Abdel Moneim Aboul Fotouh

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Abdel Moneim Abou el-Fotouh
Abdel Moneim Aboul Fotouh en 2012.
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
عبد المنعم أبو الفتوحVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
égyptienne (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Faculty of Medicine Kasr Al Ainy Cairo University (en)
Faculté de droit de l'université du Caire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Parti politique
Membre de
Union des médecins égyptiens (en)
Union des médecins arabes (d)
Association médicale islamique (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Abdel Moneim Aboul Fotouh Abdel Hadi (en arabe : عبد المنعم أبو الفتوح), né le , est un médecin, syndicaliste et homme politique égyptien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un fonctionnaire aux revenus modestes[1], Aboul Fotouh était encore étudiant en médecine lorsqu'il fut attiré par le militantisme politique islamiste[1].

Président d'un syndicat, l’Union des médecins égyptiens, Abdel Moneim Aboul Fotouh est surtout connu pour son appartenance au mouvement islamiste des Frères musulmans, dont il fut l'un des dirigeants et porte-parole depuis les années 1980, et dont il incarna l'aile libérale et réformiste[2]. Cet engagement au sein d'une organisation hostile au régime autoritaire d'Hosni Moubarak lui valut d'être incarcéré à trois reprises[1], notamment en 2000[1] et 2009[3].

Considéré par certains observateurs comme un possible successeur du guide suprême Mohammed Mehdi Akef[4],[5], Aboul Fotouh entra bientôt en désaccord avec l'aile rigoriste des Frères musulmans, dirigée par Khairat al-Chater. Par conséquent, il fut écarté en du conseil de guidance (bureau exécutif) du mouvement[6] et n'assista pas, le mois suivant, à l'intronisation du nouveau « guide suprême », Mohammed Badie, issu de la tendance conservatrice[6].

Candidat à la présidentielle de 2012[modifier | modifier le code]

Lors de la Révolution de 2011, dans les jours qui ont précédé le renversement de Moubarak, Aboul Fotouh a représenté les Frères musulmans lors des négociations avec le vice-président Omar Souleiman[7].

Le de la même année, il s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle, ce qui lui a valu d'être exclu du mouvement des Frères musulmans, qui avait décidé dès le mois de février de ne présenter aucun de ses membres à ce scrutin[8]. Aboul Fotouh est par conséquent un candidat « indépendant ». Islamiste modéré, celui que certains appellent « l’Erdoğan égyptien »[8] est par exemple opposé à l'imposition du voile islamique aux femmes[8] ou à la mise en place d'une taxe zakât obligatoire et gérée par l'Etat (sur le modèle de l'Arabie saoudite, du Pakistan et de la Malaisie). Il se veut le représentant des « jeunes Frères musulmans », c'est-à-dire des Frères musulmans qui ont pris une part active aux côtés des jeunes libéraux à la révolution de 2011.

Sur son créneau électoral, il est en concurrence avec un autre candidat religieux, le juriste Mohamed Selim al-Aoua[9].

Aboul Fotouh est crédité dès l'été de hauts scores (entre 16[10] et 20 %[8]) qui le placeraient dans le trio de tête, aux côtés du prix nobel Mohamed el-Baradei mais assez loin derrière le favori Amr Moussa.

Il arrive finalement quatrième du scrutin remporté par Mohamed Morsi.

En juin 2013, il participe aux manifestations contre ce dernier, qui conduisent Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir à la suite du coup d'État du 3 juillet 2013 en Égypte, puis devient opposant à ce dernier[11].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Le , dans une lettre ouverte, Mohamed Anouar el-Sadate, Abdel Moneim Aboul Foutouh, Hicham Geneina et Hazem Hosni, qui dirigeaient la campagne de Sami Hafez Annan avant son arrestation, ainsi que le scientifique Essam Heggi, appellent à boycotter l'élection présidentielle égyptienne de 2018 en évoquant un « climat de peur » et « un calendrier électoral ne donnant pas aux candidats une réelle chance de se présenter »[12]. Plusieurs personnalités ayant annoncé leurs candidature, dont Ahmed Chafik et Sami Anan, ont été soit intimidés ou incarcérés[13],[14]. Le 13 février, Hicham Geneina est arrêté et déféré devant le parquet militaire[15]. Le 14 février, Aboul Foutouh est lui aussi arrêté[16], accusé d'avoir des liens avec les Frères musulmans[17]. Il est ensuite hospitalisé en prison[18]. Le 20 février, un tribunal le place sur la liste des « terroristes »[19].

Placé à l'isolement, il fait plusieurs malaises cardiaques[20].

En mai 2022, il est condamné à 15 ans de prison[21].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d David D. Kirkpatrick, « Egypt Elections Expose Divisions in Muslim Brotherhood », The New York Times, 19 juin 2011.
  2. Claude Guibal, « Les Frères musulmans font peau neuve », Libération, 7 décembre 2005.
  3. Claude Guibal, « La montée du salafisme fait les affaires du Caire », Libération.fr, 30 septembre 2009.
  4. Égypte : le pari social des Frères musulmans, Le Figaro.fr, 5 juillet 2006.
  5. La-Croix.com, « Haouès Seniguer : « Les anciens Frères musulmans devenus critiques ne sont pas entendus » », sur La Croix (consulté le )
  6. a et b Ludovic Gonty, « Les Frères musulmans égyptiens changent de tête », Le Figaro.fr, 18 janvier 2010.
  7. Reuters, « Égypte: ElBaradei dénonce des discussions opaques », 20minutes.fr, 6 février 2011.
  8. a b c et d Olivier Bot, « L’Erdogan égyptien divise les Frères musulmans », 24heures.ch, 24 juin 2011.
  9. « Salafis outnumber Muslim Brothers 20-to-1, says presidential hopeful  », Al-Masri Al-Youm, 3 juillet 2011
  10. Selon un sondage Newsweek / The Daily Beast réalisé du 24 juin au 4 juillet auprès de 1.008 Égyptiens issus de 19 gouvernorats.
  11. « Egypte: la police arrête l'ancien candidat à la présidentielle Abdel Moneim Aboul Foutouh (responsables) » (consulté le )
  12. « Egypte: des personnalités appellent au boycott de la présidentielle », sur L'Orient-Le Jour (consulté le )
  13. (en) Ruth Michaelson, « Egypt arrests ex-general who stood for election against Sisi », sur the Guardian, (consulté le )
  14. (en-GB) « Shafiq confirms exit from Egypt election », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Egypte: un conseiller d'un ex-prétendant à la présidentielle arrêté », sur LExpress.fr (consulté le )
  16. « Egypte : la police arrête l’ancien candidat à la présidentielle Abdel Moneim Aboul Foutouh », sur Le Monde.fr (consulté le )
  17. « Un chef de l'opposition arrêté en Egypte après des critiques contre Sissi », sur L'Orient-Le Jour (consulté le )
  18. VOA Afrique, « Un opposant au président égyptien Sissi en garde à vue », sur VOA (consulté le )
  19. « Egypte: un chef de l'opposition sur la liste des terroristes », sur Le Figaro (consulté le )
  20. Chérif Ayman, « Égypte. Abdel Moneim Aboul Foutouh, de la campagne électorale à la prison d’Abou Zaabal », sur Orient XXI, (consulté le ).
  21. « Egypt sentences former presidential candidate to 15 years: Judiciary ».