ALARM (missile)

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ALARM
ALARM (missile)
Un ALARM, sous l'aile d'un Tornado GR.4 de la RAF.
Présentation
Type de missile missile anti-radar
Constructeur Drapeau du Royaume-Uni BAe Dynamics
(1982-1999)
Drapeau du Royaume-Uni MBDA (UK) Ltd
(depuis 1999)
Coût à l'unité n.c
Déploiement 1990 - auj.
(conçu en 1982)
(début de production en 1986)
Caractéristiques
Moteurs moteur-fusée à carburant solide, à deux étages
Bayern Chemie
Masse au lancement 268 kg
Longueur 4,24 m
Diamètre 23 cm
Envergure 73 cm
Vitesse 2 455 km/h
Portée 93 km
Charge utile 18 kg hautement explosive (HE)
Guidage inertiel
(trajectoire pré-programmée)
+ radar passif
(phase terminale)
Détonation fusée de proximité laser
Plateforme de lancement Tornado GR.4, Tornado F.3

ALARM, pour Air Launched Anti-Radiation Missile[1] (missile anti-radar aéroporté), est le nom d'un missile anti-radar britannique conçu principalement pour éliminer la lourde menace représentée par les défenses anti-aériennes ennemies (SEAD : Suppression of Enemy Air Defence).

Historique[modifier | modifier le code]

Le Ministère de la Défense britannique reçut plusieurs offres, en 1982, concernant un nouveau modèle de missile anti-radar : British Aerospace Dynamics proposait l'ALARM, tandis que l'américain Texas Instruments, en collaboration avec Lucas Aerospace, proposait son très célèbre AGM-88 HARM[2].

Le secrétaire de la défense Michael Heseltine annonça, le , que la candidature de l'ALARM avait été retenue, et la commande initiale porta sur un total de 750 missiles pour la RAF[3],[4]. Le procédé de sélection fut sujet à de nombreuses controverses, et la bataille entre les deux entreprises fut amère. Au sein même du royaume, de nombreuses oppositions se firent ressentir : le gouvernement avait en effet choisi de favoriser une industrie locale, alors que la trésorerie envisageait plus sérieusement l'achat des missiles HARM, bien moins chers et dont la fiabilité n'était plus à prouver[2],[5].

Début 1986, BAe reconnut que la firme Royal Ordnance rencontrait des difficultés à fournir le moteur du missile, nommé Nuthatch, et commença à envisager des alternatives. La mise au point d'un moteur dont la poussée au cours du vol serait allumée, interrompue puis rallumée, était complexe[6]. En juillet 1987, BAe, devenu propriétaire de Royal Ordnance, remplaça le moteur Nuthatch par un modèle à moindre risque conçu par la société Bayern-Chemie[7]. Le contrat de 200 millions de £ de la BAe pour le missile fut renégocié, avec un prix en hausse à 400 millions de £ et une date de livraison repoussée de 1988 à 1990[8]. Les essais sont terminés en octobre 1990 et il est mis en œuvre dans la guerre du Golfe en janvier 1991 par la RAF.

Cette munition n'a qu'un seul autre utilisateur, l'Arabie Saoudite, qui a acheté 250 missiles en 1991. Ils ont tous été livrés en 1998 à la Force aérienne royale saoudienne[9].

Cette arme est retirée de l'inventaire de la RAF en décembre 2013[10]

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'ALARM est un missile de type fire and forget, doté également d'une capacité à « flâner » (Loiter mode).

Dessin d'un missile ALARM.



En mode tir direct, le missile fonce sur sa cible en utilisant les capteurs de son antenne radar passive, comme tout missile antiradar classique. En mode tir indirect, il grimpe en flèche à une altitude d'environ 13 000 m[4] juste après avoir été largué, altitude à partir de laquelle il déploie un parachute et se laisse descendre doucement à la recherche d'une cible.

Grâce à son autodirecteur à antenne radar passive très résistante aux contremesures, le missile repère les émissions radar dès qu'une station radar allume son émetteur. Il les analyse en les comparant à une base de données préprogrammées afin de déterminer si elle constituent une cible convenable. Si c'est le cas, le parachute est largué et une deuxième fusée s'allume pour faire plonger le missile sur elle, la détruisant grâce aux 18 kg d'explosif puissant de la charge militaire MBB[11] à fragmentation. L'autodirecteur a été remplacé à partir de 2001 par un modèle UK MoD SR(A)-1247[11].

Des données précises concernant le type de signal à trouver sont entrées dans la mémoire du missile, avant le vol. Cela peut également être effectué directement en vol par l'avion porteur s'il est compatible avec le missile, via le bus de données MIL-STD-1553B[11].

Un missile ALARM est accroché à un Tornado GR.4, dans une base aérienne du Golfe. Koweït, 21 mars 2003.

Carrière opérationnelle[modifier | modifier le code]

Le missile ALARM a été utilisé dans au moins cinq conflits majeurs :

Utilisateurs[modifier | modifier le code]

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni

Utilisé par la Royal Air Force (RAF), principalement sur Tornado GR.4. Le Tornado F.3 fut prêt juste à temps pour l'invasion de l'Irak de 2003, où il prit pour l'occasion la désignation de « Tornado EF3 ». Le missile est retiré du service fin 2013, et la flotte de Tornado l'est en 2019.

Il fut également testé sur d'autres appareils, tels que le SEPECAT Jaguar. En raison de son poids relativement important, il ne peut pas équiper toute la flotte d'appareils de la RAF. Une utilisation par l'Eurofighter fut envisagée un temps puis abandonnée.

Drapeau de l'Arabie saoudite Arabie saoudite

Utilisé par la force aérienne royale saoudienne[15].

Dans les jeux vidéo[modifier | modifier le code]

L'ALARM a inspiré le jeu de simulation Tornado, sorti en 1993. Les deux modes de tir sont possibles et la modélisation du comportement du missile y est plutôt réaliste. En mode tir indirect, le joueur voit son missile grimper à la verticale et déployer son parachute avant de redescendre en plongeant sur sa cible. En mode tir direct, la portée du missile est d'environ 10 N m et on ne peut engager qu'une seule cible à la fois.

L'ALARM est aussi disponible dans le jeu vidéo « EF2000 », sorti en 1995 sous DOS, et sa version pour Windows « Super EF2000 ». Les deux modes de tir sont également disponibles. L'avenir décidera finalement que le « vrai » EF2000 (l'Eurofighter Typhoon) n'emportera pas ce missile.

L'ALARM est également présent dans le RTS "Wargame: Red Dragon", employé depuis le Sea Harrier FA.2. L'emploi y est schématique et uniquement en tir direct, sans le mode "rôdeur".

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « ALARM (Air-Launched Anti-Radar Missile) », Military analysis network, Federation of American Scientists (Site web), (consulté le )
  2. a et b (en) Bridget Bloom, « Thatcher to resolve anti-radar missile row », Financial Times,‎
  3. (en) « British select ALARM missile over HARM », Aviation Week & Space Technology, McGraw-Hill,‎
  4. a et b (en) « Long-range air to surface weapons : ALARM », The Royal Air Force - RAF weapons, sur Armed Forces.co.uk (consulté le )
  5. (en) Bridget Bloom, « Missile manufacturers bid for UK navy deal », Financial Times,‎
  6. (en) David Buchan, « BAe cancels missile deal with Royal Ordnance », Financial Times,‎
  7. « British Aerospace delays missile program », Aviation Week & Space Technology, McGraw-Hill,‎
  8. (en) Michael Evans, « Missile bill for RAF up £150 million », The Times, Times Newspapers,‎
  9. a et b (en) « When they sounded the ALARM », (consulté le ).
  10. Richard Scott, « UK retires ALARM missile » [archive du ], IHS Jane's 360, (consulté le )
  11. a b et c (en) « Matra-BAe Dynamics ALARM », Technology : weapons, sur Typhoon Starstreak.net (consulté le )
  12. (en) « RAF Tornados begin Yugoslavia operations from Corsican base », Aerospace Daily & Defense Report, The McGraw-Hill Companies,‎
  13. (en) Anthony H. Cordesman, The lessons and non-lessons of the air and missile campaign in Kosovo, , p. 339
  14. « Yemen: Armed Conflict:Written question - 46338 », sur Parlement du Royaume-Uni (consulté le )
  15. (en) « Saudis review F.3 air-defence role », Flight International, Reed Business Publishing,‎

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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