Abbaye de Munster

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Abbaye de Munster
Ruines de l'abbaye de Munster (au fond, l'église protestante)
Ruines de l'abbaye de Munster (au fond, l'église protestante)

Ordre Ordre de Saint-Benoît
Fondation vers 660
Fermeture 1790
Dédicataire saint Grégoire
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1990)
Logo monument historique Inscrit MH (1992)
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Département Haut-Rhin
Commune Munster
Coordonnées 48° 02′ 24″ nord, 7° 08′ 16″ est
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Abbaye de Munster
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Abbaye de Munster

L’abbaye de Munster, dite aussi abbaye Saint-Grégoire, est une ancienne abbaye dont les ruines se trouvent au centre de la ville de Munster, dans le département du Haut-Rhin, en France. L’abbaye a été fondée vers 660 dans la vallée de Munster, à la confluence de la Petite et de la Grande Fecht, bien qu’il ne soit pas exclus que des moines aient pu être établis dans la vallée dès 633. Créée dans le but de contribuer à la réintroduction du christianisme dans une région où il était en recul depuis la fin de l’empire romain d’Occident, elle bénéficie des largesses des rois des Francs, notamment Childéric II et Louis le Pieux. Longtemps restée un établissement modeste, l’abbaye croît ainsi considérablement sous le règne de ce dernier et possède à la fin du IXe siècle une grande partie de la vallée.

La richesse de l’abbaye attire rapidement les convoitises et elle est l’objet dans les siècles qui suivent de nombreux conflits entre les évêques de Bâle, ceux de Strasbourg et les empereurs du Saint-Empire romain germanique. Ces derniers favorisent également l’émancipation de la ville qui s’est constituée autour de l’abbaye et contre laquelle les moines se trouvent engagés dans des conflits de plus en plus violents à partir du XIIIe siècle. Alors que l’abbaye décline spirituellement et moralement à partir de la fin du Moyen Âge, la population munstérienne lui devient de plus en plus hostile et l’envahit à plusieurs reprises au cours du XVIe siècle. Tandis que la région passe largement au protestantisme, le déclin de l’abbaye se poursuit jusqu’à l’annexion de l’Alsace par Louis XIV. L’imposition du catholicisme dans sa nouvelle province étant une priorité du roi, il favorise le renouveau des établissements monastiques en y envoyant des religieux français. À ce titre, l’abbaye de Munster est unie en 1659 à la Congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe, dont les membres repeuplent et reconstruisent les bâtiments délabrés. Au cours du XVIIIe siècle, l’abbaye devient ainsi un centre intellectuel d’importance régionale, par lequel transitent par exemple l’abbé Charles Marchant ou le théologien Augustin Calmet. Cet élan est interrompu par la Révolution française, qui a pour conséquence la dissolution de l’abbaye ainsi que la confiscation et la revente de ses biens.

Une partie des bâtiments conventuels, notamment l’église abbatiale, sont détruits dans les années suivant la Révolution, tandis que le reste est converti en usine textile par l’industriel André Hartmann. Celle-ci est elle-même détruite pendant les bombardements de la Première Guerre mondiale, ne laissant subsister que le logis abbatial et quelques ruines du cloître. L’ensemble de ces vestiges est inscrit au titre des monuments historiques depuis le [1]. Après avoir été largement laissés à l’abandon depuis les années 1990, ils font l’objet au début des années 2020 d’un projet de valorisation.

Localisation[modifier | modifier le code]

Les vestiges de l’abbaye se trouvent au centre historique de la commune de Munster, dans le département du Haut-Rhin, en France. Bien que les fouilles archéologiques réalisées dans l’emprise de l’abbaye et ses alentours immédiats aient livrées des éclats de pierres taillées datant de la préhistoire, ainsi que des tessons de céramique de la protohistoire et de l’antiquité, ces éléments demeurent isolés et aucune trace plus tangible d’occupation du site antérieurement à la fondation de l’abbaye n’a encore été découverte au début du XXIe siècle[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le problème des origines[modifier | modifier le code]

Tous les textes évoquant la fondation de l’abbaye de Munster sont postérieurs d’au moins cinq siècles à celle-ci. Les plus anciennes mentions de la création de l’abbaye se trouvent en effet dans une chronique de la fin du XIIe siècle, les Annales de Munster. Celle-ci indique d’abord que des moines ont habités la vallée de Munster pour la première fois en 633, puis, plus loin, que les moines sont arrivés vers 660[3]. Les histoires rédigés postérieurement reprennent ces éléments et les embellissent : la fondation par des moines bénédictins apparaît au XVIe siècle, ils sont dit venir de Rome au XVIIe siècle et deviennent en plus d’origine irlandaise au XIXe siècle. À cette date, le récit, plus ou moins légendaire, est le suivant : l’abbaye aurait été fondée par des moines irlandais ou anglo-saxons, disciples de Grégoire Ier, qui auraient choisis de se retirer à l’écart du monde dans une vallée sans nom, sauvage et inhabitée. S’étant d’abord installés en 633 dans un lieu qu’ils appellent Schweinsbach, au fond de ce qui deviendra la vallée de Munster, ils déménagent en 660 au confluent de la Fecht et du Muhlbach, où il fondent l’abbaye[4],[5].

Les incohérences de cette histoire sont nombreuses. En premier lieu, la vallée n’était au VIIe siècle ni inhabitée, ni inculte : outre les établissements romains de Walbach, Wihr-au-Val et Metzeral, il existait une cour colongère à proximité d’Eschbach-au-Val[6],[7]. En deuxième lieu, l’objectif des établissements monastiques de cette période étant de rechristianiser la région, il n’aurait pas eu de sens de s’établir à l’écart du monde[8]. Par ailleurs, l’argument linguistique comme quoi le préfixe « Stoss- » de Stosswihr proviendrait de schott, « écossais », et prouverait l’origine iro-écossaise des moines est en fait de l’étymologie populaire sans réalité scientifique[9]. Le site de Schweinsbach est au surplus exclut, car il n’a été occupé qu’à une époque plus tardive, probablement pas avant le XIIIe siècle[10]. Il faut également noter que la règle bénédictine n’a commencé à pénétrer en Alémanie que dans le deuxième quart du VIIIe siècle, ce qui rend une fondation par des moines bénédictins improbable[11]. Enfin, les Annales de Munster ne sont pas une source des plus fiables pour cette période, inventant par la suite de nombreux abbés qui seraient devenus évêques de Strasbourg[12].

L’état de la recherche au début du XXIe siècle établit un relatif consensus autour d’une fondation du monastère à la confluence entre la petite et la grande Fecht vers 660, fondation rapidement appuyée par Childéric II qui fait une importante donation à l’établissement en 675[11],[13]. Il n’est toutefois pas entièrement exclut qu’un premier groupe de moines ait pu s’établir dans la vallée vers 633, peut-être plus en amont de la Petite Fecht, ni que les moines du second groupe aient été irlandais ou anglo-saxons[14].

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Chapiteau provenant de l’ancienne église romane, milieu ou deuxième moitié du XIIe siècle.

Déjà qualifié de « petit monastère » en 675, la situation semble avoir peu évoluée jusqu’au début du IXe siècle, l’abbaye étant classée à cette date par l’administration royale dans la catégorie des établissements monastiques n’ayant pas suffisamment de richesses pour payer des impôts ou fournir des hommes pour l’armée[15],[16]. C’est surtout au cours du IXe siècle que l’abbaye croît, en grande partie grâce aux libéralités faites par Louis le Pieux en 823 et Lothaire en 843[17]. À la fin du IXe siècle, le domaine de l’abbaye comprend ainsi la majeure partie de la vallée de Munster, à laquelle s’ajoute de nombreux villages dans la plaine d’Alsace et au-delà[18].

En 870, le traité de Meerssen partage la Lotharingie et l’abbaye échoit à Louis le Germanique. La période qui suit est mal connue, les sources étant presque entièrement absentes[19]. Les quelques éléments existant indiquent néanmoins que l’abbaye est un enjeu pour les différences puissances qui s’affrontent dans la région et se disputent les richesses locales[20]. Elle tombe ainsi à la fin du IXe siècle dans le patrimoine du comte Éberhard, puis dans celui de l'évêque de Bâle. Les siècles suivants la voient passer alternativement du giron de l’évêque de Bâle à celui de l’empereur, jusqu’à ce que Frédéric II parvienne à s’imposer pour un temps vers 1213 et rétablisse son statut d’abbaye impériale perdu lors de la querelle des Investitures[21],[22]. Les disputes reprennent lors du Grand Interrègne : les Geroldseck prennent d’abord possession des lieux par l’intermédiaire de l’évêque de Strasbourg et construisent sans autorisation un château, le Schwartzenbourg, sur les terres de l’abbaye pour s’assurer le contrôle du lieu. Après la défaite des Geroldseck à Hausbergen, l’évêque de Bâle met une nouvelle fois la main sur l’abbaye. Ce dernier doit cependant y renoncer peu de temps après en faveur de Rodolphe de Habsbourg, qui avait entrepris de réintégrer dans le giron impérial les biens qui en avaient été spoliés pendant l’interrègne[23].

Les relations se tendent au cours du Moyen Âge entre l’abbaye et les habitants de la vallée, qui cherchent à acquérir plus d’autonomie. L’abbaye est forcée de renoncer à ses droits lors de la guerre des paysans, mais parvient à les récupérer lorsque la révolte prend fin. La suite du XVIe siècle voit cependant le déclin de l’abbaye se poursuivre : après la peste de 1539, il ne reste que deux moines et le nouvel abbé, Petermann d’Aponex, se révèle être un incompétent qui, après avoir vidé le trésor abbatial en dépenses de luxe, est obligé d’engager certains de ses droits. Profitant de la situation, les Munstériens, invoquant comme prétexte que l’abbé soutient le roi de France contre leur seigneur Charles Quint, envahissent l’abbaye et font prisonnier l’abbé[24].

Époque moderne[modifier | modifier le code]

Ruines du cloître (XVIIIe siècle).

À la mort de Petermann, il n’y a plus aucun moine à Munster. L’évêque de Bâle nomme Joachim Bremming abbé, mais celui-ci se révèle être un gestionnaire tout aussi catastrophique que son prédécesseur, au point que l’évêque le fait arrêter six ans plus tard. Le poste d’abbé reste ensuite vacant et l’abbaye vide de moines, ce dont les habitants de Munster, qui se sont entretemps convertis à la Réforme, profitent pour prendre leur indépendance[24]. L’empereur intervient en 1568 en nommant abbé Henri de Jestetten, qui tente de réinstaurer les anciens droits de l’abbaye. La confrontation tourne cependant rapidement à l’affrontement armé et l’abbé fait entrer des mercenaires dans la ville pour contraindre les habitants de force. Toutefois, après de violents combats de rue et jusque dans l’église, l’abbé est forcé de se retirer[25]. L’empereur envoie finalement son représentant dans la région, Lazare de Schwendi, afin de servir de médiateur dans la querelle. Après de longues négociations, un traité redéfinissant les droits de chacune des parties est signé en 1575, atténuant les tensions[26]. La situation de l’abbaye continue cependant de se détériorer dans les décennies qui suivent, les abbés successifs se révélant plus intéressés par les plaisirs temporels que par la gestion du patrimoine de leur établissement ou la vie spirituelle de celui-ci[27].

Palais abbatial (XVIIIe siècle) et tour (1872).

L’abbaye commence à se relever après l’annexion de l’Alsace à la France en 1648 : l’abbaye est unie en 1659 à la Congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe, dont les membres viennent repeupler les bâtiments. Sous l’influence de ces nouveaux arrivants, qui sont davantage orientés vers la spiritualité que leurs prédécesseurs, l’abbaye devient au cours du XVIIIe siècle un centre intellectuel d’importance[27].

Comme beaucoup d'autres, l'abbaye ferme ses portes en . Ses bâtiments sont utilisés pour installer une des premières usines textiles d'Alsace. L'église abbatiale est quant à elle démolie en . En outre sont transférés à Colmar 8 000 volumes de livres dans la bibliothèque[28],[29].

Bâtiments conventuels[modifier | modifier le code]

Plan de l’abbaye de Munster (Haut-Rhin, France) et de son environnement immédiat dans son état de la fin du XVIIIe siècle. Légende : A : église abbatiale ; B : cloître ; C : palais abbatial, dit s’Bassial ; D : maison du prieur ; E : moulin ; F : potager ; G : verger ; H : orangerie ; I : jardin ; J : écuries ; K : pré ; L : cimetière ; M : halle au blé, dite Laub ; N : fontaine au lion.

L’abbaye a presque entièrement disparue du paysage urbain contemporain. Son emprise dans l’état du XVIIIe siècle est délimitée au nord-ouest par l’extrémité de la rue Sébastopol, l’immeuble du 1, rue Sébastopol occupant l’emplacement du potager. Au nord, la moitié orientale de la place du Marché recouvre le cimetière et une partie de l’église abbatiale, dont le chevet se trouvait à hauteur du 1, place de la Salle des fêtes. À l’angle sud-ouest et à l’extrémité d’un long bâtiment orienté nord-sud partant du chevet se trouve la maison du prieur, qui est devenue la médiathèque intercommunale. L’espace situé à l’est de ces bâtiments était occupé jusqu’à la rue de la République par un jardin à la française et une orangerie. Le côté sud de l’espace bâti était fermé par une rangée de bâtiments recouverts par la rue Marcel Haedrich. Plus au sud, un grand pré, dont l’espace est occupé par le site du Couvent des Manufactures Hartmann, faisait également partie de l’enclos abbatial[30].

Les plus anciens vestiges attribués à une église sont datés de la première moitié du Xe siècle et se trouvent au même emplacement que les églises postérieures. Cet édifice préroman faisait environ 10,50 m de large et 15 m de long et comprenait une nef à un seul vaisseau séparée du chœur par un chancel. Le sol était couvert d’une chape dont la surface est teintée en rouge avec du tuileau[31].

Cet édifice est remplacé au milieu ou dans la deuxième moitié du XIIe siècle par une nouvelle église de style roman. Le positionnement chronologique de cette reconstruction concorde avec un incendie mentionné dans les sources écrites en 1182, mais les fouilles archéologiques ne montrent pas clairement un lien entre les deux évènements[32]. Le nouvel édifice comporte une nef à trois vaisseaux, un massif occidental et une tour de croisée. Certains matériaux sont prélevés directement sur le site, mais le grès utilisé pour les éléments ouvragés n’est pas disponible sur place et provient vraisemblablement des montagnes autour du Schratzmaennele et du Grand Hohnack, à environ 5 km au nord. Le premier cloître identifié est contemporain de cette église, à laquelle il est adossée au sud. Il donne au sud sur le réfectoire et le cellier, mais aucun bâtiment ne semble s’être trouvé à l’ouest[33].

Bien que les documents indiquent que l’incendie du a causé de grands dommages dans l’enceinte du monastère, ni les sources écrites ni les fouilles archéologiques n’évoquent de travaux consécutifs à cet évènement, le grand chantier suivant ayant lieu au XVe siècle[34],[35].

Domaine et privilèges[modifier | modifier le code]

Domaine[modifier | modifier le code]

Cour de l’abbaye de Munster à Turckheim.

L’étendue du domaine compris dans la donation d’origine de Chilpéric II n’est pas précisément connue, la copie du XIIe siècle de l’acte de donation étant incomplète et l’original disparu. Ce territoire originel devait néanmoins comprendre vers 660 au moins l’ensemble de la petite vallée de la Fecht, ainsi que la partie nord de la grande vallée jusqu’au limites de l’actuelle commune de Gunsbach[13]. En 823, Louis le Débonnaire fait don de la partie sud de la grande vallée comprise entre les actuels château de Schwarzenbourg et village de Breitenbach. À cette époque, la surface du domaine cultivable est probablement comprise entre deux mille et quatre mille hectares[36]. D’autres accroissements font que le domaine comprend à la fin du IXe siècle la totalité de la vallée jusqu’à Munster, puis la rive gauche de la Fecht jusqu’à Turckheim. En dehors de la vallée, l’abbaye possède dans la plaine d’Alsace les villages de Balgau, Jebsheim, Modenheim, Ohnenheim, Ribeauvillé et Sundhoffen, ainsi que d’autres établissements dans le Brisgau, le Jura et en Lorraine, en particulier une exploitation de sel à Marsal[18].

Le domaine se restreint lors des troubles qui suivent la disparition de l’empire carolingien, puis lors du Grand Interrègne. À la fin du XIIIe siècle, l’abbaye a notamment perdu tous ses domaines hors d’Alsace, et une partie de ceux se trouvant dans la région[37]. Dans la vallée même, différents seigneurs se sont emparés d’une partie des terres, dont Wihr-au-Val, tandis que l’avoué de l’abbaye s’est fait remettre Gunsbach et Griesbach, ce qui a pour effet de couper le territoire de l’abbaye en deux[38].

Sur son domaine, l’abbaye possède des droits étendus, y compris à Munster, bien que celle-ci soit, en théorie, ville d’Empire depuis 1235. L’abbé dispose notamment du zwing et du ban, c’est-à-dire du pouvoir d’ordonner et de contraindre. Il nomme un tiers des membres du conseil de la ville et seul un de ces conseillers peut en être le président, ou stettmeister, ce dernier agissant également en tant que juge de l’abbaye. Dans tous les cas, les décisions du conseil restent soumises à validation de l’abbé. L’abbaye dispose également de la primauté dans l’usage des bois et des ruisseaux, ainsi que le monopole de la vente du vin pendant les périodes de Noël, Pâques et Pentecôte. Les habitants lui doivent la dîme, des jours de corvée, un loyer pour l’exploitation des terres et ont l’obligation d’utiliser, contre redevance, le moulin et le four de l’abbaye pour préparer leur pain[39].

À l’instar des autres biens ecclésiastique, l’ensemble des biens et droits de l’abbaye sont saisis en 1790. L’inventaire dressé en cette occasion le montre que l’ensemble des droits perçus en 1789 se monte à 49 153 livres ; il s’agit d’une somme assez élevé, mais qui est insuffisante pour couvrir les dépenses de l’abbaye, dont les comptes montrent de fait pour la même année un déficit de 11 560 livres. Les principaux revenus sont ceux de la dîme sur la ville et la vallée de Munster (6 893 livres), de l’affermage des fermes du Fesseneck (4 081 livres) et du Schweinsbach (3 100 livres), ainsi que de l’exploitation des forêts (4 200 livres)[40].

Privilèges[modifier | modifier le code]

Dès sa création, l’abbaye bénéficie de l’immunité, c’est-à-dire que les fonctionnaires, même ceux du roi, ne peuvent pénétrer sur ses terres. Cela confère une grande autonomie aux abbés, qui peuvent par exemple rendre la justice eux-mêmes sur leur domaine[18]. Par ailleurs, l’abbé Godefroid obtient de Louis le Débonnaire le droit pour les moines de Munster de choisir leurs abbés[41].

  •  : Childéric II, roi des Francs, délaisse en faveur de l'abbé Valedius la perception du fisc, des amendes et autres sur les habitants de Muntzenheim (arrondissement d'Andolsheim) et Ohnenheim (canton de Marckolsheim).
  • Trente années plus tard, en ou , l'empereur Lothaire II[28] confère à l'abbé le pouvoir de justice sur les territoires et villages appartenant à l'abbaye.
  • En , l'abbaye reçut l'immédiateté impériale, lui permettant ainsi d'entrer dans le cercle très fermé des abbayes d'Empire[28] (Reichsabteien), accordant également à l'abbé le droit de siéger à la Diète d'Empire.

Le privilège le plus insolite fut conféré à l'abbé de Munster au VIIe siècle par le Roi Dagobert II, qui légua à l'abbaye ses insignes royaux. Lors des processions solennelles, l'abbé portait ainsi la couronne d'argent de Dagobert en lieu et place de la mitre, tandis que deux acolytes portaient le sceptre et l'épée du souverain. L'abbé Grandidier, archiviste de l'évêché de Strasbourg, indique qu'à son époque (quelques années avant la Révolution française), l'usage existait toujours. Les insignes royaux ont malheureusement disparu aujourd'hui.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 663 p. (ISBN 2-7165-0250-1), p. 254-256.
  • René Bornert, Les monastères d’Alsace : Abbayes de bénédictins des origines à la Révolution française, t. II/1, Strasbourg, éditions du Signe, (ISBN 978-2-7468-2218-4).
  • Jacky Koch, Rapport de fouilles préventives : Munster, Haut-Rhin, Place du Marché : L’abbaye de Munster (8e-19e s.), Archéologie Alsace/INRAP, (lire en ligne).
  • Pierre Schmitt, « Schwensbach : le problème des origines de l’abbaye bénédictine de Munster », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 8,‎ , p. 9-51 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le ).
  • Christian Wilsdorf, « L’Abbaye de Munster à travers les siècles », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 13,‎ , p. 47-68 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA00085749, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Koch 2019, p. 286.
  3. Bornert 2009, p. 364.
  4. Schmitt 1934, p. 13.
  5. Bornert 2009, p. 362-363.
  6. Schmitt 1934, p. 19.
  7. Wilsdorf 1958, p. 49.
  8. Schmitt 1934, p. 20.
  9. Schmitt 1934, p. 17.
  10. Schmitt 1934, p. 10.
  11. a et b Bornert 2009, p. 365.
  12. Bornert 2009, p. 369.
  13. a et b Wilsdorf 1958, p. 51.
  14. Bornert 2009, p. 367-368.
  15. Wilsdorf 1958, p. 56.
  16. Bornert 2009, p. 370.
  17. Bornert 2009, p. 371-372.
  18. a b et c Wilsdorf 1958, p. 57.
  19. Bornert 2009, p. 372.
  20. Bornert 2009, p. 374-375.
  21. Bornert 2009, p. 375.
  22. Wilsdorf 1958, p. 58.
  23. Wilsdorf 1958, p. 59.
  24. a et b Wilsdorf 1958, p. 64.
  25. Wilsdorf 1958, p. 64-65.
  26. Wilsdorf 1958, p. 65.
  27. a et b Wilsdorf 1958, p. 66.
  28. a b et c « Histoire de l'abbaye », sur ville-munster68.fr (consulté le )
  29. Abel Mathieu, Histoire du Saint-Mont, Dommartin-lès-Remiremont, Imprimerie Girompaire à Cornimont, , 104 p.
    page 64 : Les chapelles
  30. Koch 2019, p. 95.
  31. Koch 2019, p. 287.
  32. Koch 2019, p. 288, 290.
  33. Koch 2019, p. 289-290.
  34. Bornert 2009, p. 455.
  35. Koch 2019, p. 290.
  36. Wilsdorf 1958, p. 56-57.
  37. Wilsdorf 1958, p. 61.
  38. Wilsdorf 1958, p. 62.
  39. Wilsdorf 1958, p. 63.
  40. Claude Muller, « La richesse de l’abbaye bénédictine de Munster en 1790 », Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 41,‎ , p. 30-31 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consulté le )
  41. Wilsdorf 1958, p. 55.

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