Lissachatina fulica

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Escargot géant africain, Achatine, Achatine foulque

L'escargot géant africain, Achatine ou Achatine foulque (Lissachatina fulica, anciennement Achatina fulica) est un grand escargot d'origine africaine. C'est une espèce envahissante dans beaucoup d'autres régions. L'espèce fait partie des 100 pires espèces envahissantes selon l'UICN.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Lissachatina fulica. Juillet 2022.

L'escargot géant africain, adulte, mesure, en général, environ 12 cm de long mais peut atteindre 30 cm[1] pour un poids allant jusqu'à plusieurs centaines de grammes. Généralement le bout de sa coquille est pointu et blanchâtre.

Sa fine coquille brune avec des marques transversales plus sombres est de forme conique spiralée et est deux fois plus haute que large.

Cet escargot est herbivore à tendance omnivore, c'est-à-dire qu'il est peu exigeant en matière de végétaux consommés mais a un certain besoin en protéines. Il peut se reproduire dans de bonnes conditions jusque à une fois par mois. Après chaque reproduction, les deux partenaires pondent trois fois avec généralement une semaine d'intervalle, à raison de 200 œufs pondus à chaque fois en moyenne (observations en captivité jusque 600) avec un taux de survie de 95 %. Il devient adulte en six à douze mois et peut vivre entre cinq et sept ans en captivité.

Originaire d'Afrique, l'espèce a été largement introduite en Asie, dans les Antilles, dans les îles de l'océan Pacifique et de l'océan Indien où sa taille et son taux de reproduction important ont rapidement posé problème en l'absence de prédateurs naturels : outre les dégâts qu'une population incontrôlée peut faire subir aux cultures, Lissachatina fulica pose aussi un problème de santé publique, étant le vecteur de parasites (Angiostrongylus cantonensis et Angiostrongylus costaricensis par exemple[2],[3]) et d'agents pathogènes dont certains peuvent affecter les humains, provoquant des angiostrongyloses (méningites). Ce point concerne exclusivement les spécimens sauvages, prélevés dans la nature, et non les individus nés en captivité n'ayant jamais été en contact avec un spécimen sauvage.

Parmi les mesures prises afin de contrôler les populations d'escargots géants africains, la lutte biologique par l'introduction d'espèces d'escargots prédatrices (comme Euglandina rosea) et celle de vers plats s'est montrée relativement inefficace et a parfois eu des conséquences dramatiques sur des populations d'autres escargots autochtones comme les espèces du genre Partula.

Écologie et comportement[modifier | modifier le code]

L'animal est très sensible. La diminution du taux d'humidité de son milieu entraîne son enfouissement dans le sol en peu de temps (72 h). Il peut commencer une hibernation ou même en mourir.

Habitat et répartition[modifier | modifier le code]

Son habitat d'origine est le sud de l'Afrique (à la différence des Archachatina, davantage présents dans l'ouest du continent africain). Aujourd'hui, il est présent dans presque toutes les régions tropicales et humides du globe où il a été introduit parfois de façon volontaire (comme au Brésil[3]), souvent involontairement. Il est capable de survivre dans des habitats variés comme les terres agricoles, les côtes, les terrains vagues, les forêts naturelles, les aires urbaines ou les zones humides, tant que la température est suffisamment élevée. Il est actif la nuit et se réfugie dans la terre durant la journée.

Depuis quelques années[Quand ?], cette espèce, très sociable, est élevée comme animal de compagnie[4]. Néanmoins, Lissachatina fulica étant extrêmement prolifique en termes de reproduction, une gestion irresponsable, comme le relâcher dans la nature, peut avoir des conséquences catastrophiques pour la flore locale. Entre et , 35 000 Lissachatina fulica ont été répertoriés dans la région de Miami. Le mollusque avait déjà envahi par le passé Miami ainsi que la Guadeloupe, la Martinique et d’autres îles des Caraïbes. La première irruption de l'espèce daterait selon l'Agence France-Presse de 1966, lorsqu'un adolescent a ramené dans ses valises trois de ces escargots. Sa grand-mère les aurait libérés dans la nature. De ces trois spécimens naquirent 18 000 individus, dont l'éradication nécessita, à l'époque, neuf ans et un million de dollars[5].

Au Bénin l'escargot foulque est toujours présent mais sa multiplication est influencée par l'alternance des saisons et la construction des appartements.

Lissachatina fulica, comme les autres espèces de la famille des Achatinidae, supporte très mal les températures en dessous de 20 °C  : une prolifération de l'espèce en Europe n'est donc pas ou peu envisageable. Une température inférieure à 18 °C provoquant irrémédiablement l'hibernation, il ne peut constituer une menace invasive que dans des pays présentant un climat propice à son développement. Une simulation Climex a été réalisée en 2014 par un groupe de chercheurs, indiquant une possible acclimatation du Mexique au Brésil, et de l'Inde au Nord de l'Australie[6],[7].

Classification[modifier | modifier le code]

Lissachatina fulica et l'espèce humaine[modifier | modifier le code]

Risque de santé publique[modifier | modifier le code]

L'escargot géant africain est un des vecteurs du nématode Angiostrongylus cantonensis, un petit ver rond responsable de la méningo-encéphalite éosinophilique chez les humains (principalement les enfants et les personnes fragiles[8]), dont l'expansion correspond à celle de l'escargot (d'autres espèces d'escargots introduits dans les régions tropicales transmettent également ce parasite)[2]. Les transmissions à l'espèce humaine ne concernent que les escargots prélevés dans la nature. Les spécimens nés et élevés exclusivement en captivité ne peuvent être porteurs de ce nématode, puisque le cycle de vie du nématode qui mature à l'état larvaire chez le mollusque implique un passage chez les rongeurs qui est l'hôte naturel définitif des vers adultes (présents dans les artères pulmonaires et digestives)[8]. Des études épidémiologiques menées en Guadeloupe ont montré qu'environ 30 % des achatines sauvages de l'île sont porteurs des larves d'Angiostrongylus cantonensis créant un problème de santé publique localement et poussant au développement par l'Institut Pasteur de la Guadeloupe d'un test diagnostic au profit des hôpitaux de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane[8].

Inversement, il peut être utilisé comme bioindicateur pour mesurer la pollution. L'Académie des sciences russes a en effet mis au point une technique pour équiper des Achatina d'appareils à fibre optique qui contrôlent leur motricité et leur rythme cardiaque, deux paramètres corrélés au niveau de pollution des fumées[9].

Lutte contre Lissachatina fulica[modifier | modifier le code]

Une fois l'escargot géant introduit quelque part, il est très difficile, souvent impossible à éradiquer. Les meilleures méthodes de lutte semblent être celles qui consistent à l'éliminer à la main (des chiens ont été dressés pour les détecter), l'utilisation de molluscicides, de lance-flammes et de lutte biologique. Dans certaines régions, on tente de promouvoir sa consommation en espérant que celle-ci fasse diminuer ses populations.

Les tentatives de lutte biologique, quant à elles, ne semblent pas avoir été d'une grande efficacité contre Lissachatina fulica et sont la cause de la diminution et parfois de la disparition d'espèces locales.

L'une des méthodes de lutte biologique la plus utilisée contre l'escargot géant africain est l'introduction d'escargots prédateurs, surtout d’Euglandina rosea. Les premiers essais d'un tel contrôle eurent lieu dans l'archipel hawaïen. Quinze espèces d'escargots carnivores furent introduites délibérément. Neuf d'entre elles ne s'établirent pas, on ignore le devenir de trois autres, les trois dernières ont toutes posé des problèmes environnementaux : Euglandina rosea, Gonaxis kibweziensis, Gonaxis quadrilateralis. De plus, elles n'ont eu aucun impact manifeste sur les populations d'Achatinidae. Des tentatives aussi néfastes eurent lieu ailleurs. Euglandina rosea a été en particulier introduit en Polynésie française, dans les Samoa américaines, sur Guam et dans d'autres îles du Pacifique et l'océan Indien.

En plus de l'introduction délibérée d'escargots prédateurs, le ver plat Platydemus manokwari a aussi été introduit bien que moins largement. Ce prédateur semble avoir effectivement contribué à diminuer les populations d'escargot géant bien que son impact réel ne soit pas complètement démontré. Cependant, ce ver a aussi été responsable du déclin d'espèces endémiques sur l'île de Guam.

Un article paru sur le site de RFI en indique l'usage apparemment efficace de phosphate de fer lui coupant l'appétit[10].

Achatiniculture[modifier | modifier le code]

Certaines espèces d'escargots géants africains des genres Achatina (espèce moins prolifique — 100 à 150 œufs en moyenne par ponte — et au développement lent — deux ans et demi en moyenne pour atteindre la maturité sexuelle) et Archachatina (cinq à huit œufs en moyenne par ponte), fournissent une viande de brousse très prisée depuis la Guinée jusqu'en Angola. Dans ces pays gros consommateurs d'escargots géants africains, l'espèce Achatina Achatina est menacée par la cueillette menée trop intensivement depuis de nombreuses années. La consommation de Lissachatina fulica, plus prolifique, est encouragée, souvent en vain car leur chair est plus caoutchouteuse que celle de leurs cousins géants. L'achatiniculture permettrait progressivement l'abandon des procédés de cueillette et leur remplacement par des techniques rationnelles de production[11].

Les Lissachatina fulica sont également la variété la plus courante en terrariophilie en vue d'élevage d'agrément, essentiellement en Europe.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Genre Achatina[modifier | modifier le code]

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Espèce Lissachatina fulica[modifier | modifier le code]

Références culturelles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Collectif (trad. Manuel Boghossian), Le règne animal, Gallimard Jeunesse, , 624 p. (ISBN 2-07-055151-2), Escargots terrestres page 541.
  2. a et b (en) « Updated distribution and experimental life-history traits of the recently invasive snail Lissachatina fulica in Havana, Cuba », Acta Tropica, vol. 185,‎ , p. 63–68 (ISSN 0001-706X, DOI 10.1016/j.actatropica.2018.04.019, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Silvana C. Thiengo, Monica A. Fernandez, Eduardo J. L. Torres et Pablo M. Coelho, « First record of a nematode Metastrongyloidea (Aelurostrongylus abstrusus larvae) in Achatina (Lissachatina) fulica (Mollusca, Achatinidae) in Brazil », Journal of Invertebrate Pathology, vol. 98, no 1,‎ , p. 34–39 (ISSN 1096-0805, PMID 18078952, DOI 10.1016/j.jip.2007.10.010, lire en ligne, consulté le )
  4. « Insolite. Frédéric Large s'est pris de passion pour des escargots géants d'Afrique »
  5. « Invasion d'escargots géants à Miami », sur metrofrance.com, .
  6. V. Sridhar, L. Vinesh, M. Jayashankar, « Mapping the potential distribution of Achatina fulica (Bowdich) (Stylommatophora: Achatinidae) in India using CLIMEX, a bioclimatic software, figure 3 »,
  7. (en) Roshmi Rekha Sarma, M. Munsi et Aravind Neelavara Ananthram, « Effect of Climate Change on Invasion Risk of Giant African Snail (Achatina fulica Férussac, 1821: Achatinidae) in India »,  : « The Giant African Snail (Achatina fulica) is considered to be one the world’s 100 worst invasive alien species. ».
  8. a b et c « Les achatines, cause principale de méningites chez les personnes fragiles et les enfants », Guadeloupe 1re, France Télévisions, 2 avril 2019.
  9. « Russie: des escargots pour contrôler la toxicité de l'air », sur Science et Avenir,
  10. Dominique Raizon, « Un escargot géant sème la panique en Floride », sur rfi.fr, (consulté le ).
  11. L'achatiniculture