36, quai des Orfèvres

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Le 36, quai des Orfèvres est le bâtiment où se trouvaient le siège, l'état-major et les services communs de la Direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris. Attenant au palais de justice de la capitale, il est situé au numéro 36 du quai des Orfèvres, sur l'île de la Cité, face à la rive gauche, dans le 1er arrondissement de Paris.

Tout au long de son histoire, ce lieu est associé aux grandes enquêtes criminelles, comme la poursuite de Jacques Mesrine par le commissaire Robert Broussard, celle de Guy Georges, et le suicide de Richard Durn[1].

Historique[modifier | modifier le code]

Le bâtiment a été construit entre 1875 et 1880, sur les plans des architectes Émile Jacques Gilbert et son gendre Arthur-Stanislas Diet, à l'emplacement de l'ancien hôtel du premier président de la cour d'appel de Paris, qui fut détruit par l'incendie volontaire survenu lors de la Commune le , et qui détruisit également une bonne part du Palais de justice mitoyen. La préfecture de police de Paris a donc dû quitter son ancien emplacement, et fut installée dans de nouveaux locaux, par Jules Ferry, dans une partie des bâtiments du palais de Justice qui venait d'être reconstruit au 36, quai des Orfèvres[2].

La police s'y installe le , sur un décret suivi d'un arrêt préfectoral émis par le préfet Célestin Hennion. À l'époque, les policiers se déplaçaient à cheval ou à vélo, et se faisaient narguer par la bande à Bonnot qui conduisait des automobiles déjà plus rapides. Cela obligea les forces de l'ordre à eux aussi se doter d'automobiles[3]. La police judiciaire du Quai des Orfèvres, menée à ses débuts par le magistrat Henri Mouton[4], se donne alors pour mission la répression des crimes et des délits.

Déménagement de la PJ[modifier | modifier le code]

En septembre 2017 — après le départ, en juin, de la Brigade criminelle et de la Brigade des stupéfiants (BS) —, les derniers services de la police judiciaire ont déménagé au Bastion dans la cité judiciaire de Paris près du nouveau tribunal de Paris, porte de Clichy. Seule la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), nommée aussi l'« antigang », reste dans les locaux pour « intervenir plus vite en cas d’attaque terroriste »[5].

La nouvelle construction de la porte de Clichy offre 5 000 m2 supplémentaires par rapport aux anciens locaux du 36, quai des Orfèvres, est haute de neuf étages (10 étages imposant le respect des normes sur les IGH), et dispose de plusieurs niveaux en sous-sol pour accueillir entre 200 et 300 places de parkings consacrées notamment aux voitures sérigraphiées ou banalisées. L'édifice est ultramoderne et très sécurisé, la façade du rez-de-chaussée est bétonnée pour prévenir une attaque kamikaze et le vitrage, renforcé à l'épreuve des balles. Un maillage de caméras de vidéo surveillance et des hommes en faction protègent les abords. Ce bâtiment est doté d'un stand de tir, ainsi que d'une salle de sport[6]. Il jouxte le nouveau tribunal de Paris qui accueillera le tribunal de grande instance de Paris et les tribunaux d'instance jusqu'à présent répartis dans chacun des 20 arrondissements de la capitale.

Afin de garder le nom mythique de « 36 », le numéro de l'entrée dans la rue du Bastion est au 36, bien qu'il ne corresponde à rien dans la numérotation de la rue.

L'avenir du 36 après le déménagement n'a pas été précisé. Cependant, il est envisagé de transformer une partie du site pour accueillir les collections de l'actuel musée de la préfecture de police, qui se trouvent à l'étroit au dernier étage du commissariat du Ve arrondissement situé au no 4, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Une étude de faisabilité associant le ministère de l'Intérieur va être lancée[7].

Surnoms[modifier | modifier le code]

« La tour pointue ».

Sur le quai de cet hôtel se tenait un marché aux volailles et des rôtisseries[pas clair], d'où le sobriquet de « poulet » donné aux policiers[8]. Une autre version mentionne que Jules Ferry affecte à titre provisoire au préfet de police la caserne de la Cité (qui en est toujours le siège) à la suite de l'incendie, cette caserne ayant été bâtie sur l'emplacement de l'ancien marché aux volailles de Paris, d'où l'expression de « maison Poulaga » pour désigner le 36, quai des Orfèvres[9].

On fait parfois également référence aux bâtiments sous le surnom de « la tour pointue » (en argot parisien) en raison de son clocheton[10]. On surnomme aussi ce lieu « le 36 ».

Affaires judiciaires pour des faits commis dans les locaux[modifier | modifier le code]

Affaire de viol d'avril 2014[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 22 au , une touriste canadienne de 34 ans, affirme qu'elle a été violée par trois policiers, dans les locaux de la BRI au 36 quai des Orfèvres après une soirée dans un bar; quatre policiers sont placés en garde à vue[11]. Le , deux policiers (un major et un capitaine) sont mis en examen et le troisième sous le statut de témoin assisté, pour « viol en réunion » et « modification de l'état des lieux d'un crime », puis remis en liberté sous contrôle judiciaire[12]. Condamnés en première instance à une peine de sept ans de prison ferme pour viol en réunion et incarcérés[13]. Ils sont acquittés en appel en 2022[14].

Affaire de vol de cocaïne dans les locaux[modifier | modifier le code]

Le , un vol de 52 kg de cocaïne a lieu dans un coffre du 36 quai des Orfèvres. Jonathan Guyot, un policier de la brigade des stupéfiants âgé de 34 ans, est immédiatement soupçonné après avoir été filmé par les caméras de surveillance ; ce dernier nie les faits[15]. En , à l'issue du procès, Jonathan Guyot est reconnu coupable et condamné à dix ans de prison[16],[17]. Plusieurs membres de la famille de l'ex-policier sont en outre reconnus comme complices.

Fictions[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

  • Le commissaire Maigret, personnage de fiction créé par Georges Simenon, était commissaire au 36 dans les ouvrages de l'auteur[18].
  • Le prix du Quai des Orfèvres, prix littéraire français créé en 1946.
  • La traduction de Patrick Couton des romans du Disque-monde de Terry Pratchett situe le siège de la police (le « Guet ») de la ville d'Ankh-Morpork dans « l'ancienne maison des Orfèvres » ; le second roman dont les hommes du Guet sont les personnages principaux s'intitule Le Guet des orfèvres.
  • Affaires étranges au quai des orfèvres de Jean-Michel Roche, éditions Pavillon noir. Ce polar maçonnique présente trois enquêtes criminelles menées par un couple improbable : Fabienne Quinot, officier de police et Pierre Couvreur, journaliste.
  • Le commissaire de police Franck Sharko, aujourd'hui lieutenant, et sa compagne Lucie Henebelle, lieutenant elle aussi, nés sous la plume de l'écrivain Franck Thilliez, travaillent à la brigade criminelle du 36.
  • Le sang de la trahison (Prix du quai des Orfèvres 2014) d'Hervé Jourdain est un polar se déroulant quasiment entièrement dans ce lieu.
  • Le commissaire Erwan Morvan dans Lontano, polar écrit par Jean-Christophe Grangé, travaille à la brigade criminelle du 36.
  • Les dessous du 36, Matthieu Frachon, Éditions du Rocher, 160 pages.
  • L’inspecteur Ganimard, personnage créé par Maurice Leblanc, y travaille. On fait référence à ce lieu à plusieurs reprises dans les diverses aventure d’Arsène Lupin.
  • Les enquêtes du commissaire San Antonio, romans policiers écrits par Frédéric Dard.
  • Les enquêtes du Commissaire Nico Sirsky, chef de la brigade criminelle au 36, sous la plume de Frédérique Molay, prix du quai des Orfèvres 2007.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Séries télévisées[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Sophie Broyet et Christophe Barreyre, Le 36, quai des Orfèvres, coll. « Lieux de légende » (lire en ligne) Diffusé dans 13 h 15, le dimanche le
  2. « Article du site officiel », préfecture de police de Paris
  3. Audrey Vautherot, Le 36, Quai des Orfèvres, histoire d'un lieu mythique. Le Gralon. Publié le 8 août 2013.
  4. « Notice biographique Henry Mouton », sur sfhp.fr (consulté le )
  5. Paris : la police judiciaire dit adieu au 36, quai des Orfèvres, sur leparisien.fr, consulté le 8 novembre 2017
  6. Christophe Cornevin, « Le Quai des Orfèvres prépare son arrivée aux Batignolles », sur www.lefigaro.fr,
  7. Article sur le site du ministère français de l'intérieur
  8. « Poulet » dans le Dictionnaire d'argot de Bob sur www.languefrancaise.net/bob/
  9. Matthieu Frachon, 36, quai des Orfèvres : Des hommes, un mythe, Monaco, du Rocher, , 197 p. (ISBN 978-2-268-07098-8)
  10. « tour & la Tour », sur www.languefrancaise.net.
  11. Laurent Borredon, « Quatre policiers soupçonnés de viol au Quai des Orfèvres » sur Le Monde, 24 avril 2014
  12. Laurent Borredon, « Deux policiers mis en examen pour viol au 36, Quai des Orfèvres » sur Le Monde, 28 avril 2014
  13. Pascale Égré, « Viol au 36 : sept ans de prison ferme pour les policiers » sur Le Parisien, 31 janvier 2019
  14. « Viol au 36, quai des Orfèvres : la cour d’assises du Val-de-Marne acquitte les deux policiers en appel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Le Monde avec AFP et Reuters, « Cocaïne volée au 36, quai des Orfèvres : le point sur l'affaire », sur Le Monde,
  16. « Vol de cocaïne au 36 : Jonathan Guyot condamné à 10 ans de prison », sur Le Parisien,
  17. Pascale Robert-Diard, « Vol de cocaïne au 36 quai des Orfèvres : le procès d’une affaire rocambolesque », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  18. « Le 36 quai des orfèvres », sur www.franceinter.fr
  19. a b c et d Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, pages 8-10.
  20. « 24 jours : Alexandre Arcady en tournage au 36, quai des Orfèvres », sur www.allocine.fr, Allociné, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]