Abbaye de Saint-Satur

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Abbaye de Saint-Satur
Vue de l'abbatiale Saint-Guinefort de Saint-Satur.
Vue de l'abbatiale Saint-Guinefort de Saint-Satur.
Présentation
Culte Catholique romain
Type ancienne abbaye
Rattachement Ordre de saint Augustin
Début de la construction XIVe siècle
Protection Logo monument historique Inscrit MH (2003)
Site web https://www.saint-satur.fr/spip.php?article200
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Département Cher
Ville Saint-Satur
Coordonnées 47° 20′ 24″ nord, 2° 51′ 12″ est
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Abbaye de Saint-Satur
Géolocalisation sur la carte : Cher
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Abbaye de Saint-Satur
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Abbaye de Saint-Satur

L'abbaye de Saint-Satur (abbatiale Saint-Guinefort) est située dans la vallée de la Loire, à 2 km au nord du piton de Sancerre et à 1 km de Saint-Thibault-sur-Loire.

L'église abbatiale, l'église Saint-Pierre, est un des premiers édifices du Cher classés parmi les monuments historiques, classé sur la liste de 1840. L'ensemble des éléments bâtis et des sols fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Elle fait partie du diocèse de Bourges.

Histoire[modifier | modifier le code]

Un prêtre connu sous le nom de saint Romble, évangélisateur de la contrée, fonde au Ve siècle un couvent dans la seigneurie du château Gordon[2]. Il faut attendre le milieu du VIIe siècle pour que Gordon prenne le nom de Saint-Satur[3].

En 846, une première dame, nommée Mathilde, fille de Gimon de Château-Gordon, fonde un chapitre de chanoines séculiers pour recevoir les reliques de saint Satur, compagnon de Félicité et de Perpétue (martyrisés à Carthage en 203), offertes par le pape Pascal Ier par l'intermédiaire de l'archevêque de Bourges Raoul de Turenne. Saint Satur est fêté le 7 mars.

L'abbaye de Saint-Satur, après avoir été enrichie par les libéralités des fidèles, est dépouillée de ses biens pendant les guerres que se faisaient les gentilshommes, et ruinée par le temps.

En 1034, une seconde Mathilde, fille de Gimon, seigneur de Château-Gordon, entreprend de restaurer cette abbaye et de la doter d'un chapitre canonial. Après avoir choisi Eudes, comte du palais et seigneur de Sancerre, pour son protecteur et son héritier, Mathilde s'adresse pour l'accomplissement de son projet à Aymon de Bourbon, alors archevêque de Bourges, qui établit à Saint-Satur des chanoines réguliers de saint Augustins et confirme l'abandon que fait Mathilde des biens usurpés par ses parents sur cette abbaye, ainsi que les donations dont elle l'enrichit. Cette deuxième église romane est consacrée en 1104 par Léger (Leodegaire) archevêque de Bourges. Saint-Satur est ainsi rétabli. La partie ancienne de l'ancienne seigneurie du château Gordon, qui n'a pas été donnée à cette abbaye, est réunie à la seigneurie de Sancerre[n 1],[4].

En 1107, le pape Innocent II établit des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin au lieu des chanoines séculiers[5],[n 2].

En 1144, plusieurs gentilshommes du Berry ayant fait la guerre à cette abbaye et l'ayant brûlée en 1143, Pierre de la Châtre, archevêque de Bourges, obtint d'eux la réparation des dommages qu'ils avaient causés - réparation encore visible dans le mur nord.

En 1163, Alain de Larrivour, évêque d'Auxerre (1152–1167), réunit Saint-Satur à l'église Saint-Eusèbe d'Auxerre[6].

En 1169, Odon de la Porte engage une partie de ses biens à Godefroy, abbé de l'abbaye de Saint-Satur, pour aller secourir les chrétiens en Palestine[7],[8].

En 1361, les Anglais, qui occupent Cosne sur Loire, s'emparent de Saint-Satur par surprise et ruinent l'abbaye et son église[5].

En 1367, sous l'abbatiat de Jean III, les moines se mettent à reconstruire l'église, mais fut jamais été achevée. A peine le choeur était-il terminé qu'en 1420, les Anglais pillent l'abbaye[5]. Relevée en partie de ses ruines, elle vécut tant bien que mal jusqu'au début du 16e siècle. Les effets de la commende et les guerres de religion achevèrent de détruire les constructions élevées sur les ruines laissées par les Anglais[5].

En 1567, les protestants de Sancerre sont les auteurs d'un saccage de l'abbaye qui est mise à feu.

De 1617 à 1626, l'abbé Claude de Toulongeon, aidé par de généreux donateurs, réussit à terminer la voûte et couvrir l'église.

Après une période florissante dans la première moitié du XVIIIe siècle, l'abbaye se débat dans des difficultés continuelles[5].

Abbatiale Saint-Guinefort vue du chœur.
Abbatiale Saint-Guinefort vue de la route.

Au XVIIIe siècle une contestation s'élève au sujet du droit de bac sur la Loire au port de Saint-Thibault. En 1732, un arrêt du conseil d’État maintient ce droit pour l'abbé, le prieur et les religieux de l'abbaye[9].

En 1757, l'abbaye est supprimée et ses revenus rattachés à la mense épiscopale. La communauté est supprimée en 1775 et l'église devient paroissiale[5].

« Dans l'enclos de l'ancienne abbaye divisé en deux cours contiguës, celle de la mense conventuelle, à l'est, à proximité de la collégiale, et, à l'ouest, celle de la mense abbatiale (dite le Château-Gordon), subsistent l'église, les lieux réguliers composés du grand bâtiment des religieux, du bâtiment attenant au sud (anciennes cuisines), et de l'aile en retour d'équerre nord-ouest, le bâtiment sur rue de la basse-cour conventuelle, au sud de l'ancien cloître, construit en 1768-1769, et dans lequel fut alors ouverte la grande porte d'entrée de l'abbaye, dans la cour de la mense abbatiale, un édifice dénommé au XVIIIe siècle pressoir ou Château-Gordon, dont l'étage devait autrefois abriter l'hospice des hôtes ; cet édifice que l'on peut dater de la seconde moitié du XIIIe siècle, est aujourd'hui le bâtiment le plus ancien de l'abbaye. Appartenant à la mense abbatiale depuis l'institution de la commende, le bâtiment des religieux forme séparation entre les deux cours »[5].

L'ancienne abbatiale est aujourd'hui l'église paroissiale Saint-Pierre de Saint-Satur.

Abbés[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hugues Du Tems, Le clergé de France, ou tableau historique et chronologique des archevêques, évêques, abbés, abbesses & chefs de chapitres principaux du Royaume, depuis la fondation des Églises jusqu'à nos jours, chez Brunet, Paris, 1775, tome 3, pp. 93-94 (lire en ligne).
  • [Gemähling 1867] Ferdinand Gemähling, Monographie de l’abbaye de Saint-Satur près Sancerre (Cher), Paris, Imprimerie centrale des chemins de fer A. Chaix et Cie, , 160 p., sur gallica (lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Mathilde, épouse de Godefroy de Bouillon ou de Boulogne sur la mer d'Angleterre, dit Guillaume de Tyr, livre IX, ch. V, premier roi de Jérusalem, reçut du pape Pascal le corps de saint Satur.
  2. Le Mémorial historique rapporte le fait ainsi : « En 1138 florissait l'ordre des chanoines de Saint-Victor de Paris qui jouissait par tout le monde d'une grande réputation, à cause du rang distingué, de la sainteté et du savoir de ceux de ses membres qu'il répandit dans un grand nombre de monastères, comme les provins d'une vigne féconde. il comptait à cette époque parmi ses chanoines profès, deux prélats de la cour de Rome, les cardinaux dom Hugues, évêque de Frascati, et maître Yves ; neuf abbés : Raoul, abbé de Saint-Satur de Bourges, […] ». Ce récit est confirmé par le nécrologe de Saint-Victor de Paris, où on lit à la date du 9 février : « Mort de dom André, abbé de Saint-Satur — et chanoine de notre ordre. »
    Étienne qui, d'abbé de Sainte-Geneviève de Paris (1176-1191), était devenu évêque de Tournai (1193-1203), recommande au pape Luce III (1181-1185), dans sa lettre commençant par ces mots : « Movetur usque […] », la discipline constante et sévère de ce monastère. Dans la liste des revenus des évêchés et des bénéfices de France, cette abbaye est indiquée comme étant de l'ordre des chanoines de Saint-Augustin (Note de Horstius et de Picard).
Références
  1. « Ancienne abbaye (Saint-Satur) », notice no PA18000022, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Gemähling 1867, p. (14).
  3. Gemähling 1867, p. (19).
  4. Gemähling 1867, p. (25-30).
  5. a b c d e f et g « Église Saint-Pierre », notice no PA00096896, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Jean Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse, vol. 1, Auxerre, Perriquet, (lire en ligne), p. 292.
  7. Études archéologiques sur les familles du nom de La Porte. La famille de La Porte d'Issertieux, avec les branches de Riants et de Pierry (en Berry, Marche et Bourbonnais), par Armand de La Porte, La Porte des Vaulx, Jean-Pierre Armand de (1826-1890), Éditeur : Dumoulin (Paris), 1865
  8. Lettres par lesquelles Odon de la Porte engage à Godefroy, abbé de l'église de Saint-Satur, une partie de ses biens à l'effet d'aller en Palestine. En date de 1169 (coté F dans les papiers de famille entre les mains de M'"° de Cotolendy).
  9. « Les aménagements portuaires de la Loire : commune de Saint-Satur (Cher) », Centre > Cher > Saint-Satur, sur patrimoine.regioncentre.fr, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]