Accident aérien de Namur

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Accident aérien de Namur
Le Pilatus PC-6 B2-H4, OO-NAC, sur l'aérodrome de Namur (Temploux) en 2009.
Le Pilatus PC-6 B2-H4, OO-NAC, sur l'aérodrome de Namur (Temploux) en 2009.
Caractéristiques de l'accident
Date
TypeRupture de la structure de l'aile
CausesErreur de pilotage
SiteDrapeau de la Belgique Entre Gelbressée et Marchovelette
Coordonnées 50° 31′ 04″ nord, 4° 57′ 02″ est
Caractéristiques de l'appareil
Type d'appareilPilatus PC-6 Turbo-Porter
CompagnieNamur Air Promotion SA
No  d'identificationOO-NAC
PhaseVol
Passagers10
Équipage1
Morts11
Survivants0

Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Accident aérien de Namur
Géolocalisation sur la carte : province de Namur
(Voir situation sur carte : province de Namur)
Accident aérien de Namur

L'accident aérien de Namur (également nommé accident aérien de Gelbressée, de Fernelmont ou de Marchovelette) s'est déroulé le entre le village de Gelbressée (commune de Namur) et Marchovelette (commune de Fernelmont), non loin de la ville belge de Namur, lorsqu'un avion de transport de parachutistes Pilatus PC-6, immatriculé « OO-NAC », s'est écrasé dans un champ.

Les onze personnes à bord, soit le pilote et dix passagers qui s'apprêtaient à effectuer un saut en parachute, furent tuées. Il s'agit de la catastrophe aérienne la plus meurtrière survenue en Belgique depuis 1961[1] et la catastrophe du vol 548 de la Sabena qui avait fait 75 morts.

L'avion[modifier | modifier le code]

Le Pilatus PC-6/B2-H4 Turbo-Porter, appartenant à Namur Air Promotion[2],[3] et immatriculé OO-NAC [2],[4], est un avion monomoteur turbopropulseur à moteur Pratt & Whitney[5].

Cet avion avait effectué environ 4420 heures de vols depuis son achat en 2003 par Namur Air Promotion jusqu'à la date de l'accident[3]. Cet appareil, construit en 1969 (s/n 710), a d'abord été utilisé par Ciba-Pilatus comme avion de travail agricole pour de l'épandage aérien jusqu'en 1984. Acheté par la compagnie Zimex Aviation, il a mené des opérations pour le CICR, notamment en Angola, jusqu'en 1989, année de son achat par Paracentrum Oud-Turnhout[2], une entreprise de parachutisme de Vieux-Turnhout.

Le PC-6/B2-H4 (OO-FWJ) de Paracentrum Oud-Turnhout à l'aéroport de Bruxelles le 8 février 1989.

Alors immatriculé OO-FWJ[2], cet avion a été accidenté en 2000 lors d'un décollage depuis l'aéroport militaire de Moorsele faisant onze blessés[6]. La cause de la perte de contrôle immédiatement après le décollage était alors probablement due à un réglage inapproprié, plein cabré, du vérin de compensation du stabilisateur horizontal pour le décollage[3].

De juillet 2000 à 2002, l'avion a appartenu à Imaginair SA, une société française spécialisée dans la construction aéronautique. Acheté par Pilatus Flugzeugwerke en 2002, il a été réparé en conformité avec le programme du constructeur et vérifié par les autorités de tutelle, puis ré-immatriculé HB-FFP. Il est ensuite acheté par Namur Air Promotion SA et immatriculé OO-NAC le 5 mars 2003[2].

Antécédent[modifier | modifier le code]

Namur Air Promotion SA avait déjà subi un accident avec un avion du même modèle. Le 9 juin 2002, le PC-6/B2-H4 immatriculé OO-NAP[7] s'était écrasé au décollage en 2002 à l'aérodrome de Namur faisant un mort et dix blessés[8],[9]. Là aussi, la cause de la perte de contrôle immédiatement après le décollage était probablement due à un réglage inapproprié, plein cabré, du vérin de compensation du stabilisateur horizontal pour le décollage[3].

Accident[modifier | modifier le code]

L'accident s'est produit peu après 15 h 30 heure locale (13 h 30 UTC) ; l'avion avait décollé de l'aérodrome de Namur une dizaine de minutes auparavant. Le pilote et les dix passagers ont perdu la vie. L'endroit du crash étant situé entre le village de Gelbressée (ville de Namur) et celui de Marchovelette (commune de Fernelmont), le plan d’urgence de ces deux communes a été activé et, en raison de l'ampleur de l'accident, a nécessité l'intervention des pompiers de la zone de secours Nage provenant des casernes de Namur et d'Éghezée.

Réactions[modifier | modifier le code]

Le premier ministre (Elio Di Rupo), la ministre de l'intérieur (Joëlle Milquet) et le roi Philippe se sont rendus sur le lieu du crash et à l'aérodrome de Namur en début de soirée[10].

  • Elio Di Rupo (premier ministre) : « Nous sommes consternés. Toutes nos pensées vont aux familles des victimes. Nous n'avions plus connu une catastrophe aérienne de cette ampleur depuis longtemps » ;
  • Maxime Prévot (bourgmestre de Namur) : « C'est une tragédie pour les familles et pour l'ensemble de la nation » ;
  • José Manuel Durão Barroso (président de la Commission européenne) : « Partage l'émotion du peuple belge après ce dramatique accident d'avion près de Namur. Mes sincères condoléances aux familles des victimes »[11].

Kris Peeters (ministre-président flamand), Didier Reynders (ministre des affaires étrangères) et la section namuroise du parti Ecolo ont présenté leurs condoléances aux proches des victimes par voie de communiqué[12].

Traitement médiatique[modifier | modifier le code]

Le lendemain de l'accident Dominique d'Olne et Colette Jaspers publient sur le site internet de la RTBF un article à charge contre le Pilatus PC-6 intitulé « La fiabilité du Pilatus PC-6, une réputation méritée ? ». Se basant sur un site de statistique d'accidents aériens, les journalistes mentionnent le nombre d'accidents de ce type d'avion, et le nombre de morts qu'ils ont engendrés[13] sans faire la différence entre les accidents dus à des problèmes techniques et ceux résultants d'autres facteurs et sans prendre en compte les conditions particulières dans lesquelles le PC-6 peut-être utilisé (guerre, aide humanitaire, piste rudimentaire). Des commentaires de lecteurs ont remis en cause le contenu de l'article et mis en avant le manque totale de connaissance de l'aviation de la part des journalistes. Le lendemain le titre de l'article a été changé en « Le Pilatus PC-6 est-il fiable ? » et l’article remanié, sans pour autant que l'url de la page ne soit changé[14].[réf. nécessaire]

Enquête[modifier | modifier le code]

En , l'Air Accident Investigation Unit (AAIU) annonce que la cause de l'accident est "une rupture de la structure de l'aile gauche causée par une surcharge aérodynamique importante" (trop forte pression sur les ailes) engendrée par une manœuvre effectuée intentionnellement par le pilote et qui amena l'appareil en piqué sur le dos. Ensuite "Par réflexe ou poussé dans le dos par les parachutistes déséquilibrés, le pilote a alors tenté de redresser l'avion, entraînant cette surcharge aérodynamique" selon l'AAIU. En outre, deux facteurs ont accentué la survenue de l'accident : la faiblesse du suivi et du contrôle de l'utilisation de l'appareil par l'exploitant, ainsi que l'absence de coordination entre l'exploitant et le club de parachutisme[15].

Le , la chambre du conseil de Namur, suivant les réquisitions du parquet en faveur d'un non-lieu et de l'arrêt des poursuites envers le pilote, a statué de manière anticipée en faveur de l'extinction des poursuites[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Crash d'un avion de parachutistes: le pire drame aérien depuis 1961 », sur lalibre-be,
  2. a b c d et e Markus Herzig, s/n 710, pc-6.com, consulté le 27 avril 2015.
  3. a b c et d [PDF]Rapport d'enquête de sécurité : accident Pilatus PC-6 A Gelbressée le 19 octobre 2013, 22 juillet 2015, Département d'investigation des accidents aériens, Service public fédéral Mobilité et Transports (Réf. AAIU-2013-21).
  4. OO-NAC, Pilatus PC-6 B1H2, serial nr. 710, construit en 1969, enregistré le 5 mars 2003, registration nr. 5269
  5. « L'avion qui s'est écrasé avait déjà fait un crash en 2000 », sur RTBF.be,
  6. (en) « Pilatus Porter crash at Moorsele in Belgium », sur dropzone.com, (consulté le )
  7. Markus Herzig, s/n 914, pc-6.com.
  8. « Plusieurs accidents d'avion en Belgique ces dernières années », sur rtlinfo.be,
  9. « La fiabilité du Pilatus PC-6, une réputation méritée ? », sur RTBF.be,
  10. « Accident d'avion lors d'un vol d'initiation à Marchovelette : onze morts », sur RTBF.be, (consulté le )
  11. « José Manuel Durão Barroso », sur Twitter
  12. « Crash d’avion à Gelbressée: onze morts, dix hommes et une femme », sur lavenir.net,
  13. Belgique : l'avion s'était déjà écrasé !, TV5 Monde, 21 octobre 2013.
  14. « Le Pilatus PC-6 est-il fiable ? », sur RTBF.be,
  15. « Crash d'avion à Gelbressée: la cause de l'accident dévoilée », sur lalibre.be,
  16. « Crash à Gelbressée: extinction des poursuites », sur 7sur7.be,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]