Pu, Am et Cm sont relativement plus stables, et sont produits en quantités pondérables dans les réacteurs nucléaires. Les principaux sont le plutonium, le neptunium 237(représente à lui seul près de 50 % des actinides mineurs formés), les américium 241 et 243 et les curium 244 et 245 (les proportions typiques sont données plus loin). Ils ont généralement une radioactivité alpha, avec une demi-vie qui peut aller de quelques dizaines années pour les curiums 243 et 244 à 2,144 millions d'années pour le plus stable le neptunium 237.

Ce sont ces actinides que l'on peut retrouver comme sous-produits d'un réacteur nucléaire. Même s'ils ne sont pas nécessairement fissiles en neutrons thermiques, ils sont tous fissibles avec une section efficace de 0,5 à 2 barn avec des neutrons d'énergie > 2 MeV. Ils peuvent donc être détruits en réacteur à neutrons rapides, ou peuvent être considérés comme déchets définitifs et stockés comme déchets nucléaires HAVL.

Équilibre neutronique des réacteurs

Dans un réacteur nucléaire, une réaction nucléaire ne peut fonctionner de manière auto-entretenue que si les neutrons produits par la fission d'un atome (généralement de deux et demi à trois en moyenne) ne subissent pas trop de pertes avant de contribuer à une nouvelle fission. Outre les pertes par diffusion et par activation des constituants du réacteur, les neutrons sont également consommés quand il y a une capture neutronique par un noyau d'actinide. De ce fait, la capacité des actinides à absorber des neutrons en fait en première approche un poison neutronique : plus il y en a dans le cœur du réacteur, et plus la réactivité du cœur sera compromise. Si on laisse trop d'actinides dans le cœur d'un réacteur nucléaire, il peut à terme ne plus fonctionner.

En deuxième approche, l'existence d'actinides fissiles viennent nuancer ce bilan, en ce qui concerne les radionucléides fertiles. Si par exemple la capture neutronique faite par un atome de 238U fait perdre un neutron dans l'équilibre neutronique du cœur sans bénéfice immédiat, elle transforme aussi à terme cet atome en un atome de 239Pu fissile. À plus longue échéance, un second neutron pourra faire fissionner ce dernier et produire les « deux et demi à trois en moyenne » neutrons associés à cette dernière fission. La capture d'un neutron, dans ce cas, conduit donc à un déficit immédiat sur la réactivité, mais le bilan neutronique global reste en moyenne légèrement positif : globalement, deux neutrons ajoutés à l'atome de 238U auront produit « deux et demi à trois en moyenne » neutrons nouveaux, ce qui ne compromet pas fondamentalement la possibilité d'une réaction en chaîne.

En revanche, si l'isotope produit n'est pas un isotope fertile, le bilan neutronique est nécessairement négatif : il faudra au moins une capture neutronique supplémentaire pour conduire à une fission ; et le bilan global sera au mieux de trois neutrons pour une fission, qui ne produit que « deux et demi à trois en moyenne » neutrons nouveaux : la présence de cet isotope aura été une charge pour l'équilibre neutronique du cœur.

La charge des actinides sur le bilan neutronique est d'autant pire que le nombre de neutrons à absorber avant d'atteindre un isotope fissile sera important.

Pour les actinides supérieurs (berkélium et curium), les captures neutroniques successives conduisent à des radioisotopes fortement radioactifs en radioactivité alpha, qui émettent un noyau d'hélium, éventuellement avant d'avoir eu le temps de fissionner. Dans ce cas, le bilan neutronique est encore plus noir : l'émission d'une particule alpha signifie que globalement quatre neutrons ont été absorbés (dont deux transformés en protons) sans produire de fission, et le noyau est retourné au stade où il était quatre captures neutroniques en amont : si un noyau suit un tel cycle, quatre neutrons auront été consommés en perte sèche pour ce qui est de l'entretien de la réaction nucléaire.

Cet impact des actinides sur le bilan neutronique est surtout important pour les réacteurs modérés. Dans le cas des réacteurs à neutrons rapides, les actinides formés sont tous plus ou moins fissibles ; ils sont donc plus rapidement consommés par le flux neutronique, et une capture neutronique éventuelle conduit directement à un autre atome fissible, comme c'est le cas pour les noyaux fertiles.

Actinides du cycle du thorium

Transmutations dans le cycle du thorium
230Th 231Th 232Th 233Th (En blanc : t½<27d)
231Pa 232Pa 233Pa 234Pa (Coloré : t½>68y)
231U 232U 233U 234U 235U 236U 237U
(Produits de fissions à t½<90y or t½>200ky) 237Np

Dans le cas d'un réacteur fonctionnant sur le cycle du thorium, l'actinide initial est formé par le thorium-232, qui est un isotope fertile.

  • 232Th capte un neutron (σ=7.3b) pour devenir 233Th. Celui-ci émet rapidement (T/2=22,3 m) un électron (et un neutrino) par l'émission bêta, pour se muer en protactinium-233, un premier actinide mineur ; et dans une seconde émission bêta (T/2=27 j), 233Pa devient de l'uranium-233, le combustible.
  • 233U est la matière fissile de ce cycle (σ=530b). Cependant, dans un peu moins de 10% des cas[36] il peut absorber à son tour un neutron (σ=47b), pour former du 234U fertile.
  • 234U est relativement stable (T/2=245 500 ans), et est un isotope fertile. Par une capture supplémentaire (σ=98b) il finit généralement par former du 235U, qui est la matière fissile du cycle de l'uranium.

Le cycle du thorium ne peut être envisagé que dans le cadre d'un cycle surgénérateur, où le bilan neutronique permet de créer la matière fissile qui alimentera le cycle. Dans cette production de la matière fissile, une petite partie (10 % des cas) est perdue pour ce cycle, mais se retrouvera dans le cycle de l'uranium : la perte d'un neutron ne compte donc ici que pour 10 %, le devenir du radionucléide étant discuté au cycle suivant.

Outre les captures neutroniques, dans le cas du thorium les réactions (n,2n) sont importantes par leurs conséquences. Ces réactions sont l'inverse d'une capture : le neutron incident quand il est suffisamment énergétique fait en quelque sorte un « carreau » et déloge du noyau un neutron supplémentaire, faisant baisser d'une unité son poids atomique. Ce phénomène peut intervenir dans deux points du cycle du thorium; suivant que l'expulsion intervient avant ou après une première capture :

  • Initialement, un atome de 232Th peut par réaction (n,2n) sur des neutrons de plus de 6,4 MeV se transformer en 231Th, qui se transforme rapidement en 231Pa. Dans un deuxième temps, celui-ci pourra absorber un neutron supplémentaire, formant du 232Pa qui se transforme rapidement en 232U.
  • Alternativement, après la première capture neutronique par le thorium, le 233Pa du cycle principal peut par réaction (n,2n) sur des neutrons de plus de 6,6 MeV former du 232Pa, qui finit de même en 232U.

Cet uranium-232 faiblement fissile et fertile (σ~74b) s'accumule progressivement en réacteur, et accompagne donc à l'état de trace l'uranium-233 normalement formé par le cycle. Ce marquage isotopique est important, parce que sa chaîne de désintégration comprend un émetteur gamma très énergétique, donc très pénétrant. Ce rayonnement impose des protections radiologiques importantes dans toutes les opérations concernant l'uranium produit par ce cycle, même quand il a été isolé des produits de fission et des autres actinides, ce qui rend ces opérations techniquement plus complexes et économiquement plus couteuses. Cet inconvénient est au contraire un avantage en ce qui concerne la lutte contre la prolifération, parce que le rayonnement gamma produit par cet uranium est très facile à détecter, ce qui rend impossible toute dissimulation de cette matière à des contrôles officiels.

Actinides du cycle de l'uranium

Le cycle de l'uranium se fonde sur la fission de l'uranium 235.

  • 235U est une matière fissile, mais dans environ un cas sur six, capte un neutron sans fissionner pour former du 236U, stable (T/2=23,42 Ma).
  • 236U laissé en irradiation finit par former du 237U, qui se transforme rapidement (T/2=6,75 j) en neptunium 237, stable (2,144 Ma).
  • 237Np capture un neutron (σ=176) pour former du 238Np, lequel se transforme rapidement (T/2=2,1 j) en plutonium 238, fortement radioactif (T/2=87,75 ans).
  • 238Pu est faiblement fissile, et si l'on poursuit l'irradiation, se transformera dans plus de 90% des cas en plutonium-239, où il rejoint le cycle du plutonium.

Pour être complet sur le cycle de l'uranium, il convient de noter que l'uranium 238, base du cycle du plutonium, peut également perdre un neutron par une réaction (n,2n). Il se transforme alors en 237U puis en 237Np.

Le neptunium est l'actinide important de ce cycle. 237Np peut être séparé chimiquement des combustibles irradiés, puis remis en irradiation dans des cibles d'irradiation pour produire du plutonium 238, dont il est à nouveau séparé chimiquement. Ce 238Pu peut ainsi être obtenu sans être mélangé au 239Pu issu de l'irradiation de l'238U présent dans le combustible initial. Il sert principalement pour la fabrication de générateur thermoélectrique à radioisotope.

Actinides du cycle du plutonium

Formation des actinides en réacteurs nucléaire à partir de l'U-238.

Dans le cas d'un réacteur fonctionnant sur le cycle du plutonium, l'actinide initial est formé par l'uranium-238, qui est un isotope fertile.

  • 238U capte parfois un neutron pour former du 239U, lequel se transforme rapidement (T/2=24 min) en neptunium-239, puis (T/2=2,3 jour) en plutonium 239, la principale matière fissile de ce cycle
  • 239Pu est une matière assez stable (T/2=24110 ans) et fissile, mais une fois sur trois[37] il capture le neutron incident pour former du 240Pu.
  • 240Pu, relativement stable (T/2=6563 ans), est fertile : sous irradiation il peut capturer un neutron pour former du 241Pu fissile.
  • 241Pu est une matière fortement radioactive (T/2=14,35 ans) et fissile. Sous irradiation, il peut néanmoins capturer un neutron une fois sur quatre et se transformer en 242Pu. Alternativement, si le flux neutronique est suffisamment faible, sa radioactivité beta le transformera en americium-241, première étape de sa chaîne de désintégration, puis (T/2=433 ans) en 237Np.
  • 242Pu est stable (T/2=373 000 ans) et en capturant un neutron se transforme en 243Pu. Ce dernier se transforme rapidement (T/2=5h) en americium-243.

Le plutonium formé par ce cycle, qui peut être extrait chimiquement, est un mélange isotopique contenant au départ surtout du 239Pu, et d'autant plus d'isotopes plus lourds (240, 241 et 242) que l'irradiation aura été prolongée longtemps.

Sa principale caractéristique, par contraste à l'uranium naturel, est d'être naturellement enrichi en isotopes fissiles : la mise en œuvre d'une « simple » séparation chimique est suffisante pour obtenir de la matière fissile, sans avoir besoin de recourir à une séparation isotopique. Cela en fait la principale matière première nécessaire pour alimenter un cycle surgénérateur, en concurrence avec l'uranium fortement enrichi, pour les projets de réacteurs de quatrième génération. C'est également parce que cette matière fissile est d'obtention comparativement plus facile que l'uranium hautement enrichi que la première explosion nucléaire a été réalisée avec du plutonium, et que la prolifération nucléaire passe le plus souvent par le détournement à des fins militaires du plutonium produit dans des réacteurs nucléaires réputés civils, mais hors contrôle de l'AIEA.

La série du plutonium formé en réacteur s'arrête en pratique au 242Pu du fait de la très forte instabilité du 243Pu, qui dans le flux neutronique relativement limité des réacteurs, se désintègre (T/2=5h) statistiquement bien avant d'avoir pu capturer un neutron supplémentaire (T/2 de l'ordre de quelques dizaines d'années en réacteur), ce qui aurait formé du 244Pu. Paradoxalement, donc, le plutonium 244, seul isotope suffisamment stable pour être présent à l'état de traces dans la nature, est pratiquement absent du plutonium formé en réacteur. Sa formation naturelle est due aux très hauts flux neutroniques rencontrés dans le processus R de l'explosion des supernovæ ; et on en retrouve également des traces dans les isotopes formés lors d'une explosion atomique.

Actinides mineurs ultérieurs

L'entrée dans la série du curium peut se faire par deux points :

  • L'américium-241 peut capturer un neutron pour se transformer en 242Am, puis rapidement (T/2=16h) en curium-242, ou en 242Pu du cycle précédent.
  • L'américium-243 peut capturer un neutron pour se transformer en 244Am, puis rapidement (T/2=10h) en curium-244.

Une fois atteint le curium, les captures neutroniques successives vont augmenter la masse du noyau depuis 242Cm jusqu'à 249Cm.

  • Dans cette série, les premiers éléments (242 à 244) sont fortement radioactifs, et retransforment les noyaux en plutonium par une radioactivité alpha.
  • Dans cette série, les éléments 243Cm, 245Cm et 246Cm sont fissiles.

À partir de 245Cm, les demi-vies sont supérieures au millier d'années, et la voie d'évolution principale sous irradiation sera soit la fission, soit l'accumulation de neutrons jusqu'au 248Cm.

  • 248Cm peut capturer un neutron et se transformer en 249Cm, qui se transforme rapidement en berkélium-249.
  • 249Bk peut se désintégrer en 249Cf, ou capturer un autre neutron pour se transformer en 250Bk qui se désintègre rapidement en 250Cf.

Les radionucléides de californium sont assez fortement radioactifs. Ils peuvent soit accumuler encore des neutrons, passant de 249Cf à 252Cf, soit subir une désintégration alpha qui les fera retomber sur la série du curium.

Actinides et déchets nucléaires

Généralités

Schéma de transformation du combustible en réacteur à neutrons thermiques

La masse totale d'actinides mineurs formés dans le combustible retraité issu des réacteurs à eau pressurisée (taux de combustion moyen de 33 000 à 45 000 MWj/tMLi [38]) varie en fonction du taux de combustion et du type de combustible utilisé (uranium naturel enrichi ou MOX ou URE) entre 2,7 et 3,2 % de la masse de produits de fission formés. On peut donc voir que la "perte" en atomes lourds occasionnée par la mise au déchet des actinides mineurs ne dépasse pas 3,5 % de la ressource totale en uranium.

La composition massique typique des actinides mineurs dans le combustible retraité (33 000 à 45 000 MWj/tMLiErreur de référence : La balise ouvrante <ref> est mal formée ou a un mauvais nom.) 5 ans après déchargement du réacteur est donnée ci-après. Pour les corps à période inférieure à 1 000 ans, le tableau figure le premier isotope à vie très longue (> 1 000 ans) rencontré dans la décroissance vers la situation stable (le plomb dans la majorité des cas).

Corps .....Période..... % mini % maxi 1er descendant à vie très longue Période du descendant ......Observation.......
xxx xx xx xx xx xx xx
Cm 242 162,19 jours 0,01 % 0,03 % U 234 245,5 ka En passant par le Pu 238
Total vie très courte < 1 an 0,01 % 0,03 %
Cm 244 18,1 ans 2,50 % 4,00 % Pu 240 6,56 ka xx
Cm 243 29,1 ans 0,03 % 0,05 % Pu 239 24,1 ka xx
Total vie moyenne 1 a < < 31 a 2,53 % 4,05 % xx xx xx
Np 237 2,144 Ma 45,00 % 55,00 % xx xx xx
Am 241 432,2 ans 30,00 % 33,00 % Np 237 2,144 Ma xx
Am 243 7,37 ka 12,00 % 14,00 % xx xx xx
Cm 245 8,5 ka 0,15 % 0,20 % xx xx xx
Am 242m 141 ans 0,08 % 0,12 % U 234 245,5 ka xx
Cm 246 4,73 ka 0,02 % 0,04 % xx xx xx
Total vie longue > 31 a 87,25 % 100,0 % xx xx xx
Total AMin sans objet 100,0 % 100,0 % xx xx 2,7 à 3,2% des PF

Tous ces éléments, notamment ceux à vie courte et moyenne, contribuent fortement au dégagement thermique du combustible irradié et des déchets. Ils sont tous émetteur alpha ou ont des descendants qui le sont [39] et produisent donc de l'hélium.

Des études et expérimentions ont été conduites pour évaluer les possibilités de transmutation en réacteur de ces éléments. Outre les divers problèmes de nature technologiques d'adaptation des réacteurs (les actinides constituent un poison neutronique) et du combustible (séparation chimique des actinides, fabrication de cibles, manipulation de corps fortement radioactifs émetteurs alpha, production d'hélium, etc.), cette voie se heurtent à la difficulté majeure qui est de déboucher par capture neutronique sur Np 237, Am 241 242m 243 et Cm 242 243 244 245 sur un corps à vie courte générant à terme un atome stable. Or ceci est quasiment impossible puisque toute capture de neutron par un actinide conduit à la formation d'un autre de rang supérieur jusqu'à obtenir un noyau instable et de manipulation difficile tel que le californium 252. L'unique façon d'éliminer les actinides mineurs est de les fissionner et pour ce faire d'utiliser un réacteurs à neutrons rapides voire un système ADS.

Risques et dangers liés aux actinides mineurs (AMin)

À l'usine de retraitement les AMin, à l'état chimique d'oxydes, se retrouvent mélangés aux produits de fission (PF). Incorporés dans un verre ils constituent une partie des déchets de type C (HAVL)[40] De façon générale, ils représentent les déchets radioactifs qui posent les principaux problèmes, notamment au niveau du stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde pour les raisons suivantes :

  • en tant qu'émetteurs alpha, ils présentent une forte toxicité chimique et radiologique si l'élément entre dans la chaîne alimentaire (inhalé, injecté ou ingéré) ;
  • ils dégagent une forte chaleur ; les émissions alpha des actinides sont toutes à une énergie élevée de l'ordre de 4,5 à 5,5 MeV ;
  • ils dégagent de l'hélium, qui est suspecté de pouvoir dégrader la cohésion du verre de conditionnement des déchets[41].

En revanche il est établi qu'ils n'ont qu'une très faible mobilité dans les sols et l'environnement où ils se trouveraient dispersés[42]

Tableau de synthèse

Actinides par chaîne de désintégration Période
a
Produits de fission par abondance de production
4n 4n+1 4n+2 4n+3
2,25-3,5 % 0,015-0,7 % < 0,0065%
228Ra 4–6 155Euþ
244Cm 241Puƒ 250Cf 227Ac 10–29 90Sr 85Kr 113mCdþ
232Uƒ 238Pu 243Cmƒ 29–97 137Cs 151Smþ 121mSn
249Cfƒ 242mAmƒ 141–351

Aucun produit de fission
n'a une demi-vie
comprise entre
100 et 100 000 ans

241Am 251Cfƒ 430–900
226Ra 247Bk 1,3k–1,6k
240Pu 229Th 246Cm 243Am 4,7k–7,4k
245Cmƒ 250Cm 8,3k–8,5k
239Puƒ 24,11k
230Th 231Pa 32k–76k
236Npƒ 233Uƒ 234U 100k–250k 99Tc 126Sn
248Cm 242Pu 280k–375k 79Se
1,53M 93Zr
237Np 2,1M–6,5M 135Cs 107Pd
236U 247Cmƒ 15M–24M 129I
244Pu 80M

Aucun atome au-dessus de 15,7 Ma

232Th 238U 235Uƒ№ 0,703G–14G

Légende
₡  Section efficace de capture dans la plage 8–50 barns
ƒ  Fissile
m  Métastable
№  Isotope naturel
þ  Poison neutronique (section efficace de capture supérieure à 3 000 barns)
†  Plage 4a–97a : produit de fission à vie moyenne
‡  Au-dessus de 100ka : produit de fission à vie longue
a = année julienne = 365,25 jours exactement

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • {...}

Liens externes

Notes et références

  1. Les actinides mineurs représentent entre 2,7 % et 3,2 % en masse des produits de fission
  2. Fermi, E., « Possible Production of Elements of Atomic Number Higher than 92 », Nature, vol. 133, no 3372,‎ , p. 898–899 (DOI 10.1038/133898a0, Bibcode 1934Natur.133..898F)
  3. (en) Jagdish Mehra et Helmut Rechenberg, The historical development of quantum theory, Springer, , 966– (ISBN 978-0-387-95086-0, lire en ligne)
  4. Le nobélium et le lawrencium ont été découverts quasiment simultanément par les chercheurs américains et soviétiques
  5. Martin Heinrich Klaproth, « Chemische Untersuchung des Uranits, einer neuentdeckten metallischen Substanz », Chemische Annalen, vol. 2,‎ , p. 387–403 (lire en ligne)
  6. E.-M. Péligot, « Recherches sur l'uranium », Annales de chimie et de physique, vol. 5, no 5,‎ , p. 5–47 (lire en ligne)
  7. (en) Ingmar Grenthe, The Chemistry of the Actinide and Transactinide Elements, (DOI 10.1007/1-4020-3598-5_5), « Uranium »
  8. Zimmerman, Ann., 213, 290 (1882); 216, 1 (1883); Ber. 15 (1882) 849
  9. Berzelius, J. J., « Untersuchung eines neues Minerals und einer darin erhalten zuvor unbekannten Erde (Investigation of a new mineral and of a previously unknown earth contained therein) », Annalen der Physik und Chemie, vol. 16, no 7,‎ , p. 385–415 (DOI 10.1002/andp.18290920702, Bibcode 1829AnP....92..385B, lire en ligne) (modern citation: Annalen der Physik, vol. 92, no. 7, pages 385–415)
  10. Berzelius, J. J., « Undersökning af ett nytt mineral (Thorit), som innehåller en förut obekant jord" (Investigation of a new mineral (thorite), as contained in a previously unknown earth) », Kungliga Svenska Vetenskaps Akademiens Handlingar (Transactions of the Royal Swedish Science Academy),‎ , p. 1–30
  11. André-Louis Debierne, « Sur une nouvelle matière radio-active », Comptes rendus, vol. 129,‎ , p. 593–595 (lire en ligne)
  12. André-Louis Debierne, « Sur une nouvelle matière radio-actif – l'actinium », Comptes rendus, vol. 130,‎ 1900–1901, p. 906–908 (lire en ligne)
  13. H. W. Kirby, « The Discovery of Actinium », Isis, vol. 62, no 3,‎ , p. 290–308 (DOI 10.1086/350760, JSTOR 229943)
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  15. (en) John Emsley, Nature's Building Blocks: An A-Z Guide to the Elements, Oxford, England, UK, Oxford University Press, 11 août 2003 2001, 347–349 p. (ISBN 0-19-850340-7, lire en ligne), « Protactinium »
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  20. Peterson, Ivars, « Uranium displays rare type of radioactivity », Science News,‎ (lire en ligne)
  21. a et b (en) E.S. Palshin, Analytical chemistry of protactinium, Moscou, Nauka,
  22. Myasoedov, p. 88
  23. According to other sources, cubic sesquioxide of curium is olive-green. See (ru) « Соединения curium site XuMuK.ru »,‎ (consulté le )
  24. The atmosphere during the synthesis affects the lattice parameters, which might be due to non-stoichiometry as a result of oxidation or reduction of the trivalent californium. Main form is the cubic oxide of californium(III).
  25. Greenwood, p. 1268
  26. Valeurs tirées de Wikipédia par souci de cohérence et à défaut de http://www.webelements.com/
  27. (en) L.R. Morss, Norman M. Edelstein et Jean Fuger, The Chemistry of the Actinide and Transactinide Elements (Set Vol.1–6), Springer, , 2139– (ISBN 978-94-007-0210-3, lire en ligne)
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  29. (ru) « Таблица Inorganic and Coordination compounds » (consulté le )
  30. Myasoedov, p. 96–99
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  33. Greenwood, p. 1255, 1261
  34. Arnold F. Holleman, Nils Wiberg: Lehrbuch der Anorganischen Chemie, 102. Auflage, de Gruyter, Berlin 2007, S. 1956; ISBN 978-3-11-017770-1.
  35. dtv-Atlas zur Chemie 1981, Teil 1, S. 224.
  36. Sections efficaces de l'U-233
  37. Sections efficaces du Pu 239
  38. tMLi : tonne de Métal Lourd initial
  39. Voir l'article : chaîne de désintégration
  40. Voir les articles : Déchets radioactifs et Déchets radioactifs générés par la production d'électricité d'origine nucléaire en France
  41. http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/Verres_R7T7.htm
  42. http://www.laradioactivite.com/fr/site/pages/RadiotoxiciteCU.htm



  1 2                               3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
1  H     He
2  Li Be   B C N O F Ne
3  Na Mg   Al Si P S Cl Ar
4  K Ca   Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
5  Rb Sr   Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
6  Cs Ba   La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
7  Fr Ra   Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl Mc Lv Ts Og
8  119 120 *    
  * 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142  


Métaux
  Alcalins  
  Alcalino-  
terreux
  Lanthanides     Métaux de  
transition
Métaux
  pauvres  
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loïdes
Non-
  métaux  
Halo-
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Gaz
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Éléments
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    Superactinides