Abbaye de Montpeyroux

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Abbaye de Montpeyroux
image de l'abbaye
Les restes de l'église abbatiale
Diocèse Archidiocèse de Clermont
Numéro d'ordre (selon Janauschek) XXVII (27)[1]
Fondation 1126
Fin construction 1175
Dissolution 1791
Abbaye-mère Abbaye de Bonnevaux
Lignée de Abbaye de Cîteaux
Abbayes-filles Bellaigue
Congrégation Ordre cistercien
Protection Logo monument historique Inscrit MH (2000)[2]
Coordonnées 45° 56′ 29″ N, 3° 31′ 12″ E[3]
Pays Drapeau de la France France
Province Comté d'Auvergne
Région Auvergne
Département Puy-de-Dôme
Commune Puy-Guillaume
Géolocalisation sur la carte : Auvergne
(Voir situation sur carte : Auvergne)
Abbaye de Montpeyroux
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye de Montpeyroux

L’abbaye de Montpeyroux est une ancienne abbaye cistercienne, fondée au XIIe siècle par des cisterciens de l'abbaye de Bonnevaux, et qui était située sur le territoire de l'actuelle commune de Puy-Guillaume, dans le département du Puy-de-Dôme.

Situation[modifier | modifier le code]

L'abbaye de Montpeyroux est située sur la Crédogne, à l'endroit où celle-ci quitte les gorges pour adopter un régime fluvial de plaine, avant de se jeter dans la Dore. L'abbaye, située à 314 mètres d'altitude, est distante d'environ 70 mètres de la rivière dont elle occupe la rive droite. Le site monastique est actuellement ceint d'un canal de dérivation qui est capté en amont dans la Crédogne, capte les ruisseaux descendant vers le monastère et rejoint la rivière en aval de ce dernier ; mais on ne peut savoir si le tracé de ce canal est médiéval ou plus récent ; le cadastre napoléonien et la carte de Cassini attestent cependant de la persistance de ce tracé, ainsi que de l'utilisation de son eau pour alimenter deux moulins sous l'Ancien Régime[4]. Le lit de la Crédogne est canalisé au droit de l'abbaye ; la prise d'eau amont desservait aussi probablement le canal fournissant l'eau dans le cloître ; un canal voûté dont il reste des éléments rejetait les eaux usées, ainsi que les écoulements drainés de la plaine, dans la Crédogne en aval du monastère[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

L'abbaye fut fondée en 1126 à l'initiative de Foulques (« Falcom ou Faucon ») III de Jaligny, seigneur de Puy-Guillaume[6], qui donna des terres aux cisterciens de Bonnevaux, alors dirigée par Jean de Bonnevaux, pour qu'ils y fondent une abbaye[7],[8].

Le premier abbé en fut Jean Juvenel. L'abbatiale, achevée en 1175, fut consacrée le 3e jour des calendes d'août par l'archevêque de Clermont, Ponce, lui-même ancien moine cistercien et abbé de Clairvaux[7],[9].

Croissance au Moyen Âge[modifier | modifier le code]

L'abbaye se développe au Moyen Âge, au point d'être sollicitée dès 1137 par les moines de l'abbaye de Bellaigue, dans la commune actuelle de Virlet : celle-ci, bénédictine, souhaitait s'affilier à l'ordre cistercien[10],[11].

Sur le plan matériel, l'abbaye reçoit des dons notamment de Guy II d'Auvergne et de Guigues II de Forez, à leurs décès respectifs en 1222 et 1226[7]. L'abbatiale de Montpeyroux, d'une soixantaine de mètres de longueur, était, semble-t-il, la plus vaste d'Auvergne[12].

Plus encore que la moyenne des établissements cisterciens, l'économie de l'abbaye de Montpeyroux était fondée sur la proximité avec le cours d'eau arrosant le monastère, en l'occurrence la Crédogne, suffisamment puissante non seulement pour y établir des moulins, mais même navigable ; d'autre part, l'abbaye jouissait de la proximité avec le confluent entre la Dore et l'Allier[13].

Prospère et donc confrontée aux convoitises, l'abbaye se place sous la protection d'Alphonse de Poitiers, frère de Louis IX, en 1251, contre la moitié de ses revenus ; cette charte est confirmée en 1279 par Philippe III, puis par Philippe le Bel[9].

Les destructions[modifier | modifier le code]

En 1485, Louis Ier de Montpensier chasse les religieux de leur abbaye et s'installe à leur place avec ses troupes. Un siècle plus tard, durant les guerres de Religion, le monastère est pillé par des soldats[7].

Montpeyroux est lourdement endommagée par un incendie en 1685. À la suite de ce dernier, le monastère entame sa reconstruction, ce qui explique l'absence de bâtiments conventuels médiévaux. Les travaux de reconstruction sont très longs, et, à la Révolution, quand l'abbaye est vendue, ils ne sont pas encore terminés. Lors de la reconstruction, l'alignement des bâtiments conventuels avec l'abbatiale n'est pas respecté : l'église est légèrement désaxée vers le sud-est, alors que la façade occidentale du nouveau cloître présente une stricte orientation nord-sud[14]. À la Révolution française, l'abbaye est fermée et vendue comme bien national.

Architecture et description[modifier | modifier le code]

L'abbaye est inscrite au titre des monuments historiques par arrêté du [2]. La mairie de Puy-Guillaume étudie la faisabilité d'une réhabilitation pour faire un lieu culturel de l'ancienne abbaye[15].

Les seuls éléments qui resteraient du Moyen Âge seraient des parties de l'aile orientale, et plus particulièrement des anciens dortoirs et salle capitulaire. Les descriptions anciennes de l'abbaye mentionnent une tour défensive massive, mais sa localisation est totalement conjecturale de nos jours[14].

Pour le reste, le plan est celui d'un monastère cistercien traditionnel, avec le cloître du côté droit (méridional) de l'église. L'abbatiale est construite en granite, et les éléments architecturaux visibles corroborent la date avancée par la Gallia Christiana pour la consécration de l'église. La nef, flanquée de deux collatéraux, est relativement vaste (trente mètres de longueur et cinq travées, pour une largeur totale de 17,3 mètres), la présence d'une croisée d'ogives montre la maîtrise d'une architecture gothique rudimentaire ; la décoration, sobre suivant les principes bernardins, laisse toutefois apparaître des crochets sur les chapiteaux et des griffes sur les bases de colonnes. La façade occidentale, encore debout, est percée de trois portails surmontés de cinq baies (deux en plein cintre entourant trois lancettes ogivales), le tout dominé par une rose. Enfin, le chevet a disparu mais les représentations de la fin du XVIIIe siècle montrent un dispositif rayonnant (déambulatoire) autour du chœur[14].

Filiation et dépendances[modifier | modifier le code]

L'Abbaye de Montpeyroux est fille de Bonnevaux et mère de Bellaigue

Abbés de Montpeyroux[modifier | modifier le code]

Historiographie[modifier | modifier le code]

La première monographie portant sur Montpeyroux est due à l'abbé Matussière et date de 1850. Il faut ensuite attendre 1943 pour que Maurice Archimbaud et Alexandre Bigay se lancent à leur tour dans une étude, quoique celle-ci reprenne par endroits textuellement le texte antérieur[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Puthod, , 491 p. (lire en ligne), p. 106.
  2. a et b Notice no PA00092254, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. (it) « Montpeyroux », sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  4. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 1. Abbaye de Montpeyroux, p. 390.
  5. Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 1. Abbaye de Montpeyroux, p. 393.
  6. Dominique Branche, L'Auvergne au moyen âge., Thibaud-Landriot, Consultable en ligne, pp. 353-355
  7. a b c et d « De Cîteaux à Montpeyroux », sur puy-guillaume.com, Puy-Guillaume (consulté le ).
  8. Emma Bouvard 2016, Partie I : Exposition de la recherche — Chapitre I. Spatialités et espaces de la mouvance cistercienne dans les anciens diocèses de Clermont et du Puy — 1. Présentation des établissements, p. 56.
  9. a b et c Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 1. Abbaye de Montpeyroux, p. 391.
  10. Nicole Bouter, Unanimité et diversité cisterciennes : filiations, réseaux, relectures du XIIe au XVIIe siècle ; actes du Quatrième Colloque International du CERCOR, Université de Saint-Étienne, , 715 p. (ISBN 9782862721774, lire en ligne), p. 105.
  11. Emma Bouvard 2016, Partie I : Exposition de la recherche — Chapitre I. Spatialités et espaces de la mouvance cistercienne dans les anciens diocèses de Clermont et du Puy — 2. Lignées et liens organiques, p. 63.
  12. Anne Courtillé, Auvergne et Bourbonnais gothiques, Édition Créer, , 697 p. (ISBN 9782902894680, lire en ligne).
  13. Emma Bouvard 2016, Partie II : Les cadres territoriaux — Chapitre II. Géographie historique entre limes forézien et marges aquitaines — 1. La fabrique des pouvoirs en terres d’Auvergne et bourbonnaises, p. 291.
  14. a b et c Emma Bouvard 2016, Partie III : Corpus analytique — Chapitre I. Corpus principal — 1. Abbaye de Montpeyroux, p. 392.
  15. « Abbaye de Montpeyroux », sur puy-guillaume.com, Puy-Guillaume (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Matussières, Notice sur l'abbaye de Montpeyroux : de l'ordre de Cîteaux, dans la commune de Puy-Guillaume, Thibaut-Landriot frères, .
  • [Emma Bouvard 2016] Emmanuelle Marie Bouvard et Nicolas Reveyron (dir.), Empreintes monastiques en moyenne montagne du douzième siècle à l’actuel : Archéologie des espaces et des paysages cisterciens dans les anciens diocèses de Clermont et du Puy [Thèse de doctorat d’archéologie médiévale], Lyon, Université Lumière Lyon II, , 735 p.