Ornement (musique)

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En musique classique, un ornement, appelé aussi note d'agrément ou fioriture, ou encore selon le terme italien abbellimenti (« embellissements »), est un symbole généralement composé de figures de notes de taille inférieure, désignant des notes secondaires dont la fonction est d'embellir la ligne mélodique principale.

Du point de vue de l'harmonie, un ornement forme habituellement une ou plusieurs dissonances passagères avec l'accord sur lequel il est placé. La note placée sous le signe de l'ornement appartient à l'accord, tandis que les notes générées par l'ornement sont des notes voisines (donc étrangères à cet accord), supérieures ou inférieures, et qui, en retardant l'émission de la note attendue mettent celle-ci en valeur.

Ornements et interprétation[modifier | modifier le code]

Plus encore que les signes d'intensité, de caractère ou de phrasé, les ornements, étant donné leur très grand nombre et leur dépendance à l'instrument qui joue, échappent pratiquement à un quelconque classement exhaustif. En outre, pour chaque signe, il existe plusieurs interprétations qui varient avec l'époque, le compositeur ou le style de composition. En fait, l'étude d'un instrument donné inclut nécessairement l'étude des signes ornementaux qui lui sont attachés. En conséquence, la signification des principaux ornements mentionnés ci-dessous doit être simplement considérée comme la signification la plus courante, et n'a donc pas de valeur absolue.

L'ornement en musique baroque[modifier | modifier le code]

La plupart des ornements datent de la période baroqueXVIIe et XVIIIe siècles —, période pendant laquelle ils ont été abondamment utilisés. Carl Philipp Emanuel Bach, à la fin du XVIIIe siècle, publie un traité d'ornementation en deux volumes qui fait autorité[1].

À partir du XIXe siècle, leur emploi se raréfie progressivement — les petites notes devenant tout simplement des figures normales, qui s'intègrent dans le calcul des valeurs de chaque mesure — sans toutefois disparaître totalement.

D'après Nikolaus Harnoncourt[2], entre 1700 et 1760, un bon joueur d'adagio est un musicien qui savait orner de manière sensée. L'ornement ne doit pas être ingénieux et sportif mais il doit respecter le caractère fondamental de l'œuvre. Pour le chant, l'ornement juste doit rester adapté au caractère du texte.

Le dictionnaire de Grove recense 125 signes dont certains sont indiqués ci-dessous[3].

  • Appoggiature
    • Le port de voix, qui est une appogiature assimilable au retard.
    • Le coulé, qui est un port de voix entre deux notes à intervalle de tierce.
    • L'acciacatura ou acciaccatura, qui est une appogiature qui se joue en même temps que la note appogiaturée, mais qui est lâchée alors que la note principale est tenue.
  • Le trémolo qui est une répétition rapide d'un son.
  • Le vibrato ou battement qui est une légère fluctuation de hauteur mais qui n'atteint pas le demi-ton, ce qui le différencie du trille.
  • Le trille qui est une alternance de deux sons voisins, au ton ou au demi-ton.
  • Le tremblement ou cadence qui est un trille bref et mesuré.
  • Le mordant ou battement, qui est un battement court sur 2 ou 4 notes.
  • Le groupe ou gruppetto, qui s'étend sur la note inférieure et supérieure, ou sur deux notes inférieures.
  • L'arpègement, ou harpègement, qui consiste à faire précéder la note arpégée des notes jouées successivement d'un accord.

Les ornements à partir de Beethoven[modifier | modifier le code]

Après Ludwig van Beethoven, les seuls signes utilisés sont ceux du trille, du mordant et de l'appogiature brève. Les grupettos sont généralement notés entièrement, ou en petites notes. Chez Frédéric Chopin ou Franz Liszt, les longues ornementations sont intégrées à la ligne mélodique.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Traduits en français, le premier sous le titre Carl Philipp Emanuel Bach (trad. Dennis Collins, préf. Ralph Kirkpatrick), Essai sur la vraie manière de jouer des instruments à clavier : expliqué avec des exemples et dix-huit leçons en six sonates, Paris, J.-C. Lattès, coll. « Musiques & musiciens » (no 4), , XXVII+216 (ISSN 0242-7834) et le deuxième : Carl Philipp Emanuel Bach, Essai sur la véritable manière de jouer les instruments à clavier : 2. Traité d'accompagnement et d'improvisation, traduit par Béatrice Berstel, édition et présentation par Anne Bongrain, Monique Rollin et Mathilde Catz, Éditions du CNRS, coll. « Arts du spectacle. Recherches et éditions musicales », , 266 p. (ISBN 978-2-271-05958-1).
  2. Nikolaus Harnoncourt (trad. de l'allemand par Dennis Collins), Le discours musical : Pour une nouvelle conception de la musique [« Musik als Klangrede : Wege zu einem neuen Musikverständnis »], Paris, Gallimard, coll. « Tel » (no 409), (réimpr. 2014) (1re éd. 1982 (de)), 294 p. (ISBN 978-2-07-014696-3, OCLC 896254821, BNF 44204312), p. 77.
  3. de Candé, La musique. Histoire dictionnaire, discographie. Ed. Seuil 1969.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • William Dongois (dir.), Semplice ou passeggiato : Diminution et ornementation dans l'exécution de la musique de Palestrina et du stile antico, Genève, Droz - Haute école de musique de Genève, , 336 p. (ISBN 978-2-600-01868-5)

Articles connexes[modifier | modifier le code]